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Jeûne musulman : pourquoi les dépenses des ménages augmentent
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- Titre
- Jeûne musulman : pourquoi les dépenses des ménages augmentent
- Créateur
- Salifou Amara
- Editeur
- Notre Voie
- Date
- 10 novembre 2003
- Résumé
- Au quartier Sokoura à Agboville, à la place dénommée "carrefour des jeunes" il est 18h30 ce lundi 03 novembre 2003. Le coin grouille de monde. Il y a des vendeuses de lait, d'eau, de "Gnamankoudji" (jus de gingembre), de salade
- Sujet
- Femme en islam
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0006645
- contenu
-
Au quartier Sokoura à Agboville, à la place dénommée "carrefour des jeunes" il est 18h30 ce lundi 03 novembre 2003. Le coin grouille de monde. Il y a des vendeuses de lait, d'eau, de "Gnamankoudji" (jus de gingembre), de salade
Dans les environs quatre kiosques sont envahis par des clients. Ils demandent du rognon, du spaghetti, du thé, du café Ils veulent rompre leur jeûne. Certains clients interpellent le serveur : "Eh, mais Diallo, tu veux me tuer ou quoi. Tu ne sais pas que depuis le matin je n'ai pas encore mangé. Ou bien toi, tu ne jeûne pas ?". le serveur se fâche. Toute cette ambiance au "Carrefour" des jeunes de Sokoura est l'une des scènes les plus fréquentes au cours de cetten période de jeûne qu'observent les musulmans de Côte d'Ivoire depuis le 27 octobre dernier. Une période durant laquelle les musulmans doivent se priver d'eau, nourriture, de cigarettes ou de tout autre aliment avant l'aube jusqu'au coucher du soleil. Contrairement à ce que bien de personnes s'imaginent le temps du carême est une période ou les musulmans effectuent beaucoup de dépenses.
M. Diomandé lanciné, comptable au lycée Eyemon d'Agboville, ne dit d'ailleurs pas le contraire. "C'est un moment où les dépenses passent du simple au double. Pour ma petite famille c'est 1200 F CFA que j'avais l'habitude de dépenser pour le marché. Mais depuis le jeûne, je suis obligé de donner 2 500 F," explique-t-il.
Même constat pour M. Abdoulaye Gnen,i gardien de son état . Il explique que du fait du jeûne, le petit déjeuner qu'il n'avait pas l'habitude de prendre est devenu un "repas" obligatoire. Les célibataires ne sont pas épargnés. "Moi, je suis chauffeur. Je fais la ligne Agboville-Abidjan. Je n'ai ni femme ,i enfant. Mais je peux vous dire que je fais les mêmes dépenses que ceux qui sont mariés, peut-être même plus," déplore M. Koné Adama .
La raison est que ne faisant pas la cuisine à la maison, il est obligé d'acheter la nourriture. "or cela revient cher," dit-il. Autre fait, explique M. Koné, cette période de fraternité entre les musulmans d'une part, et entre les musulmans et les autres populations d'autre part, l'oblige à faire face souvent à des sollicitations de certains parents.
"Dans la période de jeûne, on ne fait plus l'habituel marché pour le déjeuner et le repas, il ne s'agit plus de manger du "kabato" (pâte de maïs) à midi et du riz le soir comme cela se fait généralement dans ma famille. Maintenant il faudrait en plus des dépenses habituelles acheter de quoi faire de la bouillie, du café au lait, du "gnamankoudji" (jus de gingembre), des grillades etc., argumente Mme Sylla Mariam, ménagère de son état et mère de cinq enfants. Pour elle ces nombreuses charges qui se greffent au budget familial en cette période de jeûne, constituent la raison fondamentale qui fait augmenter les dépenses.
Selon Mme Sylla, ce sont des dépenses qui se justifient puisque "la période de jeûne demande de la part du croyant une totale lucidité dans sa foi en Dieu. Autant toute la journée le musulman se prive de nourriture, autant il a le choix de manger ce qu'il veut", dit-elle. M. Baré Abdoulaye, vendeur de contre-plaqués au quartier artisanal à Agboville, trouve plutôt d'autres raisons à ces dépenses. "Il est tout à fait normal que le musulman dépense un peu plus qu'avant dans cette période. l'Islam même le recommande. Il s'agit principalement pour le musulman de faire dans cette période beaucoup de sacrifices en faisant des dons aux pauvres et aux nécessiteux. Il lui faut aussi secourir, s'il a les moyens, ses parents et amis qui sont dans le besoin", se justifie-t-il.
le kilogramme de sucre en poudre est, par exemple, vendu sur le marché à 600 francs là ou l'on déboursait 500 francs. Même constat pour le lait, l'huile, la farine des denrées beaucoup sollicitées par les musulmans en cette période et qui malheureusement subissent elles aussi une hausse du prix.