Oummah : Cheick Aboubacar Doukouré confiant

Titre

Oummah : Cheick Aboubacar Doukouré confiant

Créateur

Cheick Beldh'or Sigue

Editeur

Le Pays

Date

21 mars 2008

Résumé

Dakar — Présent à Dakar à l'occasion du 11e sommet de l'Organisation de la Conférence islamique (OCI), où il était membre de la délégation burkinabè, Cheick Aboubacar Doukouré livre ses impressions sur certains sujets évoqués au cours de la conférence au sommet.

Sujet

Aboubacar Doukouré

Banque Islamique de Développement

Coopération arabe

Organisation de la Coopération Islamique

Pauvreté

Réconciliation

Couverture spatiale

Arabie saoudite

Israël

Palestine

Koweït

Droits

Langue

Français

Contributeur

Frédérick Madore

Identifiant

iwac-article-0000332

contenu

Dakar — Présent à Dakar à l'occasion du 11e sommet de l'Organisation de la Conférence islamique (OCI), où il était membre de la délégation burkinabè, Cheick Aboubacar Doukouré livre ses impressions sur certains sujets évoqués au cours de la conférence au sommet.

Quelles sont vos attentes du sommet ?

Je suis heureux, en tant qu'Africain, de participer à ce sommet qui se tient, pour la deuxième fois, au Sénégal (après celui de 1991). J'espère que ce sommet sera parmi les meilleurs. Je constate une présence massive de chefs d'Etat, ce qui, en soit, constitue déjà un succès. Tous les pays africains membres de l'Organisation, sauf quelques-uns, comme le Cameroun, sont présents à Dakar. Le nombre des Etats présents peut donner une idée de la tolérance qui pourrait être pratiquée entre ces pays. En dehors de l'aspect tolérance, il faut dire que les Etats membres de l'OCI cultivent des liens de solidarité. A preuve, la BID (Banque islamique de développement) a beaucoup fait pour les pays membres, les pays pauvres en l'occurrence, en termes d'actions de développement. Même certains pays qui ne sont pas membres de l'Organisation bénéficient du soutien de la banque.

Quelle est votre réaction face à l'islamophobie qui prend des proportions inquiétantes dans le monde ?

L'islam est une religion de tolérance. C'est d'ailleurs pourquoi quand un musulman rencontre un autre musulman, il a le devoir de dire "assalam aleikum", c'est-à-dire que la paix soit avec toi. Une façon de souhaiter à son interlocuteur que rien de mal ne lui arrive. L'islam prône la justice. La justice avec tout le monde, y compris avec ses ennemis. Autrement dit, le musulman doit se garder de faire du mal. La justice suppose que chacun respecte les droits de l'autre, n'offense pas l'autre. Comment alors le musulman peut-il comprendre que certains s'attaquent à sa religion et prônent le choc des civilisations ? Cela ne sert ni les sociétés, ni l'humanité. Les civilisations doivent se compléter et non s'entre-déchirer. Il est clair qu'en travaillant ensemble, on s'éduque, on échange dans tous les domaines, économiques, culturels, spirituels. Mais rien de tout cela ne sera possible sans tolérance, sans compréhension de l'autre.

L'OCI entend mobiliser dix milliards de dollars pour financer la lutte contre la pauvreté au sein de la Oummah. Mais ce fonds (Fonds de solidarité islamique pour le développement) tarde à être constitué. Qu'en pensez-vous ?

C'est déjà bien que quelque 2 milliards de dollars aient pu être réunis à ce jour. Je crois que l'existence même de ce fonds constitue déjà un premier pas. Beaucoup de pays ont promis de participer à la mise en place de ce fonds. L'Arabie saoudite a déjà versé un milliard de dollars, le Koweït 300 millions, en plus des contributions d'autres Etats membres de l'OCI. Je pense qu'avec le temps, on arrivera à mobiliser les fonds nécessaires au financement de ce projet. Cela dit, tous les pays du monde ont des problèmes. Même les pays riches. Le fait que ces fonds n'ont pas été totalement mobilisés n'est pas synonyme de manque de volonté. Chaque pays préfère d'abord régler ses problèmes avant de s'occuper de ceux des autres.

Croyez-vous que le président sénégalais Abdoulaye Wade, qui offre ses bons offices pour une réconciliation entre la Palestine et Israël, parviendra à réconcilier les deux peuples ?

Il ne peut y avoir de paix dans la région sans une réelle volonté des deux peuples d'aller à la paix. On ne peut aboutir à une entente tant qu'ils ne partageront pas les mêmes visions de paix. Evidemment, toute tentative de réconciliation entre Palestiniens et Israéliens est toujours la bienvenue. Mais une chose est certaine, on n'aboutira pas à la paix sans justice et sans sacrifice. Et pour la paix, il est essentiel de savoir qu'on ne peut pas toujours attendre tout de l'autre, sans jamais rien vouloir concéder. Chaque camp a des revendications, et il s'agit de toujours trouver des compromis.