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Dans les méandres de l'islam en Haute-Volta coloniale
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- Titre
- Dans les méandres de l'islam en Haute-Volta coloniale
- Créateur
- Abdel Aziz Nabaloum
- Editeur
- Sidwaya
- Date
- 23 juin 2013
- Résumé
- Le Centre national des archives a organisé, le jeudi 20 juin 2013, une conférence publique, sur le thème : « L'islam en Haute-Volta coloniale ».
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0001056
- contenu
-
Le Centre national des archives a organisé, le jeudi 20 juin 2013, une conférence publique, sur le thème : « L'islam en Haute-Volta coloniale ».
C'est un public composé d'imams, d'enseignants-chercheurs, d'étudiants... qui a fait le déplacement, le jeudi 20 juin 2013 de Ouagadougou pour assister à la conférence publique, organisée, par le Centre national des archives.
Animée par le Pr Issa Cissé, elle a porté sur le thème : « L'islam en Haute-Volta coloniale ». D'entrée de jeu, le conférencier a fait savoir que la pénétration de l'islam en Haute-Volta remonte au XVe-XVIe siècle, marquée par une présence remarquable à l'Ouest, au Mogho et au Nord.
Au Mogho, a-t-il révélé, l'islam était pratiqué par une minorité fortement soumise à l'influence du système d'organisation politique basé sur les croyances ancestrales. Selon le chercheur, c'est grâce aux activités commerciales des Dioula que l'islam a gagné la région de Bobo-Dioulasso au XVIè siècle.
Toutefois, sa pérennité a été possible, grâce au mouvement islamique des lettrés que sont les Fofana, Kassamba Djabi et Saghanogho.
M. Cissé a aussi confié que dans la boucle de la Volta Noire, l'installation des éléments Marka (Dafing) originaires de la vallée de Bani (actuel Mali), et la cohabitation des Peulh de Dokuy et Barani avec les populations Ko, Bobo, Bwa, Nounouma... ont permis la pratique de l'islam.
Selon ses dires, au XIXè siècle, des poussées islamiques se sont manifestées par des Jihad dans la Boucle du Niger. C'est ainsi, qu'après leur pèlerinage, Mamadou Karantao et Al Kari, respectivement originaires de Boromo et Bossé ont voulu, par la force, imposer l'islam aux populations animistes de leur localité.
« C'est en lançant sa guerre sainte de Boromo que Mamadou Karantao fonda Ouahabou, localité à partir de laquelle il poursuivit ses ambitions d'expansion islamique », a-t-il confié. Ces mouvements, a souligné l'historien, n'ont pas eu un succès auprès des populations animistes de la Boucle de la Volta Noire.
Car, les troupes de conquêtes coloniales dans la seconde moitié du XIXè siècle ont mis fin à ces élans expansionnistes. La forte présence de l'islam dans le Jelgooji et au Liptako a eu une influence sur les limites nord du Mogho.
D'où l'islamisation assez avancée de la partie ord du Mogho, comparativement au centre et au sud, autour de Ouagadougou et Tenkodogo. Au Yantenga, l'islam est resté, selon M. Cissé, longtemps confiné chez les artisans et commerçants marancé, yarsé et éleveurs peulh.
La nécessité de s'unir
Mais à la différence du royaume de Ouagadougou où le Mogho Naaba Dulugu (1796-1825) avait accepté de se convertir, les souverains du Yatenga avaient tenu l'islam à l'écart de la cour royale.
Pr Issa Cissé a aussi affirmé que de la conquête à la pacification de la Haute-Volta, le pragmatisme des français à l'égard de l'islam, s'est traduit par l'assassinat de certains chefs musulmans, tels que El Hadj Omar de l'Empire toucouleur, Al Kari de Bossé, ainsi que Samory Touré qui ont essayé de résister à la conquête, sous la bannière de l'islam.
En revanche, d'autres responsables musulmans ont favorisé la pénétration française dans l'Ouest de la Haute-Volta. Il s'agit de Karamogo Bâ de Lanfiera, Widi Sidibé de Barani, Sangaré de Dokuy, Ousmane Umaru de Luta en pays San, Guira de Boromo.
C'est pourquoi, évoluant dans sa phobie contre l'islam, William Ponty a ordonné la création d'une police musulmane qui a fonctionné à Ouagadougou, dès 1911 et à Bobo-Dioulasso.
A l'en croire, en 1907, le recensement des centres d'enseignement donnait respectivement 35 écoles coraniques pour la subdivision de Ouagadougou, 10 pour Léo, 15 pour Boromo et 40 pour le cercle de Bobo-Dioulasso.
La surveillance étroite de l'islam par l'administration coloniale, a ajouté le conférencier, a abouti aux révoltes des peuples de la Boucle de la Volta Noire (actuel Mouhoun) menées par des Marka, Bwa, San en 1915, 1916. Au Nord, de mai 1912 jusqu'en 1915.
Pour mieux dominer ces agitations de sources musulmanes ou fétichistes, a-t-il expliqué, la métropole a préféré créer la colonie de Haute-Volta en mars 1919. De 1950 et 1960, le nombre des musulmans est passé de 10% en 1949 à 20% à la fin de la colonisation.
Issa Cissé a ajouté que pendant la phase de la décolonisation, les deux principales villes-phares des mouvements d'émancipation avaient en 1950, 33% de musulmans, 36% de « fétichistes » et 30% de catholiques pour Ouagadougou et 66% de musulmans, 7% de chrétiens pour Bobo-Dioulasso.
Aussi, l'historien a soutenu qu'en Haute-Volta, les premières médersas ont vu le jour à l'Ouest, surtout à Bobo-Dioulasso dans les années 1950.
« C'est par la vulgarisation des medersas que les musulmans entendaient relever le défi de la culture occidentale véhiculée par les écoles dont les missionnaires ont contribué au développement, durant la colonisation.
Et l'éveil de l'islam au cours de la dernière décennie, s'est manifesté à Ouagadougou par la gestation de la communauté musulmane de la ville, à partir de 1952 », a-t-il indiqué.
Et d'ajouter : « Malgré le progrès de l'islam dû aux différents facteurs coloniaux, les musulmans, compte tenu du refus de l'école occidentale, ont ressenti un sentiment d'infériorité au sein du nouvel Etat géré par l'élite chrétienne ».
S'estimant marginalisés et animés d'une volonté de réduire l'influence du christianisme, les musulmans, a-t-il déclaré, ont éprouvé la nécessité de s'organiser, en créant une communauté musulmane unique en 1962, en dépit de l'existence de plusieurs tendances islamiques.
« Cette organisation s'est assigné la tâche de poursuivre l'œuvre d'islamisation qui, plus tard, allait bénéficier des retombées de la coopération entre l'Etat burkinabè et le monde arabo-islamique », a-t-il conclu.