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La planification familiale au Burkina Faso : une pratique reconnue et bénie par les religieux
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Burkina Faso
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- Titre
- La planification familiale au Burkina Faso : une pratique reconnue et bénie par les religieux
- Créateur
- Koumia Alassane Karama
- Editeur
- Sidwaya
- Date
- 29 août 2008
- Résumé
- Pratique salutaire pour le bien-être de la femme et de l'enfant, dans la lutte contre le Sida (le préservatif étant avant tout un contraceptif), pour le développement durable tout court, la planification familiale est encore au ralenti au Burkina Faso. Et pour cause, l'omniprésence de pesanteurs socioculturelles dont les religions. Les religieux burkinabé ne voient pas pourtant d'un mauvais oeil, la pratique.
- Sujet
- Fédération des Églises et Missions Évangéliques
- Mahamoudou Bandé
- Planification familiale
- VIH/Sida
- Charia
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0000812
- contenu
-
Pratique salutaire pour le bien-être de la femme et de l'enfant, dans la lutte contre le Sida (le préservatif étant avant tout un contraceptif), pour le développement durable tout court, la planification familiale est encore au ralenti au Burkina Faso. Et pour cause, l'omniprésence de pesanteurs socioculturelles dont les religions. Les religieux burkinabé ne voient pas pourtant d'un mauvais oeil, la pratique.
"La planification familiale est acceptée par l'Eglise catholique...", affirme le Père-médecin, Pignatelli Salvatore.
Selon le Cheick Mahmoud Bandé de la communauté musulmane, l'islam s'érige contre les méthodes contraceptives néfastes à la santé de la femme.
La Planification familiale (PF) est définie par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) comme étant "une manière de vivre que les individus et les couples adoptent à leur propre volonté, en se basant sur des connaissances précises, des attitudes et des décisions réfléchies, afin d'améliorer l'état de santé et le bien-être du groupe familial et par conséquent, de contribuer efficacement au développement social du pays". Pour le ministère burkinabé de la Santé, elle désigne l'"ensemble des mesures techniques, psychologiques, éducatives qui permettent aux couples et aux individus d'atteindre certains buts en fonction de leurs possibilités et de leurs désirs. Il s'agit notamment de favoriser les naissances désirées, d'espacer les naissances, d'éviter les grossesses non désirées, de déterminer le nombre d'enfants qu'ils souhaitent avoir et le moment voulu, pour constituer une famille".
Ainsi entendue, la PF ne se résume pas à une limitation des naissances, comme veut le faire croire une certaine opinion combattue par le représentant-résident du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), André Mayouya. En ces temps de vie chère, il est clair que les familles tout comme les individus ont intérêt à planifier leurs naissances. Parce qu'il est certainement plus aisé de nourrir peu de bouches que beaucoup de bouches. Aussi, des enfants en nombre raisonnable selon ses capacités financières et sa convenance, ont plus de chance d'être bien soignés et éduqués. Une fille qui ne tombe pas sous les grossesses précoces, peut davantage se consacrer à ses études ou autres apprentissages. Par ailleurs, des études ont montré qu'une bonne pratique de la PF contribue pour 30% à la réduction de la mortalité maternelle et de 20% à celle infantile.
Des vies sauvées qui apporteront sans doute leur pierre à la construction du monde, donc au développement. Les bienfaits de la PF peuvent être cités à la pelle. Seulement, la PF tarde à prendre un véritable envol dans de nombreux pays comme le Burkina Faso. Et cela malgré les engagements pris par ces pays à la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD) tenue au Caire en Egypte en 1994. Toute chose qui justifie la commémoration le 11 juillet 2008 de la XIXème Journée mondiale de la population (JMP) sous le thème: "La planification familiale est un droit: faisons- en une réalité". Parmi les obstacles à une adoption à grande échelle de la PF, sont souvent érigées au premier plan, des considérations socioculturelles et religieuses.
Et pourtant, lorsque nous sommes allés vers les acteurs mis en cause, a retenti un autre son de cloche : aucune religion, en tout cas les plus représentatives au pays des Hommes intègres, n'est contre la PF. Pour le Père Pignatelli Salvatore, médecin-chef et directeur depuis 30 ans du Centre médical Saint Camille "La Planification familiale est acceptée par l'Eglise catholique en ce sens qu'elle est le droit que le couple a d'établir la taille de sa famille". A l'entendre, les motivations de l'église sont d'actualité. "L'église ne veut pas qu'on mette au monde des enfants sans prévoir ce qu'ils vont devenir, comment on pourra les nourrir, les habiller, les envoyer à l'école", explique-t-il. La position de l'institution catholique se défend aussi par des raisons d'ordre sanitaire.
A l'Eglise comme à la mosquée
Consciente que des grossesses rapprochées par exemple sont nuisibles à la santé de la mère et de l'enfant, l'église est partant pour la planification des naissances. Cela aux yeux du Père-médecin Salvatore, milite en faveur d'une maternité et d'une paternité responsables, outre mesure toutes raisons égoïstes.
Du côté de la Fédération des églises et missions évangéliques du Burkina Faso (FEME-BF), regroupant une douzaine de dénominations, la PF est acceptée et bénie. "Je suis pour la planification familiale", affirme le président de ladite fédération, le Pasteur Pawentaoré Ouédraogo, estimant qu'il faut être réaliste et voir les choses en face. "Une femme qui a un enfant cette année, un autre l'année suivante, ainsi de suite, elle va s'esquinter", imagine-t-il. Si de par le passé, les couples faisaient beaucoup d'enfants en prévision des décès dus aux nombreuses épidémies de l'époque, la science a réalisé d'énormes progrès de nos jours. Dans ce sens, le Pasteur Pawentaoré Ouédraogo constate avec joie qu'un grand nombre de ces maladies "assassines" ont été vaincues, et par conséquent les enfants meurent moins.
Ainsi, avec 10 enfants au départ, l'on peut se retrouver avec 10 enfants à l'arrivée, souligne-t-il. Convaincu du bien-fondé de la PF, il confie participer avec bien d'autres de ces collègues pasteurs à la dissémination parmi les fidèles de la "bonne nouvelle" de la gestion rationnelle des naissances. "Parce qu'il faut s'occuper de tout l'Homme: le corps, l'âme et l'esprit", justifie-t-il. Et pour parler de la PF avec les fidèles, le président de la FEME-BF , affirme ne pas hésiter à avoir recours à des spécialistes de la santé. Chez les musulmans également, "la charia tolère l'espacement des naissances". Cette lecture du livre saint de l'islam, le Coran, est faite par Cheick Mahmoud Bandé, président de la Commission des affaires islamiques de la Communauté musulmane du Burkina Faso.
De la guerre des méthodes
Il reste donc peu de place au doute quant à un "oui unanime" des religieux du pays des Hommes intègres par rapport au principe de la PF. Mais là où subsistent encore des divergences, c'est au niveau des méthodes. Les Evangélistes, par la voix de leur président Pawentaoré, disent marcher au rythme du monde et ne mettent de côté aucune méthode. Le Pasteur qui n'a rien contre l'abstinence souvent recommandée par les religieux, se veut plus réaliste. "L 'homme reste avant tout un humain et a besoin de la femme...", relève-t-il. Lorsqu'il n'y a pas de possibilités pour l'homme de "se satisfaire" auprès de sa femme, au nom de la PF, il y a des risques réels que celui-ci aille voir ailleurs, s'explique-t-il. Or, l'Eglise ne permet ni la polygamie, ni l'adultère, a-t-il rappelé.
Il confie en la matière que le "manque de sexe" est source de nombreux problèmes au sein des foyers. Donc, le Pasteur Ouédraogo préfère le sexe dans le couple, avec toutefois les méthodes de la PF, pour ne pas que l'acte sexuel aboutisse "un peu trop souvent" à des naissances. L'islam également autorise pour l'espacement des naissances, toutes les méthodes adoptées de nos jours, allant des pilules aux injections, en passant par les méthodes naturelles. Avec cependant des nuances, précise Cheick Mahmoud Bandé: "l'islam s'oppose aux méthodes qui arrêtent de façon irréversible les possibilités de procréation ou encore celles ayant des effets néfastes sur la santé de la femme".
Tout en acceptant le principe de la maternité et de la paternité responsables, l'Eglise catholique est contre les contraceptifs. Selon le Père Pignatelli Salvatore, les contraceptifs de barrière (condom, spermicides), ou hormonaux (pilules, injections), et bien d'autres ( Norplan, stérilet), en tout cas toutes méthodes artificielles qui empêchent un acte conjugal d'aboutir à la fécondation d'une ovule, sont interdites par l'Eglise. Cette position de l'Eglise s'explique par des raisons théologiques. "L'homme et la femme ont été créés par Dieu. Le couple (homme et femme) est également voulu par Dieu.
Le mariage , l'amour conjugal et le fait de mettre au monde des enfants constituent par ailleurs des volontés de Dieu", explique le Père Salvatore. Il est écrit dans la bible que la femme quittera sa propre famille et s'unira à l'homme et les deux deviendront une seule chair. Il est aussi dit que ce que Dieu a uni, personne ne peut séparer. Dans la lecture de l'Eglise catholique, l'indissolubilité du mariage implique celle des deux significations du mariage à savoir l'amour et la procréation. Vouloir dissocier l'amour de la procréation par des contraceptifs, c'est aller contre la parole de Dieu, à entendre le médecin-chef du Centre médical Saint Camille.
Une méthode peu promue
En lieu et place de la contraception , l'Eglise catholique conseille et enseigne la pratique de méthodes naturelles. Elle propose les méthodes naturelles qui consistent à apprendre à la femme à connaître les jours de fertilité. Et en la matière, "celle que nous employons qui est très efficace et assez bien praticable dans notre contexte, c'est la méthode de la glaire cervicale", se défend le Dr Pignatelli Salvatore. Il donne des détails : "lorsqu'un ovule mûrit, l'organisme de la femme plus précisément les ovaires produisent des hormones qui, à leur tour produisent la glaire cervicale.
N'ayant rien contre l'abstinence, le Pasteur Pawentaoré se veut plus réaliste : "L'homme reste avant tout un humain et a besoin de la femme"...
La PF contribue pour 30% à la réduction de la mortalité maternelle et de 20% à celle infantile selon des études.
C'est une sécrétion que la femme perçoit au niveau vaginal. Elle peut donc connaître avec précision ses jours de fertilité. Nous conseillons pour espacer les naissances, de s'abstenir des rapports sexuels pendant cette période". La méthode a été très bien étudiée, et est pratiquée dans le monde entier, rassure-t-il. Il affirme avoir participé à plusieurs rencontres autour de cette méthode de la glaire cervicale.
Au-delà des raisons purement confessionnelles et religieuses des personnes dans le monde, pour des motifs écologiques (i.e. des gens qui refusent de recevoir dans leur organisme des produits artificiels) refusent de prendre les contraceptifs et trouvent leur compte dans les méthodes naturelles comme celle de la glaire. «L'efficacité de la méthode de la glaire a été évaluée par l'OMS entre 97 % et 98 %.
Son efficacité est quasi identique à celle de la pilule qui reste un contraceptif très efficace", confession d'un Père-médecin. Si elle est bien pratiquée, il ne doute point que la méthode de la glaire cervicale offre une grande sécurité au couple en matière d'espacement des naissances. En effet, au sein de la formation sanitaire qu'il dirige, Dr Salvatore anime avec des femmes des séances d'apprentissage de cette méthode.
Toutefois, il reconnaît que la méthode de la glaire cervicale ne suscite pas toujours l'engouement escompté. "A être sincère, les femmes ne viennent pas beaucoup pour plusieurs raisons, il est plus facile d'avaler une pilule....C'est plutôt celles qui veulent des enfants qui viennent pour mieux connaître leur période de fertilité", avoue-t-il. Aussi, ladite méthode nécessite une abstinence de tout rapport sexuel durant l'apparition de la glaire ( 8 à 9 jours). Toute chose qui implique une motivation du couple, une harmonie entre mari et femme.
Malgré sa recommandation à un espacement naturel des naissances, le Père Pignatelli qualifie de "sage", la politique de l'Etat burkinabé, tendant à faire la promotion de toutes les méthodes de la planification familiale y compris les méthodes naturelles. L'Eglise est quelque peu préoccupée par les "méthodes avorteuses". Elle dénonce ainsi le stérilet, la pillule du lendemain et bien d'autres méthodes qui n'empêchent pas la fécondation, mais contribuent plutôt à empêcher la fixation de l'oeuf. Alors que l'ovule fécondée a déjà 3 à 4 jours de vie.
Fait partie de La planification familiale au Burkina Faso : une pratique reconnue et bénie par les religieux