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Préparatifs de la fête de la Tabaski : mévente dans les marchés de mouton
- Titre
- Préparatifs de la fête de la Tabaski : mévente dans les marchés de mouton
- Type
- Article de presse
- Créateur
- Josué F. Mehouenou
- Editeur
-
La Nation
- Date
- 30 août 2017
- DescriptionAI
- À l'approche de la fête de la Tabaski, les marchés de moutons au Bénin sont confrontés à une mévente significative. Les prix élevés des animaux, combinés à la morosité économique, rendent l'acquisition d'un mouton difficile pour de nombreux fidèles. Vendeurs et acheteurs peinent à s'entendre, ces derniers se faisant rares ou attendant le dernier moment, malgré la disponibilité des bêtes et des efforts d'ajustement des prix par les commerçants.
- pages
- 1
- 6
- 7
- nombre de pages
- 3
- Couverture spatiale
- Cotonou
- Bohicon
- Natitingou
-
Burkina Faso
- Porto-Novo
- Adjarra
- Sèmè-Podji
- Lokossa
- Parakou
-
Niger
-
Bénin
- Langue
- Français
- Source
-
La Nation
- Contributeur
-
Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0006519
- contenu
-
Préparatifs de la fête de la Tabaski
**Mévente dans les marchés de moutons**
**Pages 6 & 7**
Préparatifs de la fête de Tabaski
En attendant jeudi prochain, veille et jour fatidique avant vendredi qui verra la célébration de la fête de la Tabaski, le mouton, élément essentiel, est au cœur de toutes les attentions. Si les vendeurs ont envie de se débarrasser des bêtes pour faire de bonnes affaires, les acheteurs, eux, se font désirer. Et même quand ils sont au front, ils sont réticents et parfois déçus. Mais une chose est sûre, la fête aura lieu.
Par Josué F. MEHOUENOU
Plus de quinze minutes déjà qu'Hassan, 42 ans, tourne dans le marché à bétail de Vodjè (Cotonou), scrute, tourne, tâte les bêtes, négocie... Il a tellement fait la ronde avec son long boubou blanc sale qu'il a fini par lasser les vendeurs. Plus personne ne semble s'intéresser à lui. Pourtant, Hassan, tout bon musulman qu'il est, veut un mouton. Seule difficulté, l'incompatibilité entre ses ressources et ses choix. « Prenez un petit mouton de 35.000 F », finit par lui suggérer un aide-vendeur. Une solution qui est loin de contenter l'acheteur dépité qui finit par quitter les lieux. Sans doute pour y revenir, mieux armé financièrement pour repartir avec la bête de son choix et de ses envies. Dans ce marché, devenu le principal point de vente de moutons dans la ville de Cotonou, le petit bétail blanc s'étend à perte de vue. Au milieu des bêlements des bêtes, des vendeurs, mais aussi des enfants. Leur mission, fouetter les bêtes têtues et les conduire de force vers les acheteurs. L'arrivée de chaque nouveau client est donc génératrice de supplices pour les animaux qui reçoivent des coups de part et d'autre avant les séances de négociation qui décident de leur sort. Lesquelles négociations sont âpres, très âpres. La raison, justifie Hamidou, vendeur de nationalité burkinabè, le prix élevé des moutons.
**Pas facile d'emporter une bête**
Entre acheteurs et vendeurs, les positions se concilient difficilement. Ce vendeur-ci dit avoir de « grandes bêtes » et les livre entre 80.000 et 350.000 F Cfa selon leur gabarit. Plutôt intransigeant et très peu flexible, il vend peu. « Depuis le matin, je n'en ai vendu que deux. Un à 85.000 F Cfa et un autre de 90.000 F Cfa », confie-t-il. Mais il est loin de se décourager. Mâchant sa noix de cola devant ses dizaines de bêtes, il espère pour les deux derniers jours avant la fête « les vrais clients ». C'est d'ailleurs pour eux, affirme-t-il, que cette année, il a fait l'option des grands moutons. « Ils se vendent plus facilement et ne sont pas à la portée de toutes les bourses », commente le vendeur dont la cible semble bien précise. Sauf que là encore, la cible elle-même semble se perdre devant les prix collés aux animaux. « Le choix s'avère difficile en raison des prix et je me demande si tous les musulmans pourront sacrifier à la tradition », s'interroge Hakim Eke, agent de la compagnie des sapeurs-pompiers venu avec sa famille se ravitailler. Si lui est convaincu qu'il repartira des lieux avec sa bête de fête, il n'a pas encore l'assurance de s'acheter l'animal de son choix. « Tout se jouera en fonction de mes moyens », lance l'homme en treillis qui, visiblement, n'a aucune envie de s'embarrasser. Si les années précédentes, les clients venaient au moins pour négocier et discuter, « cette année, ils se font rares », constate le voisin d'Hamidou, un autre vendeur allongé sur sa natte. Depuis une semaine qu'il a rejoint les lieux, ce Nigérien habitué à convoyer ses bêtes sur Cotonou n'en a pas encore livré un seul. Son stock est intact. Même les traditionnels clients qui ont l'habitude de l'appeler pour passer commande à distance n'ont pas composé son numéro cette année. Il n'en revient pas et cache mal son amertume. À cette allure, craint-il,
**Le marché de mouton « Gbohi » s'anime timidement à Bohicon**
La fête de la Tabaski approche et les musulmans, comme à l'accoutumée, achètent les moutons pour le sacrifice. Dans le marché de mouton « Gbohi » de Bohicon, les acheteurs se font encore rares. Le marché s'anime peu. Les moutons sont disponibles mais peu d'acheteurs se manifestent.
« Les acheteurs ne viennent pas, contrairement à l'année passée où ils étaient nombreux à venir. Nous avons même diminué le prix à cause de la concurrence des Peulhs qui amènent des moutons du Nord, pour les vendre à moindre coût. Pourtant, les clients ne se manifestent toujours pas pour acheter », se plaint Maman Martha, vendeuse de mouton dans le marché. Certaines vendeuses rentrent chez elles à cause de la mévente. « Aujourd'hui, c'est le jour d'animation du marché de Tindji. Je reviendrai le jeudi, jour d'animation de notre marché, espérant que les clients viendront davantage », déclare Maman Derrick, également vendeuse au marché Gbohi. Aladji, un client qui vient d'acheter un mouton à Tindji, déclare que les moutons sont moins chers à Tindji. « Un mouton de cette taille, je l'ai pris à 50.000 francs Cfa là-bas », indiquant un mouton dont le prix est fixé à 80.000 francs dans le marché Gbohi. Ceci explique davantage l'absence des acheteurs dans le marché. Toutefois, quelques acheteurs promettent aux vendeuses de venir le jeudi, jour du marché et veille de la Tabaski.
Fidèle DJIMADJA et Michel MASSESSI (stag) A/R Zou-Collines
**Préparatifs sur fond de morosité économique à Natitingou**
Plusieurs fidèles musulmans de la ville de Natitingou peinent à s'acheter leur mouton à cause de la morosité économique. Un père de famille, en quête de mouton à portée de sa bourse au marché de petits ruminants de l'école urbaine centre, a constaté sur place l'Agence Bénin Presse (ABP). Aussi bien dans les marchés de circonstance de petits ruminants de la ville de Natitingou, notamment celui situé en face de l'école urbaine centre, qu'auprès des vendeurs ambulants d'origine burkinabé, les prix des moutons ont flambé.
Les petits moutons sont vendus au moins à 50.000 F Cfa, les moyens à 80.000 F et les gros béliers à 100.000 F au moins. « L'année passée, avec un minimum de 25.000 francs Cfa ou 30.000 francs au plus, on pouvait s'acheter un mouton. Mais cette année, il faut avoir au moins 50.000 pour espérer un bélier », a regretté Souhaibou Alassane, un vendeur de moutons. Les moutons ont galopé au Burkina Faso où ils vont se ravitailler. « Les moutons qui étaient vendus à 20.000 francs Cfa, nous ont été cédés à 35.000 francs Cfa, ajoutée au prix du transport, nous sommes obligés de le revendre à plus de 50.000 avant d'espérer avoir une marge de bénéfice », a confié Rahamane Samou, un vendeur de moutons.
« C'est vraiment compliqué avec la rentrée des classes qui s'annonce et les temps qui sont durs », a fait remarquer Rafiou, un trentenaire venu s'acheter un mouton au niveau de l'école urbaine centre de Natitingou. Rappelons que l'Aid El Kabir sera célébré le vendredi prochain.
**Le prix du mouton varie de 30 à 700.000 F Cfa à Porto-Novo**
L'Aid el-Kebir, encore appelée Tabaski, sera célébrée le vendredi 1er septembre prochain par la communauté islamique. Cette fête, la plus importante de l'islam, commémore chaque année la force de la foi d'Ibrahim, à qui Allah demanda de sacrifier son fils unique. Ce sacrifice sera substitué par la vente d'animaux à Porto-Novo, reprise vie depuis quelques jours, comme de coutume chaque veille de la fête de Tabaski. Malgré la baisse du prix des moutons, oscillant cette année entre 30.000 et 700.000 F Cfa, les clients se font désirer sur le site.
Par Thibaud C. NAGNONHOU, A/R Ouémé-Plateau
Trois catégories de bêtes sont en vente sur le site de l'abattoir de circonstance autorisé par la mairie de Porto-Novo sur la berge. On y retrouve des béliers, des brebis et des cabris. Le marché est visiblement moins ravitaillé cette année qu'en 2016. Les prix varient selon la catégorie des bêtes. Les béliers sont plus chers que les brebis, tandis que les cabris ont leur prix fixé à 30.000 F Cfa. En fait, selon les vendeurs, les prix ont été largement réduits cette année par rapport à 2016. Ceci pour tenir compte de la morosité économique ambiante qui règne au Bénin, explique Taofic Bakary, vendeur de moutons. Selon lui, malgré la baisse des prix, les clients se font toujours désirer. Ils viennent au compte-goutte, fait-il remarquer. Il se désole de n'avoir vendu, depuis une semaine qu'il s'est installé, qu'un seul mouton à soixante mille. « Le déguerpissement des occupants illégaux de l'espace public et la rentrée des classes ont gâté le marché de moutons. On ne vend rien. Les gens n'ont pas l'argent », note Taofic Bakary. Selon lui, la situation de la vente de moutons cette année s'annonce plus amère que celle de 2016 que certains vendeurs avaient décriée. Moukaram Sanni, revendeur de moutons originaire d'Adjarra, redoute aussi la mévente. Selon lui, il avait vu venir la situation. C'est pourquoi il a choisi d'acheter chez ces fournisseurs burkinabè à Dieffa, comme de Sèmè-Podji, des moutons de petits prix compris entre 30.000 et 100.000 F Cfa. Ce qui lui permet de vite les écouler. Il espère faire de bonnes affaires la veille et le jour de la fête fixée au vendredi.
**Rareté de moutons au marché de Lokossa**
Communément appelée « fête du mouton », la Tabaski est une fête où la demande de moutons devient extrêmement grande. Mais force est de constater qu'au marché de Lokossa, le commerce de moutons n'est pas développé. Par Elom KPADONOU (stag) A/R Mono-Couffo
Dans la ville de Lokossa, il n'existe pas de marché de moutons occasionnel pour la fête de Tabaski. Toutefois, on peut remarquer la présence d'un petit commerce de moutons au sein du marché de la commune, tenu par deux dames dont l'une répondant au nom de Firmine Gbédji s'est confiée à nous. « Les ventes se font rares. On ne vend plus grand-chose comme auparavant », laisse-t-elle entendre. Les musulmans passent quelquefois. La plupart d'entre eux viennent se renseigner sur le prix, probablement pour se préparer en conséquence, mais personne n'achète encore », poursuit-elle. Toutefois, elle espère que les ventes augmenteront dans les prochaines heures, chaque musulman devant s'acquitter de son devoir religieux.
En souvenir de ce geste, chaque musulman immole un animal qui peut être un bélier, une chèvre, un mouton ou un bovin, respectant certaines conditions. Selon El-Hadi Saliou Liamidi, rencontré à la mosquée centrale de Lokossa, l'animal à sacrifier doit avoir un certain âge, être corpulent, bien portant, sans défaut quelconque ni handicap, c'est-à-dire que toutes les parties, des cornes aux pattes en passant par les oreilles et les yeux, doivent être intactes. « Car, il ne faut pas offrir à Dieu ce qu'on ne peut soi-même accepter. On ne saurait ainsi immoler un animal malade ou blessé », justifie-t-il.
**Par Maurille GNASSOUNOU**
Attendant l'arrivée des clients depuis quelques jours, les vendeurs de moutons dans la ville de Parakou ont vu leurs prières exaucées. Depuis ce mardi 29 août, les sites de vente de Zongo et d'Okédama ont été pris d'assaut par les fidèles musulmans de la ville. Sur les lieux, les achats se font difficilement. Vendeurs et acheteurs ne parviennent pas à s'entendre sur le prix des bêtes. Les premiers, même s'ils reconnaissent que les moutons sont chers, affirment cependant qu'il y en a pour toutes les bourses. En effet, explique le commerçant Aziz Issifou, il lui faut faire face, en plus du coût de transport de ses bêtes venues du Niger, à d'autres charges qu'il a engagées. Leurs prix, insiste-t-il, varient en fonction de leur taille, de la grosseur, de sa provenance et d'un vendeur à un autre. Ils vont de 30.000 à 450.000 F Cfa. Comme Aziz Issifou, Souleiman Aboubakar se plaint de la mévente. « Certes, le marché grouille de monde cet après-midi, mais ce n'est pas pour autant qu'ils achètent. Ils viennent seulement demander les prix, pour finalement vous tourner le dos », regrette-t-il. Sur la centaine de bêtes qu'il a amenées, c'est à peine qu'il en a vendu sept. Toutefois, confiant que les clients attendent le dernier moment pour se décider, il ne perd pas espoir.
Pour le client Soulé Moutari, ce n'est pas la volonté qui manque, mais les moyens. Devant un bélier gras et bien dodu à son goût et qu'il ne quittait pas du regard, qu'est-ce qu'il n'a pas proposé au vendeur pour entrer en sa possession ? « Il est resté insensible face à mes supplications », fait-il constater tout dépité. « Je n'ai que 70.000 F Cfa en poche, mais il exige 125.000 F Cfa », confie Soulé Moutari. Au dernier moment, il s'est résolu à quitter Okédama pour le site de Zongo. C'est depuis trois jours qu'il court. Cette année, reconnaissent la plupart des clients, le marché est pourvu. Mais, il n'est pas donné à n'importe qui de le fréquenter. Les bêtes pour le sacrifice de l'Aïd-el-Kebir coûtent très cher. Tâtant les grandes cornes d'un animal avec sa main droite, Moufiz Daouda ne dira pas le contraire. « Normalement, un tel mouton ne devrait pas coûter plus de 80.000 F, mais on m'a pris 115.000 F Cfa », révèle. Finalement, il remerciera le Seigneur de lui avoir donné les moyens pour se procurer l'animal.
