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La mendicité : vers sa suppression au Burkina
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Burkina Faso
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- Titre
- La mendicité : vers sa suppression au Burkina
- Créateur
- San San Bambou
- Editeur
- Carrefour africain
- Date
- 26 décembre 1986
- Résumé
- Ils sont nombreux ces gens qui, des boîtes ou des calebasses en main passent de porte en porte, de lieu public en lieu public ou encore assis aux abords des rues, à la recherche d’une pitance. Une pitance qui viendra soit de ceux qui possèdent de trop et ne savent qu'en faire, soit de ceux qui malgré leurs moyens limités sont très sensibles à la misère de leurs semblables, soit enfin de ceux qui courent après un au-delà. Ces “chasseurs des restes des autres”, ce sont les mendiants. La mendicité. Un “métier” pour le moins inconcevable dans une société révolutionnaire. Pourtant le phénomène prend des proportions très préoccupantes sinon inquiétantes. Les causes, elles sont multiples : le chômage, l’invalidité, le manque de soutien familial, la religion et aussi la fainéantise. Les causes de ce mal social sont donc connues. Une seule question possible peut se poser : que faire ? Afin d’avoir quelques éléments de réponse à cette question, Carrefour Africain est allé rencontrer le camarade Nignan Adouna, directeur de la réinsertion sociale au ministère de l’Essor Familial et de la Solidarité nationale.
- Sujet
- Mendicité et talibés
- Couverture spatiale
- Sanmatenga
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0004953
- contenu
-
Ils sont nombreux ces gens qui, des boîtes ou des calebasses en main passent de porte en porte, de lieu public en lieu public ou encore assis aux abords des rues, à la recherche d’une pitance. Une pitance qui viendra soit de ceux qui possèdent de trop et ne savent qu'en faire, soit de ceux qui malgré leurs moyens limités sont très sensibles à la misère de leurs semblables, soit enfin de ceux qui courent après un au-delà.
Ces “chasseurs des restes des autres”, ce sont les mendiants. La mendicité. Un “métier” pour le moins inconcevable dans une société révolutionnaire. Pourtant le phénomène prend des proportions très préoccupantes sinon inquiétantes. Les causes, elles sont multiples : le chômage, l’invalidité, le manque de soutien familial, la religion et aussi la fainéantise. Les causes de ce mal social sont donc connues. Une seule question possible peut se poser : que faire ?
Afin d’avoir quelques éléments de réponse à cette question, Carrefour Africain est allé rencontrer le camarade Nignan Adouna, directeur de la réinsertion sociale au ministère de l’Essor Familial et de la Solidarité nationale.
Carrefour Africain : Camarade directeur, pouvons-nous avoir un aperçu général de la politique de réinsertion sociale au niveau du ministère de l’Essor Familial et de la Solidarité nationale ?
Nignan Adouna : Depuis la création du ministère de l’Essor Familial et de la Solidarité nationale, plusieurs structures ont été mises en place afin de permettre au ministère d’accomplir son mandat. Il s’agit notamment de la création de la direction de la réinsertion sociale en février 1986 qui doit mener une politique nationale dans ce sens. Au sein de cette direction existent quatre cellules pour les couches les plus défavorisées. Ainsi, nous avons la cellule handicapés ; la cellule jeunes de la rue ; la cellule prostitution et la cellule mendicité qui est l’objet de notre entretien. CA : Justement, s’agissant de la mendicité, le phénomène prend des proportions très inquiétantes. Comment envisagez-vous supprimer ou atténuer le phénomène ?
NA. : Le problème de la mendicité ne date pas d’aujourd’hui. Et depuis un certains temps, le ministère de l’Essor Familial et de la Solidarité nationale a engagée des actions pour lutter contre ce fléau, suite à la déclaration du président du Faso le 3 janvier 1986 qui confiait mandat au ministère de l’Essor Familial et de la Solidarité nationale pour lutter contre les fléaux que sont la prostitution, la délinquance et la mendicité. Dans le domaine de la mendicité, plusieurs actions ont été engagées en collaboration avec la communauté musulmane et le concours de certains ministères. Ainsi, des tournées de sensibilisation ont été effectuées dans plusieurs provinces : Houet, Kossi, Boulgou, Sanmatenga, etc.
C.A. : La mendicité est engendrée par de multiples causes comme le chômage, l’invalidité, la vieillesse et la religion. Ne pensez-vous pas que la résolution du problème de la mendicité passe d’abord par la résolution des problèmes suscités ? N.A. : Les causes que vous venez de citer sont effectivement la source de la mendicité. Et pour trouver une solution au problème, il nous faut résoudre toutes ces questions. Il faut attaquer le mal à la racine. Ainsi pour les personnes invalides et âgées, nous avons décidé la création de centres de solidarité. Ces centres doivent permettre d’accueillir et d’héberger donc les personnes invalides et âgées sans famille dont la survie dépend de l’aumône publique.
Au niveau des jeunes gens sans parents, des centres de réinsertion ont été créés. Par exemple le centre de Gampéla. Dans ces centres ils seront à même d’apprendre des métiers et de mener des activités productrices.
S’agissant de la mendicité des “garibous", c’est-à-dire celle engendrée par la religion, un dialogue s’est instauré entre le ministère de l’Essor Familial et de la Solidarité nationale, la communauté musulmane, la commission des affaires islamiques et les maîtres coraniques sur le principe et les conditions de suppression de la mendicité des “garibous" en tant que source d’exploitation et de délinquance des mineurs. Ainsi la communauté musulmane travaillera à l'élaboration des textes réglementant l’enseignement coranique dans le but de proscrire la mendicité et d’y introduire des activités de production.
C.A. : Après tout ce travail de sensibilisation et d’explication, avez-vous encore d’autres mesures en vue ?
N.A. : Une loi interdisant la mendicité et le vagabondage existe. Et elle ne date pas d’aujourd’hui. Mais les régimes passés n’ont pas su l’appliquer. Si sous la révolution nous ne nous sommes pas précipités à faire appliquer cette loi, les raisons sont simples : avant l’application de toute loi, il faut savoir dans quelles mesures cela ne créera pas des effets néfastes. Des campagnes de sensibilisation, des études et analyses approfondies sont indispensables. C’est ce travail ardu qui nous a permis de comprendre dans quelles mesures les couches les plus défavorisées peuvent vivre sans recours à la mendicité.
A présent nous sommes à la dernière phase de cette lutte contre la mendicité. Il s’agit de l’étude des modalités d’application de la mesure d’interdiction qui commencera très bientôt. Après cette phase, donc, nous estimons pouvoir interdire officiellement la mendicité d’ici 1987. Et nous souhaitons que tout le monde puisse comprendre que la mendicité est un fléau qui menace toute la société et puisse apporter son concours pour son éradication.
Entretien réalisé par San San BAMBOU