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Célébration vendredi prochain de la fête de la Tabaski : mévente dans les marchés de mouton à Cotonou
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- Titre
- Célébration vendredi prochain de la fête de la Tabaski : mévente dans les marchés de mouton à Cotonou
- Créateur
- Josué F. Mehouenou
- Editeur
- La Nation
- Date
- 30 août 2017
- Résumé
- En attendant jeudi prochain, veille et jour fatidique avant vendredi qui verra la célébration de la fête de la Tabaski, le mouton, élément essentiel, est au cœur de toutes les attentions. Si les vendeurs ont envie de se débarrasser des bêtes pour faire de bonnes affaires, les acheteurs, eux, se font désirer. Et même quand ils sont au front, ils sont réticents et parfois déçus. Mais une chose est sûre, la fête aura lieu.
- Couverture spatiale
- Cotonou
- Détenteur des droits
- La Nation
- Langue
- Français
- Source
- La Nation
- Identifiant
- iwac-article-0002353
- contenu
-
En attendant jeudi prochain, veille et jour fatidique avant vendredi qui verra la célébration de la fête de la Tabaski, le mouton, élément essentiel, est au cœur de toutes les attentions. Si les vendeurs ont envie de se débarrasser des bêtes pour faire de bonnes affaires, les acheteurs, eux, se font désirer. Et même quand ils sont au front, ils sont réticents et parfois déçus. Mais une chose est sûre, la fête aura lieu.
Plus de quinze minutes déjà qu’Hassan, 42 ans, maître artisan, fait des tours dans le marché à bétails de Vodjè (Cotonou), scrute, tourne, tâte les bêtes, négocie… Il a tellement fait la ronde avec son long boubou blanc-sale qu’il a fini par lasser les vendeurs. Plus personne ne semble s’intéresser à lui. Pourtant, Hassan, tout bon musulman qu’il est, veut un mouton. Seule difficulté, l’incompatibilité entre ses ressources et ses choix. « Prenez un petit mouton de 35.000F », finit par lui suggérer un aide-vendeur. Une solution qui est loin de contenter l’acheteur dépité qui finit par quitter par les lieux. Sans doute pour y revenir, mieux armé financièrement pour repartir avec la bête de son choix et de ses envies. Dans ce marché, devenu le principal point de vente de moutons dans la ville de Cotonou, le petit bétail blanc s’étend à perte de vue. Au milieu des bêlements des bêtes, des vendeurs, mais aussi des enfants. Leur mission, fouetter les bêtes têtues et les conduire de force vers les acheteurs. L’arrivée de chaque nouveau client est donc génératrice de supplices pour les animaux qui reçoivent des coups de part et d’autre avant les séances de négociation qui décident de leur sort.
Lesquelles négociations sont âpres, très âpres. La raison, justifie Hamidou, vendeur de nationalité burkinabè, le prix élevé des moutons.
Pas facile d’emporter une bête
Entre acheteurs et vendeurs, les positions se concilient difficilement. Ce vendeur-ci dit avoir de « grandes bêtes » et les livrent entre 80 000 et 350 000 F Cfa selon leur gabarit. Plutôt intransigeant et très peu flexible, il vend peu. « Depuis le matin, je n’en ai vendu que deux. Un à 85 000 F Cfa et un autre de 90 000F Cfa », confie-t-il. Mais il est loin de se décourager. Mâchant sa noix de cola devant ses dizaines de bêtes, il espère pour les deux derniers jours avant la fête « les vrais clients ». C’est d’ailleurs pour eux, affirme-t-il, que cette année, il a fait l’option des grands moutons. « Ils se vendent plus facilement et ne sont pas à la portée de toutes les bourses », commente le vendeur dont la cible semble bien précise.
Sauf que là encore, la cible elle-même semble se perdre devant les prix collés aux animaux. « Le choix s’avère difficile en raison des prix et je me demande si tous les musulmans pourront sacrifier à la tradition », s’interroge Hakim Eke, agent de la compagnie des sapeurs-pompiers venu avec sa famille se ravitailler. Si lui est convaincu qu’il repartira des lieux avec sa bête de fête, il n’a pas encore l’assurance de s’acheter l’animal de son choix. « Tout se jouera en fonction de mes moyens », lance l’homme en treillis qui, visiblement, n’a aucune envie de s’embarrasser. Si les années précédentes, les clients venaient au moins pour négocier et discuter, « cette année, ils se font rares », constate le voisin d’Hamidou, un autre vendeur allongé sur sa natte. Depuis une semaine qu’il a rejoint les lieux, ce Nigérien habitué à convoyer ses bêtes sur Cotonou n’en a pas encore livré un seul. Son stock est intact. Même les traditionnels clients qui ont l’habitude de l’appeler pour passer commande à distance n’ont pas composé son numéro cette année. Il n’en revient pas et cache mal son amertume. A cette allure, craint-il, « On risque de faire tabaski sans mouton », bredouille-t-il dans un français approximatif. Pour se distraire les vendeurs, les aide-vendeurs organisent par moment des spectacles de combats entre les bêtes. Au milieu de leurs violents coups de cornes et de têtes, l’assistance rit, bavarde, se divertit, échange et parfois applaudit.
Des vendeurs tristes !
Vendeurs tristes, mais acheteurs préoccupés aussi. Sur les lieux, les quelques rares acheteurs rencontrés ont du mal à se satisfaire. Le problème, les prix des bêtes. « Ils sont exorbitants », se plaignent-ils. Moudjib, lui, a fini tout de même par faire son choix. Non sans difficulté. Pareil pour Sadiké, responsable dans une agence de publicité de la place. Deux moutons à 170 000 F, c’est l’affaire qu’il vient de conclure après d’âpres négociations. Une prouesse, pourrait-on dire, à l’entendre se confesser. Mais pour y arriver, il a dû se débarrasser des « démarcheurs » pour traiter directement avec les vendeurs. Celui-ci indexe ces démarcheurs, trop nombreux dans le marché à moutons de Vodjè comme à la base du surcoût. « La plupart des vendeurs ne comprennent pas français et la langue du milieu. Les démarcheurs leur proposent de les aider, enregistrent les vrais prix et font de la spéculation auprès des clients », dénonce furieux Sadiké. Pour lui, « sans ces intermédiaires, le prix du mouton serait accessible ». Les siens, il les fait estampiller et reviendra les chercher vendredi matin. Derrière ces lunettes fumées, il observe le vendeur les déplacer vers la loge « des moutons marqués » à la peinture pour marquer la différence.
Autre lieu, autre réalité. Au marché de mouton de Zongo, quartier autrefois spécialisé dans la vente des moutons à Cotonou, ce sont les vendeurs qui organisent la riposte face aux accusations de cherté des bêtes. Souleymane, lui, est d’ailleurs très remonté sur la question. Le vieil édenté et à l’expression peu aisée s’improvise néanmoins porte-parole de ses pairs. « Cette année, personne ne peut dire que le mouton est cher. Même avec 18 000 ou 20 000 F Cfa, tu peux acheter ton mouton. Il y en a pour tous les prix. Il y a mouton ‘’tchivi’’ (moindre qualité), mouton ‘’tchigan’’ (bien en chair). Ça dépend de ce que tu veux », nuance-t-il. Ici aussi, reconnaît-t-il, les clients sortent au compte-gouttes. « Ils attendent jeudi (veille de la fête) en se disant que nous vendrons moins cher, mais ils se trompent. Nous n’allons rien diminuer », prévient Souleymane. Un discours loin d’emballer les vendeurs rencontrés sur place qui se plaignent de la cherté des bêtes. Certains parmi eux n’excluent pas la possibilité d’aller vers le marché de bétail de Djeffa (route de Porto Novo) pour tenter leur chance.
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