Issue
L'Appel #39
- Hierarchies
-
Burkina Faso
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- Articles de journaux (3615 items)
- Titre
- L'Appel #39
- Editeur
- L'Appel
- Date
- avril 2000
- numéro
- 39
- Résumé
- Mensuel Islamique de Formation et d'Information Générale
- nombre de pages
- 12
- Sujet
- Charia
- Association des Élèves et Étudiants Musulmans au Burkina
- Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques
- Islamisme
- Terrorisme
- Extrémisme
- Détenteur des droits
- Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-issue-0000524
- contenu
-
Mensuel Islamique de Formation et d'Information Générale Burkina Faso : 200 F CFA - Zone UEMOA : 250 F CFA - Autre Afrique : 400 CFA Europe, DOM, TOM : 1 Euro - Autres pays : US $ 2
“Que tous ceux qui m’écoutent transmettent le message à d’autres et ceux-là à d’autres encore ; et que les derniers puissent le comprendre mieux que ceux qui m’écoutent directement” (Hadith)
La maison du musulman
La maison, un lieu de repos et de sécurité
Hissène Habré va-t-il payer pour ses crimes ?
“L’équipe de l’Africain vous a contacté Goutte et l’évolution actuelle 1421, la situation actuelle actuellement.
Démocratisation en Afrique : L’exception est-elle seulement sénégalaise ?
La contribution de la Zakat au développement
EDITO
Bravo aux soldats de l’Islam. Près la chute du communisme et de ses empires laïcs au début des années 1990, tous les analystes avertis avaient parié sur le fait que l’Islam serait le nouveau centre d’intérêt des luttes idéologiques. Le cours des évènements ne leur a pas donné tort. Aussitôt le Mur de Berlin démonté, les adversaires d’hier du communisme ont découvert en la religion islamique, la nouvelle menace pour leur suprématie. Le combat a donc changé de cible et de champ sans que les méthodes de lutte elles-mêmes ne changent fondamentalement. En plus du soutien aux mouvements de déstabilisation des régimes dits islamistes (comme c’est le cas des Moudjahidines du peuple en Iran), c’est la diabolisation systématique de l’adversaire d’en face qui semble être privilégiée, comme au temps de la bataille avec le bloc de l’Est.
Dans ce face-à-face des civilisations, pas un jour ne se lève depuis que la lutte est engagée sans que l’Islam et ses symboles ne fassent l’objet des peintures les plus sombres. L’islamisme, la charia, le terrorisme... tout y passe avec toujours la même dose d’hypocrisie et la même volonté de dénigrer, de nuire. Avant-hier en Iran et ce, malgré les importantes réformes sociales réussies par la dynastie des ayatollahs, le régime a été combattu, diabolisé et mis au banc de la. communauté dite internationale. La même logique a été suivie au Soudan où, en dépit de l’extraordinaire mutation sociale enregistrée grâce à l’arrivée au pouvoir de Tourabi et de ses compagnons, le gouvernement a été mis en quarantaine. Hier en Algérie, la volonté exprimée par le peuple algérien à travers les urnes, de vivre “complètement” sa foi musulmane a été étouffée avec la bénédiction honteuse de tous les démocrates du monde : ceux qui ont été les semeurs de cet espoir d’une dignité retrouvée et que le peuple algérien a adulé et plébiscité aux consultations électorales de 1991, sont trop curieusement devenus “les vomis” de la société. Tout a été fait pour qu’il en soit ainsi. Aujourd’hui, c’est dans la charia que les ennemis de l’Islam trouvent leur source d’inspiration diabolique. L’évocation de ce dernier sujet fait penser aux récents affrontements qui ont endeuillé le Nigeria et dans lesquels les analyses de la presse occidentale n’ont vu que la main des “extrémistes musulmans”. L’Islam est Partout traqué, mais l’Islam, partout, progresse sans que ses ennemis n’y comprennent grand-chose. La résistance du peuple tchétchène à la férocité de l’armée russe est l’un des miracles et le symbole même de cet Islam qui vainc ses agresseurs. Le Caucase n’est d’ailleurs pas le seul champ de bataille où des soldats de l’Islam affirment la suprématie de la foi sur la mécréance. La Palestine, avec surtout les combattants du Hezbollah qui donnent du fil à retordre à l’armée israélienne soutenue par les grandes puissances militaires du monde, est un autre exemple de cette résistance qui confirme la vérité de l’Islam : “C'est Dieu qui a envoyé son Messager avec la Direction et la religion vraie pour la placer au-dessus de toutes autres religions en dépit de l'adversité des mécréants” (Coran 61/9).
L’APPEL
Carte d’identité biologique
Le SIDA. En 1986, 10 cas de SIDA ont été officiellement recensés au Burkina Faso. En 1998, les statistiques enregistraient plus de 13 500 cas, soit en 12 ans une multiplication du taux. par 1350. Et pourtant, “Les préservatifs sont disponibles sur toute l'étendue du territoire burkinabè”, comme ne cesse de le clamer PROMACO, le grand promoteur des condoms au Burkina. Pendant ce temps, le VIH continue de circuler librement dans le pays. Aux dires des spécialistes de santé, les chiffres vont continuer à grimper. Le SIDA, Syndrome d'Immuno-Déficience Acquise, est une maladie transmise par voie sexuelle, sanguine et fœto-maternelle. Son germe, le virus d'Immuno-Déficience Humaine (VIH), existe sous deux types :
- VIH 1 qui se rencontre partout dans le monde et présente de nombreuses variantes (A, B, C, D, E, ...). Par exemple, la variante B se trouve en Europe, la A et C en Afrique, etc.
- VIH 2 qui se rencontre essentiellement en Afrique de l’Ouest, semble se propager moins vite que son cousin.
Le VIH peut se transmettre par les liquides suivants : le sperme, les secrétions prostatiques, les secrétions du col utérin, du vagin, le sang des règles et le lait maternel. Le VIH existe dans la salive, la sueur, les urines et les larmes en quantité trop faible pour contaminer un homme.
AminaT 2 L’Appel N° 039 Avril 2000
L’Appel au quotidien
L’EDUCATION DE L’ENFANT MUSULMAN EN QUESTION : L'apport des Colonies de Vacances Islamiques
Il est du devoir de chaque parent musulman d’éduquer islamiquement son enfant conformément à la parole du meilleur des éducateurs, le prophète Mouhammad (saw) qui a dit : “apprenez la prière à vos enfants dès l'âge de sept ans". Pour l’Islam, là où il y a des hommes il y a éducation ; et la finalité de l’éducation est de former une personnalité islamique à même de prêcher le bien et interdire le mal comme le souligne le verset 110 de la sourate 3.
Pour aider les parents dans ce sens, l’Association des Elèves et Etudiants Musulmans au Burkina (AEEMB) et le Cercle d’Etudes de Recherches et de Formation Islamique (CERFI) organisent chaque année des colonies islamiques de vacances à l’intention des enfants musulmans des écoles primaires. Malgré les recommandations du Coran et des hadiths du prophète (SAW) en matière d’éducation religieuse, force est de constater qu’un laisser-aller règne dans nos écoles islamiques. Le Coran, l’éducation sexuelle en Islam, l’histoire des familles en la matière, sont souvent négligés. À tel enseigne que les enfants arrivent à l’école sans aucun rudiment islamique, devenant ainsi une proie facile aux cultes trompeurs.
Les gens avertis reconnaissent que l’école formelle aujourd’hui est incapable de donner une bonne éducation aux enfants, car il y a un divorce entre formation et éducation. Le système éducatif de notre pays ne prend pas en compte dans ses programmes de formation l’enseignement d’éléments de base d’une bonne pratique religieuse, arguant la laïcité de son enseignement. La religion n’est pas le souci de ceux qui ont créé l’école.
Les parents musulmans conscients sont convaincus que cette recherche du savoir pour leurs enfants est aussi une obligation divine. En termes explicites, le Coran n’invite-t-il pas à l’apprentissage ? C’est pour aider les parents dans ce... sens que l’AEEMB en collaboration avec le CERFI organise des colonies islamiques de vacances chaque année à travers le Burkina (Ouaga, Bobo, Banfora, Koudougou, Fada, Ouahigouya). Durant ces colonies, les enfants musulmans bénéficient d’une formation et d’une éducation islamique à la lumière du Coran et de la tradition du Prophète (SAW) : des cours d’instruction religieuse portant sur la morale, les prophètes et bien d’autres thèmes. À cela, il faut aussi ajouter les activités récréatives comme les jeux, le sport, des sorties touristiques qui permettent aux enfants de se distraire.
Face à un monde de plus en plus désemparé par la perversion poussée des mœurs, où les vertus tendent à devenir des vices et les défauts des qualités, il est du devoir de chaque musulman de donner une meilleure éducation à son enfant. Une éducation basée sur une morale saine. Les colonies islamiques de vacances se présentent dans ce sens comme une aubaine pour les parents de faire de leurs enfants des musulmans pratiquants. demain, capables de contribuer pleinement à l’épanouissement de tous les membres de la société burkinabè. Aussi, à travers les colonies islamiques de vacances, l’objectif recherché est de faire des enfants musulmans partout où ils se trouvent, des modèles pour les autres. Pendant les vacances scolaires où l’oisiveté et l’ennui conduisent à des dérapages chez les enfants, ces camps de formation, d’éducation et de tourisme que sont les colonies islamiques de vacances, constituent pour les enfants musulmans de véritables cadres d’échanges.
Le système d’internat auquel sont soumis les colons crée de fait une micro-communauté islamique où la fraternité règne en maître : les repas sont pris en groupe, les cinq prières quotidiennes sont accomplies en groupe, le seul mode de salutation sur les camps demeure “As-salamou Aléikoum” (Que la paix soit sur vous). Toutes choses qui participent au renforcement des liens de fraternité et d’amitié, à la socialisation des enfants d’origines sociales diverses. L’importance de Ces colonies islamiques n’est plus à démontrer. Les parents ont donc tout intérêt à y inscrire leurs enfants. Les enjeux et les perspectives qu’offrent les colonies à la communauté musulmane du Burkina (Oummah) sont importants. C’est pourquoi les organisateurs de ces différentes colonies doivent travailler à améliorer les différentes prestations en insistant sur une bonne préparation de cette activité.
Il conviendrait, comme on l’a souvent suggéré, de faire appel à des gens qui ont des compétences certaines dans le domaine de l’éducation, notamment à la cellule des enseignants musulmans du CERFI. On gagnerait dans tous les cas à former sérieusement les encadreurs pour qu’ils soient à la hauteur des différentes attentes.
Vivement que tous les partenaires des colonies islamiques, parents, encadreurs, associations... poursuivent dans cette voie pour la promotion de l’Islam. N’oublions pas que ceux qui bénéficient aujourd’hui de l’enseignement des colonies sont l’avenir de l’Islam.
MONE Oumarou, enseignant à Bobo. La capote n’est pas ton pote. En 1999, quelques 5,6 millions de personnes ont été infectées par le virus du SIDA. Plus de 2 millions sont décédées de la maladie la même année. 50 % de ces malades ont contracté la maladie avant l’âge de 25 ans. Sur les 33 millions de sidéens que compte le monde, plus d’un tiers sont des jeunes de 10 à 21 ans. En Afrique, la moitié des 23 millions de malades du SIDA sont des femmes. Les filles de 15 à 19 ans sont les plus concernées.
Au Burkina Faso, plus de 700 000 séropositifs font de notre pays le deuxième le plus contaminé dans la sous-région et le classent parmi les plus infectés au monde. Ces chiffres sont alarmants quand on sait qu’en 1986, seulement 10 cas avaient été recensés dans notre pays. Malgré la publicité à outrance sur les préservatifs, qui sont de l’avis des promoteurs des condoms disponibles sur toute l’étendue du territoire burkinabé, rien ne semble freiner la progression de la maladie. Faut-il avoir confiance à la capote ? Que le diable ne te. Séduis point mon frère car la capote n’est pas ton pote. Le meilleur préservatif, ce n’est donc pas la capote. C’est le respect des injonctions de Dieu, qui nous dit : "Ne vous approchez pas de la fornication, c’est un acte immoral et un chemin pernicieux" (Coran 17/32). La lutte contre la progression du SIDA se trouve assurément aussi dans les enseignements du prophète : “Après le péché de l’association, il n’y a pas un péché aussi grand que de verser son sperme dans un vagin qui vous est illicite.” N’est-ce pas là la vraie prudence ? La capote n’est donc pas ton pote mon frère.
I.H.K. 3 L’Appel N° 039 Avril 2000
Q L'Appel au quotidien
Tremblement de terre d'août 1999 en Turquie : Hissène Habré va-t-il payer pour ses crimes ? On se rappelle que la Turquie avait vécu en août 1999 le tremblement de terre le plus violent de son histoire récente. Des milliers de personnes avaient été englouties par la terre au cours de cet accident de la nature. On sait que ces phénomènes ont toujours été. expliqués et même parfois été prévus. Mais selon le journal turc repris par notre confrère As-Salam du Niger (à qui nous souhaitons la bienvenue), les vraies raisons de ce cataclysme n’auraient jamais été révélées au monde. Lisez plutôt.
Les révélations qui vont suivre ont été rapportées dans un journal jordanien "Chiban". Cheick Abdoul-Mou'im Abou Zant, ex-député musulman, a tenu une importante conférence à la mosquée Mousab bin Oumaïr dans le département de Ma’daba le 7 novembre 1999. Au cours de cette conférence, il a développé plusieurs thèmes dont le plus important a été celui du récit du terrible tremblement de terre qui avait frappé la Turquie en août 1999. Selon les sources rapportées par le journal, Cheick Abou Zant a indiqué que la cause de ce tremblement de terre était l’organisation d’une soirée dansante sur les rivages de la mer. Plus de quatre-vingt-dix (90) officiers de haut grade venus d’Israël, de l’Amérique et de la Turquie y prenaient part. C’est au cours de cette réception qu’un Général Turc a déchiré le Saint Coran et l’a jeté aux pieds des danseuses en disant : “Où est Allah pour qu’il défende le Coran ?” Le conférencier a indiqué que le tremblement destructeur est venu comme la riposte d’Allah face à cet acte. Cheick Abou Zant tient ces révélations de hautes personnalités islamiques turques et les journaux islamiques en Turquie avaient d’ailleurs parlé de cette soirée dansante à laquelle faisait allusion Cheick Abou Zant. Ce dernier a livré des révélations plus précieuses au journal “Chîhan” en évoquant les détails complets de cette soirée.
Il dit : “C’était une nuit de débauche à la base navale turque au mois d’août passé avec la présence d'environ trente (30) généraux israéliens, plus de trente (30) généraux américains et plus de trente (30) généraux turcs laïcs. Cette réception a été organisée à l’occasion du départ à la retraite de certains officiers turcs. Au début de la soirée, tout était au complet : l’alcool, les femmes, la danse dégradante exécutée par les... danseuses juives invitées d’Israël et des danseuses turques. C'est au cours de cette soirée de débauche qu’un général turc a demandé qu’on lui apporte le Saint Coran, ce qui a été fait par un capitaine qui s’est mis à réciter quelques versets coraniques sous l’ordre du général. Ce dernier demanda ensuite au capitaine de commenter les versets lus. Mais le capitaine s’est excusé en avouant son incapacité à commenter les versets coraniques vu son ignorance. Puis le général turc prit le Saint Coran, le déchira et le jeta au pied des danseuses juives et turques en disant : "Où est celui qui a fait descendre ce Coran en déclarant : En vérité, c'est Nous qui avons fait descendre le Coran et c'est Nous qui en sommes gardiens.” Suite à cet acte du Général laïc, le capitaine qui a apporté le Coran ressentit une grande peur et s’empressa de quitter le lieu et Allah l’a sauvé pour lui permettre de raconter les faits et les réalités de la punition divine. Les faits se sont produits comme suit : Premièrement : une vive lumière rose couvrit toute la région ; Deuxièmement : Allah a fendu la mer puis les flots enflammés se soulevèrent suivis d’une grande explosion. Troisièmement : Allah le grand Conquérant, le Redoutable se vengea en précipitant toute la base navale au milieu de ces flots enflammés au sein de la mer fendue, puis le tremblement s’étendit aux autres régions. Quatrièmement : Jusqu'ici, Israël, l’Amérique et la Turquie n’ont pas été capables de repêcher même un seul corps d'officier parmi les officiers qu'Allah a fait engloutir par la mer. Les sources précisent que beaucoup de ces révélations que rapporte Abou Zant ont été publiées dans les journaux islamiques turcs. Cependant, celui qui rapporte ces révélations est un musulman d’un niveau universitaire qui a bien voulu garder l’anonymat. Cheick Abou Zant a indiqué qu’environ 3000 personnes ont péri au cours de cette soirée entre officiers, généraux, gardes, serveurs, et danseuses. Cheick Abou Zant a conclu sa conférence par la parole d’Allah : “Et quand Nous voulons détruire une Cité. Nous ordonnons à ses gens aisés d'obéir à nos prescriptions, mais au lieu de cela, ils se livrent à la perversité. Alors la parole prononcée contre elle se réalise, et Nous la détruisons entièrement. Sourate 17, verset 16. Que les doués d’intelligence réfléchissent !
Par Cheick Boureima Abou Daouda
In As Salam
If 004/Février 2000
Le 25 janvier dernier, le tribunal de grande instance de Dakar a ouvert une information judiciaire contre l’ancien Président tchadien en exil au Sénégal. Ce recours est, faut-il le rappeler, une première en Afrique. Il doit sans doute son mérite à l’affaire Pinochet qui aura eu le mérite de faire jurisprudence.
Il y a une dizaine d’années, Hissène Habré fuyait son pays pour trouver asile à Dakar, chassé de la présidence par la rébellion d'Idris Déby. Dans sa fuite, Habré, qui a dirigé le Tchad de 1985 à 1991, laissait derrière lui plus de 200 000 cas de tortures et plus de 40 000 morts, pour un pays qui ne compte que 7 millions d'habitants. L’ancien Dictateur de N’djamena, Hissène Habré a été rattrapé par son passé. Plusieurs associations de défense des droits de l'Homme, sous la houlette de Human Rights Watch et la FIDH (Fédération Internationale des Droits de l’Homme), ont engagé des poursuites aux côtés des victimes contre le bourreau Habré. La justice sénégalaise, ainsi saisie, a inculpé l’ex-Président tchadien de crimes contre l'humanité, de génocide et d'actes de torture. Ce recours va-t-il aboutir ?
Depuis sa fuite, Hissène Habré coulait des jours paisibles dans sa retraite dakaroise. On le retrouvait même chaque vendredi au premier rang de la prière à la grande mosquée de Dakar. Mais cela ne l'a pas blanchi. Pendant les huit années passées à la tête du Tchad, il se serait rendu responsable de milliers de disparitions et de violations des droits de l'homme, selon plusieurs organisations de défense des droits de l’Homme. Ce sont ces organisations qui ont pressé le parquet de Dakar à ouvrir une information judiciaire à son encontre. Les plaignants disent disposer de... preuves accablantes pour que justice soit rendue. Il faut rappeler que l’État tchadien ainsi qu’une association de victimes ont depuis près de neuf ans engagé des poursuites contre l’ex-Président. Mais ces poursuites sont restées vaines, puisque les autorités sénégalaises accordaient apparemment plus de valeur au droit d'asile qu’à la convention d'extradition existant entre le Sénégal et le Tchad.
Avec l’affaire Pinochet et l’apparition sur la scène internationale de nouveaux instruments juridiques, l’O.N.U. a reconnu la nécessité de créer une cour criminelle internationale afin de poursuivre des crimes comme les génocides. Tout n’est plus permis aux dictateurs. En 1993, l’organisation onusienne créa le Tribunal Pénal International (TPI) pour l’ex-Yougoslavie. En 1998, une conférence diplomatique adoptait le statut de la cour criminelle internationale. Trois années avant, c’était autour du TPI de Arusha de juger les génocidaires du Rwanda. L’opinion internationale a pris conscience que les droits de L’Homme constitue une préoccupation universelle. C’est pourquoi, l’affaire Pinochet a débarqué en Afrique. Elle a prouvé que les tribunaux de n’importe quel pays pouvaient poursuivre n’importe quel dirigeant, qu’il soit en exercice ou non. En vertu du principe de la compétence universelle reconnue aux juridictions nationales, tout État peut traduire les auteurs de crimes contre l'humanité devant ses propres juridictions. Et ceci même dans les cas où ces forfaits ne sont pas commis sur son territoire.
Au regard de ce principe, la justice sénégalaise est compétente pour connaître de “l'affaire Habré”. Le Sénégal, qui a à son actif plus de vingt ans de pluralisme politique, a ratifié toutes les conventions internationales. C’est encore l’un des rares pays à ratifier le traité instituant la Cour pénale internationale. L'espoir est aujourd'hui permis que le droit soit dit pour soulager tous ceux qui estiment avoir été lésés par le régime de Habré. Si l’on tient compte du fait que les crimes de guerre et génocides... relèvent des infractions déclarées imprescriptibles, on peut nourrir cet espoir que Habré et ses complices seront punis si la preuve de leur culpabilité est établie. Le Sénégal, en tant que laboratoire de la démocratie africaine, saura certainement, à travers sa justice, donner une suite satisfaisante à cette affaire. C’est tout à son honneur. Surtout après des élections présidentielles qui ont porté Abdoulaye Wade au pouvoir. Le jugement de Hissène Habré, s'il a lieu, serait un signal fort à l’encontre des autres dictateurs et tyrans d’Afrique et d’ailleurs. Ce serait également une victoire sur l’impunité et un enseignement ; celui que l’histoire peut toujours nous rattraper pour les actes que nous avons posés, même en dehors de notre pays. Cela s’entend, avant le jugement de Dieu. L'affaire Habré doit une fois encore servir de leçon à tous ceux qui détiennent une parcelle de pouvoir.
L’Appel N°O39 Avril 2000
Appel islamique
La maison du musulman
La maison, un lieu de repos et de sécurité
“Dieu a fait de vos maisons un lien de repos". Ce verset du Coran tranche avec toute considération qui, s’appuyant sur une prétendue modestie, fait de nos maisons un simple refuge contre les intempéries. Un lieu où l’on y rentre que pour se préserver des aléas climatiques. En réalité, la maison est un lieu d’habitation. Un lieu où le corps retrouve son repos et l’âme sa tranquillité. Cela est d’autant vrai que le messager, selon la tradition, aimait les maisons spacieuses. Ces maisons, il les considérait à juste titre comme faisant partie des conditions de bonheur en ce monde : “Quatre choses font partie du bonheur : la femme vertueuse, l'habitation spacieuse, le bon voisin et la monture confortable”. Rappelons que le bonheur dans ce bas monde fait partie du bonheur du musulman. Le musulman à qui il est demandé de rechercher une bonne part en cette vie et une bonne part dans la vie de l’au-delà. Du reste, il est important de dire que pour adorer Dieu, l’homme ne doit pas renoncer au bonheur en ce bas monde qui doit Participer à la réalisation du bien-être dans l’au-delà. Le messager avait dans ce sens l’habitude de faire une invocation qui a même attiré la curiosité de certains compagnons : “Seigneur, absous-moi de mon péché, élargis les limites de ma maison et bénis-moi ma subsistance.” On lui dit : “Ô Messager de Dieu, combien fais-tu ces invocations ?” Il dit : “Est-ce que ces invocations ont omis quelque chose ?”
La maison du musulman doit être propre. Pour que la maison remplisse sa mission de cadre de protection et lieu de repos du corps et de l'âme, elle doit être avant tout propre. N’oublions pas que l’Islam est la religion de la propreté et de l’embellissement. Le messager a laissé plusieurs enseignements dans ce sens : “Soyez propres car l’Islam est propre” ; “La propreté appelle à la foi et la foi est en même temps que le croyant au Paradis.” Ainsi, la propreté participe à faire de la maison un cadre d’excellence, de sécurité et de repos.
Le musulman peut orner sa maison. En plus de la propreté, l’Islam... Autorise que l’on orne la maison pour lui donner du confort et une belle apparence. Le Coran fustige d’ailleurs ceux qui interdisent la parure que Dieu a fait sortir pour ses esclaves. Dieu nous dit en effet : “Dis : qui a interdit la parure de Dieu qu'Il a faite sortir à ses esclaves ?” (Chapitre 7, Verset 32). A priori donc, l’Islam n’est pas contre l’embellissement de la maison. Mais au demeurant, il n’accepte pas toute parure dans la maison du musulman. Ainsi, il est interdit dans la maison du musulman tout décor illicite.
Le décor illicite, c’est tout décor présentant des apparences de luxe et de prodigalité tant blâmées par le Coran. C’est aussi des décors présentant des apparences d’idolâtrie tant combattues par l'Islam.
Interdiction des apparences de luxe et de prodigalité dans la maison du musulman. L’Islam n’aime pas l’excès en toute chose. C’est pour cette raison que le Coran a blâmé les apparences de luxe et de prodigalité. À juste titre, l’usage de la vaisselle d’or et d’argent ainsi que des tapis. de soie pure est interdit : “Celui qui mange et boit dans la vaisselle d'or et d'argent ne fait que faire entendre le gargouillement du feu de l'Enfer dans son ventre", nous dit le hadith. L’interdiction ne se limite pas seulement à l’usage. Elle va plus loin. Comme bibelot et objets de décor, l’or, l’argent et la soie sont interdits dans la maison du croyant.
La sagesse de cette interdiction, c’est non seulement de purifier la maison des matériaux de luxe exécrables, mais aussi de tuer chez les plus nantis la prodigalité ; c’est-à-dire le gaspillage, la dilapidation et les dépenses inconsidérées qui peuvent briser le cœur des pauvres qui, eux, ne cherchent que le strict minimum pour survivre.
L’Islam, ne l’oublions pas, est la religion du juste milieu. Il faut donc éviter, par simple plaisir de mener une vie de confort dans ce monde d’ici-bas, de verser dans l’excès. Ce que l’Islam condamne en dehors des apparences de luxe et de prodigalité, c’est de décorer sa maison avec des objets qui rappellent. L’idolâtrie, le polythéisme, la mécréance... Interdiction des apparences d’idolâtrie dans la maison du musulman. La préservation du monothéisme reste pour l’Islam une donnée fondamentale. En demandant au musulman de fuir toute imitation de l’idolâtrie, l’Islam cherche à protéger la foi du croyant. Dans la maison du musulman, l’Islam ne saurait donc admettre des objets ou figurines faisant l’objet d’une quelconque adoration ou occupant une place de choix dans les autres cultes (non admis par lui).
C’est dans ce sens qu’on pourrait comprendre par exemple l’interdiction dans la maison du musulman des statuettes (prisées par les idolâtres), des images de prophètes et autres saints (qui sont vénérées). Concernant particulièrement les statues, le messager a dit dans un hadith : “Les anges ne rentrent pas dans une maison où il y a des statues (images)”. L’interdiction est donc formelle. Cette interdiction est corroborée par celle faite au musulman de ne pas fabriquer ce type d’images : “Parmi ceux qui auront les... Tourments les plus sévères le jour de la résurrection sont ceux qui font des images”. Dans un autre hadith, il est dit : “Celui qui dessine une image sera chargé le jour de la résurrection d'y insuffler la vie et il ne pourra jamais le faire”.
Comme nous l’avons dit, l’une des raisons de cette interdiction est la préservation du monothéisme. Il s’agit de précautions pour ne pas que ces images fassent l’objet d’une quelconque considération (crainte, espoir...). Mais, un autre souci est celui du refus de l’imitation : imitation d’abord du polythéisme et de l’idolâtrie qui accordent une affection particulière à ces images qui représentent ceux qu’ils vénèrent ; imitation ensuite de Dieu dans Sa création. Dieu nous dit dans un hadith qudsi : “Qui donc est plus injuste que celui qui est allé jusqu'à créer comme Ma création. Qu'il crée donc une fourmi ! Qu'il crée donc un grain d'orge ; imitation, enfin, des partisans du luxe exécrable et de la bonne vie qui accordent à ces pièces (images) une valeur et une... importance toute particulière au point d’en remplir leurs maisons et palais. Pour ce qui est des tableaux artistiques que l’on dessine sur des surfaces planes (papier, vêtement, rideaux, tapis...), l’Islam ne les admet pas dans la maison s’ils représentent des personnes qu’on entoure d’un culte, s’ils visent à imiter Dieu dans sa création, s’ils visent à glorifier des personnes (monarque, hommes politiques...) et s’ils représentent des êtres animés. Les autres images représentant des choses inanimées comme la nature, le paysage, les montagnes, les mers... de l’avis de certains savants peuvent être admises.
Appel N°O39 Avril 2000
Les meilleurs décors de la maison du musulman
La maison du musulman, cadre d’expression de sa spiritualité, doit être débarrassée des apparences de luxe, de prodigalité et d’idolâtrie. L’Islam, en prenant de telles mesures, vise à purifier la foi du croyant. Le hadith cité plus haut est dans ce sens riche d’enseignements : "Les anges ne rentrent pas dans une... maison où il y a des statues (images)". Le hadith montre bien que celui qui opte pour ce type d’image comme objet de décoration dans sa maison s’est non seulement démarqué de la tradition, mais que mieux, il s’est éloigné de la miséricorde de Dieu ; les anges étant une manifestation de cette miséricorde divine. Le refus des anges de rentrer dans une maison où il y a des images est donc un signe de rupture du croyant avec la spiritualité. Cette rupture, il faut absolument l’éviter. Et cela passe non seulement par l’interdiction de l’image dans la maison, mais également par les nombreuses invocations enseignées par le Coran et la Sunna.
Le croyant doit en effet habiller sa maison avec des invocations, pour la purifier des agissements de Satan et des démons qui font partie certes du monde de l’invisible, mais qui ne restent pas sans influence sur notre foi en tant qu’élément de notre environnement. La maison ne doit pas seulement servir à nous protéger contre les intempéries. Elle doit aussi être un cadre à même. de protéger notre foi contre toute forme d’agression. La lecture du Coran, les invocations coraniques et celles tirées de la sunna, le zikr, les prières nocturnes et surérogatoires... sont à même de nous prémunir de ces agressions. Ils doivent donc, à tout prix, faire partie de ceux dont il faut pour embellir nos maisons. Pour le musulman, la préservation de la foi et de notre crainte révérencielle de Dieu passent avant tout.
Sharif Souley Souhaïb Bin Sinon fut un compagnon de Muhammad (saw) dont la pitié du cœur et l'amour du Seigneur lui ont valu une place de choix parmi les sahabas. Il a vécu l’époque de la persécution et de l’oppression de la djahiliya et à l’ère du militantisme désintéressé et du sacrifice sincère pour Dieu. Au vu de ces qualités remarquables, témoins de la grandeur de sa foi, le Seigneur de la providence terrestre et céleste a mentionné notre romain parmi les quatre premiers locataires du paradis, à savoir Muhammad (saw) l’arabe, Salmane le perse, Bilal l’Éthiopien. Alors comment Souhaïb en... Est-il arrivé là ? Souhaïb est né de Sinan, Gouverneur d’Oubdolla, une province de l’empire romain. Il vécut ainsi ses premiers moments dans le bonheur et le confort matériel dans ce palais situé sur la rive de l’Euphrate. Mais, à la conquête d’Oubdolla par les Byzantins, le jeune Souhaïb est réduit à l’esclavage. Transporté par les esclavagistes jusqu’à la Mecque, il fut vendu à Abdallah Ibn Joudain. Épris par l’intelligence, la vigueur et le dévouement du jeune romain, Ibn Jourdain ne put s’empêcher de libérer Souhaïb. Ainsi, le fils de Sinan eut l’opportunité de pratiquer du commerce aux côtés de son ex-maître Abdallah. Mais la liberté de Souhaïb ne se limita pas aux aspects matériels, elle le conduisit jusque dans la nouvelle religion. Malgré le développement du négoce de Souhaïb, celui-ci n’a point été aveuglé par le matérialisme. Ainsi, on le vit un jour, en compagnie de son ami Amer Ben Yasser, se poindre à la porte de la maison d’Arqam où se trouvaient le prophète (saw) et les premiers adhérents de la... Religion naissante pour embrasser Souhaïb le Romain : un premier au paradis l’Islam. Ils venaient également d’emprunter le chemin du sacrifice. Sacrifice qui était encore plus difficile pour des étrangers ou ex-esclaves comme lui. Mais notre Romain ne céda point à la terreur et à la barbarie de la djahélia mecquoise ; il fit preuve de fidélité et de loyauté. Ses relations avec le bas monde et tout ce qu’il contient prirent une nouvelle tournure. Il se vidait ainsi des passions mondaines pour s’abandonner aux aventures téméraires de la voie de Dieu. De toute façon, c’était là les frais d’adhésion à la nouvelle religion. Et Souhaïb en était conscient ; puisqu’il savait que traverser le seuil de la maison d’Arqam n’était pas une simple traversée, mais le début d’une ère de grande responsabilité, l’entrée dans un nouveau ordre de vie. Et pour que le changement soit total, Souhaïb entreprit son hégire pour Médine à la suite du prophète (saw). À Kouraïch et ses tireurs qui se lancèrent à sa poursuite, Souhaïb. s’adressa à ses derniers en ces termes : “Ô peuple de Kouraïch, vous savez que je suis le plus habile des tireurs. Par Dieu, si vous vous approchez de moi, je vous lancerai toutes mes flèches puis j'utiliserai mon épée jusqu'à ce qu'elle s'use, approchez donc si vous voulez... Et si c'est ma fortune que vous désirez, je vous désigne la place à condition que vous me laissiez tranquille.”
Les tireurs de Kouraïch approuvèrent la proposition de Souhaïb en disant : “Tu es venu chez nous chétif et pauvre, tu t'es enrichi, et tu as eu cette place parmi nous et maintenant tu veux nous quitter avec ton argent, pas question !”
Souhaïb Bin Sinan venait une fois de plus de s’affranchir grâce à son intelligence, à sa vigueur (son habileté dans le tir) et à son dévouement (pour le travail qui lui a procuré la fortune). À son arrivée à Médine, le prophète (saw) l’accueillit par ses mots qui réconfortent : “Ô Abou Yahia ! La vente a été bénéfique !”. Le prophète (saw) faisait ainsi allusion au marché que Souhaïb, Kouraïch. qu’il surnomme “Abou Yahia” venait de conclure en échangeant toute sa fortune contre sa foi. Et comme pour exalter cet échange prodigieux, Dieu révéla le verset suivant : “Il en est un, parmi les hommes, qui s'est vendu lui-même pour plaire à Dieu. Allah est plein de compassion pour ses serviteurs.” Coran 2 / 207
Oui, Souhaïb a soustrait son âme croyante au poids de la mécréance au prix de toute la fortune qu’il amassait depuis sa tendre jeunesse. Il venait ainsi de donner à ce verset tout son sens : “Certes, Allah a acheté des croyants, leurs personnes et leurs biens en échange du paradis...” Coran 9/11
Combien de musulmans sont-ils prêts de nos jours à marchander leur foi contre leur fortune ? À chacun d’y réfléchir.
Nouhoun BAKAYOGO
L’Appel N° 039 Avril 2000
Appel islamique ; - Les droits du corps sur le croyant
La première partie de cet article vous a été proposée dans le précédent numéro (38). Par la grâce de Dieu, voici la suite et la fin.
L’habillement et l’élégance
L’un des droits du corps du Musulman est celui d’être convenablement vêtu. “O enfants d'Adam ! Qui, Nous avons fait descendre sur vous le vêtement, pour cacher votre nudité.” Coran (7:26) “Dis : “Qui vous a interdit l'ornement de Dieu - qu'il a produit pour Ses esclaves ?” Coran (7:32) “Et les bêtes, Il les a créées. En quoi il y a pour vous chaud vêtement et d'autres avantages...” Coran (16:5-6)
Par rapport à l'homme dans la nature, ces versets font apparaître clairement les principaux rôles que joue l’habit : - assurer la pudeur en valorisant le respect de la dignité humaine - protéger le corps contre les rudes conditions climatiques et leurs effets néfastes sur la santé - embellir le corps et le rendre beau et élégant.
L’islam s'est bien occupé de l’habillement et de l’aspect extérieur ainsi que de la bonne apparence (élégance) du musulman. Le Saint Coran n’a pas négligé cet aspect qu’il considère comme une nécessité de la vie et du corps. Mais la conception islamique de l’ornement et de la beauté ne s’arrête pas comme... pétrifié à la limite du sentiment matériel et du but émotionnel passager, mais il dépasse tout cela pour éveiller, dans l’âme du musulman, aussi bien le tison de la luminosité spirituelle que le sentiment consciencieux et impressionnant qui tire l'esprit de sa stagnation matérielle et de sa sensation bestiale. L’islam a fait de la jouissance modérée des plaisirs de la vie un expédient qui lie l’homme à son Créateur.
L’imam Ja'far As-Sadiq a rapporté de l'Imam Ali (R.A) : “Certes, Dieu est beau et aime la beauté, et Il aime voir les manifestations de Ses bénédictions sur Son sujet.” Et il est rapporté d’après l’un des compagnons de l’imam Es-Sadiq : “J’étais présent auprès de lui, lorsqu’un homme lui dit : “Que Dieu vous garde, vous avez rapporté qu'Ali Ibn Abi Taleb (R.A) s'habillait de vêtements râpés et portait une chemise de quatre dirhams ou ce qui s'en rapproche, alors que nous voyons sur vous un bel habit...,” alors l’Imam lui répondit : "Certes oui. Ali Ibn Taleb portait cela, à une époque où... Personne ne s'en indignait, mais s'il l'avait porté de nos jours, on l'aurait blâmé pour cela. Donc, le meilleur habit pour chaque époque est celui que porte la majorité des gens. Retenons alors que l’Islam recommande au musulman de s’habiller convenablement selon son époque, mais nous ne devons pas le faire avec des tenues indécentes et provocatrices ou ostentatoires.
Le sport. L’Islam croit fermement en les vertus du sport car il combat l’inconsistance, la désintégration, la faiblesse volontaire, la paresse, la flaccidité et l’avachissement de l’esprit ainsi que l’apathie. En effet, le sport est l’adaptation du corps et son entraînement à des mouvements, à des exercices lui procurant plus de force, d’élégance, de légèreté pour qu’il puisse par la suite supporter plus d’efforts, vaincre plus facilement la fatigue et résister à toute sorte de maladies. En outre, le sport favorise le sentiment de puissance, de jeunesse et cultive chez l’homme l’esprit de patience, de courage et la confiance en soi. C’est sans doute un élément essentiel du bien-être physique et mental. Doute dans cet esprit que le Coran exhorte les fidèles musulmans à assurer une éducation physique et sportive aux générations montantes : “Préparez pour lutter contre eux tout ce que vous trouverez de forces et de cavaliers.” Coran 8/60.
Le corps du musulman a donc droit à une bonne éducation physique et sportive. Le prophète Mouhammad (saw) avait tracé une voie indicative en incitant les fidèles à enseigner à leurs enfants les arts martiaux de l’époque, et à les aider à bien entretenir et développer leurs potentialités physiques en disant, par exemple : "Apprenez à vos enfants la natation, le tir et l'équitation.” Le Messager de Dieu (saw) avait lui-même organisé une course de chevaux en attribuant des prix en argent et cela pour encourager l’éducation sportive. Il nous incombe donc d’emboîter son pas.
Le repos et le sommeil : “Et c'est Lui qui a fait pour vous, de la nuit un habit et du sommeil une pause.” Coran 25/47. Ce verset affiche l’évidence du sommeil comme un droit du corps du musulman. Le sommeil est un signe de Dieu par lequel le corps doit se préparer, après chaque période de temps, à subir une absence partielle et temporaire de ses interactions qui engendrent son épuisement et sa fatigue, saisissant ainsi une occasion pour le repos, la récupération des forces et la restitution de l’énergie dépensée dans le travail. Même si le sommeil est reconnu comme un besoin naturel et obligatoire, il n’en demeure pas moins que tout abus ou exagération dans le recours à cette pause est catégoriquement déconseillé, voire même interdit dans certains cas : il nous est parvenu de l’Imam es-Sadiq que l’excès de sommeil est une perdition pour la religion et pour cette vie. En plus, on trouve aussi la citation suivante d’après l’Imam Ali Ibn Moussa Er-Ridha (R.A.) : “Il est certain que Dieu, à Lui majesté et inaccessibilité, déteste le serviteur grand dormeur et oisif.” Que Dieu nous en garde.
La prévention et le traitement des maladies. L’Islam a fait de la prévention des maladies un principe fondamental. d’hygiène et de protection sanitaire. C’est pour cela que la législation islamique a fixé les règles primordiales telles que : la propreté, la modération ou le non-excès dans la consommation des nourritures et boissons. “Ne mangez pas à satiété, vous demeurerez en bonne santé”, ou encore : “Ne tuez pas vos cœurs par l'abondance de nourritures et de boissons, en effet, le cœur est comme la plantation, il meurt si l'eau est surabondante.” “Je crains trois choses pour ma communauté”, a dit le prophète : “l'égarement après la connaissance, la séduction et le désir du ventre et du bas ventre.”
Les enfants d'Adam ne peuvent se passer de manger pour reconstituer leurs forces. Aussi, si quelqu'un d'entre vous mange, qu'il réserve le tiers du ventre à la nourriture, un tiers à la boisson et l'autre tiers pour sa respiration, et ne vous engraissez point, ce sont les porcs qu'on engraisse pour l'égorgement”, a souligné le prophète Mohamed (saw). Qu’Allah nous aide à emboîter ses pas car il demeure en lui un. Bel exemple pour nous. Que Dieu nous guide sur la voie de la modération en toute chose.
SA WADOGO NOUFOU
Enseignant à Kantchari
L’Appel N° 039 Avril 2000
L'Appel islamique
La contribution de la Zakat au développement
Les recettes zakataires, tout comme les ressources budgétaires, constituent des moyens de financement des dépenses sociales et d’investissement indispensables à l’amélioration des conditions de vie des populations des zones urbaines et rurales. Dans un contexte économique marqué par la rareté des ressources financières, nombreux sont les fidèles musulmans ou les bonnes volontés qui œuvrent pour une meilleure organisation de la collecte de la Zakat et son allocation efficace dans le circuit économique.
Quelle politique de gestion de la Zakat doit-on mener afin de renforcer la solidarité entre les fidèles et, dans le même temps, accroître la contribution de la Zakat au développement économique ? On s’accorde à reconnaître que nos sociétés traditionnelles ont une tradition de solidarité qui se mani- fête à certaines occasions notamment les événements heureux ou malheureux : maladies, décès, incendies, mariages, naissances... L’impact de cette solidarité informelle est loin d’être négligeable en ce sens qu’elle contribue à répondre aux besoins vitaux des personnes démunies. En Islam, la solidarité ne se limite pas à une simple assistance aux pauvres ou à la charité. Plus que cela, elle va plus loin en proposant aux fidèles un système de redistribution des revenus dont la Zakat constitue la clef de voûte. Prescrite par Dieu depuis la 2e année de l’Hégire, la Zakat constitue le 3e pilier de l’Islam. L’importance de cet impôt divin est mise en relief par le fait que dans plus de 28 passages du Saint Coran, la Zakat est évoquée en même temps que la prière. À ce propos, Dieu nous dit : "Faites régulièrement la prière, donnez la Zakât et mettez-vous sous la protection de Dieu" (Ch 22 V 78). Ainsi, sur la base de l’interprétation de ce verset, la foi de la personne humaine ou de l’individu dans une société islamique, ne peut être complétée que par, entre autres obligations fondamentales, le paiement de la Zakât qui constitue le prolongement de la croyance en un Dieu unique. L’obligation de payer la Zakât, par rapport à d’autres aumônes bénévoles, et comparativement aux impôts et taxes ou recettes fiscales, tient au fait qu’elle joue le rôle d’instrument de financement des besoins de croissance économique et d’amélioration des niveaux de vie des personnes démunies. En payant sa Zakât, le musulman remercie Dieu le Tout-Puissant pour les largesses dont Il l’a comblé. En outre, il manifeste également sa volonté de contribuer à la prise en charge des besoins des nécessiteux au sein de la société. En effet, l’un des buts nobles de l’Islam, c’est d’éradiquer les disparités sociales, la pauvreté et la misère. Allah, le Très-Haut, nous exhorte dans son Saint Coran à l’entraide et à la solidarité avec les pauvres en ces termes : “Ceux qui feront l'aumône le jour ou la nuit, en secret ou en public, en recevront la... récompense de Dieu. La crainte ne descendra point sur eux, et ils ne seront point affligés". (Ch 2; V 275). Dans un autre passage, il nous dit ceci: “Croyants! Sur les biens que vous possédez et sur les fruits sortis par vous du sol pour votre usage, réservez les meilleurs aux aumônes" (S2; V267). En raison du caractère obligatoire de la Zakât, le Saint Coran, la tradition du prophète (PSL) et les jurisconsultes condamnent et blâment l’évasion, la rétention et le refus d’acquitter la Zakât ou Aumône légale.
1°) Rôle social de la Zakât
Si l’application de la Zakât a été une réalité au temps du prophète des Califes bien guidés, force est de constater que cet élément fondamental de l’Islam est de nos jours, objet de négligence de la part de nombreux fidèles. La conviction que l’Islam est un tout et qu’il faut qu’il soit appliqué à tous les niveaux constitue la raison pour laquelle les musulmans scrupuleux ont toujours continué à payer la Zakât, directement aux pauvres ou auprès des structures chargées de la. redistribuer. Au-delà de son aspect spirituel, elle a une vertu sociale et économique. En effet, le paiement de cette redevance contribue non seulement à purifier notre âme, mais aussi nos biens, car même les revenus ou les biens acquis de façon licite ont chaque fois besoin d’être purifiés. Le Coran fait promesse de prospérité à ceux ou celles qui la pratiquent. Du reste, aucun croyant ne peut se plaindre d’un appauvrissement moral ou matériel quelconque du simple fait d’avoir payé la Zakât ou toute autre forme d’aumône. Contrairement à ce que pensent les fidèles qui ne s’acquittent pas de cette obligation, le prélèvement de cette redevance religieuse ne diminue pas la quantité de leurs biens, mais permet, par la grâce d’Allah, de les fructifier aussi bien dans la vie d’ici-bas que dans l’au-delà. Parmi les objectifs de la Zakât, il y a le fait de secourir les pauvres et de pourvoir aux besoins des nécessiteux et des déshérités, car l’Islam nous oblige à être solidaires envers nos semblables pauvres ou en difficulté. Difficulté. La Zakât pourrait être suspectée de favoriser le développement d'une classe d’éternels assistés sociaux, donc d’être une mesure qui freine le progrès économique. Ce serait mal connaître l'Islam qui n’a jamais encouragé la mendicité. Le prophète Mohammed (P.S.L) a été très précis à ce sujet : “mieux vaut pour l'un de vous, de ramasser du bois pour assurer son gagne-pain que de mendier.” La Zakât, lorsqu’elle est donnée correctement, évite aux couches sociales les plus démunies de la société d’être trop occupées par les problèmes matériels au détriment des actes d’adoration.
2°) Rôle économique de la Zakât A l’instar du Trésor Public qui est le service étatique chargé des opérations de recouvrement d’une partie des recettes fiscales et de leur affectation, nous désignons par Institution Zakât, l’organisme non gouvernemental chargé de la collecte et la redistribution de la Zakât. “L'appellation d'ONG convient bien à l'Institution chargée de sa gestion. Pour comprendre son fonctionnement, il faut le... Située dans le cadre général des ONG de développement, l'Institution de la Zakat se situe au carrefour des trois formes d'ONG : elle est une ONG de financement parce qu'elle collecte les fonds de ses contribuables ; elle est une ONG d’intervention du fait de son action sur le terrain, qui est principalement celui de la redistribution des revenus ; enfin, elle est une ONG d'appui en ce sens que les fonds collectés sont parfois substantiels et peuvent servir à appuyer le fonctionnement d'autres ONG. (Cf document présenté par Kiendrebeogo Issaka pour l’Obtention de la Maîtrise en Sciences Économiques, p. 4)
Exemple : Baitoul Zakaat, une ONG koweïtienne qui collecte la Zakât, soutient financièrement les ONG à vocation humanitaire comme l’AMA (Agence des Musulmans d’Afrique) implantée au Burkina et qui a à son actif plusieurs réalisations à caractère socio-éducatif et religieux. D’une manière générale, l’efficacité des interventions des ONG ou des organisations chargées de la collecte... de a 8 L’Appel N°039 Avril 2000
L'appel islamique
La Zakât n'est plus à démontrer. En tant qu’organisation de proximité, elle touche mieux les groupes cibles ou les bénéficiaires. Avec la rigueur qui leur est parfois reconnue dans la gestion des fonds mis à leur disposition, elles jouissent de la confiance des donateurs et mènent des actions qui répondent aux besoins des nécessiteux.
Le Burkina Faso compte une multitude d’Associations ou d’ONG d'obédience religieuse. Parmi ces organisations, il y en a qui interviennent dans la collecte de la Zakât au niveau intérieur et qui sont pourtant très méconnues. En effet, si aujourd'hui des produits de la Zakât circulent dans l’économie, notamment à travers l’œuvre de certaines ONG étrangères (Agence des Musulmans d'Afrique, Zakât Housse), on note un faible niveau de recouvrement de la Zakât intérieure.
Dans le contexte actuel de notre économie, marqué par une crise économique et la fin de l’état providence, il est plus que jamais nécessaire qu'une attention... particulière soit accordée aux initiatives tendant à rechercher une meilleure collecte de cette aumône légale qu’est la Zakât. Avec la baisse tendancielle de l’aide étrangère et les problèmes de mobilisation des ressources financières, la Zakât peut être une source de financement alternative pour plusieurs raisons : elle s’applique à une tranche de la population ayant un revenu relativement élevé ; sa pérennité lui confère une place de choix dans les stratégies de développement privilégiant la participation des populations ; elle assure le financement de petits projets touchant un grand nombre de bénéficiaires (forages, dispensaires, écoles, lieux de culte...).
Politique de collecte et d’affectation des fonds de la Zakât
L’application de la Zakât depuis le temps du Prophète et des califes bien guidés a pris différentes formes mais n’a jamais cessé. Mais avec le démembrement du monde musulman sous la période coloniale, la plupart des institutions islamiques et en particulier la Zakât ont cessé de Fonctionner. Cela n’a pas empêché les fidèles de continuer à payer la Zakât non à l’État, mais directement aux pauvres. La prise de conscience croissante du rôle que peut jouer la Zakât dans le processus de développement d’un pays a convaincu une bonne partie des contribuables musulmans sur la nécessité de mettre en place des institutions chargées de la collecte et de la redistribution de cette aumône. Au nombre de ces institutions, nous pouvons citer la Fondation Zakât en Côte d’Ivoire, le Fonds Sénégalais de Solidarité Islamique et la Fondation OMAR B.K au Burkina Faso. Ainsi, à côté des actions individuelles, ces organisations et associations caritatives veillent aussi bien à la collecte qu’à la redistribution de la Zakât.
3.1 Méthodes de collecte de la Zakât
Au Burkina Faso, comme dans la plupart des pays de la sous-région, l’acquittement de la Zakât se fait de façon volontaire. Cela n’empêche pas les organisations chargées de la collecte de la Zakât de tisser des relations avec les contribuables. potentiels afin de les sensibiliser sur les mérites liés au paiement de cette aumône. Une des tâches de ces institutions, c’est aussi de persuader les individus et les entreprises de s’acquitter de la Zakât en leur confiant leur argent ainsi que les dons en nature destinés aux pauvres. Une telle démarche est motivée par plusieurs raisons :
- La Zakât est un impôt et la détermination de son assiette nécessite des calculs scientifiquement élaborés. Si l’on procède autrement, c’est-à-dire lorsqu’on se trouve dans une situation où c’est le contribuable lui-même qui s’impose, il y a des risques qu’il fasse des prélèvements forfaitaires et disproportionnés en fonction de son niveau d’instruction ou de ses convictions, et cela portera atteinte à l’esprit d’équité que véhicule la Zakât : un contribuable qui n’est pas en mesure de dresser un bilan financier fiable peut-il s’acquitter correctement de son aumône légale ?
- La nature de cet impôt de type déclaratif, donc fondé sur la bonne foi du contribuable, suppose L’existence d’une structure de contrôle pour vérifier la fiabilité des données ou des paiements effectués. Dans le cas contraire, on assistera à une approximation et encore une fois de plus, on portera atteinte au rôle purificateur des biens que joue la Zakât.
L’existence d’une structure organisée de collecte permet d’une part une centralisation des fonds et leur répartition entre les différentes catégories de bénéficiaires et d’autre part limite les risques de voir les personnes se réclamant bénéficiaires légitimes s’adonner à la mendicité. En dehors des contributions financières, les institutions caritatives reçoivent également des bonnes volontés des contributions en nature : effets d’habillement, produits alimentaires, produits pharmaceutiques qu’elles distribuent aux familles nécessiteuses.
3.1 Méthode de répartition
La loi de la Zakât préconise la distribution de la Zakât au profit des huit bénéficiaires désignés dans le Coran. Le programme de répartition adopté par les institutions chargées de la Zakât. porte généralement sur les aspects suivants :
- aides ponctuelles sous forme de vivres aux familles pauvres. Ces aides vont la plupart du temps à des familles pauvres dont la décence empêche de pratiquer la mendicité. Ce sont des gens que l’on croit vivre décemment alors qu’ils sont dans un grand besoin ;
- financement de microprojets ;
- parrainage des orphelins ;
- construction d’infrastructures religieuses, de puits, de forages, d’écoles, de dispensaires.
Conformément à l’adage de portée économique qui dit “qu’il vaut mieux apprendre à quelqu’un à pêcher que lui donner du poisson chaque jour”, nous pensons que les ressources du fonds Zakât doivent aider les bénéficiaires à se prendre en charge plutôt qu’à tendre la main chaque jour.
Parmi les autres priorités, on peut citer le volet ayant trait à la formation technique eu regard à l’évolution rapide des nouvelles technologies dans les différents secteurs socio-économiques. Face aux moyens limités de l’État, les organisations de bienfaisance sont les plus indiquées dans cette tâche de formation des agents économiques. Avec une population à 80 % analphabète, ce genre de formation dans un pays en développement est nécessaire pour répondre aux exigences du développement économique et social. Notre réflexion avait pour but de présenter le rôle que joue l’Institution Zakâtaire dans le développement économique. Dans le cas de la plupart de nos pays, il n’y a pas d’obligations légales à ce que les fidèles payent leur Zakât aux Institutions ou Organisations de bienfaisance. C’est ce qui explique le fait que la Zakât collectée au niveau intérieur n’ait pas pris une grande ampleur. Cependant, il faut relever que les bonnes volontés contribuent substantiellement par des concours divers à l’action de ces Institutions. La pratique sur le terrain révèle dans bien des cas que la Zakât, pour qu’elle remplisse parfaitement sa mission, doit être collectée par des Institutions jouissant d’une certaine crédibilité et qui sont unanimement reconnues par les contribuables. Pratique historique du temps du Prophète (PSL) et de ses compagnons le prouve. Y. Lassané SAWADOGO
L’Appel N°039 Avril 2000 (économie et Politique)
Démocratisation en Afrique : L’exception est-elle seulement sénégalaise ?
On avait tout prévu, tant redouté pour le Sénégal pendant les campagnes et surtout au lendemain de la proclamation des résultats. Finalement, l'apocalypse ne s'est pas produite. La crainte des troubles post-électoraux a cédé la place à la liesse de tout un peuple qui s’est senti libéré par la victoire de Me Abdoulaye. Après 40 ans de vie politique passée sous la dynastie Senghor, les Sénégalais tournent enfin la page. Celle de “plusieurs décennies de pouvoir personnel et de socialisme” pour reprendre le Français ami de Me Wade, Alain Madelin, président de Démocratie libérale. Le “Sopi” (changement en langue wolof) qu’ils ont réclamé depuis des années, parfois avec la démesure, les Sénégalais l’ont enfin obtenu ; avec la manière en plus. Plus qu’une simple victoire électorale de l’opposition, le Le changement intervenu est un bon signe pour la sous-région et l’ensemble des pays africains. Pour beaucoup d’observateurs, le Sénégal administre par ce vote présidentiel une petite leçon de démocratie aux dictateurs (encore nombreux sur le continent) mais aussi aux démocraties occidentales qui ont tendance à toujours se prendre comme la seule référence en matière de “civilisation politique”. La leçon sénégalaise est d’autant plus cinglante pour les pays du Nord qu’elle sonne comme un désaveu total de leur hégémonie établie depuis longtemps en Afrique. “Désormais, les peuples africains acceptent de prendre en main leur propre destin en se choisissant eux-mêmes leurs responsables. Finis les démocraties prêtes à porter.” C’est en substance le message que le peuple sénégalais envoie aux anciens maîtres. La victoire de Wade et de sa coalition instruit également les oppositions en Afrique, souvent aussi pressées d’arriver au pouvoir qu’un enfant qui attend une omelette au feu. Dans la tête de beaucoup d’hommes politiques. Africains, en effet, s’opposer veut dire tout court “prendre le pouvoir avec l'adversaire d'en face et tout de suite”. Sitôt entrés en politique, ils se voient déjà à la tête de leurs nations et l’endurance n’est pas du tout la chose la plus courante chez nos opposants. Même Me Wade, que l’on présente aujourd’hui comme un exemple de patience en la matière, n’a pu résister durant sa vie d’opposant à venir goûter à la soupe du pouvoir. Par deux fois, le leader du PDS (Parti démocratique sénégalais) est entré dans le gouvernement de Diouf. S’il s’en était défendu en son temps, les socialistes n’ont pas manqué de le lui rappeler pendant la dernière campagne électorale.
Mais quoi qu’il en soit, on reconnaît aujourd’hui à Wade le mérite d’avoir défié le PS au Sénégal à un moment où le parti unique était la seule “religion politique” tolérée sur le continent africain. Cette présidentielle sénégalaise, que l’on a qualifiée de “scrutin exemplaire”, a envoyé enfin un signal fort aux “régimes établis” de l’Afrique. À toutes. “Monarchies démocratiques” maintenues au pouvoir par les manipulations électorales, les électeurs du Sénégal et particulièrement sa jeunesse donnent un avertissement clair : que demain leur pouvoir peut subir le même sort. D’ailleurs, bien de dictatures ou de pseudodémocraties africaines sont conscientes que l’exemple du pays de Senghor peut faire tâche d’huile et que dans une compétition électorale transparente aujourd’hui leur pouvoir s’écroulerait sans aucun doute.
Dans le cas sénégalais, on a vite fait de féliciter le président battu pour, dit-on, son inclinaison facile. Et s’il faut saluer la promptitude avec laquelle Diouf a reconnu et a accepté sa défaite, il conviendrait par contre de nuancer les appréciations élogieuses que certains n’ont pas hésité à faire de son geste. Jeter des fleurs à celui qui a occupé le fauteuil présidentiel pendant 19 ans pour le seul fait qu’il ait accepté de faire ce que tout perdant raisonnable devrait faire, c’est faire une insulte à la démocratie. La souveraineté du Le peuple doit passer avant tout ; c’est le B.A.-ba dans toute démocratie sérieuse. Diouf a perdu par la seule volonté des Sénégalais qui ont exprimé clairement leur désaveu de son régime. La seule chose qu’il pouvait et devait faire, c’est de s’en aller, sans état d’âme. Pour s’être respecté en tant que Sénégalais digne en respectant la volonté du peuple, Abdou Diouf n’a rien montré de spectaculaire qui puisse lui valoir toutes les louanges auxquelles il a droit. N’a-t-il d’ailleurs pas été sanctionné pour sa gestion approximative du pays par ces concitoyens à travers cette victoire électorale accordée à Wade par 58,49 % des votes ?
En définitive, le véritable vainqueur de cette élection exemplaire, c’est le peuple sénégalais qui a su puiser dans ses valeurs propres, les ressources nécessaires à cette transition démocratique. Il a fait preuve de maturité et d’un sens élevé de responsabilités. La foi musulmane y a certainement contribué et grandement. On a oublié de souligner cet aspect des choses, comme on l’a. Si bien souvent fait. Pourtant, il faut le dire et le dire avec force. Les Sénégalaises n’ont pas seulement été de bons citoyens, mais aussi de bons musulmans.
Saad Ben Bass
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Économie et politique
Hypocrisie devant le drame tchétchène
Ces dix dernières années auront été marquées, en Europe et dans les républiques de l’Est, par une recrudescence de la violence à l’encontre des populations musulmanes. De la Bosnie au Kosovo, et du Kosovo à la Tchétchénie, le monde dit civilisé aura été le spectateur plus ou moins passif de massacres d’opposants, invariablement des minorités persécutées, à des agresseurs ayant carte blanche. pour piller, violer, torturer et tuer des civils et des résistants. Et toujours, à quelques variantes près, le même scénario :
1 - L'annonce que des troupes surarmées envahissent une région, encerclent des villes et détruisent des villages.
2 - Protestations et indignations de la communauté européenne qui entreprend verbalement de condamner ces agressions.
3 - Les agences de presse et les médias font état des meurtres en série, des femmes violées, et de la fuite des civils dans des conditions épouvantables.
4 - Intervention de l’ONU, verbale encore, qui tout en dénonçant les atrocités commises, entretient avec des criminels de guerre des relations diplomatiques, leur conférant le statut d’interlocuteurs légitimes. La communauté internationale, le Conseil de l’Europe suivent à peu près la même démarche, pendant de longs mois de négociations et tergiversations qui se traduisent sur le terrain par la mort de dizaines de milliers d’innocents.
5 - Enfin, le dénouement tragique, qui se traduit soit par une intervention tardive ou maladroite, comme en Bosnie et au Kosovo, soit par l’entérinement du fait accompli, comme en Tchétchénie. Bill Clinton, en prononçant son dernier discours devant le Congrès sur l’état de l’Union, a qualifié la guerre en Tchétchénie de “cruelle et sans issue”. Cela ne l’a pas empêché d’assurer à Moscou son soutien pour le développement de la démocratie.
Il y a quelque temps, le Secrétaire Général de l’OTAN, Georges Robertson, a affirmé : “Il est clair que nous comprenons les raisons des actions de la Russie en Tchétchénie, mais nous n'acceptons pas avec fermeté ce que les forces russes font en Tchétchénie” (ATS, 25 janvier 2000). Aux dernières nouvelles, l’Alliance s’est engagée à normaliser ses relations avec la Russie. Belle hypocrisie, belle fermeté de ceux qui, il y a quelques mois, ont bombardé Belgrade soi-disant pour protéger les Albanais de Pristina et du Kosovo, livrés aux soldats de Milosevic ! Au nom de la démocratie, Poutine se moque éperdument des remontrances du brave. Bill Clinton, car le peuple russe, assoiffé de vengeance et dénonçant les attentats terroristes (il n’en connaît que trop vaguement les auteurs), a trouvé le bouc émissaire idéal dans la race tchétchène, faite de bandits et d’assassins. Plus les soldats de Poutine tuent et détruisent, plus sa cote de popularité augmente. Ce sont par ces effets un peu spéciaux qu’un chef d’État charme parfois son électorat. Le brave Bill, bombardant Bagdad et ses environs, en sait quelque chose...
Comment d’ailleurs ne pas s’étonner de la position de la communauté internationale, qui n’a rien fait pour empêcher la chute de Grozny, alors qu’elle s’était décidée à défendre Sarajevo et Pristina ? La Tchétchénie est “une” affaire interne. Premier argument qui ne tient pas, si l’on considère que les Russes et les Tchétchènes n’ont rien en commun, ni d’un point de vue ethnique, ni d’un point de vue linguistique, ni d’un point de vue religieux. Il n’y a que les fous qui massacrent les membres de leur propre famille. Ici, il s’agit bel et bien d’exterminer une population étrangère pour s’approprier et dominer son territoire. Tout le monde a soutenu, contre la souveraineté de l’État musulman indonésien, l’indépendance du Timor Oriental, au mépris de l’opinion de tout le peuple, qui a ses traditions et sa culture, et qui ne s’est jamais reconnu, depuis des siècles, comme appartenant à la grande Russie.
Déjà en novembre 1999, l’OSCE (Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe) avait estimé, par la bouche de son délégué norvégien Kim Traavik en Ingouchie, que “l'envergure de la catastrophe humanitaire est plus importante que l'on ne pensait”. La conclusion de l’OSCE était que cette guerre ne pouvait plus être considérée comme “une affaire intérieure russe” (LT/AFP 11 novembre 1999).
Deuxième argument invoqué pour expliquer le manque de réaction des pays européens : la menace islamiste qui plane sur l’Asie centrale. Olivier Roy, Directeur de recherche au CNRS à Paris, relève en Tchétchénie “l’influence”. Afghane. Propos retenus par Marc Wolfensberger, qui n’hésite pas à parler de “tali-banisation croissante” dans le Caucase (Le Temps, 17 janvier 2000). Thèse déjà suggérée par Alexeï Malashenko, qui dans Le Monde diplomatique d’octobre 1999, évoquait déjà l’escalade militaire face au “péril islamique”. Ces analyses, si elles donnent à l’agression russe des apparences de légitimité, ne correspondent pas du tout à la réalité tchétchène. Les tchétchènes, dans leur ensemble, n’ont jamais manifesté une volonté d’expansion à l’extérieur de leur territoire, mais seulement un désir d’indépendance qui contrarie les intérêts économiques russes dans la région. Il est parfaitement ignoble d’assimiler l’ensemble d’une population musulmane au “terroriste islamiste” pour justifier un massacre de cette ampleur (Voir dans Le Courrier et la Liberté du 1er février 2000, “une guerre absurde...”). Et Denis Paillard, autre directeur de recherche au CNRS, aura beau lancer son appel à l’aide, en affirmant haut et fort que Le peuple tchétchène est en danger de mort (Le Temps, 27 janvier 2000). Le monde dit civilisé restera jusqu’au bout étonnamment silencieux devant ce génocide organisé. Nous ne sommes cependant pas arrivés encore au bout de l’horreur : les témoignages de plus en plus nombreux faisant état du massacre de milliers de civils, de tortures dans les camps de filtration, de viols, de détentions arbitraires, révèlent l’étendue du drame que vivent les musulmans tchétchènes.
On voudrait se réveiller enfin. Dire que cela n’est pas possible. Que tout cela n’est qu’un cauchemar. Que l’ONU, les droits de l’homme et de l’enfant, et tout ce que notre civilisation a pu produire... que tout cela a un sens... Qu’on ne peut assister, sans rien faire, au massacre et à l’extermination d’un peuple... Que cette passivité est une forme de complicité... Si la Bosnie et le Kosovo ont longtemps sonné le glas de la conscience occidentale, la Tchétchénie est bien près de lui consacrer une sépulture définitive.
Hani RAMADAN, Directeur du Centre islamique de Genève
L’Appel N° 039
Avril 2000
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Mot de 6 lettres
LES 5 DIFFERENCES
Annuité, Chèque, Compte, Coût, Crédit, Débit, Dépôt, Dette, Échéance, Escompte, Opération, Placement, Prêt, Prix, Sécurité, Taux, Virement.
E N O 1 T A R E P O C H E Q U E T E T P H P R E T 1 T N V R E T B P D 1 E A 1 1 A U M E R M D X R _X_ N O R U E N E U E D C c C C Q U B A M E E E A N N U 1 E T S L D E P O T E N T P E E S C O M P T E
Horizontalement
I - Petite formation de Jazz de 6 à 8 musiciens.
II - Longue pièce de bois ; planche, poutre.
III - Entamé avec les dents.
IV - Greffer.
V - Saison de chaleur.
Verticalement
1 - Péninsule partagée en deux unités politiques et comprise entre la mer du Japon et la mer Jaune.
2 - Le verbe avoir à la 3e pers du plur.
3 - Insecte carnassier.
4 - Billet individuel de groupe étudiant.
5 - Entreprendre avec courage. Cheick Salahoudine : Artiste Musulman
En Côte d’Ivoire et dans quelques pays de la sous-région, on ne présente plus Cheick Salahoudine Sanogo. Tellement, il est devenu célèbre. Ses cassettes s’arrachent comme des morceaux de pain. Dans un registre bien particulier, la chanson islamique, il mène son combat islamique et prouve que chacun peut être utile à la communauté dans son domaine de prédilection. Allons à la découverte de cet artiste musulman, véritable fierté de la Umma.
Né en février 1962 à Anyama (CI), Cheick Salahoudine fit ses études islamiques à Kong, Bobo Dioulasso et Abidjan. Le virus de la réanimation islamique le pique dans les années 80. Sa thématique et ses qualités vocales amènent les associations islamiques à le solliciter fréquemment. La voie est toute tracée. De l’association des jeunes musulmans de Côte d’Ivoire à l’AEEMCI, on commence à découvrir un artiste. musulman. Ses cassettes commencent à remplacer chez beaucoup les compilations Zouk, Reggae et autres. Il a à son actif 4 productions réalisées en 1993, 1996, 1998 et 1999. Son art se situe remarquablement au confluent de trois influences stylistiques, véritable harmonie de ces trois emprunts. L’art islamique, la chanson religieuse soufie qui est une mise en évidence des textes psalmodiés et l’art traditionnel africain vocalement riche. C’est cette savante synthèse des trois styles vocaux, directement liés à la poésie, qui fonde l’art salahoudinien. Cette démarche exige de l’artiste qu’il soit en mesure d’émouvoir son auditoire et de soulager son esprit pour susciter la piété et la tranquillité aux âmes perturbées par le vécu quotidien. En cela, l’art de Salahoudine est éminemment utilitaire. Dans ses œuvres, l’artiste aborde une thématique plurielle : l’amour de Dieu et de son messager, la vie et la mort, la paix, la fraternité, le Coran, la solidarité... Pour mieux se donner les moyens de ses Ambitions, Cheick Salahoudine qui a effectué le pèlerinage à la Mecque à deux reprises, crée son groupe artistique islamique Salahoudine (GAIS). Cheick Salahoudine mérite d’être encouragé au regard de sa fonction :
- Fonction religieuse : il se donne pour mission de chanter le Coran et la louange du prophète.
- Fonction sociale : il se veut un artiste au service de la communauté, ce qu’il traduit en s’investissant dans l’animation des différentes cérémonies.
Par ce fait, il apparaît comme un élément intégrateur au triple plan du social, de l’éthique et de l’esthétique.
Tiégo Tiemtoré
L’Appel N°039 Avril 2000
Fait partie de L'Appel #39