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Population et lutte contre le terrorisme
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- Titre
- Population et lutte contre le terrorisme
- Créateur
- Lassané Osée Ouédraogo
- Editeur
- Sidwaya
- Date
- 19 avril 2017
- Résumé
- La région du Sahel a subi, depuis 2015, une série d'attaques terroristes ayant occasionné des morts, des blessés et semé la psychose au sein de la population. En 2016, la région du Nord est aussi passée sous la menace terroriste. Dans cette guerre asymétrique, la question de la collaboration de la population avec les Forces de défense et de sécurité (FDS) est posée. Etat des lieux.
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0001249
- contenu
-
La région du Sahel a subi, depuis 2015, une série d'attaques terroristes ayant occasionné des morts, des blessés et semé la psychose au sein de la population. En 2016, la région du Nord est aussi passée sous la menace terroriste. Dans cette guerre asymétrique, la question de la collaboration de la population avec les Forces de défense et de sécurité (FDS) est posée. Etat des lieux.
Dans la guerre engagée contre le terrorisme dans les régions du Nord et du Sahel, qui partagent des frontières avec le Mali, la population est accusée à tort ou à raison de ne pas collaborer et même parfois d'être des complices actifs ou passifs des terroristes.
Sur le terrain, l'état de la collaboration entre population et Forces de défense et de sécurité (FDS) diffère selon les localités et les régions. Il est 11h45, le samedi 8 avril 2017 lorsque le ministre de la Sécurité, Simon Compaoré, arrive au poste-frontière de Yensé, dans la commune de Kaïn, région du Nord.
A 400 mètres du Mali. Ce poste est l'objet de menaces après l'attaque terroriste du poste-frontière de Bi en territoire malien, le 19 septembre 2016, qui a fait quatre morts.
Les autorités maliennes ont alors décidé de la suppression du poste de Bi, laissant la gestion des mouvements des populations au niveau de cette bande frontalière aux seules FDS burkinabè.
Avec les différentes alertes, un détachement militaire a été installé à côté du poste-frontière de Yensé en 2016. « Flics » et soldats se donnent la main pour une lutte efficace contre le terrorismes.
Selon le chef de poste-frontière de Yensé, l'officier de police Yempabou Issaka Batouré, les populations de la commune de Kaïn constituent un allié sûr dans cette lutte par sa franche collaboration.
« Cette population nous donne des informations sur des personnes suspectes pour nous permettre d'agir rapidement », indique - t-il. Pour lui, le problème se trouve du côté de Koro, village malien frontalier de la commune de Kaïn.
Les habitants de ce village , constitués de Bellah, ne semble pas avoir la culture de la dénonciation, à entendre l'officier de police. De l'avis de Naaba Sigri, chef coutumier de Kaïn, c'est de la responsabilité de la population de collaborer avec les Forces de défense et de sécurité pour sa propre sécurité et celle de tout le Burkina Faso.
Le silence par fraternité
« Les ancêtres nous ont enseigné qu'un vrai Burkinabè ne fuit pas, abandonnant son territoire. Pour cela, c'est dans notre intérêt de collaborer avec les FDS qui sont nos enfants, que de fuir un jour pour céder notre village aux terroristes », soutient le chef coutumier de Kaïn. Toutefois, il dit sensibiliser la population à vérifier les informations avant de les transmettre aux FDS.
Il soutient qu'aucune raison ne peut amener un citoyen de sa localité à cacher une information sensible aux forces de l'ordre.
Dans la région du Sahel, la collaboration entre population et FDS ne semble pas satisfaisante, selon les acteurs. Si certains acceptent de collaborer franchement, d'autres préfèrent se taire par peur ou par complicité.
Dans la nuit du 27 février 2017, le commissariat de Baraboulé dans la province du Soum a été attaqué par des terroristes.
Tout en reconnaissant la collaboration de la population qui a donné l'information à la dernière minute permettant ainsi à ses hommes de se « mettre à l'abri », le chef de poste, l'officier de police, Abdoulaye Sawadogo, estime qu'il y a eu une certaine complicité au sein de cette population.
Pour lui, le ver est dans le fruit et jouit d'une protection interne qui ne dit pas son nom. « Pendant que certains collaborent avec nos forces, d'autres sont de connivence avec l'ennemi », affirme le commissaire du poste de police de Baraboulé.
Pour le maire de Baraboulé, Boureima Dicko, la population a déjà fait un effort en donnant l'information à la police afin d'éviter le pire. Il ajoute que c'est par esprit de fraternité que certains choisissent de se taire. « Les gens préfèrent ne rien dire parce que leur frère ou leur cousin est impliqué.
Il est donc important de continuer la sensibilisation pour que ces gens sachent que c'est leur sécurité qui est en jeu », soutient le maire. Il dit soutenir les fouilles et les interpellations en cours dans les localités et villages suspectés d'être des nids de terroristes.
Amado Dicko, habitant de Baraboulé, explique que c'est surtout la peur des représailles des terroristes qui confine des citoyens dans le silence. Cette peur de la population à dénoncer les suspects, poursuit - il, est liée au fait que les Forces de défense et de sécurité n'étaient pas visibles en permanence sur le terrain.
« Les choses commencent à changer »
Toutefois, il affirme que la peur se dissipe après le déploiement massif des militaires, des policiers et des gendarmes dans la région. Il en veut pour preuve la collaboration entre la population et les forces de sécurité qui a permis de faire avorter, en début avril, une attaque des localités de Pétégoli et de Baraboulé.
A entendre l'émir de Djibo, la sensibilisation à la nécessité d'une franche collaboration est en train de changer la donne sur le terrain.
« En matière de renseignements, je pense que les choses commencent à changer, sinon au début c'était très difficile. Vous savez, au-delà des terroristes, les gens ici ont peur des hommes de tenue.
Quand les FDS arrivent dans un village pour des fouilles, le chef du village en question m'appelle pour s'inquiéter, mais je dis toujours de collaborer », indique l'émir de Djibo. Certaines sources sécuritaires de la région du Sahel se montrent réservées quant à une volonté réelle de collaboration des populations.
A entendre ces sources, la complicité passive des habitants avec les terroristes ne fait plus l'ombre d'aucun doute dans certaines localités.
« Sinon, comment comprendre que des chefs de familles sachant que leurs enfants sont avec les terroristes, les laissent revenir à la maison nuitamment pour s'approvisionner en vivres et repartir sans les dénoncer », s'indigne une source sécuritaire.
Mais pour trouver une solution à cette situation, a indiqué la source, les FDS entendent orienter la collaboration vers les femmes et les enfants qui constituent des cibles crédibles.
« Une fois que les femmes et les enfants vous font confiance ici, ils collaborent franchement. Nous avons déjà arrêté plusieurs suspects sur la base de leur collaboration», soutient - elle.
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