Article
Carême 2014 à Bobo-Dioulasso : 30 jours pour Dieu et les affaires
- Titre
- Carême 2014 à Bobo-Dioulasso : 30 jours pour Dieu et les affaires
- Créateur
- Wuroteda Ibrahima Sanou
- Editeur
- Sidwaya
- Date
- 3 juillet 2014
- Résumé
- Le carême musulman de l'année 2014 a démarré le dimanche 29 juin dernier sur toute l'étendue du territoire national. A Bobo-Dioulasso, les fidèles ont suivi la cadence par la longue prière dans la nuit du samedi 28 juin, le début du jeûne vers 3 heures du matin et sa rupture vers 18 heures. Pour les commerçants également, ce mois est une aubaine.
- Sujet
- Catholiques
- Mama Sanou
- Hadj
- Ramadan
- Association des Élèves et Étudiants Musulmans au Burkina
- Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques
- Mouvement Sunnite du Burkina Faso
- Nuit du Destin
- Langue
- Français
- Source
- Sidwaya
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0001227
- contenu
-
Le carême musulman de l'année 2014 a démarré le dimanche 29 juin dernier sur toute l'étendue du territoire national. A Bobo-Dioulasso, les fidèles ont suivi la cadence par la longue prière dans la nuit du samedi 28 juin, le début du jeûne vers 3 heures du matin et sa rupture vers 18 heures. Pour les commerçants également, ce mois est une aubaine.
Le dimanche 29 juin 2014, aux environs de 2 heures du matin, l'obscurité et le silence de la nuit ont fait place à la lumière des ampoules, aux bruits des ustensiles et des personnes dans de nombreux foyers bobolais. La raison : le début du mois de ramadan. Un mois au cours duquel, il faut se lever avant le soleil pour prendre l'engagement du jeûne et consommer un aliment à cet effet. Des mets qui varient d'un foyer à l'autre selon les possibilités et les préférences des jeûneurs. Du riz dans la plupart des cas, mais aussi du haricot, du couscous, du spaghetti et rarement du tô. Au domicile du président de la communauté musulmane de Bobo-Dioulasso, El hadj Mama Sanou, il y avait au menu, du riz sauce pour le démarrage de ce mois spécial marqué par l'abstinence en ce qui concerne le manger et le boire, du lever au coucher du soleil. Après le repas d'avant-jeûne appelé « sougouri » en langue dioula, c'est la prière matinale, des invocations et des rappels jusqu'au lever du jour. En clair, plus de sommeil après le réveil. Ce nouveau mode de vie devra durer 30 jours au plus, et marque l'observation du troisième pilier de l'islam. Un mode de vie pas toujours facile, surtout au début. En effet, certains fidèles sont surpris dans leur sommeil par le lever du soleil. Ces derniers pour la plupart, font ce qui est appelé « jeûne sec » c'est-à-dire jeûner sans avoir pris le «sougouri ». « Le premier jour, je me suis réveillé à 6 heures 30. Alors, et je me suis mis dans l'état d'esprit de jeûne et j'ai continué la journée ainsi », a affirmé Bakary Touré. Le carême sec n'est pas conseillé, selon El hadj Mama Sanou. Il est préférable, a-t-il dit, de se lever à l'heure de la mise pour boire ne serait-ce que l'eau, et de se recoucher. Cependant, celui qui est surpris par le jour, peut continuer avec le carême sec. Ceux qui ont des obligations particulières ne leur permettant pas de se réveiller entre 2 heures ou 3 heures du matin, peuvent manger la nuit avant d'aller au lit, a-t-il déclaré. A l'entame du jeûne comme à la rupture, aucun aliment spécifique n'est recommandé, révèle El hadj Mama Sanou, mais il est conseillé de rompre avec le « tamaro » c'est-à-dire la datte en premier. « Les fidèles doivent manger ce qui convient à leur organisme », a-t-il déclaré. La rupture du jeûne est suivie, moins d'une heure après, par la longue prière de 17 rakats, un autre moment de ce pilier de l'islam qui n'est pas toujours facile pour certains fidèles. Selon El hadj Mama Sanou, les longues prières ne sont pas obligatoires, mais prier en groupe permet de se rapprocher davantage de Dieu, et de récolter par la même occasion des bénéfices immenses. « Le prophète et ses compagnons le faisaient, mais c'était individuellement. Ses successeurs ont rassemblé les fidèles pour ces longues prières ».
Wurotèda Ibrahima SANOU
Les bénéfices du jeûne
A écouter le président de la communauté musulmane de Bobo-Dioulasso, le mois de jeûne est le plus bénéfique de tous les autres de l'année, et dans lequel se trouve également la nuit la plus bénéfique appelée « nuit du destin ». Il a exhorté les musulmans à multiplier les invocations, les prières et les bénédictions tout le long du mois, et à aller écouter les prêches à la mosquée. El hadj Mama Sanou a expliqué que le jeûne développe en nous la tolérance, car toute personne qui supporte la faim peut supporter toute autre chose. Le jeûne, a-t-il ajouté, permet de comprendre comment les nécessiteux souffrent et suscitent en nous le désir de les aider. Il procure également la santé et le bien-être. L'abstinence permet de dégraisser le corps de l'homme et de combattre un certain nombre de maladies. C'est pourquoi, explique Mama Sanou, il ne sert à rien durant ce mois, de préparer et de manger toutes sortes de nourritures, mais plutôt de se contenter de l'essentiel.
Des conseils utiles
El hadj Mama Sanou a invité les fidèles musulmans à ne pas calomnier ni critiquer les autres, à éviter de regarder les interdits, à être des hommes de pardon et de tolérance, à éviter les rapports sexuels. Des attitudes que les fidèles devraient s'efforcer de maintenir même après le jeûne. Il a souhaité le renforcement de la collaboration entre les musulmans et les autres communautés, ainsi que la résolution des problèmes, des difficultés par le dialogue, la compréhension. « Si tu entends que tu peux prier, aller à la Mecque, jeûner, c'est parce qu'il y a la paix dans ton pays », a-t-il précisé.
Les aides reçues des pays arabes
Durant ce mois, l'Arabie Saoudite envoie des « tamaro » au Burkina. Ces dattes transitent par le ministère de l'Action sociale. La part de la région des Hauts-Bassins est envoyée à la direction régionale de l'action sociale. Le partage, a fait savoir El hadj Mama Sanou, se fait de façon équitable. « Nous réunissons toutes les associations islamiques : le mouvement sunnite, la tidjania, etihad, ançar, AEEMB, CERFI… pour faire le partage avec tous. Quel que soit le nombre, chacun en bénéficie ». Les aides viennent aussi d'autres acteurs. En effet, la téléphonie mobile Telecel a offert 30 sacs de riz et de sucre à la communauté régionale dans l'après-midi du vendredi 28 juin 2014.
La vente de galettes, un commerce rentable
S'il y a un commerce qui marche bien en ce mois de carême, c'est la vente de galettes. Aussi, les vendeuses de ce produit se sont-elles multipliées à tous les carrefours de la ville. Celles qui exerçaient le commerce les mois ordinaires, ont dû augmenter la quantité de leurs galettes. C'est le cas de Minata Sana installées avec ses sœurs au carrefour du rond-point de la Nation de 10 heures à 18 heures. D'un sac de sucre et trois bidons d'huile qu'elles utilisaient par jour les autres mois, Minata Sana nous explique qu'elles sont présentement à deux sacs et demi de sucre et cinq bidons d'huile. Des augmentations dues à une forte demande des clients. Effectivement, il n'est pas rare de trouver un long rang de clients sur les lieux à partir de 16 heures jusqu'à la rupture du jeûne. Contrairement aux années précédentes, Minata Sana nous rassure que cette fois-ci, il n'y a pas eu d'augmentation des prix de ces produits. Du reste, des contrôles sont annoncés les jours à venir dans les régions des Hauts-Bassins et de la Boucle du Mouhoun. Ce retard des contrôles du carême est dû, selon le directeur régional de l'industrie, du commerce et de l'artisanat des Hauts-Bassins, Dramane Tou aux problèmes financiers mais qui, dit-il, sont en phase de résolution. Mais auparavant, Dramane Tou a tenu à interpeller les commerçants sur un certain nombre de points. Il s'agit d'abord de la vente des produits aux prix suggérés par l'Etat. Des prix sur lesquels plusieurs communications ont été faites au cours de l'année 2013. Il a ensuite souhaité que les produits vendus soient de bonne qualité et respectent les quantités marquées sur l'emballage. Il leur a surtout déconseillé d'introduire au Burkina Faso, des produits contrefaits. «Si tout le monde respecte sa part de contrat, chacun gagne, à commencer par les commerçants eux-mêmes qui verront leurs chiffres d'affaires augmenter », a-t-il déclaré. Ce constat, nous l'avons fait dans les différentes boutiques visitées. Au quartier Sarfalao, Issouf Rabo, dans sa boutique affirme qu'avec le carême, les produits de grande consommation comme le riz, le sucre et l'huile marchent plus. Cependant, il ne compte pas augmenter les prix.
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