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Les prêches de El Hadj Jaffar
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Burkina Faso
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- Titre
- Les prêches de El Hadj Jaffar
- Créateur
- Abu Kodjo
- Editeur
- San Finna
- Date
- 21 novembre 2005
- Résumé
- De son vrai nom, El Hadj Hema Ouattara dit Jaffar, on le connaît dans l'ouest du Burkina, en Côte d'Ivoire et au Mali pour sa parfaite connaissance des Ecritures et son franc parler.
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0002316
- contenu
-
De son vrai nom, El Hadj Hema Ouattara dit Jaffar, on le connaît dans l'ouest du Burkina, en Côte d'Ivoire et au Mali pour sa parfaite connaissance des Ecritures et son franc parler.
Maître coranique d'un autre genre, Jaffar allie dans ses prêches publiques des enseignements de l'Ancien Testament, de la Bible et du Coran. Véritable maître de la parole, c'est un défenseur des causes justes. Sans effort, El Hadj Jaffar mobilise. Ses prêches enregistrées sur cassette se vendent partout, comme des petits pains. En effet, il dit tout haut ce que les autres pensent tout bas. Pour se justifier, il se dit investi d'une mission que rien ne peut l'empêcher d'accomplir. L'homme dénonce publiquement toutes les dérives du régime et s'en prend sans réserve, à tous ceux qui ferment les yeux sur les entraves à la dignité humaine et à la démocratie.
San Finna l'a vu à l'oeuvre, au lendemain de l'assassinat de Norbert Zongo où il n'hésitait pas à indexer le pouvoir d'avoir commis ce terrible crime. C'était également sur le même ton qu'il condamnait sans détours les assassins de David Ouédraogo et leurs commanditaires qui, pour Jaffar, ne pouvaient provenir que de l'entourage du Président Compaoré.
On se souvient que pour ces deux affaires, Jaffar avait donné son verdict, celui des Ecritures : " Qui tue par l'épée, meurt par l'épée, oeil pour oeil, dent pour dent ". " Vous avez tué et brûlé Norbert Zongo, on vous tue et on vous brûle ". C'est ainsi qu'il s'adressait directement au pouvoir. On se souvient aussi qu'à cette époque, le Burkina était en crise. Le débat se menait autour de la trilogie " vérité, justice et réconciliation ". Pour la majorité des Burkinabé, c'était la seule voie pour ramener la paix durable ; pour le pouvoir, il fallait d'abord se réconcilier pour permettre à la justice de chercher les coupables et les punir. Là aussi, Jaffar n'avait pas hésité à monter au créneau pour attaquer les défenseurs de cette thèse. Il n'avait pas épargné ses collègues Imams qui avaient organisé une prière publique pour la paix. Pour Jaffar, il s'agissait de marabouts corrompus qui voulaient par là disculper le régime. " On prie pour les morts et non pour les assassins ", défendait-il.
Qu'est devenu Jaffar ? San Finna l'a contacté à Bobo-Dioulasso où il réside. Il se porte comme un charme.
A la question de savoir s'il continuait à prêcher comme par le passé, il a répondu qu'il le fait de plus belle. Il dira aussi que ses adeptes, qu'on retrouve dans toutes les couches sociales, sont de plus en plus nombreux car, poursuit-il, les gens ont fini par se convaincre que Jaffar est un homme incorruptible et que ses prêches n'ont pour objet que de permettre le changement de comportements pour un Burkina meilleur.
Il vient d'ailleurs d'effectuer un déplacement à Banfora où il a saisi l'occasion pour s'attaquer aux problèmes d'actualité qui ont pour noms, l'insécurité et la gestion du pouvoir d'Etat.
Nous avons recueilli pour vous quelques morceaux choisis.
" Chaque fois qu'il se passe quelque chose de grave au Burkina, Blaise Compaoré dit qu'il dormait. Pourquoi ne déclarera-t-il pas qu'il va une fois de plus dormir pour que prenne fin le règne des coupeurs de route ? "
" Le régime de la 4ème République contrôle tout au Burkina Faso, tout sauf les routes qui sont la propriété des bandits ".
" Avant, sur nos routes, les gendarmes étaient la bête noire des voleurs ; aujourd'hui, ce sont eux qui sont devenus la bête noire des gendarmes. Allez-y comprendre ".
" On dit que Blaise Compaoré n'a pas fait le coup d'Etat du 4 août 1983 pour le pouvoir, c'est pourquoi il a accepté que Thomas Sankara dirige le pays. On dit aussi que le 15 Octobre 1987 ?Blaise Compaoré ne voulait pas le pouvoir, qu'il était affligé par la mort de celui qu'il considérait plus qu'un compagnon d'armes, un frère. Pourquoi aujourd'hui s'obstine-t-il à rester au pouvoir ? "
Comme on le voit, El Hadj Jaffar, l'Ayatollah de Bobo-Dioulasso, ne changera jamais tant que les hommes qui nous gouvernent ne changeront pas !
Sacré Jaffar !