Issue
Plume Libre #13
- Titre
- Plume Libre #13
- Type
- Périodique islamique
- Editeur
-
Plume Libre
- Date
- février 1993
- numéro
- 13
- Résumé
- Mensuel islamique ivoirien d’informations générales
- nombre de pages
- 8
- Langue
- Français
- Contributeur
-
Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-issue-0001335
- contenu
-
PLUME Libre
Fév. 1993
Prix : 125
N° 013
MENSUEL ISLAMIQUE IVOIRIEN D'INFORMATIONS GÉNÉRALES
"La mort suffit comme avertissement, la piété suffit comme richesse, l'adoration suffit comme occupation"
Parole du Prophète Mouhammad (Paix et Bénédictions de Dieu sur lui)
AFRIQUE
Le Pape en croisade contre la charia
Un rêve étrange
Ces étrangers qui ont fait la Côte d'Ivoire
RAMADAN
Comment réussir son jeûne ?
EDITO-PLUME
On l'avait peut être oublié ! La vie avec ses préoccupations alimentaires allait son train-train quotidien. Les bonnes habitudes de piété religieuse s'étaient tassées pour beaucoup. Les cinq prières quotidiennes, notre Islam en était réduit à cela. Les précautions ont été prises afin que le Conseil Supérieur des Imams donne le signal de départ. Ainsi, à l'image des français (qui en ont fait autant cette année), nous commençons ensemble et fêterons le même jour sur toute l'étendue du territoire national.
Le ramadan (puisque c'est de cela qu'il s'agit) est là. Avec lui, les habitudes changent et le paysage aussi. Ici et là, le moment d'angoisse et de surprise passé (aussi curieux que cela puisse paraître, ce rendez-vous annuel surprend beaucoup de gens), on se met au goût de l'événement : réveil plus matinal que d'ordinaire, pas de repas à midi, journée continue pour certains travailleurs... Dans les quartiers, les commerçants, les boulangers et les restaurateurs en particuliers modifient leurs horaires de service. C'est que le Ramadan ne laisse personne indifférent. Le regain de foi et de conscience se traduit dans la cité par la transformation des rues et des places publiques en mosquées temporaires. Un mois durant, le pays à l'instar de beaucoup d'autres, vivra au rythme du 4e pilier de l'Islam.
Pour chacun, ce sera l'occasion de revaloriser sa foi, de resserrer les liens sociaux et de ressentir la vitalité de la communauté. Véritable baromètre de la vie de l'Islam, le mois du ramadan, au delà des aspects immédiatement perceptibles doit nous amener à réfléchir sur notre vie de croyant, à évaluer notre action en faveur de la communauté et surtout à déceler nos faiblesses et à y apporter les correctifs nécessaires. Moment idéal pour capitaliser le maximum de salaire auprès du Créateur, le ramadan ne doit pas être pour le musulman un simple rendez-vous périodique d'épreuves physiques et d'exaltation spirituelle.
Suite P.8
Le ramadan et nous
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LES DROITS EN ISLAM
Les droits en Islam sont enseignés avec les devoirs. Cette rubrique vous aidera à les connaître pour mieux les appliquer, inch'Allah.
Le jeûne et ton corps
LE droit du jeûne, c'est que tu saches que c'est un voile que Dieu a baissé sur ta langue, les oreilles, tes yeux, ton sexe et ton ventre, afin que le jeûne te protège du feu de l'Enfer. Il est rapporté dans un hadith: "Le jeûne est un rempart contre le feu de l'Enfer." Si tes membres se reposent sous ce voile, tu peux espérer être couvert et protégé, mais si tu les laisses s'agiter et relever les bouts du voile afin de voir ce qu'il ne faut pas voir de façon charnelle, tu n'es pas sûr de ne pas déchirer le voile et d'en sortir.
★ Le droit de ta langue, c'est que tu évites les grossièretés par respect pour elle, que tu l'habitues aux bonnes paroles, que tu la rendes cultivée, que tu la laisses au repos sauf en cas de nécessité et d'utilité pour la religion ou pour ce bas monde, que tu l'exemptes de toute parole inutile et de tout radotage. La langue dévoile le degré de raison et elle en est la preuve, et la valeur du sage est dans sa raison et ses bonnes paroles.
★ Le droit de tes oreilles c'est que tu les préserves d'ouvrir un chemin à ton cœur, sauf pour des choses justes et bonnes qui te font du bien au cœur, qui enrichissent ton caractère par la morale, car les oreilles sont les portes du cœur , elles transportent toutes sortes de pensées qu'elles soient bonnes ou mauvaises.
★ Le droit de tes yeux, c'est que tu les baisses devant ce qui t'est interdit, et que tu ne laisses pas traîner ton regard sauf pour prendre une leçon, que ce soit en voyant ou en apprenant quelque chose car la vue est la porte de la réflexion et du savoir .
★ Le droit de ton ventre c'est que tu n'en fasses pas un sac ni pour un peu, ni pour beaucoup de ce qui est illicite, et que tu lui donnes ce qui est facile à sa mesure, et que tu ne deviennes pas gourmand et inhumain en désirant te fortifier, que tu te réserves si tu es gêné par la faim ou la soif, car être repu à fond, sans mesure, entraîne à la fainéantise, rend paresseux et éloigne de toute action bonne et noble. Il n'y a de force et de puissance qu'en Dieu★
Imâm Ali ebn el Hossein Zayn-el-abidine in "Epître sur Les Droits en Islam"
PLUME RELIGIEUSE
EXALTATION DES VERTUS DU MOIS DE RAMADAN
L'IMAM Ali Ibn Abi Talib (PSL) relate le fait suivant. "Dans la dernière semaine de Shaaban, le Messager de Dieu (P.S.L.) tint ce sermon : «O gens! dit-il, le mois de Dieu vient vers vous avec sa bénédiction, sa miséricorde et son pardon. Par ses jours, ses nuits et ses heures, il est considéré comme le meilleur mois de Dieu. En ce mois, vous êtes Ses invités et Ses bienheureux : votre souffle est une prière; votre sommeil, une dévotion; votre acte (de jeûner) est accepté (par Lui); votre imploration exaucée. Souhaitez avec sincères intentions et pureté de cœur que Dieu vous donne grâce dans votre jeûne et la lecture de Son Saint Livre, car sera considéré comme mécréant celui qui est privé du pardon de Dieu en ce mois grandiose.
«Pensez à votre faim et à votre soif qui seront celles du jour du Jugement, donnez l'aumône aux pauvres et aux indigents, respectez les vieillards, soyez miséricordieux envers vos petits, unissez votre parenté, ne soyez pas médisants, éloignez votre vue de ce qui vous est interdit de voir, et votre ouïe de ce qu'il n'est pas permis d'entendre, soyez bon envers les orphelins, il en sera ainsi envers les vôtres, repentez-vous à Dieu de vos péchés, et élevez vos mains vers Lui lors de vos prières car c'est le meilleur moment pendant lequel Dieu regarde ses serviteurs avec compassion et mansuétude : Il les écoute s'ils Le supplient; leur répond s'ils L'appellent; leur donne s'ils Lui demandent et Il les exauce s'ils Le prient».
«O gens! Votre âme est liée à vos actions: libérez-la par vos confessions; votre dos ploie sous vos fardeaux : allégez-le en vous attardant dans vos prosternations. Apprenez que Dieu a juré par Sa Grandeur de ne pas faire souffrir ceux qui prient et qu'ils n'auront rien à craindre du feu de l'Enfer, le jour où ils devront rendre des comptes au Seigneur des mondes.
«O gens! Quiconque, en ce mois, donne à manger à un jeûneur croyant, sera bien vu de Dieu». Ce geste équivaut à la libération d'un esclave et Dieu effacera ses anciens péchés. (Quelqu'un réplique : «O Messager de Dieu, tout le monde ne peut faire cela». Le Prophète (P.S.L.) répond : Evitez l'Enfer, même en offrant une partie d'une datte; évitez l'Enfer, ne serait-ce qu'avec une gorgée d'eau») «O gens ! En ce mois, tout homme probe et droit aura un laisser-passer le jour où d'autres trébucheront. Celui qui donne la liberté aux esclaves, verra son jugement soulagé par Dieu. Celui qui ne fait pas le mal, Dieu ne sera pas en colère contre lui le jour où il Le rencontrera. Soyez généreux envers l'orphelin, Dieu le sera envers vous. Celui qui fortifie les liens de famille, Dieu le fortifiera dans sa miséricorde le jour où il Le rencontrera; qui les dénoue, dénouera de lui la miséricorde de Dieu. A celui qui accomplit, en ce mois, des prières surérogatoires, Dieu prescrira l'immunité contre le Feu. Celui qui s'acquite d'une prière obligataire aura la récompense de celui qui s'acquite de soixante-dix prières en d'autres mois. Tel qui augmente ses prières verra ses œuvres accuser de bon poids le jour où tant d'œuvres pèseront peu. Quiconque, en ce mois, récite au moins un verset du Coran, aura la même récompense que celui qui termine la lecture du Coran en d'autre mois.
«O gens! Les portes du Paradis en ce mois sont ouvertes : priez Dieu qu'Il ne les ferme point. Par contre les portes de l'Enfer sont fermées : priez Dieu de ne point les ouvrir; les fouets sont enchaînés, priez Dieu qu'il ne les dresse contre vous ».
Le Prophète (P.S.L.) dit dans un autre prêche : «Dès le premier jour de Ramadan, les diables seront enchaînés... A la Nuit du Destin, Dieu pardonne autant qu'il le fait pendant les mois de Rajab, Shaaban et ce qui est déjà terminé du mois de Ramadan réunis; sauf aux frères qui se haïssent (ou se querellent). Dieu - Son nom soit loué - ne le fera que lorsqu'ils seront réconciliés».
Dans ces Hadiths, nous constatons que l'accent est surtout mis sur les notions d'amour et de fraternité parmi les croyants et leur éloignement des querelles et de la haine. Ils seront plus enclins à la réconciliation. Ainsi, celui qui demande le repentir, doit avant tout se réconcilier avec ses frères; cette action sera un prélude au pardon et à la miséricorde de Dieu envers ce pécheur en ce saint mois»
Extrait de "Le jeûne de ramadan, statuts et rôle", par Cheikh Abdul Monem
"votre dos ploie sous vos fardeaux : allégez-le en vous attardant dans vos prosternations" (On reconnaît sur cette photo le Dr. Touré au centre, et le Pr. Fadiga à l'extrême droite).
SOMMAIRE
EDITO-PLUME
Le ramadan et nous................................................................................................P. 1
PLUME RELIGIEUSE
Exaltation des vertus du mois de ramadan ......................................................P. 3
Comment réussir son ramadan............................................................................P. 3
Le ramadan un frein à la production...................................................................P. 3
PLUME DANS LE QUOTIDEN
Ces étrangers qui ont fait la Côte d'Ivoire...........................................................P. 4
Arrêter l'humiliation .............................................................................................P. 4
PLUME POLITIQUE
Afrique : que veut le Pape ? ................................................................................P. 5
PLUME EN LIBERTE
Un rêve étrange ....................................................................................................P. 6
PLUME LITTERAIRE & SCIENTIFIQUE
Problèmes moraux et psychologiques ................................................................P. 7
PLUME DU SPORT & DE LA DETENTE
La victoire à tout prix ...........................................................................................P.8
ADMINISTRATION
- Petite Mosquée de la Riviera
08 B.P 2462 Abidjan 08
Tél. :43-47-58
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"Le Club des Amis de la Plume"
Responsable : Doumbia Ibrahim
PLUME LIBRE / Février 1993 / Page 2
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PLUME RELIGIEUSE
# Comment réussir son ramadan ?
**Par Koné Zakaria abd'Allah**
besoins charnels de l'aube au coucher du soleil chaque jour est une chose, mais le faire pour Dieu en est une autre. Cela impose donc à tout fidèle sincère de prendre la veille de ce mois particulier l'intention explicite de jeûner pour Dieu et rien que pour Dieu. Cette première condition remplie, chacun doit être capable d'assumer les implications de cette prise de décision de façon responsable. Eviter alors de faire subir à tous les autres qui vivent avec nous nos sautes d'humeur et nos réactions qui deviennent malheureusement épidémiques.
Tout en réalisant notre purification morale et notre ascension vers Dieu, nous devons être à même de nous maitriser devant n'importe quelle situation même les plus provocatrices. On doit tout simplement signifier à celui d'en face que nous jeûnons. C'est à travers cette auto-discipline librement consentie que nous deviendrons jeûneur dans le sens islamique du terme. Après cette disposition fondamentale, il faut veiller à la pureté des biens matériels que nous consommons car Dieu est pur et n'aime que ce qui est pur.
Enfin, multiplier autant que possible les actes d'adoration sous ses formes multiples et avoir pour préoccupation essentielle la permanence du rappel de Dieu. Ainsi peut-être serons nous guidés *
«UNE des pratiques fondamentales de la religion sacrée de l'Islam est le jeûne, particulièrement celui du mois de Ramadan. Son importance et sa grandeur sont telles que sa rétribution se trouve dans le pouvoir exclusif et discrétionnaire de Allah Lui-même. Mais toutefois nous pouvons en avoir une idée à travers son noble Prophète Mouhammad (P.B.D.L) qui déclara le dernier vendredi d'un mois de Cha'aban :
«O gens, le mois de Dieu est venu vers vous, vous apportant miséricorde, abondance et pardon. Mois qui, aux yeux de Dieu, est le meilleur des mois, ses jours les meilleurs des jours, ses nuits les meilleures des nuits et ses heures les meilleures des heures ! Ce mois durant lequel, étant invités au festin de Dieu, vous êtes les bénéficiaires de ses bontés et de sa noble considération».
Comment mériter cet honneur ? Comment ne pas se transformer en un vautour indésirable ?
Pour gagner ce pari, la première disposition à prendre est d'ordre psychologique et spirituel. En effet comme l'a enseigné le Prophète (P.B.D.L), en Islam toute action n'est rétribuée que suivant les intentions qui l'ont inspirée. Tout homme n'aura la rétribution que selon ce qu'il a eu l'intention de faire. C'est dire que s'empêcher de manger, de boire et d'assouvir ses
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**PRÉCISION**
## Le jeûne : un frein à la production ?
*Le monde entier vit en ce moment au rythme du ramadan, ce mois sacré, le 9e de l'année lunaire. Ce mois dont Dieu (Exalté soit-Il) nous a fait don aux fins d'absoudre nos péchés et de nous purifier. Mais voilà que certains font une autre lecture de ce mois, le taxant d'être à la base d'une prétendue baisse de rendement, en d'autres termes d'être un frein à la production.*
LE ramadan fait partie des cinq piliers de l'Islam. Il occupe la quatrième place. En tant que tel, il est une obligation pour tous les musulmans bien portants. A savoir qu'ils sont tenus d'observer les vingt-neuf (29) ou trente (30) jours de jeûne que compte le ramadan du lever jusqu'au coucher du soleil. Dieu, dans le Coran, dit ceci: *"O croyants le jeûne vous a été prescrit, comme il a été prescrit à ceux qui vous ont précédé; peut-être seriez vous pieux"* (S. 2 — V. 183).
Il est clair que cette adresse concerne tout le monde, travailleurs et non travailleurs. Ceci pour dire que le jeûne n'empêche pas de travailler, bien au contraire. Il reste et demeure une véritable source d'inspiration pour le travailleur. "Jeûnez et vous acquerrez la santé" Avec le jeûne, l'on se sent toujours aguéri et débarassé des menus besoins: le besoin de manger, le besoin de se reposer... Le corps et l'esprit restent en éveil et l'on se sent toujours prêt à servir, à travailler, et ce, dans la joie et la ferveur.
Le jeûne ne saurait non plus être un frein à la production, à partir du moment où le "jeûneur" reste sur son lieu de travail du matin jusqu'au soir. Bien évidemment dans certaines entreprises, un calendrier est aménagé pour permettre aux jeûneurs de "descendre" un peu plus tôt que leurs collègues. Quoi de plus normal. Car il faut leur permettre de rentrer tôt, afin de rompre le jeûne à l'heure prescrite, comme le recommande le Saint Coran. Mais cela n'influe nullement sur la production. Si cela causait un dommage à ces entreprises nous ne pensons pas qu'elles le permettraient. Que les apprentis-sorciers arrêtent donc leur distraction. Plutôt le ramadan favorise un grand nombre d'activités économiques au même titre que les vacances et les rentrées des classes notamment qui sont une véritable traite pour les transporteurs !
Ce qu'il faut retenir, c'est que le ramadan est un mois d'abstinence de tous ordres, mais aussi un mois d'endurance, de patience et un mois de toutes les victoires : victoire sur nos désirs et passions, victoire sur Satan et sa suite *
**Cauney Issah**
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# Plateau : La prière du vendredi démarre !
**Par D.H.L**
*Depuis le Vendredi 8 janvier 1993, le Plateau a sa mosquée. Finis donc les déferlements difficiles et coûteux sur Treichville, Adjamé ou la Riviera les vendredis midi. Sis au parking de l'Hôtel de Ville, la nouvelle "mosquée" n'a pas encore de murs ni de mir'hab. Elle n'a même pas encore eu l'autorisation de se faire bâtir sur ce site... mais c'est tout comme. Pour s'en convaincre il faut constater de visu la marée humaine qui y déferle chaque vendredi. Ils descendent des bureaux climatisés des grattes ciel de notre Manhattan national se noyer parmi les petits commerçants et autres chômeurs dans un élan du cœur, une foi en un Dieu unique et une paix dans l'âme que seul peut susciter et offrir l'Islam. Tout en saluant la très grande sollicitude du Maire d'Abidjan, M. N'Koumo Mobio Ernest et de son conseil municipal, les fidèles musulmans du Plateau contiennent mal la joie qui les anime de disposer enfin d'un lieu de culte. Nous leur avons ouvert nos colonnes, voici ce qu'ils nous ont confiés.*
* **Traoré Moustapha** (enseignant confessionnel à Adjamé-Dallas) : Cet endroit est plus sain que certains endroits tels les jardins publics où les fidèles avaient coutumes de prier. Nous y sommes provisoirement, le temps que les autorités nous donnent un terrain pour bâtir une mosquée. A part cela, les musulmans sont très heureux d'avoir un endroit où s'acquitter tranquillement de leurs devoirs religieux. La balle est dans le camp des autorités qui doivent savoir que les musulmans ont les mêmes droits que les autres confessions religieuses.
* **Mme Séré Bintou** : Il nous faudrait peut-être un espace plus grand mais pour le moment, celui-ci nous convient pour la célébration de notre culte.
* **El Hadj Youssouf Cissé** (instituteur au Camp de Gendarmerie du Plateau) : Vous n'êtes pas sans ignorer que le Plateau est un centre d'affaires et qu'à l'heure de la prière, les frères sont obligés de prier par groupuscules sur des cartons, voire des nattes. Nous avons donc voulu réunir tout le monde dans un lieu mieux adapté.
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**Vivement un véritable lieu de culte au Plateau, à l'image de la petite mosquée de la Riviéra (ci-dessus).**
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PLUME DANS LE QUOTIDIEN
Ces étrangers qui ont fait la Côte d'Ivoire
Par Koné Seydou
Pendant la colonisation, c'est par milliers que les véhicules de transport déversaient les travailleurs de la Haute-Côte d'Ivoire dans les plantations du sud. Aujourd'hui, en parlant de "grands" planteurs, on occulte les "petits" manœuvres, ceux dont la sueur a fécondé ces plantations.
L'ADMINISTRATION de l'AOF affectait en Côte d'Ivoire ses fonctionnaires dahoméens, maliens, togolais... En outre, aux côtés des pauvres hères qui suaient sang et eau pendant les travaux forcés, ou servaient de chair à canon dans le corps des "Tirailleurs sénégalais" se trouvaient des américains revenus chercher leurs racines, des commerçants asiatiques et des entrepreneurs, religieux et autres aventuriers européens. Tous ont contribué avec leurs frères ivoiriens à bâtir ce qu'on appelait encore il y a quelques années le "miracle ivoirien". Les uns y ont investi leur force physique, les autres leur fortune, et tous, leur espoir. Aujourd'hui, bien que le miracle se soit plutôt révélé être un mirage, la Côte d'Ivoire n'en demeure pas moins un beau pays. Le mouvement migratoire continue. Pourra-t-il d'ailleurs (jamais) s'arrêter ? Toutefois, les difficultés économiques ayant atteint le seuil que nous connaissons, notre pays est confronté à un dilemne : l'intégration économique dont les partisans sont convaincus que l'avenir appartient aux grands ensembles, est opposée au nationalisme, lequel nationalisme engendre la xénophobie. Dans les deux cas de figure, les étrangers sont sous les feux de la rampe.
Beaucoup ont payé de leur vie leur trop grand amour pour cette terre
ON pourrait classer les étrangers en deux grands groupes : les "noirs" et les "blancs". Le premier groupe constitué en majorité de voltaïques (burkinabé), de maliens, de guinéens, de ghanéens mais aussi de sénégalais et de béninois effectuaient jadis les travaux considérés comme les plus durs et salissants : ils étaient éboueurs, gardiens, manœuvres, boys... Ce n'est que récemment que les ivoiriens ont commencé à s'intéresser à ces secteurs. Le groupe des "blancs" se retrouvait généralement dans le secteur tertiaire : libanais, marocains, syriens et autres français étaient surtout dans les affaires et le commerce quand ils n'étaient pas enseignants ou conseillers techniques. Si les premiers ont surtout donné de leur santé pour des prunes (à l'exception des "Dioula" qui ont généralement réussi), les seconds ont généralement su monnayer leur intelligence (ou la couleur de leur peau ?) pour se construire de grosses fortunes. Mais d'un côté comme de l'autre, beaucoup ont dû payer de leur vie leur trop grand amour pour la terre d'Eburnie. Les conducteurs d'engins lourds, les victimes des chantiers de construction d'immeubles, de ponts, d'usines et bien d'autres ont donc vu leurs rêves se transformer en cauchemards dans l'eldorado ivoirien. Toute cette hargne, toute cette volonté ont été à la base du formidable essor qu'a connu ce pays sur les plans économique mais aussi démographique.
Au début des années 1960, la Côte d'Ivoire ne payait pas de mine devant ses voisins et frères ghanéens et sénégalais qui comptaient fièrement dans leurs rangs les premiers intellectuels africains, version occidentale, bien sûr. Ils partaient donc favoris dans la course au développement devant une Côte d'Ivoire qui, elle, optait pour l'agriculture industrielle. Moins d'une décennie plus tard, une vague de coups-d'Etat secoua l'Afrique. Notre pays non seulement y résista avec succès, mais il en profita pour décoller véritablement alors que les ex-premiers s'effondraient les uns après les autres. Quelques années après, c'était le boum : tout le monde parla alors de "miracle" devant la réussite économique de la Côte d'Ivoire. Tout se serait bien déroulé si la maison Ivoire avait été construite sur du solide. Mais l'absence de stratégie visant à imprimer à l'industrie le rythme de l'agriculture, aussi le laxisme et l'absence de conscience de la plupart des cadres ont fait s'écrouler le miracle comme un château de cartes. Aujourd'hui, le poids des dettes se conjugue avec le nombre de chômeurs et autres sans emplois dans un pays où le mécontentement a failli emprunter le chemin des maquis. Que Allah nous en préserve !
La plupart des jeunes libanais ne se distinguent que par la couleur de leur peau.
LES frères étrangers ont participé en amont et en aval à tout ce qui s'est fait dans ce pays et lors des joutes électorales, ils ont même été utilisés pour départager les nationaux dans le choix de leurs représentants. Installés pour la plupart bien avant les indépendances, de nombreux étrangers toutes origines confondues ont tissé des liens plus que naturels sur leur terre d'accueil. Certains y ont contracté mariage avec des autochtones, d'autres y ont réinvesti le fruit de leur labeur. De ces unions sont nés des enfants qui ne sont néanmoins ivoiriens que sous certaines conditions (obligation par exemple d'avoir leurs parents légalement mariés). Ceux qui n'ont pas ce droit ne s'en considèrent pas moins comme ivoiriens, surtout quand ils n'ont jamais connu leur pays d'origine. Au demeurant, pourrait-on leur en vouloir ? La plupart des jeunes libanais ne se distinguent de leurs frères ivoiriens que par la couleur de leur peau, à part cela ils ont le même accent, la même manière de parler le "français local", les mêmes goûts... Dans ce contexte comment faire la différence d'avec les étrangers noirs alors ? Dans certaines régions, le mixage a été si bien fait que ces étrangers sont ivoiriens dans les faits : c'est le cas de ces villages d'allogènes qui ont poussés dans les zones caféières et cacaoyères du sud (Koudougou dans les environs de Bouaflé...). On pourrait enfin se livrer à un petit jeu qui consiste à désigner le "plus international" de deux personnes. L'une est née de père malien, a épousé une française, a donné sa sœur en mariage à un syrien et sa fille à un sénégalais. Le frère de la seconde est marié à une bukinabé dont le père est allemand, quand elle même a épousé un coréen avec qui elle a eu deux enfants mariés eux aussi respectivement à un tchadien et à une libérienne. Des cas de figure encore plus compliquées existent actuellement dans certaines familles considérées comme les plus "grandes" de ce pays. Dans le même ordre d'idées, n'est-ce pas une coutume en Europe de voir un prince français épouser une princesse autrichienne, ou un roi espagnol cousin d'une reine d'Angleterre ? L'amour n'a pas de frontière, dit-on chez les hommes, tous les hommes font un en Dieu répond l'Islam. Mais le brassage de population ne fait pas que permettre à des populations différentes de se mélanger, il entraîne malheureusement beaucoup de problèmes dont l'insécurité et la fraude.
Partout des barrages de policiers et même de commandos à la recherche des "clandos".
L'EMIGRATION a des facettes multiples. Le nombre d'étrangers qui franchissait la frontière n'était pas connu à cause des liens de parenté des habitants des deux côtés des frontières. Ceci entraînant cela, on connait des commerçants et autres
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Arrêter l'humiliation !
La Côte d'Ivoire est un havre de paix, dit-on. Cela s'entend dans tous les discours officiels. Terre d'accueil par excellence ? Cela reste à vérifier. En effet, depuis l'avènement du gouvernement ayant à sa tête Alassane Dramane Ouattara, un nouveau phénomène ayant pour nom "carte de séjour" a vu son instauration dans notre pays. Quels qu'en soient les objectifs, l'on ne saurait blâmer le gouvernement, souveraineté oblige. Par ailleurs, ce phénomène n'est pas caractéristique à notre pays, mais là où le bât blesse, c'est que beaucoup d'exactions sont commises au nom de cette fameuse carte.
IL n'est pas rare de voir dans différents quartiers d'Abidjan, des scènes de gens déshabillés se tenant par le pantalon et marchant à la queue-leu-leu. Dans les marchés d'Abidjan, ce sont des groupes de femmes qui sont maintenues sous le soleil. La cause ? Pas de carte de séjour ! Le fait de ne pas avoir une carte de séjour justifie-t-il un tel traitement ? Ceux qu'on déshabille ou celles qu'on "parque" sous le soleil ne sont-ils pas des hommes ayant leur dignité ? Même les condamnés à mort ont droit à des égards. Il est inadmissible que dans un pays de droit l'on puisse agir de la sorte.
La carte de séjour ne doit pas être un moyen de brimade et d'humiliation à l'encontre des étrangers ! Ils ont participé et participent à la construction de notre pays. Ce comportement des forces de l'ordre à des relents certains de xénophobie. Les forces de l'ordre ne devraient pas contribuer à créer un climat malsain pour nos frères étrangers, car ce genre de comportement peut faire des émules.
Aujourd'hui, partout à travers le monde, le ton est au regroupement des pays dans de grands ensembles. En Afrique il est question d'intégration régionale depuis déjà de nombreuses années (CEAO, CEDEAO, UDEAC, etc). La carte de séjour dans ces conditions semble être deplacée ! Mais peu importe ! Mais de grâce, que cela ne soit pas un prétexte pour commettre des injustices Rien ne dit que notre pays restera éternellement stable. Mais si un malheur devait se produire, les ivoiriens chercheraient refuge dans les pays limitrophes... Les habitants de ces pays pourraient s'en souvenir et poser des conditions plus draconiennes. Les enfants, dans la rue n'ont-ils pas l'habitude de chanter : "Le renard passe, passe, chacun à son tour"★
Kàmè Brahma
Plume Libre
Pour tout savoir sur l'Islam en Côte d'Ivoire
PLUME LIBRE / Février 1993 / Page 4
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PLUME POLITIQUE
Afrique :
Que veut le Pape?
Par Dembélé AL SÉNI
Le dernier périple africain du chef de l'Eglise catholique, du 03 au 11 Janvier dernier, n'aura laissé personne indifférent. Pour les musulmans en particulier, certains aspects des déclarations de Jean Paul II ont été plus que révélateurs de l'attitude réelle de l'Eglise à l'égard de l'Islam.
A ce niveau, c'est toute la législation des Etats qui doit être revue. En effet, la charia est d'inspiration islamique mais la charia est un Droit. Elle a la même valeur que le Droit dit positif pour les Etats qui l'adoptent. C'est donc un acte de souveraineté nationale.
Le droit positif ignore royalement les préoccupations de l'Islam.
Le droit positif qui a cours dans la plupart des Etats est d'inspiration judéo-chrétienne. C'est un droit qui heurte la sensibilité, l'éthique et la morale islamiques. Jean Paul II en 1985, au stade de Casablanca disait aux jeunes réunis : "Vous ne voulez l'oppression pour personne, vous voulez la paix dans la justice. La paix va de pair avec la justice".
La justice recommande que le Pape pose la situation des musulmans dans les pays où ils subissent un Droit qui n'est pas le leur. A moins que la charia ne soit pour les chrétiens un droit applicable aux seuls musulmans, et le droit "positif", un droit universel valable pour tous et partout! En tout état de cause, la déclaration de Jean Paul II a le mérite de poser un problème d'importance : la gestion des différentes fois religieuses dans un Etat qui est obligé d'adopter un droit. Là-dessus, faut-il rappeler l'exemple unique de la Cité-Etat de Médine où le Prophète Mouhammad (P.B.D.L) a réussi à faire cohabiter les autres confessions religieuses (juifs et chrétiens ) avec la Oumma. Cet exemple au moment où la coexistence des différentes traditions religieuses dans les états modernes actuels pose un problème mérite d'être étudié et exploité sans passion ni préjugés. Dans certains pays et non des moindres, le président prête serment sur la Bible lors de son investiture. Dans les pays nordiques, il y en a où le chef de l'Etat doit obligatoirement être chrétien luthérien. Mais ça, ça ne choque personne ...même pas le Pape !
Au Bénin, le Pape s'adressait déjà aux soudanais
Le message du pape au Bénin était destiné d'avance au Soudan. Pays musulman (Les chrétiens et les animistes représentent environ 10% de la population) appliquant la charia, le Soudan symbolise aux yeux des dignitaires chrétiens la domination des musulmans. Pendant sa messe au stade de Khartoum, Jean Paul II a demandé aux autorités soudanaises de respecter la liberté religieuse. Noble appel digne des adeptes d'une religion comme l'Islam. On aurait été davantage sensible a cet engagement humanitaro-religieux du chef de l'Eglise catholique s'il en avait fait cas quelques jours auparavant en Ouganda, où il y a quelques années lors de sa visite en Guinée-Bissau, la situation des musulmans dans ces pays n'étant guère brillante.
Personne ne demande en fait au "Saint-Père" de solutionner les "problèmes" des musulmans ; mais pour une réelle politique de tolérance religieuse, de respect de l'autre et de recherche de la coexistence pacifique entre religions dont il se veut le héraut, ses déclarations et prises de positions doivent être moins partisannes. L'avenir du dialogue Islamo-chrétien passe par là ★
Au Bénin première étape de sa tournée, le "Saint-Père" lançait : qu'"il ne faut pas que dans les pays à majorité musulmane, la charia soit appliquée aux non-musulmans. La charia ne doit s'appliquer qu'aux fidèles de l'Islam". La préoccupation du Pape de faire en sorte que la loi s'applique aux individus selon leur foi est tout à fait légitime. Mais en tant que chef spirituel d'une vaste communauté et aussi en tant que homme politique, car il est le Chef de l'Etat du Vatican, la prise de position du Pape devrait s'inscrire dans un cadre général et poser le problème dans toute sa dimension
Chérif Haidara fait vibrer Adjamé !
A l'invitation du club "Ansar-Islam" d'Adjamé, le célèbre prédicateur malien Chérif Ousmane Madani Haidara a séjourné dans notre pays du 3 au 7 janvier dernier. Vu le programme très chargé qui fut le sien et la qualité de ses prestations, le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il a été à la hauteur de sa réputation.
PROFESSEUR d'arabe et prédicateur de son état, ustaze Chérif Haidara est une célébrité au Mali. En tournée dans la sous-région, il est venu à Abidjan répondre à l'invitation de l'association des jeunes musulmans d'Adjamé. Le dimanche 3 janvier et le lendemain, il animait une conférence à Williamsville. Mais n'eut pas autant de chance mardi. En effet, les échos de ses interventions vont attirer une foule monstre à la mairie d'Adjamé, à tel point que les organisateurs se virent obligés d'annuler la soirée. La quatrième conférence a pu se tenir, elle, à Abobo-Gare sur le site de l'ancien marché.
Notons pour terminer qu'il a profité de ce séjour pour rencontrer quelques personnalités religieuses de la place, notamment les Imams Jaafar Sayegh, Boikary Fofana et Mohamed Lamine Kaba. Espérons revoir très bientôt Chérif Haidara pour le bonheur de ses nombreux admirateurs ★
Koné Seydou
De G. à Dr. on reconnaît Chérif Madani, Lamine Kaba et Boikary Fofana.
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entrepreneurs étrangers pour qui le respect des législations de la R.C.I.est le cadet des soucis. Ces gens payaient (et payent encore) leurs employés en dessous du SMIG, ne les déclaraient pas à la CNPS, distribuaient des pots de vins pour payer le moins d'impôt possible (quand ils en payaient ). D'autres n'ayant pas pu faire fortune refusaient le principe de retourner les mains vides chez eux et sont devenus des brigands. D'autres encore sont devenus des proxénètes ou des filous de la pire espèce. De là à coller des étiquettes aux gens selon leur nationalité, il n'y avait qu' un pas à franchir : un burkinabé fait penser à un voleur, un malien ou un guinéen à un escroc, une ghanéenne à une prostituée, un nigérian à un trafiquant de drogue... Ce pas a été si bien franchi que le critère d'attribution des "galons" à aussitôt reposé sur la base ethnique des nationaux eux-mêmes.
Face à toutes ces difficultés le gouvernement a décidé d'instaurer une carte de séjour et des visas d'entrée et de sortie. Ainsi tous les étrangers se trouvant sur le territoire national depuis un certain temps sont tenus de se faire établir une carte de séjour. En plus (mesure de réciprocité ?), les français désirant se rendre dans notre pays sont aujourd'hui obligés de demander un visa, et tout étranger quittant définitivement notre sol est tenu de présenter un visa fiscal. Les retombées économiques et au niveau de la sécurité "ne sont pas négligeables" à l'heure où Interpol décide de construire son bureau régional ici; mais ceux qui ne prennent pas les choses d'un aussi bon œil, ce sont évidemment les étrangers. Ce n'est pas facile, après avoir vécu des décennies durant dans un pays (souvent sans pièce d'identité), de voir partout se dresser des barrages de policiers et même de commandos à la recherchent des "clandestins ". Des débordements regrettables se produisent souvent quand ceux-là se trompent de cible.
Les étrangers ont contribué pour une large part au relatif succès de ce pays. Tous n'ont pas été tout beau, tous n'ont pas été tout bon, ça aussi, c'est vrai. Alors, il conviendrait de rendre hommage à ceux d'entre eux qui le méritent, et pas seulement à coups de médailles de Chevalier, d'Officier ou de Commandeur de l'Ordre National, du Mérite de la Santé, de ceci ou de cela mais aussi avec le cœur en faisant tout pour rendre agréable leur séjour. Un élément et non des moindres à ne pas oublier enfin, c'est que dans tous les pays du monde, les étrangers ont un rôle à jouer. Aussi en France a -t-on planché officiellement sur la possibilité d'octroyer le droit de vote aux étrangers pour les élections municipales... Les réactions de xénophobie qui ont éclatées en Allemagne ou qui font leur chemin en France ou dans l'ex-Yougoslavie montrent qu'elles trouvent leurs sources dans les difficultés économiques, les nationaux trouvant qu'ils ont de moins en moins de travail. Les colonies d'ivoiriens, il y en a aussi au Burkina Faso, au Mali, au Sénégal, au Togo, en France, aux USA... Autant les autres nous paraissent "bourrés" de défauts, autant d'autres ne peuvent pas nous sentir chez eux. L'Islam transcende ici encore une fois par l'esprit de fraternité, d'égalité et de justice qu'il prône entre ses fidèles. Puissent les hommes cultiver l'amour et la tolérance entre eux pour l'avènement de cette ère de paix et de bonheur éternel qui prévaudrait s'ils savaient qu'ils étaient sur cette Terre pour louer et servir Dieu ★
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PLUME EN LIBERTE
Un rêve étrange
Le Dr. Youssef Mouammar devait être l'invité principal du séminaire de Divo mais il n'avait malheureusement pas pu effectuer le déplacement. Président-fondateur de la Fédération Internationale Musulmane du Canada et de plusieurs autres organisations, le frère Mouamar n'a pas manqué de constituer un sujet de curiosité pour les jeunes ivoiriens qui ont eu à le rencontrer lors de ses rares passages sur le sol ivoirien : un arabe musulman, c'est normal, mais quand il s'agit d'un américain d'origine européenne, ça devient moins évident. Pour répondre à tous ces frères qui lui ont écrit pour lui demander les raisons de sa conversion, il nous a adressé cette correspondance. Il s'agit d'un témoignage plutôt émouvant. Jugez-en vous-même.
Le frère Youssef Mouammar (à droite) est en compagnie de Sheikh Said Youssef Fawaz, le directeur religieux de la F.I.M.C.
Il y a quelques temps, j'ai fait un rêve qui a complètement modifié le sens que j'avais donné à ma vie sur Terre. Ce songe s'est répété sept nuits consécutives.
Je marchais dans une ville qui m'était inconnue, une ville étrange où tout était gris, murs, ciel et terre. Dans cette ville, j'essayais de trouver un emploi, mais chaque fois que je frappais à une porte, il n'y avait pas de réponse. J'ai continué à marcher et à frapper aux portes durant des heures et je n'obtenais toujours pas de réponse; les rues paraissaient avoir été désertées de leurs passants et les bâtisses de leurs logeurs. Aucun signe de vie n'était visible dans cette ville morte.
Après toutes ces heures de marche, j'étais complètement épuisé quand j'arrivai devant une porte qui, à ma grande surprise s'ouvrit avant que je n'aie eu le temps de frapper. Je me suis alors brusquement senti aspiré par une lueur et je me suis retrouvé au milieu d'une immense pièce où tout était d'une blancheur immaculée.
Alors, apparut devant moi un homme qui me dit : "Vous cherchez un emploi?". Je lui répondis par l'affirmative. Il ajouta : "J'ai beaucoup de travail pour vous, vous aurez à faire connaître la soumission et l'obéissance au Maître de cette demeure, qui est mon maître et le vôtre, mais je tiens à vous informer que vous n'aurez pas de salaire, ni d'avantages sociaux pour l'instant; mais plus tard, beaucoup plus tard, si le maître est satisfait, vous recevrez sa récompense ultime. Je refusai son offre, disant que je ne pouvais pas travailler sans salaire, car pour vivre il me fallait de l'argent, et que je n'acceptais pas de travailler pour un Maître qui ne paie pas. Ce refus provoqua immédiatement la même aspiration qui m'avait amené dans cette pièce mais cette fois-ci en sens inverse : je fus projeté à l'extérieur de cette maison, et la porte se referma brusquement.
Là, je m'aperçus que la ville que j'avais traversée pendant des heures et des heures, était en flammes. Les personnes qui tentaient de fuir leur maison étaient rejointes par des flammes et transformées en torches vivantes. Le feu ravageait les rues, les cendres noircissaient le ciel. A ce moment je me suis réveillé complètement abasourdi et vidé : je sentais que je n'avais plus rien en moi, on aurait dit que mon âme avait disparu.
J'ai subi le même cauchemar durant six nuits consécutives et c'était toujours la même chose, toujours la même pièce blanche, toujours la même lueur qui m'animait, toujours mon même refus, toujours la même lueur qui me rejetait et toujours cette ville en flammes.
La septième nuit, la première partie de mon rêve fut identique sauf qu'après que cet homme m'eut proposé l'emploi, au lieu de refuser, j'ai accepté. Et là, je restai sur place, immobile, figé. La clarté disparut en même temps que mon interlocuteur et j'aperçus autour de moi une très grande mosquée que je reconnus comme étant la mosquée du Prophète (paix sur lui). C'était l'heure du Maghreb, je fis mes prières et remerciai Dieu (qu'Il soit exalté), de m'avoir permis de voir et de prier dans cette mosquée. Persuadé que j'étais à Médine, je m'apprêtais à sortir pour aller prier sur le tombeau des martyrs de la bataille d'Ohod quand je vis que j'étais au centre-ville de Montréal et des centaines de milliers de Musulmans venaient du monde entier pour y prier car elle était devenue symbole de l'Islam en Amérique du Nord. Tous les jours, de nombreux infidèles venaient se convertir. A mon réveil, j'étais calme et serein, je n'avais rien oublié de ce rêve, pas plus que les six précédents et je sentais une flamme à l'intérieur de ma poitrine qui brûlait et qui me disait que je devais approfondir mes connaissances dans l'Islam.
Cette flamme me disait aussi que je devais répandre la foi dans l'Islam partout dans le monde pour que cette grande mosquée en Amérique du Nord devienne une réalité.
J'ai raconté ce rêve à mon fils, Jean Sébastien, et quelques jours plus tard, il se convertissait à l'Islam. Ce fut une très grande joie pour moi lorsqu'il me confia qu'il avait rêvé qu'il était avec moi dans cette grande mosquée et qu'il sentait la même flamme brûler en lui et qu'il voulait faire le trajet avec moi. Ce récit est le premier pas dans ce long voyage que nous entreprenons tous les deux, et je prie Dieu pour que tout au long de ce chemin, des gens de toutes races viennent se joindre à nous pour qu'un jour tous les peuples de la terre prononcent Ach'hadou an la illaha illa Allah Wahdahou la charika lah wa achhadou Anna Mohamada Abdobo Wa Rassoulouh. *
Youssef Mouammar
Montréal, Canada
Suite de la P.3
Ici, c'est le lieu le mieux indiqué pour un rassemblement. Pour l'heure c'est un sentiment de joie qui m'anime car ce qui s'est passé le premier vendredi a dépassé nos espérances. En effet malgré toutes les dispositions qui avaient été prises, les femmes se sont retrouvées encerclées avant la fin de la prière. Et depuis le nombre de fidèles ne cesse de croître.
* Mme Sanogo née Coulibaly Téné (professeur d'histoire-géographie et animatrice à la Direction de la Pédagogie) : J'ai appris par hasard à la radio que la prière aurait lieu ici. Pour moi, c'était mon Seigneur, Dieu, qui venait de m'apporter cette information alors je n'ai fait qu'obéir. Nous prions ici jusqu'à ce que Dieu nous trouve un endroit mieux indiqué. Je proposerais de faire des quêtes afin que chacun donne un peu de ce que Dieu lui a confié pour que tous ensembles nous puissions Le servir en bâtissant un édifice.
* Oustaz Djiguiba Cissé (Imam de la mosquée du Plateau) : Il y a déjà cinq ans que nous nous organisons car il y a bel et bien une communauté musulmane au Plateau. Nous avons voulu trouver un endroit adéquat mais jusqu'à présent nous n'en avons pas trouvé pour édifier une mosquée. Même s'il est vrai que nous sommes tous citoyens, le Plateau est une commune, Abidjan est une ville où il y a un Maire. Nous avons pris contact avec lui et il nous a donné l'autorisation d'organiser cette prière. Cette autorisation est valable jusqu'à ce que nous ayons un lieu de prière. Si une foire devait avoir lieu, nous pouvons aller de l'autre côté de l'Hôtel de Ville. Nous avons remarqué un certain nombre de bâtiments administratifs inoccupés. En face de la C.C.I.A, de l'autre côté du Stade Houphouët; il y a un espace contigu à la Radio et des espaces que nous avons vus par exemple entre le Collège Notre Dame et le Conseil Economique et Social. Dans ce dernier cas, nous avons pris les contacts nécessaires notamment lors de notre dernière rencontre avec le chef de l'Etat. Le Président du C.N.I. a posé le problème au Chef de l'Etat qui a promis l'examiner dans la mesure du possible. Nous pensons que ça ne tardera pas à venir.
* El Hadj Ousmane Sy (Directeur Général de la R.T.I) : C'est un sentiment de grande satisfaction et en même temps de crainte qui m'anime, crainte de ne pouvoir trouver les conditions objectives qui nous permettent d'exprimer notre foi. Comme l'a dit l'Imam, il est clair que si nous avons la foi, nous pouvons supporter le soleil et la pluie. Il faut que chacun prie dans ce sens. Nous pouvons unir nos efforts.
* Amouna Dao (vice Président A.E.E.M.C.I.) : Je ne peux qu'éprouver un sentiment de joie et surtout de fierté pour tout le travail qui a été accompli. Malgré que cette prière est effectuée sous le soleil nous sommes satisfaits. De la même manière que nous avons obtenu ce lieu, Dieu nous aidera Inch'Allah à obtenir une mosquée. Les musulmans doivent se serrer les coudes et travailler de concert avec les autorités de la commune pour obtenir une mosquée *
Le frère Youssef Mouammar nous dit en substance ceci :
"Né au Canada d'une famille d'expression française, je fus baptisé et élevé dans la religion catholique. A l'aube de ma quarante deuxième année, je me suis converti à l'Islam et j'ai choisi le nom de Youssef Mouammar. Depuis cette seconde naissance, toute mon existence semble être modifiée, j'ai découvert Dieu, Seul et Unique, et je trouve en moi la vraie signification du mot Islam : obéissance, soumission et paix, consécration totale à Dieu, soumission et harmonisation de la volonté humaine à la volonté divine. Ce texte a été écrit en 1982".
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PLUME LITTERAIRE & SCIENTIFIQUE
Problèmes moraux et psychologiques
Par Koné Seydou
Nous proposons à l'attention de nos lecteurs un livre dont la qualité est indiscutable et dont l'importance par ces temps difficiles est manifeste. Son auteur, Seyyed Mojtaba Moussaoui Lâri, un iranien, a traité les problèmes psychologiques à la lumière du Saint Coran et des hadiths. Autre particularité, la confrontation de ces textes sacrés avec les thèses des plus grands penseurs du monde occidental. A défaut d'avoir ce livre dans nos librairies nous vous le proposons sous forme de morceaux-choisis.
QUE faut il entendre par "problèmes moraux et psychologiques" ? Tout ce qui peut être facteur de tourment ou cause de complexe affectant notre personnalité. Parlant du caractère, l'auteur démontre la valeur de l'amitié et de l'affection, montre que le mauvais caractère est répugnant, et présente le Prophète tel qu'il a été, c'est à dire comme un modèle et un guide. Comme conseil, Moussaoui Lâri affirme que : "L'une des conditions du bonheur, et qui est aussi l'une des voies de l'édification de l'esprit est d'établir des relations amicales avec les hommes de bien. A leurs côtés, les esprits s'épanouissent et s'élèvent vers les hauts sommets de la piété et de la vertu". Il dit aussi que "Tout le monde fuit l'homme ayant mauvais caractère car on souffre toujours de la présence d'un être au caractère incompatible avec le nôtre, et qui ne nous est d'aucun apport moral". "La gentillesse est la clef de l'attirance, et le mauvais caractère n'entraîne que l'antipathie. "Dieu attribue l'expansion de l'Islam à l'excellence du caractère du Prophète (PSL).
Le visage du Prophète reflétait un amour profond pour l'humanité.
LE Coran dit en effet : "...Mais si tu étais rude, au cœur dur, ils se disperseraient autour de toi, loin..." (S. 3 — V.159) Le Prophète accueillait en ami tous les hommes, et son visage reflètait un amour profond et indescriptible pour l'humanité. Au chapitre de l'optimisme et (de la) candeur, on peut lire : "La quête de l'opulence, de la puissance, de la gloire et de la jouissance est vaine si l'on espère par elle parvenir à la paix intérieure. Tous les efforts en ce sens seront inutiles, car la source du bonheur se trouve en l'homme lui même, tout comme d'ailleurs la source du malheur.
"Epictète, le célèbre philosophe stoïcien du 1er siècle enseignait : « Néron, Sardanapale et Agamemnon avaient coutume de pleurer et de se lamenter de leur sort, conscients qu'ils furent d'être les jouets des événements et des vicissitudes, alors qu'ils disposaient de tous les avantages et de tous les privilèges de leur rang. Il faut chercher le vrai bonheur en soi et dans sa conscience.».
"Un esprit éclairé est une source intarissable. Il transporte l'homme à des horizons dépassant ses préoccupations matérielles, et le fait accéder à un monde meilleur. "Un esprit aussi fort soit-il ne peut se développer sans règle morale, et l'on ne peut jouir réellement du bonheur que si notre comportement est conforme et compatible avec nos idées. Plus grande sera la confiance envers les gens et plus grande sera celle des gens envers nous. Mais n'oublions pas qu'il y a une grande différence entre l'optimisme et la crédulité. "En répandant ses enseignements, la doctrine islamique a semé la graine de l'optimisme et de la candeur, créant ainsi les conditions favorables à l'épanouissement de la société. Le noble Prophète avait cette qualité si développée en lui que les hypocrites y voyant une faiblesse, le lui reprochèrent comme le rapporte le Coran : «Et il y a parmi eux ceux qui tourmentent le Prophète et disent : "Il est tout oreille". Dis :"Tout oreille ou bien pour vous, il croit en Dieu, et fait créance aux croyants"...» (S.9 — V.61).
Ceux qui se croient visés par le malheur ne peuvent vivre que dans les ténèbres.
"CEUX qui ont pris l'habitude de se croire visés par le malheur, ne peuvent guère vivre autrement que dans l'affliction, l'angoisse et les ténèbres. Bien qu'elles soient amères et insupportables en apparence, les douleurs ne manquent pas de féconder les esprits et de les faire fructifier. L'énergie spirituelle se développe à un rythme surprenant quand elle est soumise aux épreuves les plus graves. "Le noble Coran a déclaré explicitement que la mauvaise opinion fait partie des péchés et a mis en garde les musulmans contre ce défaut dans ce verset : «Ho, les Croyants! Evitez de trop conjecturer; oui, une partie de la conjecture est péché.» (S.49 — V12)
Nous nous arrêtons ici en soulignant qu'il ne s'agit que de trois des dix-sept chapitres traités par l'auteur. Le mensonge, l'hypocrisie, la médisance, le dénigrement, l'envie, l'orgueil, l'injustice, l'inimitié et la rancune, la colère, la cupidité et la polémique sont tour à tour passés au crible par la plume de Seyyed Moussaoui Lâri. Un document que nous espérons avoir très bientôt sur le marché ivoirien*
SOCIAL
LA SOTRA S'ABRITE !
C'EST regroupés au sein d'une société civile immobilière que les agents de la Sotra ont décidé de se bâtir des logements pour assurer leurs vieux jours. L'opération baptisée «Maison pour tous et préparation de la retraite» sera réalisée sur le site d'Anonkoi-kouté sur une superficie de 74 ha. A cet endroit s'est déroulé le 3 Janvier dernier sous la présidence de M. Bahi Zahiri, PDG de la Sotra, la cérémonie de pose de la première pierre à la grande joie des villageois et des invités. Au cours de cette cérémonie, le chef du village a remercié les travailleurs de la Sotra d'avoir choisi comme site de leur opération immobilière sa localité.
Anonkoi kouté est nanti de quatre écoles primaires, d'un dispensaire, d'un centre de protection infantile et familiale et d'une maternité. Une façon de dire que le site est viabilisé.
Le PDG de la Sotra, à son tour a revelé à l'assistance que de 1987 à 1992, ce sont plus de 1 milliard 55 millions qui ont été décaissés pour aider les travailleurs de la Sotra à accéder à la propriété immobilière. Dans le souci d'aller assez vite, les agents de la Sotra ont accepté d'ouvrir l'opération aux travailleurs des autres entreprises. Nous sommes persuadés que cette opération immobilière étant accessible à tous, les 800 places encore disponibles seront vite prises *
Diallo M. Yaya
Nous avions parlé dans le dernier numéro des tares contagieuses du modèle de société proposé par l'Occident, cet Occident qui s'en prend à la charia. Nous exposons ici pourquoi la charia est "meilleure à leurs "droits de l'homme"
Le monde "civilisé", la peine de mort et la charia
(Suite et fin)
ZOUGLOU ? Non. Plutôt une danse macabre. Cette dame, Karla Faye Tucker a été condamnée à être exécutée par injection pour le meurtre d'un homme en 1984. Elle fait quelques pas dans sa prison de Huntsville, Texas (U.S.A) en attendant.
RIGUEUR dans les textes et humanisme dans la société : dans la législation islamique, le crime de vol est puni de l'amputation de la main, quant au crime d'assassinat il est "récompensé" par l'amputation de la tête de l'assassin. La "dureté" de ces mesures légales a éveillé la plus grande haine de l'histoire des droits de l'homme contre l'Islam.
Mais quoique sévères, ces lois s'appliquent à des crimes précis: la plupart des vols aujourd'hui sont perpétrés à main armée et par conséquent accompagnés de l'assassinat des victimes. Une question se pose : pourquoi avoir de la pitié pour la main ou la tête du voleur plutôt que de la tête de celui qu'on vole ?
Dans les faits, en prenant en considération la rapidité de la procédure due à la simplicité et à la transparence de l'appareil judiciaire, et l'application de ces sanctions, on constate qu'elle véhicule un pouvoir répressif et dissuasif très efficace. En effet l'application de ces sanctions se fait publiquement après une minutieuse investigation qui a établi la certitude de la culpabilité. Le caractère impitoyable permet ainsi à celui qui avait un penchant pour ces crimes de conserver sa main et sa tête en s'abstenant de voler ou de tuer. Ce qui fait que le crime devient rare et il ne reste plus de cette peine que sa sévérité codifiée dans un livre.
Mais avant d'arriver à ce résultat, il faut indiquer qu'en Islam, le degré zéro de ce processus est la réalisation préalable de la justice sociale. Ce qui suppose la prise en compte de tous les genres de criminels à commencer par ceux "aux cols blancs" qui en un tour de bras affament et tuent des milliers de personnes par jour.
Sans prétendre éliminer toute inégalité sociale, la charia propose une repartition des biens de sorte que personne ne soit condamné à végéter dans la misère pendant que d'autres roulent dans le luxe le plus insolent.
La sécurité des biens et des personnes qui règne en Iran, en Arabie Saoudite même aujourd'hui où les actes criminels se comptent par dizaines a la minute dans nos pays, est la preuve de l'efficacité de la charia.
Cette justice sociale et cette probité morale, condition sine qua non de la sécurité, une fois réalisée, conjuguée avec la dureté du chatiment, fécondent très certainement la paix pour tous *
Koné Zakarïa abd'Allah
La Redaction de Plume Libre vous souhaite de retirer le plus de bénédictions possible du Ramadan
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PLUME DANS LE QUOTIDIEN
La face cachée du sport
La victoire à tout prix !
(suite et fin)
Par Koné Seydou
Dans le numéro précédent nous avions exposé quelques unes des pratiques obscures qui ont cours sous les tables des dirigeants. Pour clore ce dossier, nous nous intéresserons à la motivation concrète des athlètes et aux risques encourus. Par les athlètes mais aussi par les dirigeants pour qui il peut s'agir d'un choix politique ou stratégique.
DANS tous les cas, la nouvelle tendance au football par exemple est qu'un club soit géré comme une vraie entreprise. Pour les mécènes, cela peut être un choix politique : financer un club en pensant aux voix des supporters lors des prochaines élections. Mais ce choix peut aussi être stratégique : un maire peut financer un club pour faire connaître sa cité à d'éventuels détenteurs de capitaux tentés par l'image que présente une équipe qui gagne. Pour mettre toutes les chances de son côté, on raffine la tricherie. C'est pourquoi, les règlements de l'union des associations européennes de football (UEFA) stipulent entre autres que si un arbitre reçoit un "cadeau" de plus de 200 F suisses (40.000 CFA), il doit le signaler impérativement. Cas pratique : le 16 novembre 1990, la commission de discipline de l'UEFA recevait Jésus Gil, président de l'Atletico Madrid qui avait accusé le club de la Fiorentina d'avoir gagné un match en "offrant" à l'arbitre français Michel Vautrot... un jeune garçon ! Soubhana Allah !
Combien gagne un "pro"?
Avoir tout ce que les athlètes eux mêmes acceptent de faire, on devine qu'ils y ont intérêt. En effet, le professionnalisme rapporte gros et même très gros. Un rapide tour d'horizon peut nous enseigner beaucoup de choses. Au football, en France, le salaire moyen d'un "pro" de première division était de 80 à 150.000 FF en 1990 (soit 4.000.000 à 7.500.000 CFA). Le footballeur le mieux payé de France évoluait à Bordeaux en 1988 et il a touché cette année là 12.268.998 FF (soit 613.449.900 CFA). Mêmes chiffres faramineux dans les autres disciplines. Aux Etats-Unis, en 1991, le boxeur Mike Tyson se "contentait" de 31.500.000 dollars (soit environ 7.875.000.000 CFA) quand son collègue Evander Holyfield trônait à 60.500.000 dollars (plus de 15 milliards de francs CFA!); le basketteur Michael Jordan avait touché quant à lui environ 4 milliards CFA et le pilote de Formule 1 Ayrton Senna 3.250.000.000 CFA. A titre comparatif, le président des USA touche comme traitement annuel 200.000 dollars (soit 50 millions CFA), sans compter les frais de représentation (12.500.000 CFA) et les indemnités de déplacement (25 millions CFA).
Quatre cas de dopage à Barcelone 92
SÉOUL 88. Le canadien Ben Johnson pulvérise le record du monde du 100 m plat et tire la langue à son rival, Carl Lewis. Quelques heures plus tard, coup de théâtre : le canadien est convaincu de dopage. On le prie gentiment de rendre la médaille aux "honnêtes personnes". Ce que voyant, l'américaine Florence Griffith-Joyner annonce ses très prochains adieux à la compète. Les rencontres d'athlétisme sont depuis longtemps dominés par les mêmes pays. Mais si on raconte pour plaisanter que les Kenyans gagnent beaucoup de médailles parce qu'ils font la course avec les antilopes au lieu de les chasser avec des armes, dans les pays développés et surtout dans l'ex-bloc de l'Est, toutes les techniques scientifiques sont utilisées pour faire des athlètes des bêtes ne pouvant servir qu'à remporter des médailles. Résultat : on observe chez les hommes un déséquilibre hormonal entraînant des maladies de la peau et même l'impuissance sexuelle. Les femmes ont elles tendance à se "masculiniser". Le CIO prend des dispositions pour arrêter le massacre, et apparemment ça porte des fruits : seulement quatre cas de dopage ont été découverts à Barcelone contre... quatorze à Séoul.
Les fétiches, on en fait pour gagner. Mais tout le monde veut gagner. Résultat : tout le monde fait les mêmes fétiches. De même, chacun veut corrompre l'arbitre, profiter d'une occasion pour s'enrichir, remporter le plus grand nombre de médailles. Spectacle édifiant que celui où l'on voit l'Homme en proie à ses instincts bestiaux, esclave de la passion au point d'oublier que Allah est le commencement et la fin de tout. Le champion de Côte d'Ivoire de Tae-Kwon-Do, Coulibaly Aboubacar de l'AUC abonde dans ce sens quand il dit : "le fétiche, le dopage ou tout autre artifice devant améliorer la performance d'un athlète ne sont pour moi que des leurres. Pis, cela cache des conséquences incalculables. On a vu des athlètes mourir en pleine compétition tel que Sam Okwaradji. On peut aussi être très bien préparé physiquement et rater une compétition, alors je ne manque pas à chaque compétition de m'en remettre à Allah". La religion ne donne pas seulement un but à la vie, elle nous rappelle que nous sommes des hommes et non pas des animaux ou des machines. La Jihad au sport, ça existe *
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C'est un laboratoire de conception et de test dont les résultats doivent nous habiter tout au long de l'année et en tout lieu. C'est de cette façon seulement que nous éviterons l'absurdité de "musulmans saisonniers" qui, une fois le Ramadan terminé, plient nattes et boubous, abandonnent bouilloires et chapelets jusqu'à la prochaine "saison religieuse".
Sur le plan collectif, ce ramadan qui est le premier de l'ère du Conseil National Islamique doit voir une plus grande solidarité entre les membres de la Oumma et un engouement des plus effectifs pour notre organe d'organisation et de coordination de l'action islamique en Côte d'Ivoire.
Puisse le Tout Puissant Allah assister chacun dans l'accomplissement de sa foi en ce mois béni. Que Sa grâce se répande sur "la meilleure des communautés" et en particulier sur ceux de celle communauté qui, comme en Bosnie-Herzégovine souffrent pour avoir dit "La illaha illa'Allah". La grâce d'Allah transcendera pour ces frères la cruauté, la méchanceté et l'indifférence des hommes *
Bon ramadan à tous
La plus belle victoire, c'est celle qu'on a méritée
A retenir
L'Aïlatoul-Kadr
(La Nuit du Destin)
Une méga manifestation placée sous le parainage du Conseil National Islamique
Palais des Sports Treichville
Par KONE SEYDOU
LE MOT CACHÉ N° 6
Dans le monde de la musique, découvrons un instrument traditionnel.
Accordéon-Afro-Album-Ampli-Banjo-Batterie-Blues-Boa-Clavier-Coin-Copies-Cora-Dièse-Disco-Duo-Ecraser-Elus-Encre-Fan-Fer-Fête-Flûte-Fût-Guitares-Harmonica-Harpe-Instrumentiste-Jazz-Jeu-Kit-Luth-Micro-Musiciens-Nez-Note-Nuit-Orgue-Oscar-Piano-Places-Plan-Reggae-Reste-Rock-Saxo-Soirées-Soit-Soliste-Sono-Soul-Sport-Tambour-Tel-Temps-Ton-Truc-Ventistes-Violon-Zèle.
[Grille de mots cachés]
MOTS CROISES N° 7
HORIZONTALEMENT
I- S'égrenne pendant le zhikr. II- Citation du Prophète (paix sur lui)-Dis en Malinké. III- Période de temps-Démonstratif-Insecte. IV- Guide religieux-Porte délabrée. V- Mystiques. VI- Moitié de képi - Supersoniques dans un sens-Démonstratif. VII- Symbole français-Pays africain. VIII-Lieu où se discutent les affaires publiques-Presqu'un baril. IX- Souffle dans un sens - Voyelles de Ali. X- Iranienne.
VERTICALEMENT
1- Guide spirituel - Métal. 2- Presqu'un péché - Ressemble beaucoup à l'école ivoirienne de ces dernières années. 3- Lettres de damasser - Mystique traditionnelle dans un sens. 4- Entre 3 et 4 - Toute la Terre en est une. 5- Ainsi de suite - Note musicale. 6- Dans une hélice - De gélif - Dur à cuire. 7- Voile. 8- Natte de prière - Ablution. 9- Malade mental - Lumière contenue dans un livre. 10- Nom qui signifie "bon".
SOLUTION DES JEUX PRECEDENTS
LE MOT CACHE N° 5 : ISLAM
MOTS CROISES N° 6
Horizontalement : I- Fétichisme. II- Oui-Recoin. III- Gris-Gris. IV- Ivres-Ut. V- Exégète-Et. VI- SAS-PDG. VII- Da-Spain. VIII- Inonder-Te. IX- Ees-Prôner. X- Sage-Fer.
Verticalement : 1- Folie-Dieu. 2- Eu-VX-Anes. 3- Tigres-Osa. 4- Regain. 5- Crises-Dpe. 6- Hes-Ser. 7- Iègue-Prof. 8- Sort-La-Ne. 9- Mii-Editer. 10- Enseigner.
PLUME LIBRE / Février 1993 / Page 8