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Organisation du Hadj : on n'est pas totalement sorti de l'auberge
- Titre
- Organisation du Hadj : on n'est pas totalement sorti de l'auberge
- Créateur
- Issouf Sidibé
- Editeur
- San Finna
- Date
- 20 septembre 2010
- Résumé
- Deux jours après la fête du Ramadan, le débat sur l'organisation du Hadj, qui est le cinquième pilier de l'Islam, refait surface. Comme pour désamorcer une bombe, le ministère de l'Administration territoriale et de la Décentralisation (MATD) s'est hâté d'organiser une conférence de presse au moment où des bruits courraient que des agences ont du mal à accepter certaines dispositions prises par ledit ministère.
- Couverture spatiale
- Arabie saoudite
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0002314
- contenu
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Deux jours après la fête du Ramadan, le débat sur l'organisation du Hadj, qui est le cinquième pilier de l'Islam, refait surface. Comme pour désamorcer une bombe, le ministère de l'Administration territoriale et de la Décentralisation (MATD) s'est hâté d'organiser une conférence de presse au moment où des bruits courraient que des agences ont du mal à accepter certaines dispositions prises par ledit ministère.
Cette conférence de presse ressemblait plus à une mise en garde à l'endroit des agences qui se hasarderaient à organiser le voyage des pèlerins à la Mecque sans autorisation, qu'à une rencontre d'information.
Difficile pour le gouvernement burkinabè de trouver une formule définitive pour l'organisation du pèlerinage à la Mecque. A chaque édition, des dispositions nouvelles sont prises pour cette organisation. Un véritable goulot d'étranglement quand on sait qu'à chaque édition aussi, les pèlerins
rencontrent des difficultés criardes. Le gouvernement en a conscience et le ministre de l'Administration territoriale, Cément P. Sawadogo l'a bien signifié en ces mots : « Lorsque l'on jette un regard rétrospectif sur les différentes organisations du Hadj, l'on se rend compte que chacune d'elle a connu des soubresauts qui ont nécessité qu'elles soient revisitées à tout moment ».
Mais ce que le ministre ne souligne pas, c'est que les différentes relectures des textes afférents à l'organisation du Hadj ne prennent pas véritablement en compte les préoccupations des pèlerins.
Si au départ, la décision de libéraliser l'organisation du Hadj a été bien accueillie, il faut reconnaître qu'à l'arrivée, cette formule s'est révélée comme une farce .C'est après l'édition de 2009, et suite à la grogne des pèlerins de cette édition, que les limites de STMB Tours, seule agence jadis agréée, ont été portées au grand jour.
Les pèlerins de l'édition 2009, de retour de la Mecque, à travers des conférences de presse et autres déclarations ont, entre autres, regretté le coût exorbitant du Hadj, l'éloignement du logement des pèlerins au lieu des cultes, l'absence de guide approprié à la Mecque. Suite à ces difficultés, le gouvernement était alors obligé revoir les textes régissant l'organisation du pèlerinage à la Mecque.
Ainsi la nouvelle trouvaille a permis de sélectionner, suite aux avis d'appel à concurrence, cinq agences dont, Africa voyages et tourisme, COGE (Prestige voyages), Ranguma voyages, STMB Tours, Zahra voyages et tourisme, pour l'organisation de l'édition 2010.
C'est un comité national de suivi de l'organisation du pèlerinage à la Mecque édition 2010, crée pour la circonstance et composé de 13 personnes dont 7 représentants les départements ministériels impliqués dans l'organisation du Hadj et 6 membres représentants les associations islamiques, qui a siégé pour la sélection de ces agences précitées.
En rappel, la mission du comité est, entre autres, la sélection des agences de voyages candidates pour l'organisation du pèlerinage et le recrutement d'un transporteur aérien officiel pour le transport des pèlerins au Royaume d'Arabie Saoudite.
L'innovation de l'édition de cette année est que les autorités font grâce des frais aéroportuaires s'élevant à près de 40.000 fcfa. Mais l'innovation majeure, c'est bien sûr la séparation du volet « transport aérien des pèlerins » d'avec celui « organisation du pèlerinage ». En clair, une agence retenue pour l'organisation du pèlerinage n'est pas forcement celle qui se charge du transport.
Pour justifier cette formule, le ministre Clément P. Sawadogo dira qu'il s'agit « de faire la promotion de la concurrence pour jouer sur les prix au profit du pèlerin en lui assurant toutes les garanties d'un bon pèlerinage ». En ce qui concerne le recrutement du transporteur aérien officiel, seul la société STMB Tours est retenue.
C'est elle qui fixe le prix du transport de tous les pèlerins recrutés par les cinq agences. Ces dernières n'entendent pas cela de cette oreille et crient à la « dictature » du prix du transport aérien par STMB Tours. Du reste, elles trouvent que cette décision a un objectif purement « mercantile » et s'éloigne de l'objectif spirituel dont doivent se prévaloir toute agence organisatrice du Hadj.
La raison avancée par ces agences est que sur les trois agences soumissionnaires du volet transport, c'est le prix proposé par STMB Tours qui était le plus cher. Pour l'heure, le prix du transport est fixé à 1 193 600 de F CFA par pèlerin. C'est sur la base de ce prix que les agences sélectionnées pour l'organisation du Hadj doivent fixer le coût total du pèlerinage.
A en croire le ministre, il est probable que le coût global soit en dessous de 2 000 000 F CFA. Toutefois, il met en garde toute agence qui se hasarderait à organiser le transport des pèlerins burkinabè à la Mecque excepté STMB Tours. Clément P. Sawadogo va jusqu'à dire que l'avion qui transportera des pèlerins burkinabè sans autorisation sera considéré comme un avion pirate.
On l'aura compris, tout est fait pour donner le monopole exclusivement à STMB Tours. Car ces menaces ne sont destinées qu'aux autres agences. Aussi, l'objectif de cette rencontre avec les médias, qu'a organisé le MATD aurait pour but de décourager les agences qui revendiquent un certain nombre de choses.
Des sources dignes de foi nous informent que les quatre agences auraient adressé une lettre au ministre, lui demandant de revoir la décision permettant à STMB Tours seule de négocier le prix du transport aérien des pèlerins.
En lieu et place d'une réponse ou d'une tentative de trouver des solutions aux revendications de ces agences, le MATD a préféré organiser une rencontre à laquelle ont participé aussi toutes les agences agrées pour l'organisation du pèlerinage.
Même si la parole avait été donnée aux agences de se prononcer, il est évident qu'elles ne pouvaient pas dévoiler au grand jour tous les problèmes au risque de faire couler tout le processus de l'organisation du Hadj, et ce, d'autant plus que dans leur lettre, elles ont été courtoises, leur logique étant de trouver une entente à l'amiable devant permettre à tous de faire un Hadj dans de meilleures conditions.
Dans ce pays, c'est aussi connu que les gens préfèrent souvent se taire dans ce genre de rencontres pour ne pas être définitivement effacés surtout lorsqu'il y a à manger. Et dans tous les pays où les instruments juridiques sont faibles, c'est la peur qui finit par avoir raison des revendications légitimes qu'on pourrait avoir.
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