-
Titre
-
La vie au rythme du jeûne
-
Date
-
1 septembre 2009
-
Résumé
-
Le mois de ramadan, pour les musulmans, évoque des moments intenses d'adoration et de communion envers Allah. Le jeûne qui est la pratique essentielle de cette période consiste à s'abstenir de boire et de manger du lever au coucher du soleil. Nous avons voulu savoir quel sens les fidèles accordent à ce mois et comment ils le vivent.
-
Droits
-
-
Identifiant
-
iwac-article-0000072
-
contenu
-
Le mois de ramadan, pour les musulmans, évoque des moments intenses d'adoration et de communion envers Allah. Le jeûne qui est la pratique essentielle de cette période consiste à s'abstenir de boire et de manger du lever au coucher du soleil. Nous avons voulu savoir quel sens les fidèles accordent à ce mois et comment ils le vivent.
Troisième pilier de l'Islam, le jeûne est une pratique obligatoire pour tout croyant musulman qui remplit les conditions exigées pour son accomplissement, selon l'Imam Ismaël Tiendrébéogo du Cercle d'étude, de recherche et de formation islamique (CERFI). Ainsi, le jeûne est une obligation pour tout musulman pubère, jouissant de toutes ses facultés et résident, c'est-à-dire qui n'est pas en voyage. Cependant, l'exception est faite pour la femme qui allaite, la femme enceinte craignant pour la santé de son enfant, le vieillard en âge très avancé ainsi que la femme en période de menstrues. Le jeûne qui est une pratique d'adoration envers le Créateur obéit également à certaines conditions pour sa validité. La première est l'intention de jeûner car en Islam tout acte spirituel est précédé d'intention et dans un hadith, le Prophète Mohamed dit : "Les oeuvres ne sont récompensées qu'à la hauteur de leur intention".
La deuxième condition est l'observation de tout ce qui a tendance à rompre le jeûne : manger, boire ou avoir les relations sexuelles. Après avoir passé quelques heures sans manger ni boire, le fidèle est appelé à rompre le jeûne au "coucher du soleil", selon l'Imam Tiendrébéogo. De préférence, il est conseillé de rompre soit avec une datte fraîche, soit une datte sèche ou simplement avec de l'eau. Mais, si on est dans un endroit où on n'a rien de tout cela, la simple intention peut servir à rompre le jeûne.
Par Hamadi BARO (Collaborateur) et Adama COULIBALY (Stagiaire)
A la mosquée du CERFI, aux 1200 Logements, la rupture se fait de deux manières. Chaque individu amène ce qu'il a et cela est consommé de manière commune. La cellule du CERFI organise aussi une rupture collective à des dates bien précises.
Dans la famille Zampaligré, toujours aux 1200 Logements, on vit au rythme du jeûne. Même les plus jeunes, notamment les deux enfants du couple qui ont neuf et douze ans sont concernés. Ils se lèvent très tôt le matin pour manger même s'il arrive que souvent vers dix heures ou midi ils rompent le jeûne. Ils sont ainsi petit à petit initiés, explique Mme Zampaligré. Le repas pris au petit matin est généralement celui de la veille car c'est moins fatigant que de se lever pour préparer un autre repas et aussi plus économique, selon toujours celle-ci.
Mois de partage et d'entraide
Pour M. Zampaligré qui est imam et aumônier mulsuman à la Maison d'arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO), le mois de ramadan est un mois béni de Dieu, c'est une période durant laquelle tout croyant musulman doit se vouer totalement à l'adoration de son Dieu créateur. Ce mois est celui de l'entraide, du partage et surtout de la solidarité au sein de la communauté musulmane. "Ainsi, confie M. Zampaligré, des bonnes volontés nous aident surtout au niveau de la MACO pour les détenus qui observent le jeûne car malgré le lieu où ils sont, ils demeurent toujours des membres de la communauté."
Si pour certains la rupture du jeûne est le lieu de manger pour rattraper tout ce qu'ils n'ont pas pu manger, d'autres par contre pensent que jeûner est plutôt un état d'esprit. La rupture, chez les Zampaligré, se fait avec des dattes ou encore des fruits puis après la prière de maghrib (18h 30), on mange juste un peu en attendant la prière de 19h30. Après cette dernière prière, repos, puis repas plus tard mais toujours avec modération. Même pour le repas du petit matin, il ne faut pas s'empiffrer car la philosophie du jeûne, c'est vivre l'état dans lequel les nécessiteux sont. Cela, dans le but de développer l'humanisme et la solidarité envers les personnes qui sont dans le besoin. Le contexte de vie chère, de l'avis de certains, pourrait agir sur ce mois de ramadan quand on sait que le prix de certaines denrées a connu une augmentation. Pour M. Zampaligré, si tout le monde était dans la philosophie du ramadan qui se veut un mois d'économie, et non de gaspillage, on n'aurait rien à craindre. Mais l'homme étant ce qu'il est, la conjoncture pourrait faire son effet.
Validité et invalidité du jeûne
Les conditions de validité du jeûne
1 - Etre musulman
2 - jouir de ses facultés mentales (la raison)
3 - Etre majeur (l'âge de la majorité se situant entre 15 et 18 ans pour le garçon , 9 et 15 ans pour la fille)
4 - La formulation de l'intention chaque jour avant le jeûne de la journée à venir ou une fois pour tout le mois
5 - Etre purifié des menstruations et des lochies (maximum 10 jours et non 40 jours)
6 - Etre en bonne santé, il appartient plus à l'intéressé lui-même de décider s'il y a lieu de craindre des ennuis consécutifs au jeûne
7 - Ne pas être en voyage qui oblige le raccourcissement de la prière (44km aller-retour, que ce soit à dos d'âne ou à bord d'un appareil volant)
Les actes qui invalident le jeûne
1 - Manger et boire
2 - L'acte sexuel
3 - La masturbation
4 - Attribuer quelque chose de faux à Dieu ou à son prophète (saw)
5 - Le fait de laisser parvenir jusqu'à la gorge une poussière épaisse
6 - Plonger la tête dans l'eau
7 - Rester jusqu'au moment de l'appel de la prière du matin en état d'impureté résultant d'un acte sexuel, règles ou lochies
8 - Injecter Par Lavement Une Substance Liquide Dans Le Rectum
Le Pays
Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques
Frédérick Madore