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Prière du Ramadan : les 5 piliers de l'imam Sana
- Classe de ressource
- Article
- Collections
- L'Observateur Paalga
- Titre
- Prière du Ramadan : les 5 piliers de l'imam Sana
- Créateur
- Aboubacar Dermé
- Editeur
- L'Observateur Paalga
- Date
- 26 juillet 2017
- Résumé
- 8h10 au parking, certains s'affairent à garer leurs engins tandis que d'autres accourent à pied des quatre coins de la ville, individuellement ou en groupes. Les parqueurs se frottent les mains, car la recette du jour sera certainement bonne a vu l'étendue des motos. Cependant, l'un d'entre eux a eu maille à partir avec un vendeur de gâteaux : le casus belli est qu'il lui aurait été servi du «gâteau pourri».
- Sujet
- Ablassé Ouédraogo
- Aboubacar Sana
- Pluralisme religieux
- Mahamoudou Bandé
- Philippe Ouédraogo
- Hadj
- Prière
- Réconciliation
- Couverture spatiale
- Ouagadougou
- Langue
- Français
- Source
- L'Observateur Paalga
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0000508
- contenu
-
8h10 au parking, certains s'affairent à garer leurs engins tandis que d'autres accourent à pied des quatre coins de la ville, individuellement ou en groupes. Les parqueurs se frottent les mains, car la recette du jour sera certainement bonne a vu l'étendue des motos. Cependant, l'un d'entre eux a eu maille à partir avec un vendeur de gâteaux : le casus belli est qu'il lui aurait été servi du «gâteau pourri».
«Tu crois que je n'allais pas le savoir, il faut quitter les lieux sinon ça va mal se passer pour toi et on va remonter jusqu'à celui qui t'a envoyé vendre ces poisons. Comment vous pouvez être malhonnêtes à ce point et surtout en un jour spécial ?» a demandé l'infortuné. Il finira par jeter le reste du «bourmassa»1 à la figure du mis-en-cause, après l'avoir assailli d'invectives.
Celui-ci, bouche cousue, affichait l'air de celui qui n'a pas d'arguments solides pour assurer sa défense. Il s'est contenté de rediriger son pousse-pousse vers une autre destination sans doute pour aller faire d'autres victimes avec sa caisse bien pleine.
Passé cet épisode triste, l'aire de la prière devenait de plus en plus étroite, les fidèles musulmanes et musulmans l'investissant de toutes parts. Le matériel de sonorisation est mis à contribution pour des invocations, des louanges à Dieu, l'évocation de sa pureté, de son unicité et de sa grandeur. Les animateurs ont marqué par moments un arrêt pour inviter l'assistance à prendre place directement au lieu de faire un «nafila»2.
Il est fortement demandé à «ceux qui n'ont pas peur d'Allah» de garder leur position à l'issue de la prière au lieu de se confondre aux journalistes lors des interviews. Si cela a été relevé avec insistance, c'était pour limiter, voire enrayer, les vols de téléphones et d'autres objets qui ont été déclarés les années antérieures.
8h 24, l'on note l'arrivée du Cheick Mamoudou Bandé, un des ulémas. Il est accompagné de ses collaborateurs avec leurs mégaphones. Ce fut aussitôt les salutations, les accolades tout en formulant des bénédictions pour plus de santé et de bonheur. 20 minutes plus tard, les premiers coups de fusil émanent du palais royal : la preuve que l'arrivée du Mogho Naaba sur les lieux n'est plus qu'une question de minutes.
Dans la foulée, se sont présentés tour à tour les ministres Tahïrou Barry, Alpha Barry et le responsable d'un parti politique, Ablassé Ouédraogo de «Le Faso Autrement». Le président du Conseil constitutionnel, Kassoum Kambou, a aussi fait les salutations d'usage avant de s'installer. Au rang des personnalités figurait également le chef d'état-major général des armées, le général Oumarou Sadou. Les représentants des autres confessions religieuses, comme d'habitude, ont également leur place à l'avant, à quelques mètres de la tribune de l'imam.
A 8h 57, l'empereur des Mossé fait son entrée, escorté par des cavaliers, des batteurs de tam-tams et les porteurs de gourdins. L'assistance s'est tenue debout et il ne restait plus que le grand iman de Ouagadougou pour commencer la prière. A peine 2 minutes après, celui-ci est descendu de son véhicule avec d'autres guides. Le rassemblement est automatiquement sonné et les deux rakkats surérogatoires marquant la fin du ramadan peuvent débuter.
Ce qui est ressorti du sermon de l'imam
Environ 10 minutes ont suffi à el hadj Aboubacar Sana pour exécuter les deux rakkats rythmés de récitations du Coran, de génuflexions et de prosternations. Il s'est ensuite présenté sur son «minbar»3 pour le sermon. Le grand imam a bâti son intervention sur cinq points :
il a, d'abord, remercié Allah pour avoir atteint ce jour béni à la communauté musulmane, après 29 ou 30 jours de jeûne. Un mois au cours duquel la solidarité, le partage entre musulmans et non-musulmans se sont manifestés. « Puisse le Très-Haut agréer nos prières obligatoires, nos nafila et notre aumône de fin du jeûne. Les actes de piété et d'adoration qui ont été posés pendant le mois du ramadan doivent être perpétués. Je vous exhorte, moi-même y compris, à demeurer dans la croyance et à redoubler d'effort», a dit l'imam ; ensuite, il a indiqué que les jours de fête sont instaurés pour boire et manger à satiété, mais que les fidèles ne doivent pas faire dans l'exagération.
«Nous devons penser aussi à tous ceux et à toutes celles qui ont prié avec nous l'année dernière et qui ne sont plus de ce monde. C'est la preuve que la vie d'ici-bas est éphémère, le musulman doit avoir en permanence dans ses pensées une évaluation de ses actes et projeter ce que lui-même veut bâtir pour l'au-delà », a-t-il ajouté.
L'imam Sana a remercié le Mogho Naba et le Cardinal Philippe Ouédraogo, en tant qu'hommes qui se battent au quotidien pour la paix au Faso et la coexistence pacifique entre les religions. Il leur a formulé une litanie de bénédictions de santé, de longévité et a, d'une manière générale, souhaité paix et prospérité à l'ensemble des Burkinabè. En sus, le guide spirituel a prôné la justice, l'équité entre les hommes pour une vie meilleure.
«Si dans un pays, vous avez la justice, des dirigeants exemplaires, des riches qui manifestent de la générosité envers les pauvres, la vie sur terre est profitable. Au contraire, s'il y a l'injustice, la calomnie, l'oppression, des riches qui ne veulent pas venir en aide aux pauvres et que vous avez laissé la gestion de vos affaires dans les mains des femmes, la vie sous terre est meilleure», a enseigné le guide spirituel.
Il a relevé que la tendance actuelle est à l'égalité des genres alors qu'Allah à créer l'homme supérieur à la femme. «Pour montrer cette inégalité, Dieu exhorte ses fidèles à sacrifier deux moutons à la naissance d'un garçon et un seul s'il s'agit d'une fille, et il y a d'autres cas de figures qui témoignent de cette inégalité. », a-t-il argué.
L'imam Aboubacar Sana a finalement fait observer à l'assistance qu'il existe 6 jours de jeûne dans ce nouveau mois et que les accomplir équivaut à une année mise à profit pour jeûner quotidiennement.
Aboubacar Dermé
Encadré
Quelques réactions à l'issue de la prière
Le Mogho Naaba Baongho, empereur des Mossé
«Je remercie toute la communauté musulmane, les catholiques et les protestants qui ont fait le déplacement pour célébrer la fin du ramadan. Je leur souhaite la longévité à nous tous pour qu'on se retrouve en ces lieux l'année prochaine encore. Concernant la saison pluvieuse, nous demandons à Dieu des pluies bienfaisantes afin que les récoltes soient bonnes. Quant aux politiques, je les exhorte au pardon, à travailler pour l'intérêt de l'ensemble des Burkinabè ».
Alpha Barry, ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des Burkinabè de l'étranger
«C'est un moment de prière, d'invocations pour la paix dans notre pays. C'est aussi un moment de partage. Au peuple burkinabè je lance un appel à œuvrer à la paix, à la sécurité et à plus d'entente nationale pour la réconciliation. Nous devons être unis pour faire face aux multiples défis, car c'est ainsi que nous réussirons».
El hadj Hatimi Démé, vice-président de la Communauté musulmane
«Je demande aux Burkinabè de se pardonner et de dialoguer. Notre pays traverse aussi des difficultés sur le plan sécuritaire, nous prions pour qu'Allah, par ses grâces, nous permette de demeurer dans la paix».
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