Article
Haro sur les "Marabouts Cognac"
- en
- fr
- Hierarchies
-
Togo
- Articles de journaux (1254 items)
- Agence Togolaise de Presse (260 items)
- Courrier du Golfe (2 items)
- La Nouvelle Marche (154 items)
- Togo-Presse (838 items)
- Publications islamiques (84 items)
- Le Pacific (6 items)
- Le Rendez-Vous (78 items)
- Documents divers (Togo) (4 items)
- Photographies (Togo) (4 items)
- Références (Togo) (77 items)
- Articles de journaux (1254 items)
- Titre
- Haro sur les "Marabouts Cognac"
- Créateur
- Dermane A. Traoré
- Editeur
- Togo-Presse
- Date
- 20 mars 1976
- Résumé
- L'ingéniosité humaine n’est jamais à court d'idées lorsqu’il s'agit d’escroquer une loi ; fût-elle d'Allah ou des hommes.
- Page(s)
- 1
- 5
- nombre de pages
- 2
- Sujet
- Marabouts
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0006474
- contenu
-
L'ingéniosité humaine n’est jamais à court d'idées lorsqu’il s'agit d’escroquer une loi ; fût-elle d'Allah ou des hommes.
N’en déplaise aux juristes et aux Ulémas pour lesquels une faute est toujours passible de peine ; le réalisme commande parfois de se rendre à l'évidence. Nécessité — pardon, tolérance oblige.
L’autre jour, un honorable citoyen resplendissant de toute sa dignité maraboutique et drapé qui plus est, dans un boubou immaculé, pénètre dans un bistrot de Lomé. Avec l'allure d'un transatlantique manœuvrant dans l’espace géographique de Togo-port. Que pouvait valoir au barman, l'honneur de cette visite à tout le moins inopiné ?
Le très pieux serviteur d'Allah avait soif. Quoi de plus normal ? Boire pour étancher sa soif n’a jamais été un crime.
Mais devant la disponibilité et le sourire très commercial du barman qui ne demandait qu'à servir ce généreux client, quel ne fut le coup de théâtre ?
Monsieur offre à son entourage, la surprise d'un choix des plus insolites en doigtant nerveusement la bouteille de Martini du cri de : « Servez-moi ce Coca-cola ! » Un coca bien digne de son postulant.
Naïf, le barman rétorque en rectifiant qu’il ne s'agissait pas là du Coca-cola, mais d'un Martini.
Mais non ! réplique ce buveur professionnel qui n'en était probablement pas à sa première performance.
« C'est bien de ce Coca qu'il s’agit. » S'écrie-t-il. Erreur de mauvaise foi sans doute ; mais, erreur en tout point de vue payante.
Monsieur, en la matière est un fin connaisseur.
Le vin, le coca, le campari et martini n’ont-ils pas à quelque différence près, la même couleur ? On peut donc au bénéfice d'une confusion volontaire tromper la vigilance d'Allah, devenu trop vieux est parfois distrait. Il n'y a aucun mal à cela.
Mais pour le pauvre barman, devenu subitement gros Jean comme devant, il ne fallait pas porter atteinte à la sacro-sainte règle islamique qui interdit l'usage de l’alcool à ses adeptes.
Les temps n’ont-ils pas changé pour tout le monde, y compris les musulmans, quand bien même tous les moyens sont bons aux yeux des « marabouts-cognac » pour se couvrir de virginité morale ? Vivent l'aggiornamento et ses adeptes !
Le hasard seul ne peut expliquer le sang-froid délibéré avec lequel l'homme avait savamment et patiemment élaboré son stratagème. La fin a toujours justifié les moyens. Et puis, le fait est là. Même croyant et pratiquant, le fils de l’homme est parfois amené à assigner des assouplissements à sa foi. La foi du charbonnier. On peut être tenté de croire que c'est le Coran, plutôt Allah qui est peut-être un peu trop exigeant envers les musulmans. Malgré cela, il a toujours compris et pardonné ceux-ci. C'est pourquoi il est et sera toujours grand. Allah Akbar !
Dermane A. Traoré