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Révélations sur l'affaire du Mouvement Sunnite
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- Titre
- Révélations sur l'affaire du Mouvement Sunnite
- Créateur
- El Hadj Sawadogo Abdoul Karim
- Editeur
- Le Pays
- Date
- 10 septembre 2002
- Résumé
- Qu'Allah le miséricordieux, le Tout miséricordieux nous pardonne et nous assiste. Le Prophète Mohamed, que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur lui, dit : "les actions ne valent que par l'intention qui les précédent".
- Sujet
- Idrissa Semdé
- Maurice Yaméogo
- Mouvement Sunnite (crises internes)
- Oumarou Kanazoé
- Hadj
- Sayouba Ouédraogo
- Souleymane Ouédraogo
- Mouvement Sunnite du Burkina Faso
- Démocratie
- Sunnah
- Réconciliation
- Couverture spatiale
- Bobo-Dioulasso
- Boromo
- Ouagadougou
- Ziniaré
- Manga
- Arabie saoudite
- Grande Mosquée Sunnite de Ouagadougou
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0000181
- contenu
-
Qu'Allah le miséricordieux, le Tout miséricordieux nous pardonne et nous assiste. Le Prophète Mohamed, que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur lui, dit : "les actions ne valent que par l'intention qui les précédent".
Il n'est de moi ni l'intention d'exhiber au public à titre d'orgueil, les actions pieuses exécuter exclusivement pour Allah le miséricordieux, ni d'octroyer à autrui un mérite indu.
Je suis tout simplement animé par la volonté de participer à la manifestation de la vérité sur l'affaire du Mouvement Sunnite du Burkina. En faisant un bref aperçu historique de sa crise, j'espère que cela va contribuer à éclairer la lanterne de l'opinion publique sur les évènements qui ont concouru à cette malheureuse situation.
Je suis El Hadj Abdoul Karim Sawadogo Adjoint Administratif des communes à la retraite un des témoins oculaires ayant vécu de bout en bout les péripéties de la venue de la Sunna du Prophète Mohamed dans notre pays (que la paix d'Allah soit sur lui). Ils étaient des pionniers qui, inlassablement, contre vents et marées ont développé et véhiculé le dogme de la Sunna en tant que pratique religieuse islamique. Beaucoup d'entre eux ne sont plus de ce monde. Cependant, il y a un survivant et pas des moindres, c'est celui qui après sont rapatriement dans le pays par les autorités religieuses de l'Arabie Saoudite a sensibilisé et mobilisé les adeptes jusqu'à la création de l'association religieuse Mouvement Sunnite du Burkina. J'ai nommé El Hadj OUEDRAOGO Sayouba, maître coranique, grand Imam du Mouvement Sunnite du Burkina membre fondateur.
Je souhaite et j'espère que tous les musulmans, en particulier mes frères des autres associations islamiques me comprendront. Je suis dans la situation de faire le moindre mal pour un grand bien. Je m'excuse d'avance sur les différents désagréments que mon récit pourrait causer.
Cette démarche obéit aussi au droit de réponse que j'ai par rapport à la désinformation qui prévaut suite à la malheureuse rixe fratricide survenue le mercredi 17/07/2002 dans la mosquée centrale des Sunnites à Zangouettin et qui fait la UNE des journaux de la place.
Il y a lieu aussi de se rappeler la sonnette d'alarme que les fidèles ont publié dans le journal "Le Pays" dans le mois de novembre pour dénoncer un congrès d'exclusion que l'autre tendance du Mouvement Sunnite a tenu sur fond de protestation à Ziniaré. C'est la conséquence de la légèreté avec laquelle le MATD a géré le problème.
Génèse
Les années 60. C'étaient des étudiants voltaïques à l'époque partis en Arabie Saoudite étudier l'Islam à la source. Pour le cas de l'Imam Sayouba Ouédraogo son pèlerinage s'est effectué dans des conditions exceptionnelles. Souvent à pied ou par des moyens de fortunes et de pays en pays. En plus du pèlerinage qui est un devoir religieux, son objectif était d'étudier les préceptes de l'islam à la Mecque. Il s'est joint à la colonie voltaïque d'alors sur place. Après plusieurs années d'études, les étudiants sans bourses qu'ils étaient avaient sollicité leur rapatriement au pays. La demande fut adressée à notre ambassadeur itinérant. Son excellence, le Président Maurice YAMEOGO a affrété un avion accompagné d'un convoyeur du nom de Moussa Manga en vue de ramener les compatriotes au pays.
Son désir de rentrer au pays était motivé par le fait qu'ils étaient en fin d'études, et ils avaient été désignés par les autorités religieuses pour propager l'Islam en Afrique, chacun dans son pays d'origine sous l'égide de la ligue mondiale Islamique. Précisément la sunna du Prophète Mohamed (que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur lui). Une fois rentrés avec la mission d'approfondir les pratiques, le comportement et la fois Islamique, ils avaient débuté leurs prêches dans la grande mosquée de Ouagadougou.
C'étaient des prêches de sensibilisation qui se faisaient après les heures des prières surtout celles des vendredis. Beaucoup de fidèles étaient intéressés. Ils étaient trois frères qui, assidûment, se rendaient à la mosquée et livraient leurs messages. La renommée de ces nouveaux venus gagnait du terrain et suscitait un engouement à l'endroit des musulmans. Les prêches qui mettaient à nu certaines dispositions que leurs prédécesseurs avaient judicieusement laissé exister, dans le but de pouvoir sensibiliser la population à embrasser l'Islam, dérangeait le clergé. Un malaise commençait à planer dans le milieu. La situation les a amenés à se retirer sous un arbre en dehors de la mosquée précisément à l'emplacement de l'actuel ciné Burkina. C'est depuis cette époque, dans les environs de1963, que les activités pour la sensibilisation et la vulgarisation de la Sunna ont débuté. Le cercle se faisait de plus en plus grand. Les prêcheurs s'étaient investis au cours de leurs études à s'instruire profondément sur l'Islam, la sunna et les techniques des prêches, les prières, les discours faisaient la satisfaction des fidèles. Tous écoutaient avec un sérieux intérêt. Le groupe n'avait pas de mosquée. Les prières de vendredi se faisaient à tour de rôle chez un frère. L'effectif des adhérents avoisinait les deux dizaines de fidèles.
Parallèlement à cette avancée cautionnée par les quelques fidèles qui soutenaient le mouvement, la persécution de la part des autres associations hostiles à l'action se faisait de plus pressante. Des attaques continuaient de leur parvenir jusqu'à l'endroit où ils s'étaient retirés. Finalement, ils avaient été obligés de quitter la place du ciné Burkina pour se rendre au domicile d'un second frère au secteur 6 ex- Kamsaonghin. Malgré les multiples menaces et intimidations dont le frère a été l'objet, ce dernier encourageait le groupe à rester et à continuer l'oeuvre. La-bas aussi, la pression était devenue intenable à la longue. Une fois encore, le groupe avait été contraint de quitter les lieux. Ils s'était réfugies à Tanghin dans un quartier non loti chez un autre frère. ils n'avaient pas fini avec les problèmes pour autant. Tantôt externe, tantôt interne dû au fait que d'une part, la profondeur dans laquelle, ils présentaient l'Islam déplaisait. Il y avait une remise en cause sérieuse des habitudes des musulmans et d'autre part, les séquelles des anciennes pratiques non conformes au dogme résidaient encore chez certains d'entre nous. Toutes ces pratiques condamnées par l'Islam doivent être bannies. Des frères venus de Bobo avaient offert leur bons offices pour ramener la religion à ses fondements. Il y avait parmi les maîtres, des Imams qui n'étaient pas à mesure de faire un prône suivi de sa traduction en moré. Tandis que pour l'Imam Sayouba OUEDRAOGO, cela était chose aisée. Il était donc devenu, le principal Imam de vendredi de l'organisation en gestation.
Durant tout ce temps, la lecture du Coran avec ses explications (le Taphsir) qui se disent pendant le mois de ramadan, les prières ordinaires par jour, les zikrs étaient célébrés sous cet arbre au ciné Burkina que nous avions rejoint suite à un désaccord qui nous a fait quitter le domicile du frère. La cour du frère BANDE Ahmed chez qui nous célébrions les prières de vendredi ne suffisait plus à contenir les fidèles. Nous étions également exposés à divers dangers sous l'arbre de refuge en question. Nous avons alors eu l'idée de nous trouver un terrain propre à nous dans le centre-ville. Ainsi dit, des quêtes, des subventions, des cotisations ont été entreprises. La collecte d'une certaine somme d'argent nous a permis d'acheter une portion du terrain de notre actuelle mosquée à Zangouettin d'un montant de 300 000F. Ensuite, une autre partie plus grande, que nous avons pu acheter, a permis d'agrandir l'espace. Il a coûté 2 000 000 F. Après les travaux de terrassement et de déblaiement, nous avons érigé un hangar à la place pour nous servir de Mosquée.
Malgré cette autonomie plus ou moins acquise, nous n'étions toujours pas à l'abri des problèmes. Nous étions l'objet de calomnies diverses avec les populations riveraines. Nous avions aussi adressé une demande d'aide pour la construction d'une mosquée auprès du roi FAICAL d 'Arabie Saoudite. Bien que la lettre fût favorable, nous avions eu maille à partir avec les autorités pour cause de calomnies. C'était au temps du Ministre SOME Yorian Gabriel. Ce dernier ayant eu vent de nos problèmes, organisa une concertation entre son département et nous. L'occasion nous a été donnée pour dire tout notre mécontentement face à toutes ces calomnies, ces pressions et ces intimidations fomentées par les autres associations islamiques qui ne voulaient pas d'une troisième formation islamique dans le pays. La rencontre a été bénéfique. Elle a permis de clarifier un certain nombre de discrédits à notre encontre. Et, nous profitâmes pour demander aux autorités notre reconnaissance officielle légalisée.
L'autonomie
Les péripéties, qui ont jalonné tout le long du parcours jusqu'à la création officielle de notre confrérie, ont été semées de difficultés de plusieurs ordres parmi lesquels, le clergé d'antan dans le milieu islamique qui combattait les idéaux des nouveaux venus.
Néanmoins, au fil des mois, voire des années, les adeptes ont grandi numériquement, à telle enseigne qu'il fallut créer une organisation légale régie et protégée par la loi. Nous avions parmi nous, quelques frères instruits en français. Le frère Soulemane OUEDRAOGO était l'un des leurs. Il fut chargé de l'élaboration des premiers textes juridiques de l'organisation avec comme nom de baptême l'actuel « Mouvement Sunnite du Burkina ». C'est avec fierté et confiance que nous avions confié les activités administratives au frère Ouédraogo Souleymane qui devient ainsi le premier Président du Mouvement Sunnite du Burkina. Le bureau était de 6 membres. L'Imam Sayouba Ouédraogo était le père et le conseiller spirituel, grand imam, maître Coranique. Trois ans plus tard, les villes de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso étaient érigées en région gérées par des bureaux régionaux. Le bureau régional avait pour tâche, la gestion des bureaux locaux de la frontière Nord-Est jusqu'à Boromo pour le bureau de Ouaga, et de Boromo jusqu'à la frontière Sud-Ouest pour le bureau de Bobo-Dioulasso. L'organisation administrative était mise en place pour servir de représentant de l'organisation auprès de l'administration du pays sur toute question relevant des associations et des lois qui les régissent. Entre-temps, un conflit de leadership éclata entre le président national Souleymane Ouédraogo et son ami Semdé Idrissa à l'époque, responsable du bureau régional de Ouaga. Le Mouvement connut, à travers ce conflit, la première déviation de son principe fondamental. En effet, il est strictement interdit à un musulman de se porter candidat à un poste de responsabilité ou tout autre poste de dirigeant. Cela se passait lors d'un congrès ordinaire en 1979 à Bobo-Dioulasso. Idrissa Semdé s'est porté volontaire au poste de Président de l'organisation contre son ami Souleymane Ouédraogo. C'est tout naturellement qu'il a perdu la partie car c'est avec stupeur, indignation et surtout regret que les fidèles ont constaté la double faiblesse de Semdé ; morale d'abord parce que se dresser contre un ami et frère par qui il a adhéré l'organisation dénote d'une bassesse et, spirituelle ensuite parce que son manque de connaissance des préceptes de l'Islam le rend incompétent d'être à la tête des affaires des musulmans. A l'inverse de Souleymane, lui est un connaisseur et parle l'arabe. Du reste, il n'y avait aucune raison de changement de Président. Il y'a des critères, contenus dans la voie de l'Islam, qui réglementent la succession des responsables. En tout état de cause, le retour du congrès à Ouaga a vu la démission de Semdé de son titre de responsable du bureau régional de Ouaga suivi de trois autres de ses compagnons. Il a fallu que l'Imam prenne son bâton de pèlerin et de diseur de bonne nouvelle pour aller vers ces derniers afin de les ramener au bercail. Nous étions loin de penser que l'ambition d'être Président du Mouvement Sunnite du Burkina de Semdé était un objectif à atteindre. Après sa réinsertion quelques mois plus tard, un autre malentendu survint. Il s'agissait d'une position favorable que le Président Souleymane avait pour une autre forme de l'islam et que les hommes de science du Mouvement avaient condamné. C'était une pratique d'origine pakistanaise dénommée « TABLIGUE ». Les intéressés étaient de passage dans notre pays dans le cadre de leurs activités de propagande.
Les adeptes du Mouvement Sunnite ont estimé que l'Islam vécu de cette façon ferait plus de mal que de bien à notre société. L'occasion était belle pour Semdé qui a poussé le malentendu à l'extrême. Harcelé et acculé, Souleymane Ouédraogo a préféré rendre sa démission et, Semdé en profita pour occuper par intérim le poste de Président. C'était en 1987 entre deux congrès. En 1989, c'était l'année d'un congrès ordinaire. En ce temps-là, le Mouvement Sunnite du Burkina avait entrepris la construction de sa grande mosquée de Zangouettin. Les ulémas, qui sont les véritables responsables de notre confrérie, ont décidé de maintenir l'équipe sortante afin de permettre une bonne poursuite des travaux. Semdé et compagnie en ont profité pour porter des modifications clandestines dans les statuts. Ce mandat ayant pris fin en 1993, la tenue du congrès ordinaire a été trouvé bloquée. La manipulation frauduleuse des textes juridiques de l'organisation s'est avérée inapplicable.
Historique de la crise
Ces dispositions ignorées des fidèles ont suscité une révolte. Le congrès n'a pas pu se tenir. Une tentative de renouvellement du bureau régional de Ouagadougou s'est également terminée en queue de poisson et depuis, le Mouvement Sunnite se retrouvait alors sans bureau national renouvelé et sans bureau régional de Ouagadougou. La situation a engendré deux camps : les partisans de l'ex -bureau sous la houlette de Semdé et les partisans de l'imam Sayouba Ouédraogo. Le constat, qu'on peut faire ici, est que le sieur Semdé Idrissa n'a jamais été élu démocratiquement à la tête de l'organisation.
Semdé et ses partisans, au lieu de chercher à résoudre véritablement le problème, ont entrepris plutôt des actions en aparté sous la couverture du bureau national parmi lesquelles des ouvertures intempestives de mosquées de vendredi à Ouaga. Le secteur 29 avait été ciblé pour ouvrir une mosquée de vendredi. A ce niveau, les fidèles ont catégoriquement refusé dans la mésure où les conditions n'étaient pas réunies, tel que le manque d'infrastructures. Dès lors, on comprend aisément pourquoi les partisans de l'ex-bureau ont fait détruire la mosquée par les autorités quand les fidèles l'ont construite plus tard. Du reste, le terrain leur avait été attribué au temps des lotissements. C'est leur affiliation au Mouvement Sunnite du Burkina qui les avait amenés à enregistrer les documents de la parcelle au nom de l'organisation et à leurs frais. Sinon, ils sont les authentiques propriétaires du terrain qui a fait coulé beaucoup d'encre et de salive autour de la démolition du bâtiment que les fidèles ont pu construire par une collette d'argent provenant de l'effort de tous. Les partisans de l'ex-bureau se sont donc rabattus sur un de nos terrains nus au secteur 28 qui présentait les mêmes conditions. La suite fut triste. Une partie des adeptes opposés à cette politique de fuite en avant se sont interposés. Un affrontement s'en est suivi puis la perte d'une vie humaine fut enregistrée. Un coup de fusil est parti du tir d'un partisan du bureau. La victime fut un de leurs partisans. Les autorités politiques du pays ont pris des mesures procédant à la fermeture de de nos mosquées et le récépissé de l'organisation suspendu. Ce fut une double épreuve pour les fidèles. Rien ne vaut la vie ; ôter la vie d'un être humain, sans droit est comme si vous ôtez la vie de tous les hommes. A l'inverse, c'est comme si vous faites don de la vie à tous les hommes. Quant à la fermeture des mosquées, c'est le paroxysme du mal infligé aux musulmans. Néanmoins, au bout de 8 mois, nous avons porté le problème auprès du frère Oumarou Kanazoé lequel s'est tout de suite intéressé et s'est porté volontaire pour jouer le rôle de médiateur entre les belligérants et l'Administration territoriale et de la sécurité (MATS à l'époque).
Il nous a fallu deux mois de tractation pour aboutir à la mise en place d'une commission de 28 membres composée de 10 personnes de chaque groupe et 4 imams par groupe en vue de la gestion des affaires courantes et de la célébration de l'office des prières dans les 3 grandes mosquées de vendredi en fonction. La commission avait un mandat de deux ans à l'issue duquel des élections devraient être organisées pour mettre en place le bureau régional de Ouaga afin de parvenir à la convocation d'un congrès. Tout serait bien si les membres du bureau de Ouaga dissous ne se retrouvaient pas hissés dans le bureau national par le truchement du cumul des postes. Si ce sont les mêmes qui sont à la base de la crise qui doivent encore diriger les actions de la commission, cela va s'en dire que nous nous retrouverons à la case départ.
C'est ainsi qu'à la date butoir, la commission a non seulement présenté un bilan négatif, mais le fossé s'est creusé plus profondément entre les belligérants. La rancoeur, de part et d'autre, accumulée, la désolation des médiateurs de n'avoir pas pu faire la paix entre les frères ennemis, ont fini par amortir les ardeurs des uns et des autres. C'est dans cette dynamique de regard en chiens de faïence que les frères ennemis se sont recroquevillés chacun dans son coin.
La trahison
Deux ans après l'échec de la commission, les positions se sont radicalisées davantage. Puis des rumeurs nous sont parvenues faisant état de l'organisation imminente d'un congrès. Après vérification, une confirmation nous a été donnée au MATD. Effectivement, contre toute attente et sans avoir informé ni invité les partisans de l'imam, les partisans de l'ex-bureau ont adressé une correspondance au ministère pour les tenir informés de la tenue d'un congrès ordinaire à Ziniaré les 9, 10 et 11 novembre 2001.
Nous nous sommes empressés d'écrire à M. le ministre.
La lettre a eu un écho favorable. C'est ainsi que le 29 septembre 2001, nous avons été reçus par les autorités du MATD sous la présidence personnelle du ministre. Au regard des revendications posées par les partisans de l'imam à savoir
- Le report des dates des 9, 10 et 11 novembre 2001
- La création d'une commission paritaire pour organiser le congrès
- La tenue du congrès à Ouaga plutôt qu'à Ziniaré
- La mise en place du Bureau Régional de Ouagadougou avant le congrès, nous avions la conviction en faisant ces propositions transparentes que la réconciliation, l'unification, la paix ne peuvent se retrouver et se consolider au sein du Mouvement Sunnite que si l'on proscrivait les méthodes de haine et d'exclusion qui rappellent les périodes macabres de 1995.
Cependant, fort confiants en la haute responsabilité et des expériences en matière de gestion des institutions et des hommes que dirigent les autorités du MATD, étayé par la phrase que M. le ministre nous confiait "l'association ne doit pas constituer une entrave à la religion. Tout au contraire, elle doit oeuvrer pour son épanouissement", nous avions abandonné de bon coeur et en toute confiance nos revendications quand M. le ministre nous a demandé d'observer les conclusions auxquelles ils étaient parvenus.
- L'acceptation d'organiser le congrès aux dates et au lieu proposés par les partisans de l'ex-bureau,
- Que la commission provisoire d'antan soit réactualisée pour prendre part aux travaux en lieu et place du bureau Régional de Ouaga,
- Que l'on amenage un cadre honorifique pour contenir l'imam Sayouba OUEDRAOGO et Idrissa SEMDE.
Il ne nous convenait pas de refuser cette façon de résoudre le problème eu égard à sa haute responsabilité et à sa longue expérience en la matière.
Réédition de la trahison.
A Ziniaré, l'Imam Sayouba et ses partisans ont été renvoyés du congrès
En effet, par lettre datée du 7 novembre 2002 adressée au ministre de l'Administration Territoriale et de la décentralisation, nous lui rendions compte de la mascarade de congrès d'exclusion organisé unilatéralement et sans partage par les partisans de l'ex-bureau.
Deux jours avant les dates du congrès, les accords pris en commun lors de la concertation sous la haute bienveillance du Ministre ont été violés. Nous avions reçu trois lettres dans lesquelles il nous était interdit de choisir, sans raison réglementaire, des frères que nous avions désignés pour étoffer la commission. Que l'Imam s'abstienne de faire le déplacement sur Ziniaré et que notre participation effective dans l'organisation pratique n'était pas la bienvenue. Par correspondance avec une ampliation au MATD, nous avons répondu en dénonçant la violation des accords.
Les mots nous manquent pour décrire le dénigrement, la honte, la frustration que nous avons essuyés de la part des autorités de Ziniaré et des forces de l'ordre qui ont été induits en erreur. Nous avions été présentés comme des intrus, fauteurs de trouble, indésirables et nous avons été purement et simplement vidés des lieux de la cérémonie d'ouverture et de Ziniaré en général. Ne serait-ce que par respect à ce vieux qui du reste est le pionnier et le fondateur de l'avènement du Mouvement Sunnite du Burkina à qui le ministre avait recommandé d'honorer, on lui aurait au moins permis d'assister à la cérémonie d'ouverture. Quant aux 10 personnes composant la fameuse commission issue des rangs du camp adverse, elles n'ont été acceptées que par un calcul pour légitimer la tenue dudit congrès. Une interdiction leur avait été faite de faire allusion à la crise.
En tout état de cause, la preuve de la volonté des partisans de l'ex-bureau d'exclure les partisans de l'imam est faite si l'on jette un regard sur la conclusion des travaux pré-fabriqués et la configuration de l'organe dirigeant.
Le statut, qui était de 27 articles, passe à 147. Il n'a pas été soumis au préalable ni aux congressistes ni aux partisans de l'imam pour étude. Les congressistes ont tout juste été informés de la création de 120 articles nouveaux. Quant à leur contenu, rien du tout.
Le règlement intérieur a aussi subi un rajout de texte dont la teneur reste ignorée jusqu'à nos jours. De quatre pages, il passe à dix, et son adoption a subi la même procédure.
Quant à l'instance dirigeante, de 32 membres au préalable, elle passe à 53 (postes de complaisance). Nul doute que cet élargissement a été fait en récompense « pour service rendu ». La preuve dans ce sens est que tous les membres de la commission issue de leur groupe sont reversés dans ledit bureau exclusivement formé par le bureau sortant et sans partage ! Nous dénonçons avec force et sans réserve, la mascarade d'élections manipulées au vu et au su des autorités avec un mépris à notre égard. Nous ne reconnaîtrons pas ce bureau dans de telles conditions.
Nous demandons purement et simplement l'annulation du sixième congrès tenu sur fond d'exclusion du 9 au 11 novembre 2001 à Ziniaré.
Il n'y a pas de démocratie dans l'exclusion, le harcèlement, l'intimidation et dans la dictature. C'est pourquoi nous sommes inquiets pour l'avenir de notre organisation confisquée. Ne pas oeuvrer au dénouement définitif de la crise et placer les choses dans leur contexte, c'est encourager la division, la séparation et, au-delà, c'est asseoir le cycle permanent de la rancoeur et de la vengeance dont on imagine les conséquences pour la paix sociale.
Bien que nous ayons été traqués, calomniés, intoxiqués puis discrédités, nous tenons à faire observer que notre groupe a pris une part active depuis le début du conflit et a fait des concessions acceptables qui répondent aux principes de l'islam dans le but de conjurer à jamais ce profond malentendu sans résultat.
A la lumière du déroulement du congrès, nous estimons que beaucoup d'éléments susceptibles d'être approfondis en investigation sont mis à nu. Il est impératif à notre sens de faire une confrontation entre les belligérants dans le but de mieux comprendre que le Mouvement Sunnite du Burkina est pris en otage entre les fidèles qui attendent que soit enterrée la hache de guerre fratricide sans exclusive et, d'autre part les autorités qui tiennent à valider un congrès pré-fabriqué de toutes pièces qui ne répond pas aux exigences de la religion, pire, à celle de la démocratie.
La foi est tolérance de la part des hommes, la foi est tolérance de la part de la religion, la foi est tolérance tout court. Dès que la religion quitte son cadre de tolérance et de rassembleur pour emprunter celui de la politique et de la division, il y a lieu de s'inquiéter.
Ce que nous avons vécu à Ziniaré les 9, 10 et 11 novembre 2001 illustre éloquemment "un détournement d'association" par une poignée d'individus qui nargue les autorités et l'opinion publique.
Assemblee générale des mosquées de Ouagadougou
Le 20 juin 2002, une Assemblée Générale des imams des mosquées élargie aux ulémas a eu lieu à Ouagadougou. L'ordre du jour portait sur la mise en place d'un bureau de coordination en vue de l'organisation de la gestion des mosquées de Ouagadougou en l'absence du bureau régional de Ouaga constaté depuis 1995.
A cet effet, une lettre d'information suivie du procès-verbal et de la composition des membres de la coordination ont été adressés au maire Central et les maires des arrondissements avec ampliation aux institutions suivantes : MATD, Ministère de la Sécurité, DGPN ainsi qu'aux avocats chargés du dossier.
Suite à la création de la coordination des mosquées de Ouagadougou pour porter un message de paix, de réconciliation et de réunification à travers le sillonnement des mosquées, la coordination avec le consentement des mosquées a invité l'imam Sayouba Ouédraogo à faire ses prières dans la grande mosquée de Zangouettin. Cela pour prouver aux fidèles de la véracité des travaux de réunification entamée par la coordination. L'Imam a trouvé l'idée acceptable car rien ne sert de demander aux gens de se pardonner sans commencer par le faire soi-même. C'est ainsi qu'il nous a confié, je cite : « N'eût été le besoin de préserver l'unité dans les rangs des musulmans, j'avais demandé aux quelques marabouts qui divisent les fidèles que j'ai personnellement instruis et formés dans la Sunna, de bien vouloir se retirer du Mouvement Sunnite et de créer leurs associations. A l'endroit de ces marabouts qui ne peuvent pas se présenter physiquement devant les fidèles sinon que par la voie des radios privées, j'en appelle à leur bon sens religieux. Qu'ils reviennent à mes côtés et qu'ensemble nous ayons le visage et l'esprit tournés vers la religion. Les chartes et les conventions qui sont élaborées en cachette et méconnues des fidèles ne peuvent pas et ne doivent pas être appliquées contre la volonté des adèptes. Ils ne sont pas exclusifs face au Coran Immuable, constitution universelle pour des siècles et des siècles. Inspirez-vous-en. Je vous invite à faire un effort pour contribuer à la recherche de la paix. Il se peut qu'avec l'aide d'Allah nous parvenions à réunifier les deux groupes. Ayons pitié de nos adèptes et enterrons la hache de guerre ». L'Imam Sayouba a continué en ces termes, « Je pardonne à tous ceux-là qui m'ont séquestré, vilipendé, calomnié et diffamé ici ou ailleurs. Certains ont créé et entretiennent une polémique autour de mon titre de grand Imam du Mouvement Sunnite, Imam de la Mosquée de Zangouettin. Je pardonne et je demande à tous les fidèles musulmans Sunnites du Burkina sans exclusive à observer la tolérance. C'est à la demande de la coordination des mosquées que j'ai fait mes prières dans cette mosquée sans pour autant être imam. » Voilà les propos de l'imam sayouba Ouédraogo à qui l'on veut faire croire qu'il manque de tolérance. Cela pour montrer à l'opinion publique qui pense que les événements survenus dans la mosquée relèvent de son retour dans la mosquée ; au contraire, les uns et les autres ont trouvé que c'était une façon de donner la chance à la coordination de réussir sa mission.
L'ambiance qui prévalait après le passage des imams et des ulémas dans les mosquées avant l'intervention de Aboubacar, était à l'apaisement et porteur d'espoir en attendant le dénouement de l'affaire du congrès qui est entre les mains des juges de la Chambre administrative du palais de justice. Contre toute attente et une fois de plus, nous avons eu la surprise de recevoir du sieur Aboubacar Ouédraogo une lettre adressée à l'imam pour lui signifier la considération en tant que membre d'honneur du Mouvement Sunnite du Burkina que ledit congrès lu vouait.
Mais en fait de surprise, nous ne sommes pas si surpris que ça, connaissant ceux à qui nous avons affaire. Leur fort a toujours été de faire des fuites en avant. Sinon comment comprendre qu'une telle insulte qui lui a été faite à Ziniaré, laquelle diffamation est une affaire pendante en justice demandant l'annulation des conclusions de ce congrès de division, le pseudo-président et sa suite fassent fi de la justice qui n'a pas encore tranché. De toute façon, l'Imam a fait une réponse .
La rixe
Le lundi 15 juillet 2002, après la prière de midi, un certain communiqué fut diffusé dans la mosquée de Zangouettin informant les fidèles que le prétendu bureau national voudrait s'entretenir avec les fidèles. Il a manqué de très peu que celui qui a fait le communiqué n'ait pas été hué.
Cela aurait été une erreur car un adage dit que l'on se doit de répondre à un appel sans pour autant être obligé d'appliquer son contenu.
Effectivement, le lendemain mardi 16 juillet 2002 ledit Président s'est entêté tout en sachant qu'il n'est pas plébiscité par les fidèles à prendre la parole après la prière et fit une déclaration de nature à électriser l'assistance.
Dans ces propos, Aboubacar demandait aux fidèles de reconnaître le bureau issu du congrès dont il est le Président afin qu'il puisse assumer ses responsabilités. Il continuait pour dire qu'avec ou sans le consentement des fidèles, le bureau fera son travail. Le bureau dont il a la charge est comme un train et sa locomotive, dit-il. Le train est mis sur les rails et tant pis pour ceux qui ne se seront pas embarqués. Il a fustigé l'imam Sayouba et ses partisans en les taxant de manque de collaboration. Il a aussi porté la cause de la réticence des fidèles à ne pas le reconnaître comme Président sur trois personnes qui sont : El Hadj Kafando Mohamed, Barro Ben Sékou et moi-même El Hadj Abdoul Karim Sawadogo. Ce sont les trois frères dont les portraits avaient figuré dans le journal "Le Pays" suite à une interview accordée au sujet de la non résolution de la crise au sortir de Ziniaré.
C'est le lieu ici de féliciter les fidèles qui ont observé une certaine discipline et de la patience pour écouter sans réagir Aboubacar Ouédraogo qui a débuté son discours dénué de tout sens de réunification. Cependant, les trois frères qui avaient été indexés publiquement comme de mauvaises personnes et meneurs des partisans de l'imam ont voulu donner une réponse aux allégations faites à leur encontre. Toute l'assistance a demandé aux intéressés de prendre patience pour que la réplique soit donnée plus tard. C'est ainsi que le mercredi 17 juillet 2002, toujours après la prière de midi, par ma voix, les frères ont voulu s'expliquer : le sieur Salif Ouédraogo, un des partisans de l'ex-bureau, entrepreneur résident au secteur 10, s'est violemment opposé en arrachant le micro de mes mains. Alors, les uns et les autres ont trouvé l'action injuste et indigne. Même le condamné à mort a droit à la parole. Les fidèles n'ont pas accepté que la dictature se fasse dans la mosquée. Des injures, des empoignades suivies de coups ont commencé à pleuvoir. Bilan : 2 blessés, coté partisans de l'imam et plus d'une dizaine des partisans de l'ex -bureau furent transportés à l'hôpital avec à la clé, la fermeture de la mosquée.
Conclusion
La cause fondamentale de cette crise fratricide réside au fait qu'après le premier Président, Souleymane Ouédraogo, la mission assignée au Bureau National et son Président a été vidée de sa substance. Le principal auteur reste le sieur Semdé Idrissa qui, ayant été déclaré incompétent pour gérer les affaires des musulmans de par les entorses qu'il a portés aux règles et aux modalités de désignation des responsables en l'Islam, et aussi du fait qu'il soit non instruit dans la langue arabe et du dogme de l'Islam, n'a pas trouvé autre chose à la fin de ses mandats forcés que de recommander à ses partisans la désignation d'un illettré ignorant les préceptes de l'islam et non alphabétisé ni en français ni en arabe pour le remplacer. L'analyse que l'on pourrait faire est que non seulement il en veut à l'imam Sayouba et ses partisans, mais aussi il porte un mépris affiché à l'Islam en général. «Un aveugle peut-il conduire des gens dotés de leur faculté visuelle ? se serait une aberration ». En témoigne la déclaration du prétendu Président lors de son intervention provocatrice dans la mosquée de Zangouettin le 16 juillet dernier "je suis un aveugle porté à la tête du Mouvement Sunnite du Burkina. Je vous demande de m'épauler et de tenir mon bâton afin que je puisse vous conduire à bon port".
La leçon que l'on peut tirer de tous ces événements est que, quelque part, il y a maldonne dans les lois qui régissent les associations à caractère religieux. Je lance un appel aux décideurs, aux élus du peuple afin que l'on revoie cette loi sur les associations qui ne répond pas entièrement au cas spécifique des religions. Le président d'une confrérie religieuse doit nécessairement connaître les principes élémentaires de cette religion.
Ce récit n'engage que moi-même et je défis quiconque de prouver le contraire. De toutes les façons, l'imam Sayouba Ouédraogo est là, résident au secteur 30, ainsi que d'autres frères tels que l'ex-président Ouédraogo Souleymane, Adama Demtoumda au secteur 7, Ahmed Bandé, le frère El Hadj Soulga et j'en passe Ils pourraient confirmer ou infirmer mes propos.