Article
Moutons cherchent clients
- Titre
- Moutons cherchent clients
- Créateur
- Aimé Nabaloum
- Editeur
- Le Pays
- Date
- 11 novembre 2010
- Résumé
- La Tabaski est une fête musulmane dont la célébration est synonyme d'immolation du mouton. C'est pourquoi elle est aussi appelée fête du mouton. Chaque chef de famille doit faire le sacrifice du mouton quand il en a les moyens. A quelques jours de la fête, ambiance dans quelques marchés à bétail de la place.
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0000159
- contenu
-
La Tabaski est une fête musulmane dont la célébration est synonyme d'immolation du mouton. C'est pourquoi elle est aussi appelée fête du mouton. Chaque chef de famille doit faire le sacrifice du mouton quand il en a les moyens. A quelques jours de la fête, ambiance dans quelques marchés à bétail de la place.
Plus que quelques jours, pour que les musulmans célèbrent la fête de la Tabaski. A l'instar des autres fêtes, la Tabaski est une fête qui occasionne des dépenses. Une angoisse pour beaucoup de chefs de famille, surtout que la vie devient de plus en plus chère au Faso.
Difficile de joindre les deux bouts, à plus forte raison de s'acheter un mouton pour que la fête soit plus belle, surtout qu'elle est religieuse. Pour l'occasion, les vendeurs sont allés chercher des moutons, qui à Ouahigouya, qui à Dori, qui à Djibasso, qui à Kaya ou Boulsa. Il ne faut pas rater l'occasion. Une affluence relative dans les marchés
A notre arrivée au marché de la gare routière (Ouagainter) le 11 novembre 2010, il était 10h 30. Evidemment, un marché qui grouille de vendeurs, de quelques clients autour de la "peuplade" de moutons. Nous sommes attiré par une discussion entre un client et des vendeurs. Il s'agit de Issiaka Traoré envahi par les nombreux vendeurs.
Chacun vante son mouton. A la question de savoir comment il appréciait le marché, la réponse est nette : "Peut-être que je suis venu plus tôt. Je suis là depuis 45 mn et ça vient de se passer très bien". Issiaka Traoré s'est procuré deux moutons pour ses parents. Pour lui, le fait qu'il soit venu tôt explique le prix abordable auquel il a acheté ses moutons.
Entre bêlements et hèlements, notre équipe arrive à se frayer un chemin. Nous avons été reconnu par les vendeurs, chacun voulant se faire entendre. Motif : "Il faut que les gens viennent, le marché est lent".
Une autre discussion plus loin, entre l'imam Ousmane Kaboré, résident du secteur 30 et un vendeur. "Je suis client, vous m'avez trouvé en train de marchander. Vous voyez, à 25 000 ou 30 000, si vous avez ce mouton-là, c'est vraiment bien.
Pour cette année, je rends grâces à Dieu. Mais je souhaite que les vendeurs soient raisonnables dans la fixation des prix". La fête est pour tous, renchérit l'imam Kaboré. Il faut donc diminuer les prix. Abdramane Ouédraogo vient d'arriver de Djibasso (province de la Kossi), avec une dizaine de moutons.
Il n'espère pas grand-chose, puisque le marché est lent et l'affluence morose. "A 50 000 F, je peux vous vendre à vous mais c'est un prix étudié", affirme-t-il. Il espère que d'ici le jour de la fête, il aura vendu sa dizaine de moutons.
Attendre les derniers jours
Ils sont nombreux les vendeurs qui attendent les derniers jours. A quatre jours, ils estiment que l'espoir est permis. Pour ceux-ci, leur prix est indiscutable. Notre dernier vendeur a fixé le prix de son mouton à 80 000 F CFA.
"Indiscutable, à prendre ou à laisser", confie-t-il. Quand notre équipe s'apprêtait à quitter les lieux, le couple Diawara s'en allait mais a tout de même répondu à nos questions, le mouton, sur la moto.
Pour Sékou Diawara , le prix est élévé et il pointe du doigt les autorités. Pour lui, il est plus que nécessaire de réguler le marché à bétail, à l'instar d'autres pays de la sous-région. Il fustige par ailleurs, le désordre dans la fixation des prix des bêtes en général au Burkina. Autre marché, autres réalités, malgré l'imminence de la fête.
Au marché de Gounghin, le vieux Mahamoudou Soré est notre premier interlocuteur. Il est le responsable du marché à bétail. Il estime que nous n'aurons que des vendeurs puisque le marché est caché. Il n'y a pas de clients.
Nous nous rendons vite à l'évidence. Nous n'avons affaire qu'à des vendeurs. Inoussa Dianda, vendeur, se prête volontiers à notre micro après que nous avons expliqué l'objet de notre visite, et sans attendre nos questions : "C'est Dieu seul qui va nous sauver.
Nous avons été relogés dans un trou. Nous sommes invisibles. Comment voulez-vous que les gens viennent ? Ils ne savent pas où nous sommes. C'est parce que vous êtes journalistes que vous nous avez retrouvés".
Lorsque nous l'avons interrogé sur l'affluence de la clientèle, Inoussa Dianda a répondu que depuis son retour de voyage, il y a quatre jours, aucun mouton n'a été vendu.
Il a terminé par le "Inch Allah" pour fonder son espoir que des clients viendront. Dans le marché de Gounghin, les prix vont de 20 000 F CFA à 150 000 F CFA, selon la bourse de chacun, a soutenu Brahima Ouédraogo .
Rien à "se mettre dans le micro", étions-nous tentés de dire. Alors que nous nous apprêtions à rebrousser chemin, nous apercevons Rasmané Barry. Il vient se procurer un mouton pour la fête.
Rasmané Barry a besoin de six moutons mais il estime que les prix sont élevés. Le marché n'est pas favorable. Néanmoins, il achètera, à son corps défendant, quelques moutons.
Il dit comprendre les vendeurs, mais la période de la fête, placée après la rentrée scolaire, c'est tout de même difficile. Il faut faire avec, conclut-il.
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