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Le jeûne : quels effets sur le corps humain?
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- Collections
- Togo-Presse
- Titre
- Le jeûne : quels effets sur le corps humain?
- Créateur
- Moussouloumi Boukari
- Editeur
- Togo-Presse
- Date
- 19 octobre 2006
- Résumé
- Le jeûne du mois de ramadan tire à sa fin. C'est une période d'intenses activités religieuses au cours de laquelle certains fidèles musulmans perdent la santé à force de jeûner. Cependant, le Coran exempte les malades du devoir de jeûner, surtout si ce fait peut avoir des conséquences néfastes sur la santé. Pour mieux appréhender les effets du jeûne sur le corps humain, sur la santé mentale et les examens médicaux, le vice-président de l'Union musulmane du Togo, chargé de la santé, l'éducation et la jeunesse, le Pr. El Hadj Bouraïma Sopho Boukari, chirurgien, gynécologue, biologiste des hôpitaux, a exposé le 22 septembre dernier sur le thème « le jeûne et la santé ».
- Page(s)
- 7
- nombre de pages
- 1
- Couverture spatiale
- Togo
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0005831
- contenu
-
Le jeûne du mois de ramadan tire à sa fin. C'est une période d'intenses activités religieuses au cours de laquelle certains fidèles musulmans perdent la santé à force de jeûner. Cependant, le Coran exempte les malades du devoir de jeûner, surtout si ce fait peut avoir des conséquences néfastes sur la santé.
Pour mieux appréhender les effets du jeûne sur le corps humain, sur la santé mentale et les examens médicaux, le vice-président de l'Union musulmane du Togo, chargé de la santé, l'éducation et la jeunesse, le Pr. El Hadj Bouraïma Sopho Boukari, chirurgien, gynécologue, biologiste des hôpitaux, a exposé le 22 septembre dernier sur le thème « le jeûne et la santé ».
« La santé est un état de bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement à une absence de maladie ou d'infirmité. Le jeûne résulte de l'abstention de prise de nourriture, soit volontaire pour des raisons médicales, spirituelles ou politiques, soit par contrainte, par suite de privation ou de sous-alimentation pour des raisons socio-économiques, a déclaré le professeur dans son mot introductif.
Selon El Hadj Boukari, il y a plusieurs types de jeûne. Le jeûne religieux, politique et des raisons médicales. Il a expliqué que la religion juive recommande le jeûne au temps de « yom Kippour». Dans la religion chrétienne, le jeûne est une pratique courante où il est considéré comme un facteur de purification qui aide à rencontrer Dieu. Il consiste en une privation volontaire de certaines nourritures, de la viande essentiellement et est souvent associé à l’abstinence qui ne se résume pas, contrairement à une croyance courante, à la privation volontaire de relations sexuelles.
Dans le catholicisme « le jeûne et l'abstinence étaient demandés aux personnes souhaitant recevoir la communion et commençait dès la veille. Pendant la période de carême (les 40 jours qui précèdent Pâques), il est fortement recommandé, même si les obligations sont moins formelles qu'autrefois. Le vendredi a également été le jour de la semaine où l’on faisait systématiquement maigre, c'est-à-dire qu’on ne mangeait pas de viande, ce qui explique la tradition culinaire française de consommer du poisson ce jour-là », a laissé entendre El Hadj Boukari.
Selon lui, l'Islam recommande au croyant de respecter un jeûne, « le Saoum », pendant le mois de ramadan principalement et à d’autres dates, afin de développer sa spiritualité.
Le Pr. Boukari définit le jeûne en Islam comme le fait de renoncer, par piété au boire, au manger, aux relations sexuelles et à tout ce qui est considéré comme étant susceptible de rompre le jeûne depuis l’apparition de l'aube jusqu’au coucher du soleil. Selon lui, le jeûne est le quatrième pilier de l’Islam, un grand acte d’adoration, qu’Allah a rendu obligatoire. Il cite « la vache », sourat 2, verset 183 du Coran : « Observez le jeûne car, c'est ce que je vous ai prescrit à vous, tout comme ceux qui étaient avant vous, pour que vous deveniez les pieux ».
Le jeûne politique, appelé également jeûne de protestation ou grève de la faim est, semble-t-il, selon le Pr. Boukari, une invention de Gandhi. « Il est souvent utilisé par des réfugiés pour forcer l’obtention d’un permis de séjour et aussi pratiqué par des groupes désireux d’assurer une couverture médiatique à leurs idées ou de faire pression sur un gouvernement, une autorité », a-t-il précisé.
Du jeûne pour raisons médicales ou spirituelles, l’orateur a déclaré qu’il est connu depuis l’antiquité.
Il a expliqué qu'avant une anesthésie non urgente, le jeûne est nécessaire, en raison du risque de vomissement lors de l’induction de l’anesthésie, pouvant entraîner un passage du contenu gastrique dans les bronches, ayant pour conséquences le syndrome de Mendelson.
Après une intervention chirurgicale, le jeûne peut être indiqué, soit en raison d’un iléus digestif (paralysie intestinale) ou la nécessité de protéger les sutures digestives jusqu’à cicatrisation.
Les effets bénéfiques du jeûne
El Hadj Boukari a déclaré que, lorsqu’aucune nourriture n’est mangée, le besoin énergétique s’impose. Le corps cherche d’autres façons de s’approvisionner en énergie, telles que s’approprier le glucose dans le glycogène du foie, puis les acides gras des réserves adipeuses et enfin, il s’attaque aux protéines vitales des tissus humains.
Le corps, le cerveau et les tissus nerveux, a-t-il indiqué, ont besoin de glucose pour un métabolisme normal (en régime normal, le cerveau consomme environ 120 g de glucose par jour) et une fois le glucose transformé, le métabolisme du corps est donc en carence.
Pour conséquence biologique, le conférencier a précisé que le taux d’insuline diminue le jour pour augmenter le soir, tout comme la gastrine. Les globules blancs et les plaquettes ont une légère diminution et le PH gastrique voit sa moyenne diminuée, qui persistera un mois après le Ramadan.
Sur le plan de la digestion et de l’épuration, le professeur Boukari a souligné que l'abstinence de nourriture et de boisson, de l’aube jusqu’au coucher du soleil, permet de consumer les résidus alimentaires et d’éliminer les liquides superflus. Grâce au jeûne, l’appareil digestif peut enfin se reposer. Les sucs digestifs sont plus actifs et leur sécrétion plus abondante. A cela, s’ajoute l’élimination des tissus morts et inutiles. Il cite un médecin américain, le docteur Carlo, qui dit au sujet de l’intérêt du jeûne du mois de Ramadan : « l’abstinence annuelle de nourriture pendant une certaine durée est un impératif sanitaire et une obligation médicale, que l’on soit riche ou pauvre. Car, tant que les microbes trouvent dans le corps humain les aliments dont ils ont besoin, ils se développent et se multiplient. Grâce au jeûne, ils s’affaiblissent et meurent ».
Dans le domaine de l’hydratation, a poursuivi le professeur Boukari, le corps perd naturellement de l’eau en permanence, par la respiration, la transpiration, par les urines et par le tube digestif. « En temps normal, les apports couvrent les pertes, si ce n'est pas le cas, la soif nous rappelle à nos devoirs vis-à-vis de notre corps. Mais, lors du jeûne, il ne nous est pas possible de répondre à la soif en absorbant de l'eau. Le corps va alors s’adapter en réduisant les pertes. Les urines deviennent beaucoup plus concentrées et moins abondantes, le tube digestif récupère l ’eau des selles qui deviennent alors plus dures », a-t-il confié.
Il a précisé qu’une diminution du temps de sommeil de deux à quatre heures avec un sommeil court et fractionné est signalé, souvent en parallèle d’une diminution des performances cognitives et sportives étudiées pendant la journée.
Selon El Hadj Boukari, les musulmans tirent de multiples bienfaits thérapeutiques et spirituels depuis les ablutions jusqu’aux mouvements de la prière. « Nous effectuons des prières quotidiennes obligatoires « salat » et des prières volontaires « sunnah, nafl » tout au long de l'année, ceci permet de pratiquer un exercice physique modéré et particulier à chaque muscle de notre corps », a-t-il déclaré.
« Si quelqu'un a faim, ses organes seront moins susceptibles d’éprouver d’autres manques comme les désirs. Mais quand son estomac est plein, ses autres organes comme la langue, l’œil, sa main et d’autres parties intimes commencent à avoir faim. Jeûner conduit satan à la défaite », a indiqué le professeur Boukari, avant de préciser que le jeûne permet d’opérer un contrôle de ses sens et par là même de les protéger.
Jeûner est une activité qui permet à l’homme de dépasser sa nature humaine et se détacher de ses habitudes. Ceci entraîne aussi à s’habituer à être organisé et ponctuel, ce qui résoudrait le problème de beaucoup de personnes inconsciemment désorganisées. La prière de Tarawith, a ajouté le professeur Boukari, constitue un exercice idéal pour la relaxation. Ces prières combinent une activité musculaire répétitive par la répétition de la prière, la réduction de paroles de glorification d’Allah et d’invocations. Tarawith permet à l’esprit d’être en état de relaxation.
Examens médicaux et médicaments autorisés pendant le jeûne
Pour le professeur Boukari, les suppositoires introduits dans l’anus, les sondes vaginales ou le toucher rectal en vue d'un examen médical, les collyres, les gouttes destinées à l’oreille, le bain de l’oreille, les gouttes nasale, à condition de ne rien avaler, ne sont pas considérés comme des facteurs de rupture du jeûne de Ramadan. Il a ajouté que les comprimés à placer sous la langue pour soigner l’angine de poitrine et autres affections, le rinçage de la bouche, le gargarisme, l'usage d’un pulvérisateur pour soigner une affection buccale localisée, à condition de ne rien avaler, les piqûres curatives ou musculaire ou intramusculaires à l’exception des liquides et des injections nutritives, etc. ne rompent pas le jeûne.
Le professeur Boukari a également indiqué que l'injection de liquides physiques comme lors des rapports intimes, les vomissements, les menstrues et les choses qui impliquent de la matières qu’on insère comme la boisson ou de la nourriture, annulent le jeûne Il y a aussi le fait de prendre des médicaments et des comprimés oralement ou des piqûres qui contiennent des substances nutritives, mais aussi des transfusions sanguines, etc. Enfin, il convient, a-t-il précisé, que le médecin musulman conseil au malade d'attendre la rupture du jeûne pour effectuer ceux parmi les interventions susmentionnées dont le report ne lui porte aucun préjudice.
Le Coran exempte les malades du devoir de jeûne, si le fait de jeûner peut avoir des conséquences néfastes sur la santé de l’individu. Selon le professeur, d'un point de vue médical, le jeûne prolongé est formellement interdit aux malades. Il est dangereux, car il aggrave un éventuel déséquilibre métabolique. Les maladies chroniques, cardiovasculaire, rénales et hépatiques sont aggravées par le jeûne.
Pour conclure, El Hadj Boukari a conseillé d’adopter une alimentation équilibrée, bien s’hydrater dès la rupture et juste avant la reprise du jeûne. Il est recommandé de fractionner la rupture pour ne pas malmener son estomac et d'éviter les excès de sucres rapides et de graisses. Il a averti aux patients qu'ils doivent toujours et immédiatement rompre le jeûne en cas d'hypoglycémie, si leur glycémie passe sous les 0,7 g/l dans les premières heures ou si leur glycémie excède les 3 g/l Pour tout malade qui désire jeûner, une consultation avant, pendant et après le ramadan s’avère indispensable, car l’Islam impose le jeûne mais impose également de préserver sa santé.
Moussouloumi BOUKARI
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