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Mise en place d'une « police islamique » à Pouytenga : l'Etat doit y mettre fin ici et maintenant
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- Titre
- Mise en place d'une « police islamique » à Pouytenga : l'Etat doit y mettre fin ici et maintenant
- Editeur
- Le Pays
- Date
- 26 mars 2018
- Résumé
- L'actualité nationale est marquée, ces derniers temps, par la mise en place, entre autres, d'une « police islamique » à Pouytenga. En effet, l'association Nachroul du mouvement sunnite de Pouytenga, a organisé, le 20 mars dernier, sur la place Naaba Bougoum de cette localité, une séance d'enseignement islamique. A cette occasion, la sécurité de la cérémonie a été assurée par des éléments habillés en uniforme assorti d'un béret bleu et de ceinturons flambant neufs. Les Burkinabè épris de paix ont perdu leur latin, à la vue de ces images. Et cette réaction est tout à fait légitime. Car, c'est la première fois qu'ils assistent à un tel phénomène. Jusque-là, ils ont été coutumiers de la présence de services d'ordre dans les enceintes religieuses, à l'occasion des cultes et autres cérémonies. Mais cette fois-ci, les choses ont pris une tournure au point que l'on peut craindre, si l'on n'y prend garde, la revendication de la gestion de la sécurité dans la cité par les confessions religieuses.
- Sujet
- Association Islamique Nachroul islam de Pouytenga
- Pluralisme religieux
- Ibrahim Malam Dicko
- Koglweogo
- Laïcité
- Sécurité islamique Pouytenga
- Mouvement Sunnite du Burkina Faso
- Terrorisme
- Radicalisation
- Extrémisme
- Couverture spatiale
- Pouytenga
- Langue
- Français
- Source
- Le Pays
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0000385
- contenu
-
L'actualité nationale est marquée, ces derniers temps, par la mise en place, entre autres, d'une « police islamique » à Pouytenga. En effet, l'association Nachroul du mouvement sunnite de Pouytenga, a organisé, le 20 mars dernier, sur la place Naaba Bougoum de cette localité, une séance d'enseignement islamique. A cette occasion, la sécurité de la cérémonie a été assurée par des éléments habillés en uniforme assorti d'un béret bleu et de ceinturons flambant neufs. Les Burkinabè épris de paix ont perdu leur latin, à la vue de ces images. Et cette réaction est tout à fait légitime. Car, c'est la première fois qu'ils assistent à un tel phénomène. Jusque-là, ils ont été coutumiers de la présence de services d'ordre dans les enceintes religieuses, à l'occasion des cultes et autres cérémonies. Mais cette fois-ci, les choses ont pris une tournure au point que l'on peut craindre, si l'on n'y prend garde, la revendication de la gestion de la sécurité dans la cité par les confessions religieuses. C'est pourquoi, face à la mise en place de cette « police islamique », il convient de parler le langage de la République et des valeurs qui l'accompagnent. La première d'entre elles est que la sécurité des biens et des personnes est une prérogative de l'Etat et de ses démembrements. Et cette prérogative ne peut être marchandée sans courir le risque de voir la République voler en éclats. Ce risque est encore plus grand, lorsque ce sont des structures religieuses, comme ce fut le cas à Pouytenga, qui se positionnent pour jouer le rôle en mettant en place une force formalisée. Et ce qui est davantage préoccupant, c'est que l'on remarque la présence de mineurs au sein de cette « force islamique » qui s'est déployée le 20 mars dernier sur la place Naaba Bougoum de Pouytenga. La deuxième et dernière grande valeur de la République qui prend un grand coup avec la mise en place de cette « police islamique », est incontestablement le principe de la laïcité de l'Etat. Car, dernière « la police islamique » pourrait se profiler à l'horizon la mise en place d'une Justice islamique.
L'Etat doit agir avant qu'il ne soit trop tard
Franchement, les Burkinabè ont des raisons d'avoir peur de ce scénario-catastrophe potentiellement dangereux pour la cohésion sociale et le vivre-ensemble. Et ce scénario-catastrophe est d'autant plus à redouter que tout le monde a été déjà témoin des drames qui ont été commis à Tombouctou et à Gao aux premières heures de l'occupation terroriste, sous le couvert de l'application de la sécurité islamique. A l'origine de ces drames, il y avait une police islamique. Le souvenir de cette structure hante encore la nuit des Maliens et des Maliennes parce que le peu de temps pendant lequel elle a sévi, a laissé des traces indélébiles. Cette page horrible de l'histoire du Mali impose que chez nous, les autorités arrêtent les choses ici et maintenant, avant qu'elles ne se métastasent. C'est un impératif catégorique. Toute autre attitude serait une compromission qui pourrait coûter cher tôt au tard. Car, ce genre de « police islamique » est l'antichambre des dérives qui mettent à mal les fondements de la laïcité et de la République. Son caractère de bombe latente ne fait l'ombre d'aucun doute. Car, les forces obscures, déjà ambiantes dans notre pays, n'hésiteront pas à délier les cordons de la bourse pour lui permettre d'avoir les moyens de sa politique. Aujourd'hui, elle arbore fièrement un uniforme. Dans un avenir proche, rien ne nous dit que cette force ne montera pas en puissance en se dotant d'armes de guerre. En tout cas, ce ne sont pas les mécènes et autres bailleurs de fonds qui feront défaut. L'histoire nous révèle que ces genres d'initiatives préparent des lendemains qui charrient des larmes et du sang. D'ailleurs, l'on peut avoir du mal, dans une République, à définir le domaine de définition d'une « police islamique ». En effet, où commence-t-elle ? Où s'arrête-t-elle ? Sur qui doit-elle exercer sa compétence ? Toutes ces questions sont de nature à susciter la frayeur chez les Burkinabè. L'Etat doit donc prendre toutes ses responsabilités pendant que les choses peuvent être tirées au clair dans la sérénité. Et la meilleure des réponses n'est certainement pas de dire, comme c'est le cas aujourd'hui, qu'il suit au quotidien l'évolution des choses de sorte à éviter des dérives. Car, c'est la même chanson qui avait été servie aux Burkinabè à l'avènement du phénomène des Koglwéogo. Aujourd'hui, le monstre a grandi au point qu'il peut se permettre, par endroits, de défier l'autorité de l'Etat. C'est le même laxisme qui a été observé à l'endroit de Malam Dicko au début de ses prêches extrémistes au Sahel. Pour que « cette police islamique » ne connaisse pas le même cycle de croissance, c'est maintenant que l'Etat doit agir avant qu'il ne soit trop tard. S'il ne le fait pas, l'on peut parier que toutes les confessions religieuses, révélées ou pas, se mettront dans la danse. Avec la mise en place d'une « Police islamique » à Pouytenga, l'on peut considérer que l'Etat, par son laxisme, a permis au fantôme d'entrer dans la case. Il lui revient donc de tout faire pour l'en déloger. Et le plus vite serait le mieux. Et tout cas, l'heure n'est plus aux hésitations.
Sidzabda