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Organisation du hadj : la laïcité écornée
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- Titre
- Organisation du hadj : la laïcité écornée
- Editeur
- Le Pays
- Date
- 15 janvier 2014
- Résumé
- Les premiers pèlerins burkinabè s'envolent bientôt pour La Mecque afin d'y accomplir le Hadj, cinquième pilier de l'islam.
- Sujet
- Association des Démarcheurs du Burkina pour le Pèlerinage
- Laïcité
- Hadj
- Commission Nationale d'Organisation du Pèlerinage à La Mecque
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0000297
- contenu
-
Les premiers pèlerins burkinabè s'envolent bientôt pour La Mecque afin d'y accomplir le Hadj, cinquième pilier de l'islam.
C'est un moment important,voire sacré dans la vie de tout musulman qui en a les moyens.
La Commission nationale d'organisation du pèlerinage à La Mecque (CNOPM) s'active pour que tout se déroule dans de bonnes conditions. L'année passée, l'organisation du pèlerinage avait connu beaucoup de problèmes que la Commission voudrait désormais éviter. Mais au-delà des difficultés inhérentes à toute organisation de la taille d'un Hadj, il se pose, avec acuité, la question de la paternité de l'organisation du pèlerinage par l'Etat. La communauté musulmane a assisté, indignée, à la guéguerre qui a opposé le gouvernement à l'association des démarcheurs qui entendait convoyer, parallèlement à la Commission nationale, des pèlerins sur les lieux saints de l'Islam.
L'association a été dissoute et la commission nationale reste seul maître à bord. Cette guerre larvée est révélatrice des énormes enjeux qui entourent l'organisation du Hadj. Les démarcheurs estiment-ils ne pas être assez rétribués pour leur travail? On peut le croire. Mais il reste que tous ceux qui gravitent actuellement autour du Hadj ne le font pas seulement par dévouement religieux. On se rappelle encore la bataille qui avait opposé à l'époque le ministère des Affaires étrangères à celui de l'Administration territoriale pour la gestion du Hadj.
L'Administration territoriale sortira finalement vainqueur de ce jeu d'intérêts.
Si aujourd'hui Etat et démarcheurs se bousculent pour l'organisation du hadj, c'est essentiellement parce que le pèlerinage représente d'énormes enjeux sociaux, économiques et même politiques. Le spirituel, fondement même du déplacement à La Mecque, semble relégué au second plan par certains acteurs. Dans ces conditions, on comprend pourquoi certaines personnes ne veulent pas lâcher le morceau. Quoi qu'il en soit, les associations musulmanes souhaitent de plus en plus que l'Etat soit moins présent dans l'organisation du Hadj. C'est vrai que par le passé, ces structures privées ne se sont pas toujours montrées à la hauteur de la tâche, obligeant l'Etat à reprendre les choses en mains. Mais la gestion du Hadj par la commission nationale n'est pas non plus exempte de tout reproche, loin s'en faut. Il faut donc trouver un compromis entre l'Etat et la communauté musulmane. Le gouvernement pourrait par exemple s'occuper des questions administratives (visas, vaccins) et des problèmes de sécurité et laisser la gestion pratique du pèlerinage aux associations et agences de voyages. Cette concession ne doit en aucun cas être synonyme de désengagement total de l'Etat. Le gouvernement devrait continuer à jouer son rôle de garant de l'interêt général en exerçant un contrôle accru sur ces associations. Celles qui ne respecteraient pas ce que l'on pourrait appeler " la feuille de route du pèlerin" se verraient retirer purement et simplement leur licence d'exercer. Cette gestion concertée aura au moins le mérite de faire jouer à fond la concurrence. Le prix actuellement en vigueur, près de 1 350 000 F CFA , est l'un des plus élevés de la sous-région. Les démarcheurs avaient proposé environ 1 250 000 F CFA. C'était déjà près de 100 000 F CFA de gagné pour le pèlerin. L'initiative privée que l'Etat encourage tant doit s'étendre à la gestion du hadj. Par ailleurs, la situation actuelle remet en cause le caractère laïc de l'Etat et infantilise les organisations islamiques. Près d'une décennie après son avèvement, la CNOPM aurait pu assainir le milieu du Hadj et passer le relais aux musulmans. En continuant d'organiser le pèlerinage à la place de la communauté musulmane, l'Etat ne contribue pas à la maturité des organisations de la société civile incarnées, ici, par la Oumma islamique.