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Bloc-notes d'un pèlerin togolais : le départ pour la Mecque
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- Titre
- Bloc-notes d'un pèlerin togolais : le départ pour la Mecque
- Créateur
- El Hadj Tâzi Sant-Anna
- Editeur
- Togo-Presse
- Date
- 6 janvier 1977
- Résumé
- Suite et fin Le problème de l’eau est capital dans le désert où il fait excessivement chaud. Les tout premiers pèlerins et même à un temps pas très reculé, nos prédécesseurs avaient beaucoup souffert d’eau. Mais de nos jours les autorités saoudiennes ont installé quelques bornes fontaines. Mina n’est vivant que pendant les 4 jours de rassemblement des pèlerins qui vivent sous des tentes. Après c’est pire qu’un cimetière. Quelques bâtiments : l’Hôtel de Police, le Ministère du Pèlerinage, l’Hôpital et la Grande Mosquée du Khaïf.
- Page(s)
- 4
- nombre de pages
- 1
- Sujet
- Hadj
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0006091
- contenu
-
Suite et fin
Le problème de l’eau est capital dans le désert où il fait excessivement chaud. Les tout premiers pèlerins et même à un temps pas très reculé, nos prédécesseurs avaient beaucoup souffert d’eau. Mais de nos jours les autorités saoudiennes ont installé quelques bornes fontaines. Mina n’est vivant que pendant les 4 jours de rassemblement des pèlerins qui vivent sous des tentes. Après c’est pire qu’un cimetière. Quelques bâtiments : l’Hôtel de Police, le Ministère du Pèlerinage, l’Hôpital et la Grande Mosquée du Khaïf.
Immédiatement après la prière du Sub’hi ils se rendent à ARAFAT, une plaine à 15 km de là, pour accomplir le rituel le plus important du pèlerinage : le Woqouf. Le Woqouf, c’est le moment où le pèlerin en état de sacralisation se consacre entièrement à Dieu debout, face à la Mecque. Enveloppé dans ses pièces de tissus blanc sans couture, le pèlerin se considère comme sorti de la tombe, face à Dieu, prêt pour le jugement dernier.
Il doit obligatoirement attendre le coucher du soleil avant de quitter ARAFAT. Au même instant, dans les premières minutes qui suivent le coucher du soleil, l’ensemble des pèlerins (nous étions 1 million cinq cent mille) réunis sur le territoire d'ARAFAT lèvent les mains vers le ciel et s’adressent à Dieu dans un profond désir le repentir. C’est un moment de grande solitude. Ils restent dans cet état de supplication jusqu'au coucher du soleil.
Tout pèlerin qui quitte ARAFAT avant le coucher du soleil pour ne plus revenir, égorgera un mouton en expiation s'il tient à remplir les conditions qui rendent le pèlerinage valide auprès d'Allah.
A ce propos, le Prophète Mohamed dit : « Celui qui lut témoin de notre prière — celle de l’aube le jour du sacrifice reste avec nous jusqu’à ce que nous accomplissions notre sacrifice, après s’être arrêté auparavant sur le Mont ARAFAT, pendant le jour ou la nuit, a accompli le pèlerinage ».
Après le coucher du soleil, le pèlerin va à Mouzdalifa une immense carrière entre Mina et Arafat, où il passe la nuit et observe les prières de Magrheb et de l’Tchaï combinées.
Il ramasse 70 cailloux de la grosseur d’une graine de tévétia destinés à la cérémonie de lapidation du démon, symbolisé par trois monticules de pierre, connus sous le nom de Jamrat ; ces Jamrat sont placés dans l’ordre ci après lorsqu’on vient de Mouzdalifa.
1 — Jamrat Lawla
2 — Jamrat Ousta
3 — Jamrat Aquabat.
Le Jamrat Aquabat qui est le premier en venant de la Mecque et le dernier en quittant Mina est le seul à être au moyen de 7 cailloux et ce rite doit avoir lieu entre le lever du soleil et son coucher.
Le onzième jour du Dhoul-Hijja, le pèlerin procède à la lapidation des 3 monticules ensemble en commençant par le petit Jamrat, c’est-à-dire le premier en venant de Mina et le dernier en venant de La Mecque. Il va ensuite à celui du milieu et termine enfin par celui qu’il avait lapide la veille. Contre chacun des démons il jettera 7 cailloux, soit 21 cailloux ce onzième jour du Dhoul-Hijja.
Le pèlerin procède de la même façon les 12e et 13e jours.
Pendant le lancement le pèlerin doit distancer les jets d'un intervalle de temps égal au minimum à la durée d'une prosternation dans la prière. En lançant chaque caillou il récite
«Bismilahi Allah Akbar», qui veut dire : « au nom de Dieu, Dieu est le plus Grand ».
Il est permis de lancer ces cailloux aux lieu et place des entants, des personnes âgées, des malades, des femmes enceintes.
Moyennant une certaine somme d’argent ; un pèlerin nigérian a payé 60 Riyals, soit l'équivalent de 4.000 F CFA à un de ses compatriotes pour le taire à sa place. Mais ce n'est pas une règle. Car dans mon groupe de Togolais, il y en a eu qui ont lapidé le diable à la place d'autres tombés subitement malades, sans prendre un centime. En tout cas, tout comme le baiser de la Pierre noire, le jet de cailloux contre le diable est un geste symbolique.
Mais il n'est pas rare m'avait dit mon père, et moi-même je l'ai constaté, de voir des pèlerins sauter sur les monticules, les piétiner de toute leur force, dans l’intention d'en finir pour de bon avec le démon. Cause de nos malheurs et de nos souffrances.
PELERINAGE TERMINE
Le jour du premier jet de cailloux contre le Jamrat Al Aquabat ou Akibatou est celui de l'Aïd El Khébir ou fête du sacrifice communément appelée Tabaski. Le pèlerinage est pratiquement terminé. Le pèlerin devra ce jour là faire un sacrifice pour compenser l’interruption de l’état de sacralisation.
S’il ne peut présenter cette offrande, il doit jeûner trois jours en Terre Sainte, et sept autres jours dès son retour chez lui. Ainsi, il complète le cycle de dix jours de jeûne prescrit par Allah qui se trouve dans ce verset du Coran: « A quiconque fera usage de la Oumra jusqu’au pèlerinage, incombera ce qu’il lui sera aisé de sacrifier comme offrande. Mais quiconque se trouvera dans l'impossibilité d’offrir un sacrifice, se libérera par un jeûne de trois jours durant le pèlerinage et sept jours après son retour, soit dix jours entiers. Soyez pieux envers Allah et sachez qu’Allah est terrible en son châtiment ».
Très peu sont les pèlerins qui n’arrivent pas à faire ce sacrifice après lequel le pèlerin se rend à la Mecque pour accomplir le « Tawaf Al Ifada » ou le dernier rite du pèlerinage, rite à l’issue duquel il va pouvoir reprendre ses vêtements cousus, et quitter ainsi l’état d’Ihram.
Le pèlerin se rase ; à cette occasion les barbiers ne chôment pas. Avec cinq Riyals, soit trois cent cinquante francs, j’ai vu mon crâne luire sous le chaud soleil de Mina ; pendant deux jours consécutifs sur les trois qui me restent à passer à Mina, j’ai souffert de maux de tête. Ajoutées à cela les odeurs de viande que j'arrivais difficilement à supporter, je ne comptais que les jours pour regagner La Mecque.
Malgré ça, je suis retourné deux semaines après à Mina pour visiter la grande Mosquée de Khaïf où je n’ai pas pu entrer pendant tout mon séjour. Le paysage était triste, une forte odeur dégagée par des tonnes et des tonnes de viande qui cuisent sous le chaud soleil du désert.
Alors qu’on aurait pu les récupérer et en faire profiter d’autres qui de par le monde en ont grand besoin.
Le jour de l'Aïd El
Khébir et les trois jours qui ont suivi, des milliers de moulons, chèvres bœufs et chameaux sont égorgés. Partout à Mina, c’est des flaques de sang ; c'est de la viande. Une viande qui ne doit pas être consommée par le pèlerin qui fait le sacrifice, mais être distribuée aux pauvres. Or on a beau donner des chameaux entiers, des moutons entiers, il en reste toujours et les bulldozers sont obligés de venir les ramasser et les jeter dans le désert.
A l'abattoir de Mina que j'ai réussi avec beaucoup de difficulté à quitter de peur d’être asphyxié, un bulldozer attend et enlève au fur et à mesure les animaux égorgés et les jette plus loin. Dès que le sang a coulé le bélier acheté à 22.000 F CFA et le gros chameau vendu vingt fois plus cher ne valent rien.
PLUS DE 400 MORTS
Le pèlerin reste encore trois jours à Mina pour les lapidations des 11e 12e et 13e jours du Dhoul-Hijja. Le 12e jour du Dhoul-Hijja 1975 a fait beaucoup de victimes. On a dénombré dix morts parmi les pèlerins qui ce jour-là, c’était le 12 décembre procédaient au jet de pierres contre le démon. Nous venions tout juste avec mon petit groupe de 6 pèlerins de quitter l’endroit pour notre campement. La nouvelle nous est arrivée comme une bombe. On s’affolait, courait de tente à tente pour voir si tout le monde était présent. Les plus résistants parmi nous s’apprêtaient à aller au lieu du Jamrat pour vérifier les nouvelles alarmantes qui nous étaient entre temps parvenues au sujet de Togolais qui seraient dans la foule, lorsqu'un autre événement, celui-là plus grave, se produisit : l'incendie de Mina.
Le bilan a été lourd : plus de 400 morts,
— 266 brûlés hospitalisés
— 158 véhicules complètement détruits des milliers de tentes, des barraques de commerçants réduites en cendres.
La panique s’est emparée de tout le monde; le chemin direct et rapide vers La Mecque était coupé par les flammes. Il fallait repartir plus loin en arrière, au-delà des montagnes et atteindre plus bas une autre route conduisant vers La Mecque, où rester sur la montagne. Il n’y avait pas d'autres choix. L’armée de l’air invitait par haut-parleur les pèlerins à quitter leurs tentes et à aller à La Mecque. L’hôpital même était plein ; les cadavres jonchaient le sol.
Pourtant c’est pour éviter ces catastrophes que le rite de l’Arafat a été avancé de 24 heures.
Dans ce grave incendie, jamais déclaré à Médine de mémoire d’homme, beaucoup de pèlerins ont perdu leurs bagages, le gouvernement séoudien a décidé d’indemniser les victimes, à raison de 1,300 R.S. soit 75 000 F CFA, de rembourser intégralement les véhicules brûlés et de dédommager les familles des victimes.
Le 13e jour, le Hadj est terminé. Le pèlerin rentre à La Mecque, rend une dernière visite à la KAABA et fait une dernière circumambulation de la Sainte Maison, après quoi il fait ses prières et complète son Hadj. Ainsi, le pèlerinage est terminé.
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