Article
Mois de ramadan : temps de vache maigre pour les restaurateurs
- Titre
- Mois de ramadan : temps de vache maigre pour les restaurateurs
- Créateur
- Habibata Wara
- Editeur
- Sidwaya
- Date
- 16 août 2012
- Résumé
- En ce mois béni de Ramadan, tout semble fonctionner au ralenti dans la plupart des restaurants de Ouagadougou. Constat en cette période de carême. Assise dans un coin et face à l'entrée principale, la gérante du restaurant Chez Tasha, Bintou Traoré semble scruter l'arrivée d'éventuels clients.
- Couverture spatiale
- Ouagadougou
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0001176
- contenu
-
En ce mois béni de Ramadan, tout semble fonctionner au ralenti dans la plupart des restaurants de Ouagadougou. Constat en cette période de carême. Assise dans un coin et face à l'entrée principale, la gérante du restaurant Chez Tasha, Bintou Traoré semble scruter l'arrivée d'éventuels clients.
Pour elle, le mois de ramadan n'est certainement pas la période de l'année que certains commerçants attendent avec le plus d'impatience. Encore moins les restaurateurs qui se retrouvent avec la peur de la table vide. Tel semble être son cas car certaines de ses tables sont réellement vides. Elle avoue à demi-mot que le restaurant est obligé de faire avec le peu d'affluence. « Mes recettes ont chuté de moitié », déclare-t-elle. Combien précisément ?
Question restée sans réponse. « On ne peut certainement pas généraliser, mais il n'y a aucun doute que pour le secteur de la restauration, le mois de ramadan n'est pas synonyme de bonnes affaires », a indiqué Arouna Sawadogo , un client de Chez Tasha. Aujourd'hui, avec la vie chère et la baisse continue du pouvoir d'achat, la rupture du jeûne se fait majoritairement à la maison, explique Issaka Compaoré, un autre client de Chez Tasha.
Mme Marie Sakandé tient un restaurant à Gounghin à quelques encablures du stade du 4-Août. Elle est spécialisée dans la préparation du riz au soumbala. Et cela pendant plus d'une cinquantaine d'années. « Je mène cette activité, il y a plus de cinquante ans. Grâce à la vente du riz, j'ai pu réaliser de bonnes choses. Avant, je pouvais vendre 3 marmites de 30 kg par jour, soutient-elle. Avec amertume, elle poursuit : « Aujourd'hui, il n'est plus question pour moi de prendre ce risque car il m'est difficile de vendre plus d'une marmite ». Pour elle, les raisons sont claires : la vie chère, le jeûne du ramadan et la saison pluvieuse.
Autre lieu, même décor
Chez « Tanti propre », les clients se font rares aussi. Mais la patronne, Fatimata Sarré, est confiante. Elle annonce que « c'est normal que les affaires ne marchent pas comme auparavant. Les clients observent le jeûne et le soir venu, chacun préfère rentrer chez lui pour la rupture. » Son restaurant est surtout spécialisé dans la vente de sandwiches. Aujourd'hui, déclare-t-elle, « je vends à peine 75 000 au lieu de 150 000 FCFA de viande ». Elle poursuit en disant qu'un mois passe vite et qu'elle espère retrouver sa clientèle d'antan.
Pourtant, certaines personnes se frottent les mains. C'est le cas de Mme Konaté qui vend du dèguè et des jus à Larlé, secteur n°10. « Grâce à Dieu, ça va », c'est tout ce qu'elle a pu nous dire, visiblement soucieuse de servir les clients. Nous n'avons pas eu besoin de plus de mots pour comprendre. La preuve, une longue file de clients attend d'être servie. Face à la forte demande, elle a modifié ses horaires de vente. Mme Konaté commence à 16 heures au lieu de 18 heures comme d'habitude. Un changement majeur qu'elle met au compte du choix des clients à préférer les repas légers pour la rupture.
« Le ramadan est une période très conviviale. Moment de partage, nous avons voulu en faire bénéficier nos clients en leur proposant des menus spéciaux à des prix plus bas que d'habitude », nous a confié Mme Aminata Seck. Malgré leur bonne volonté, poursuit-elle, les clients n'affluent pas. La baisse de la demande particulièrement flagrante pendant le mois de ramadan joue sur leurs chiffres d'affaires.
L'absence de clients pendant le ramadan dans les restaurants fait croire que la communauté musulmane constitue une niche incontournable pour les restaurateurs. La plupart de nos interlocuteurs pensent que ce mois béni est réputé être une période de surconsommation. Ils affirment que ce sont des moments de purification et surtout de générosité qui poussent les gens à dépenser beaucoup dans la nourriture qu'ils préfèrent préparer en famille.
Pour ne pas fermer boutique, des restaurateurs, comme Ibrahim Kaboré, ont décidé de prendre le taureau par les cornes et de tirer profit du mois saint. Ils proposent des menus spécialement conçus pour la rupture du jeûne dont la soupe, des jus, du yaourt, etc. Pour eux, les menus spéciaux sont indispensables pour pouvoir rester en activité.
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