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Mois de jeûne : le business au rendez-vous à Bobo-Dioulasso
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- Titre
- Mois de jeûne : le business au rendez-vous à Bobo-Dioulasso
- Editeur
- Sidwaya
- Date
- 23 juillet 2014
- Résumé
- Les fidèles musulmans du Burkina Faso ont débuté le mois de Ramadan depuis le 29 juin 2014. Au vu de la forte demande de certains produits alimentaires, cette période du jeûne offre des opportunités à bien des commerçants de Bobo-Dioulasso d'accroître leurs chiffres d'affaires.
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0001224
- contenu
-
Les fidèles musulmans du Burkina Faso ont débuté le mois de Ramadan depuis le 29 juin 2014. Au vu de la forte demande de certains produits alimentaires, cette période du jeûne offre des opportunités à bien des commerçants de Bobo-Dioulasso d'accroître leurs chiffres d'affaires.
Le mois de Ramadan qui a débuté le 29 juin 2014 partout au Burkina Faso, offre de nombreuses opportunités dans le commerce. Il s'agit en effet, d'une période de forte demande de certains aliments, notamment le sucre, le lait, les galettes et l'huile alimentaire.
Du coup, des grands commerçants (les grossistes) comme les petits (les détaillants), chacun y trouve son compte en ce mois béni. Aux côtés de ces aliments, s'ajoutent les fruits et les légumes. Les fruits constituant une source d'énergie après une journée passée sans boire ni manger, ils sont très sollicités également par les fidèles musulmans.
La forte demande fait les affaires des vendeurs de ces aliments, leur permettant d'accroître les chiffres d'affaires. Concernant cette dernière activité, les vendeuses se retrouvent un peu partout dans la ville de Bobo-Dioulasso.
Et le lot des produits proposés aux consommateurs se constitue essentiellement de mangues, d'oranges, de bananes et de pommes.
Pour Sali Somé, vendeuse de fruits devant le Tribunal de commerce de Bobo-Dioulasso sur la route de Orodara, pendant cette période de jeûne, les types de mangues les plus demandés sont les «Lipences », les « Kentes » et les « Mesdemoiselles ».
De plus, a-t-elle confié, les clients achètent les oranges, les bananes et les pommes. Cependant, cette forte demande pendant le mois de carême pose le problème de ravitaillement en fruits par les revendeuses dans la cité de Sya.
C'est le cas de la banane douce. A titre d'exemple, le samedi 5 juillet 2014, à la direction régionale de l'Union régionale des coopératives agricoles de Bobo-Dioulasso, des revendeuses faisaient la queue depuis 4 heures du matin, devant les conteneurs de mûrissement de fruits, afin de se ravitailler en bananes.
« Depuis 4 heures du matin nous avons quitté nos foyers pour venir chercher la banane, et jusqu'à 9 heures, nous n'avons rien eu. Pourtant c'est dans ce mois que le commerce de la banane marche beaucoup », s'exprime l'une d'entre elles.
Une hausse du prix de la banane
Hormis la rareté de ce fruit, les femmes se plaignent également de l'augmentation du prix du kilogramme de la banane douce qui se vend actuellement à 250 F CFA. « Ils ont augmenté les prix. Qu'est ce qu'ils veulent qu'on fasse ! Pourtant, nous comptons sur ce commerce pour vivre. Nous sommes habituées à ce commerce. Nous ne pouvons pas abandonner.
Quand nous achetons le kilogramme à 250 F CFA, après la vente, il n'y a rien comme bénéfice. Souvent c'est juste le fonds de commerce que tu gagnes. Quand les clients viennent et qu'on leur propose 4 ou 5 bananes douce à 250 F CFA, ils disent que c'est cher. Pourtant, on l'a acheté cher aussi.
Comment allons-nous faire ? », s'interroge Louise Sanou, vendeuse de banane douce à Lafiabougou au secteur n°20 de Bobo-Dioulasso, rencontrée sur les lieux.
Selon, Nouhoune Korbéogo de « l'entreprise Awa et frère » qui s'occupe des fruits et légumes, les difficultés de l'approvisionnement sont dues à la quantité de bananes produites, mais aussi au fait que certaines femmes viennent de débuter le commerce des fruits pendant ce mois de jeûne avec de nombreuses nouvelles vendeuses.
Et de poursuivre que leur présence fait que les anciennes ne peuvent pas avoir leur commande à temps. «Celles qui se plaignent viennent de rentrer dans le métier, et c'est juste pour ce mois qu'elles le font.
Pour celles qui disent qu'elles sont là depuis 4 heures du matin, si on regarde bien, ce sont de nouvelles clientes qui n'ont pas la priorité sur les anciennes », a indiqué M. Korbéogo.
Pour sa part, la présidente des vendeuses de bananes de Bobo-Dioulasso, Mariam Coulibaly a tenu à préciser les choses. A l'entendre, «les Maliens et les autres régions du Burkina Faso viennent s'approvisionner chez nous.
Ce qui fait que le prix de la banane augmente au mois de carême ». Ce problème est aussi constaté dans l'approvisionnement des autres fruits, mais avec moins d'intensité comparativement à la banane douce.
2 000 à 3 000 F CFA de bénéfices par jour
Aussi, à chaque mois de carême musulman, certains hommes et femmes ont développé des initiatives, en plus de leurs activités quotidiennes et de ce fait, les après-midi deviennent très chargés.
A chaque coin de rue « poussent » des fourneaux, et même des cuisinières servant à faire cuire des galettes de tout modèle, des beignets, de la bouillie, du «zoom koom » et bien d'autres produits alimentaires. Chacun y va de ses moyens pour se tirer d'affaires.
A entendre Mariam Coulibaly, vendeuse de galettes au quartier Sarfalao de Bobo-Dioulasso, elle mène cette activité depuis 5 ans. «Chaque année, à l'approche du carême, je me prépare en m'approvisionnant en petit mil pour faire de la farine qui servira à faire de la pâte pour les galettes.
J'accorde une grande importance à cela, car cette activité me permet de mieux préparer la fête de ramadan pour mes enfants », a-t-elle confié. Et de poursuivre que depuis le décès de son mari, elle se débrouille seule pour les nourrir et son commerce marche très bien.
Juste à côté d'elle, est installée Aminata Sanou, une vendeuse d'une boisson locale à base de farine de petit mil, couramment appelée « zoom koom » en mooré. Dans des sachets, à 25 F CFA, ou encore dans de gros bidons vendus à 400 F, elle semble bien s'en sortir si l'on s'en tient à la clientèle qui attendait d'être servie.
Aider les célibataires à rompre le jeûne
« Je ne rentre jamais la nuit avec une goutte de zoom koom. Le tout s'achète à la rue, car c'est généralement avec cette boisson que les fidèles rompent le jeûne avant de prendre les repas lourds ».
Elle témoigne que ses bénéfices varient entre 2 000 et 3 000 F CFA par soirée. Pour certaines vendeuses, le commerce d'aliments divers est une manière d'aider aussi les hommes célibataires qui n'ont personne pour leur faire le repas de rupture du jeûne.
Et même que parfois, certaines familles aisées viennent acheter en grande quantité les galettes pour les emporter à la maison. Mariam Drabo et ses sœurs vendent des galettes au quartier Sikasso-Cira depuis des années. Cette activité a évolué en une véritable entreprise.
De nos jours, les filles assurent la relève de leur maman, beaucoup avancée en âge. A entendre Mariam Drabo, c'est en équipe qu'elle et ses sœurs ont repris, en essayant de perpétuer l'entreprise familiale. Pendant que certaines pétrissent la pâte à galette, d'autres s'affairent à la friture de ce mets très prisé en période de jeûne.
D'autres encore sont chargées de servir la clientèle et d'encaisser l'argent. En plus des galettes, la vente de pain constitue une des activités en vogue en ces périodes de carême musulman. En effet, ordinairement consommé les matins au petit-déjeuner, le pain fait partie du menu de rupture du soir.
Ainsi, avec le jeûne, naissent un nouveau type de commerçantes, des vendeuses de pain. Elles transportent le pain dans des bassines sur leur tête, et vont le porte en porte pour le livrer dans les familles. Ce commerce marche bien, selon les actrices. C'est, du reste, ce que confie Safiatou Sanou.
« Les matins, je vends mes légumes au marché et dans l'après-midi, je prends le pain à la boulangerie pour vendre. Cela marche bien car en rentrant à la maison, je peux encaisser 1 000 F CFA comme bénéfice», dit-elle.
Les enfants également y vont de leur ingéniosité en cette période de carême, qui coïncide avec les vacances scolaires. A longueur de journée en effet, ils passent leur temps à se balader dans les marchés et la ville pour vendre des dattes, ces fruits conseillés pendant la rupture du jeûne, dit-on.
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