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Mosquée de Ouahabou un vestige de la pénétration islamique
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Burkina Faso
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- Titre
- Mosquée de Ouahabou un vestige de la pénétration islamique
- Créateur
- Rémi Zoeringre
- Editeur
- Sidwaya
- Date
- 19 septembre 2018
- Résumé
- Office religieux aux fondations séculaires, la mosquée de Ouahabou est un symbole de la conquête islamique, conduite par Mahamoudou Karantao, au début du XIXe siècle dans la province des Balé, au Burkina Faso. Cet édifice religieux entièrement construit en banco avec une voûte et des minarets soutenus par du bois, en 1816, suscite la curiosité des Burkinabè et des touristes.
- Détenteur des droits
- Sidwaya
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0004956
- contenu
-
Office religieux aux fondations séculaires, la mosquée de Ouahabou est un symbole de la conquête islamique, conduite par Mahamoudou Karantao, au début du XIXe siècle dans la province des Balé, au Burkina Faso. Cet édifice religieux entièrement construit en banco avec une voûte et des minarets soutenus par du bois, en 1816, suscite la curiosité des Burkinabè et des touristes.
De gros nuages s’amoncèlent de manière précipitée dans le ciel, dissimulant par moment les rayons du soleil. En ce mois d’août, les herbes ont pris de l’espace sur des rues parsemées de flaques d’eau. Il est 13 heures 15 minutes à notre montre, et nous voilà aux alentours de la mosquée de Ouahabou (Province des Balé). Soudain, la voix du muezzin, portée par des haut-parleurs, annonce l’heure de la seconde prière du jour, le «tilfana» en langue dafing. Hommes, femmes et enfants procèdent aux ablutions. Ensuite, tapis en main pour certains, les fidèles convergent en solitaire ou en petits groupes vers la mosquée. Dégagée des habitations, la mosquée de Ouahabou surplombe les concessions environnantes. En effet, ses murs épais, sa multitude de minarets, dont le principal au fronton encore plus haut, contrastent avec les maisons. Les bouts de bûches toisant l’air sont nichés tout autour des minarets. La coupe arrondie des minarets et les angles de la mosquée caractérisent l’architecture soudanienne, le « modèle déposé » des mosquées séculaires dans la région ouest-africaine. De par sa disposition, ce modèle renseigne explicitement sur sa date de construction et le matériau utilisé. «Notre mosquée est entièrement construite en banco et sa voûte est soutenue par du bois. Sa construction a pris une semaine et a mobilisé femmes et hommes en 1816, lorsque notre ancêtre, Mahamoudou Karantao est revenu de son long pèlerinage de la Mecque», affirme Yssouf Karantao, le chef du village de Ouahabou.
Ouahabou, le don de Dieu
Selon ce dernier, Mahamoudou Karantao, originaire de N’Douroula, dans la province du Mouhoun, sollicita la bénédiction de son père Sidi Mohamed Karantao pour son pèlerinage à la Mecque et, promis de convertir les non-musulmans une fois de retour. Aussi, revenu de son long séjour de 30 ans à la Mecque, il a mis en œuvre son projet de conversion. Ce fut d’abord Boromo, ensuite Pihou, village bwaba islamisé et baptisé Ouahabou, (Don de Dieu en dafing). Il deviendra par la suite, le lieu «saint» du peuple dafing. Selon les explications du chef, l’ancêtre Mahamoudou Karantao décida de construire la mosquée en 1816, pendant qu’il résidait à Boromo. «Cette bâtisse religieuse aux murs imposants n’a subi aucun réaménagement en dehors de la façade extérieure qui a été couverte de matériaux en dur pour contrer les gouttes de pluie», précise le chef. En plus de son âge, la mosquée de Ouahabou diffère de par son intérieur du commun habituel. En effet, des murs épais avec des ouvertures intercalées soutiennent un plafond en bois et divisent l’aire de prière en 5 rangées couvertes de nattes pouvant contenir chacune 100 personnes. De la sorte, une vue entière de l’intérieur de la mosquée est impossible. Les rangées sont éclairées du haut par des canaris au fond, taillés et perchés au niveau de la terrasse en hauteur de l’édifice. Un escalier interne permet d’y avoir accès. La singularité de cette mosquée est accentuée par la présence de quatre tombes dans l’enceinte. De larges draps tombent de la voûte au sol et selon la position de prière des quatre premières rangées. «Ces draps couvrent des tombes, dont celui de l’ancêtre Mahamoudou Karantao, de son unique enfant, Moctar Karantao, de son petit-fils M’Pa Karantao et de son arrière-petit-fils, M’Bêbakoum Karantao, tous chefs de Ouahabou», révèle Yssouf Karantao. Selon lui, l’existence de ces tombes dans l’enceinte de la mosquée n’est pas une prescription religieuse mais, répond plutôt à un souci de protection de ces tombes, contre des ennemis, en raison des multiples guerres de religions menées à l'époque dans la région.
Un véritable site touristique
La mosquée se prolonge dans sa partie Ouest dans une cour. S’y trouvent des jarres de capacités différentes et des bouilloires servant aux ablutions. Les quatre portes d’entrée de la mosquée donnent sur ladite cour. «En dehors des différentes célébrations religieuses musulmanes, il se tient selon le calendrier musulman, une cérémonie solennelle d’envergure internationale, le sacrifice annuel ou le grand doua de l’année dans la mosquée de Ouahabou», indique M. Karantao. Par ailleurs, il explique que ce Doua est dirigé par lui-même et secondé par le grand imam. Au cours de ce doua, affirme-t-il, il sacrifie à la tradition en immolant un bœuf tout blanc, dont la viande est distribuée à tous les marabouts. Ensuite, durant 72 heures, lectures du Saint Coran et prêches s’alternent. «C’est l’occasion de rendre grâce à Dieu pour l’année écoulée et de lui confier la nouvelle dans l’intention d’une vie paisible, de bonne récolte et de réussite. A cette occasion, Ouahabou est rempli de ses ressortissants et d’étrangers venus des quatre coins du monde pour divers vœux et sollicitations», souligne-t-il.
L’enfant apprend à lire le coran dès le bas âge, dans cette localité à forte concentration musulmane. «Au creuset des Karantao, l’enseignement islamique est la boussole de l’éducation des enfants. Car chaque chef de famille jouit d’une connaissance certaine du Saint Coran», confie Gaoussou Sanogo, un des grands chefs coraniques. Et, cela fait de Ouahabou, renchérit-il, un répertoire de marabouts plus ou moins populaires. «Pendant longtemps, il y avait des ombres invisibles qui interdisaient toute photographie de la mosquée ou tout accès aux personnes de mauvaise intention», témoigne Yssouf Karantao. Actuellement, en plus de la couverture de la façade externe de la mosquée en matériau en dur, l’installation de l’électricité solaire alimente l’éclairage et le système de ventilation de la mosquée. Ces deux aspects viennent suppléer la flamme du coton huilé et l’aération des canaris utilisés au XIXe siècle. L'autre signe de la modernité, c'est l’usage des mégaphones pour relayer l’appel du muezzin et la conduite des prières. Nonobstant ces progrès, les instants solennels du sacrifice annuel, la construction singulière de la mosquée de Ouahabou suscite la curiosité des touristes, qui affluent tout au long de l’année. Cet édifice religieux, vieux de 202 ans, est un monument à découvrir, un véritable site touristique, de l'avis du vieux Yssouf Karantao.
Rémi ZOERINGRE