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Polémique autour de la mise en place d'une police islamique à Pouytenga : « Il n'y a pas de vérité en religion, mais des vérités », dixit Iman Alidou Ilboudo
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- Titre
- Polémique autour de la mise en place d'une police islamique à Pouytenga : « Il n'y a pas de vérité en religion, mais des vérités », dixit Iman Alidou Ilboudo
- Créateur
- Alidou Ilboudo
- Editeur
- Le Pays
- Date
- 28 mars 2018
- Résumé
- Ceci est une tribune de l'Imam Alidou Ilboudo sur la création du groupe « Sécurité islamique » à Pouytenga. Nous vous la proposons pour lecture.
- Sujet
- Alidou Ilboudo
- Catholiques
- Pluralisme religieux
- Jeunesse Étudiante Catholique (Burkina Faso)
- Sécurité islamique Pouytenga
- Hadith
- Langue
- Français
- Source
- Le Pays
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0000415
- contenu
-
Ceci est une tribune de l'Imam Alidou Ilboudo sur la création du groupe « Sécurité islamique » à Pouytenga. Nous vous la proposons pour lecture.
Le principe de Miss Marple, l'héroïne de Agatha Christie, est de dire que « la nature humaine est partout la même». Alors, ayant étudié les comportements des quelques habitants de son village, elle fait des transpositions sur toute affaire qu'on lui expose et arrive à démêler les crimes les plus complexes. Ainsi donc, la nature humaine est partout la même: ce qui est arrivé ailleurs, comme par exemple en Centrafrique, au Nigeria, où des personnes de religions différentes s'affrontent, peut arriver ici, dans notre Burkina Faso. Je n'ai pas dit que les causes seront religieuses, mais nous ne sommes pas plus intelligents que les Centrafricains ou les Nigérians; et eux non plus ne sont pas plus bêtes que nous. Nous sommes de simples humains, capables d'actes sublimes mais aussi perméables au mal. Comme eux, la nature humaine étant la même partout, nous sommes malléables à souhait, exploitables à volonté par des individus aux desseins inavoués et inavouables.Dans le cadre de mon séjour aux Etats-Unis pour le programme «Dialogue, diversité et multiculturalisme», j'ai soutenu dans toutes les rencontres que le Burkina Faso est suffisamment fort pour éviter un conflit religieux. J'y crois toujours, comme fer. De petites bisbilles peuvent apparaître, mais on se comprendra. J'avoue que la situation, ces deux semaines, est assez trouble, mais je crois qu'il n'y a pas matière à inquiétude. J'avoue qu'il y a partout et en tout temps des écervelés qui en font à leur tête, mais il s'en trouvera de lucides pour les remettre à leur place.Pour ce qui est de la communauté islamique, mon combat est toujours clair: la religion doit toujours être dans le sens d'ajouter de la bonté à la vie, et non de dominer. La foi doit améliorer mon comportement avec autrui et non l'aliéner. J'ai été militant depuis mes 13 ans, et depuis ce temps au lycée comme dans la vie active, je n'ai pas eu de problèmes avec mes interlocuteurs. A l'école primaire, mes meilleurs amis étaient les fils du pasteur et du cathéchiste: Dieudonné et Samuel. Aujourd'hui, Samuel est décédé (RIP), mais Dieudonné vit. Georges Rouamba peut témoigner. A l'ENEP, c'était Augustin (JEC) et Joël (GB).J'ai trouvé en ces dialogues, que nous disons la même chose et que tout est fait pour qu'on se comprenne. Je ne parle pas de la tradition, car mon père était le grand frère du chef et actuellement, c'est un cousin, musulman, qui est sur «le trône». Il a même remplacé la fête annuelle par «le douaga» du chef de Tanlarghin. A la prochaine, Sa Romance Emile Lalsaga et moi, allons vous y inviter. Malheureusement, malheureusement, sur ces questions de vivre-ensemble, on en discute beaucoup plus à l'extérieur qu'à l'intérieur. Le dialogue intrareligieux manque chez nous musulmans.
1-Avant de construire des ponts, consolidons les rives. Il faut qu'on se parle souvent à l'interne pour élever le niveau de compréhension de tous.
2- Il n'y a pas de vérité en religion, mais des vérités. Et ce, jusqu'à la fin des temps.
3-J'ai dit cette phrase et je la répète: le musulman doit respecter la volonté de Dieu qui a fait les gens de fois différentes.
4- La séparation religieuse ailleurs que certains envient, est une incapacité de vivre ensemble, pas une réussite.
5- Eloignons les religions du pouvoir: que celui qui veut être conseiller, député, président, qu'il rejoigne un parti politique, pas « une chapelle ».
6- Où se trouve le modèle de gestion religieuse de l'Etat que certains envient ? «Les dictatures à ciel ouvert? ». Non. Merci.
Je confesse ici que je n'ai cité ni le Coran ni un hadith. «J'ai suivi ma passion». Ce n'est plus la peine de me le dire. Bonne journée et vive le Burkina que nous ont légué nos pères!
Imam Alidou ILBOUDO