Issue
An-Nasr Vendredi #160 (Sermon Tabaski 2006 par imam Tiégo Tiemtoré)
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-
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- Titre
- An-Nasr Vendredi #160 (Sermon Tabaski 2006 par imam Tiégo Tiemtoré)
- Editeur
- An-Nasr Vendredi
- Date
- 10 février 2006
- numéro
- 160
- nombre de pages
- 4
- Sujet
- Khutba
- Tiégo Tiemtoré
- Association des Élèves et Étudiants Musulmans au Burkina
- Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques
- Aïd al-Adha (Tabaski)
- Aïd el-Fitr
- Pauvreté
- Hadith
- Détenteur des droits
- Association des Élèves et Étudiants Musulmans au Burkina
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-issue-0000371
- contenu
-
n° 160 du 10 fév. 2006
Lorsqu'il vient le secours d'Allah ainsi que la victoire, célèbre les louanges de ton Seigneur et implore Sa miséricorde. Serviteurs d’Allah, craignez Dieu et souvenez-vous de Lui, Il se souviendra de vous. Remerciez-Le pour Sa guidance et Son don et n’oubliez pas que “si vous voulez énumérer les bienfaits d’Allah, vous n’y parviendrez jamais". Coran 14:34.
La célébration de l’Aïd El Kabir est un grand moment de souvenir et de reconnaissance à Allah pour ses multiples bienfaits. Elle couronne la pratique du 5e pilier qu’est le pèlerinage aux Lieux Saints et nous rappelle le souvenir d’Abraham, le patriarche, dont la figure emblématique illumine tous les itinéraires spirituels. Selon la Commission Centrale Saoudienne du Hadj, 2 126 603 fidèles accomplissent le pèlerinage cette année.
Le pèlerinage, une leçon de renoncement aux biens de la vie d’ici-bas, aux soucis du quotidien, à la famille... On s'y adresse à Dieu. Il y a le jour d’Arafat. On s'y rend, enveloppé dans des draps blancs tels des linceuls ; Portrait en miniature du jour du grand rassemblement. Dans la vallée d’Arafat, on prie, on pleure, on implore, on espère... L’État de sacralisation retranche le pèlerin de sa condition ordinaire pour le remettre en harmonie avec celle de l’état primordial. Le Hadj nous enseigne que le seul approvisionnement valable est la piété (Attaqwa). Dans les instants à venir, les croyants commémoreront le sacrifice d’Abraham.
SERMONT TABASKI ■ 2006 En ce jour de souvenir, celui qui est nommé le père des Prophètes nous inspire une belle leçon d’abnégation, de sacrifice et de renoncement. Une leçon de certitude, une leçon d’amour entre un père et son fils et où la foi en Dieu dépasse tout le reste. Souviens-toi toujours d’Abraham : il a cru avec toute l’énergie de son cœur et n’a eu cesse de demander à Dieu de parler à son cœur “pour que mon cœur s'apaisé”, murmurait-il. Il a vécu des épreuves : quitter... son père, son pays, sa famille, être insulté, être rejeté par son peuple, obéir au sens du sacrifice de son fils jusqu’à l’ultime limite. Il entretient et développe, au fil de ses épreuves, un rapport de fidélité, de réconciliation, de paix et de confiance avec Dieu. Celui-ci l’éprouve mais ne cesse de lui parler, de l’inspirer et de faire jalonner sa route de signes qui l’apaisent et le rassurent.
La deuxième leçon, c’est que ceux qui déploient toutes leurs forces pour la cause de la vérité et de la rectitude et des affaires, obtiennent de Lui, soulagement et réconfort. Il nous passe un message : la foi veut aussi dire résister à soi, aux hommes, à la société. Résister, se battre, lutter tous les jours. “Sois patient et que ta persévérance soit en Dieu" réconforte le Coran.
Les épreuves, les déchirures, les séparations, les douleurs, les joies, les sourires sont autant de leçons et d’enseignements sur la route du rapprochement. Elles te guident, t’emmènent vers Lui, près de Lui. Telle est la plus belle et la plus... difficile : des leçons An-nasr vendredi n°160 du 31 décembre 2006 Prix 50 f c6 P. 199 de l’itinéraire d'Abraham. Tu ne trouves Dieu qu’en retrouvant l’Unique. À Lui nous appartenons, à Lui nous ferons retour. Une fête à vivre en groupe car c’est un moment de partage. On y partage la prière, le repas, les sourires et les cadeaux. C’est le moment de chasser l'égoïsme, de rappeler à toutes et à tous que dans notre religion, il y a une place à la joie. Mais en toutes choses, le musulman reste sobre et évite le gaspillage. Au niveau des réjouissances, il nous faut retenir que ce qui est interdit avant Tabaski demeure interdit en Tabaski et même après. « Pas d’obéissance à une créature dans la désobéissance à Dieu » a dit le Prophète Muhammad (Saw).
Chers frères et sœurs, Depuis l’année dernière, par la grâce d'Allah, les musulmans du Burkina Faso ont constitué la Fédération des Associations Islamiques du Burkina Faso (FAIB). Une année après, le bilan suscite beaucoup d’espoir même si beaucoup reste encore à faire. Au regard des nombreux défis qui attendent les musulmans, la création de onze (11) commissions techniques nationales qui embrassent toutes des préoccupations nationales est un signe qu’avec l’aide d’Allah et l’apport de chacun d’entre nous, la fédération, qui constitue déjà un pas de géant vers l’unité des musulmans, tant désirée, constitue un grand espoir pour notre pays. Tous, nous avons l’obligation, chacun à son niveau, d’œuvrer à cette unité.
Le Coran proclame : “Obéissez à Allah et à Son Messager, ne vous disputez pas, sinon vous deviendrez faibles (malgré votre nombre), vous perdrez votre force. Soyez du nombre des patients, Dieu est avec les patients” (Coran 8/46). Nous en appelons aux dirigeants de dépasser les intérêts individuels pour l’intérêt général de l’islam et des musulmans.
C’est également dans ce contexte de grand espoir que se situe le renouvellement des structures dirigeantes de l’AEEMB le 24 décembre dernier et du CERFI en janvier prochain. Aussi, ces associations sollicitent toujours votre soutien. confiance et vos prières pour poursuivre leurs ambitions de satisfaire la soif spirituelle des couches intellectuelles et d’être de véritables cadres d’épanouissement pour les musulmans burkinabé et partant, de la nation toute entière.
Cette nation a été endeuillée, dans ce mois, par la disparition du Professeur Joseph Ki-Zerbo. Il mérite notre respect en tant que chercheur, historien et savant. Il a travaillé et réussi la tâche de rétablir l’histoire de l’Afrique et des Africains à leurs justes places, dans l’Histoire générale de l’humanité.
Son amour du savoir et sa contribution citoyenne doivent inspirer les musulmans dont la première révélation “Lis au nom de ton Seigneur" est une invite à la recherche du savoir. Pour l’islam, il faut apprendre pour savoir, un savoir qui doit conduire à un savoir-être avec Dieu, savoir-vivre parmi les hommes, un savoir-faire pour servir de modèle où que l’on se trouve.
Apprends, cherches, explores l’univers, interroges au Nom de Dieu. Ce que tu trouveras comme Réponses à tes préoccupations spirituelles, matérielles et celles de ton cœur, doit t’amener à reconnaître la Grandeur d’Allah, L’adorer et servir Ses Créatures.
Dans le même sillage de cette contribution citoyenne à laquelle on appelle le musulman, un fait mérite d’être souligné et qui constitue en même temps un appel à tous. Il s’agit du don de sang pour sauver des vies. Alors que d’autres communautés s’organisent pour venir en aide aux structures sanitaires, les musulmans sont curieusement absents, comme s’ils ne tombaient jamais malades ou qu’ils n’auraient point besoin de sang !
Cette situation nous interpelle tous : chacun d’entre nous peut du jour au lendemain être dans une situation qui nécessite un don urgent de sang. “Celui qui sauve une vie, a sauvé toute l’humanité" proclame le Coran. Les maladies du sang traitées dans les services d'hématologie sont les plus consommatrices de produits sanguins car elles nécessitent un apport régulier toute l'année (en moyenne 10 à 15 poches par an). n° 16O du 31 décembre 2006......... Prix 50 f cfq P. 200
Les interventions sur les organes vitaux réalisées dans les services de chirurgie digestive, cardiaque ou orthopédique peuvent durer jusqu'à 12 heures d'affilée et nécessiter, selon le déroulement, plusieurs poches. Il n'existe pas de produits capables de se substituer complètement au sang humain. Le don de sang est donc irremplaçable et indispensable pour sauver des vies. Cet engagement qui sauve des vies est un véritable engagement qui vient du cœur.
Face à la demande de plus en plus croissante, il est capital pour les musulmans d’être parmi les donneurs. Autre exemple, un accidenté de la route peut avoir besoin du sang de 10, 20, 30 personnes pour s'en sortir. Chaque année en Europe, en moyenne 400 000 à 500 000 patients sont traités grâce à la solidarité de plus de 1,6 million de donneurs.
Au-delà du don de sang, tout ce qui préoccupe au plus haut degré nos concitoyens doit nous interpeller. Notre foi, notre Éducation, nos adorations nous préparent à nous rendre utiles à tous. C’est la raison pour laquelle le message de l'Islam est appelé An-Nour (la lumière), Al-Houda (la direction), Ar-Rahmat (la miséricorde), Al-Fadl (la grâce), As-Salam (la paix). Le musulman doit s’efforcer dans sa vie quotidienne de refléter ces attributs et d’être, pour tout ce que Dieu a placé autour de nous, une lumière et une miséricorde. Le musulman est donc un amoureux du bien et un combattant du mal. Un hadith du Messager d’Allah affirme : "Toute la créature est la famille de Dieu. L'homme le plus estimé de Lui est celui qui est utile à cette famille".
Où se trouve notre foi, quand on est indifférent devant les pleurs de l’orphelin, la misère de la veuve, la destruction de l’environnement, les déboires des enfants de la rue, etc. ? Notre identité musulmane nous exhorte à un engagement citoyen au nom de Dieu et au service de Ses créatures : là réside notre identité musulmane. Notre rôle de communauté exemplaire (Coran 3:110) nous invite à rendre visible notre engagement citoyen. Accompagner les hommes et non les juger, c'est-à-dire avoir le geste qui apaise, le sourire qui rassure, la main qui secoure, le cœur qui aime. En un mot comme en mille, vivre l’Islam, c’est vivre avec les autres, parmi les autres et leur être utile (Coran 49:13). Si la foi est véritablement une lumière qui guide, éclaire, illumine, montre le chemin, protège des déviations dans l’obscurité, cette foi doit donc faire de nous des combattants de tous les défis et de tous les instants. C'est en cela qu’il faut saluer, chers frères et sœurs, la distinction de notre frère Mohammad Yunus comme Prix Nobel de la Paix 2006. Il témoigne là d’une présence citoyenne : Être là où les créatures de Dieu ont besoin de toi, pour protéger, promouvoir, réformer, accompagner... sur le chemin qui mène à la Source. Surnommé 'le banquier des pauvres', il a été récompensé pour sa Grameen Bank spécialisée dans le prêt aux plus démunis. Choqué par les effets d'une famine dans son pays et par le refus Des institutions bancaires traditionnelles d'octroyer des prêts aux déshérités, privant ainsi les deux tiers de l'humanité d'un accès au crédit, Muhammad Yunus a fondé la Grameen Bank en 1983. Depuis, plusieurs millions de personnes à travers le monde ont échappé à l'extrême pauvreté grâce à des prêts d'une centaine de dollars en moyenne, accordés sans garantie, qui leur permettent d’acheter des outils, du bétail pour lancer leur propre petite entreprise. C'est donc une invite aux musulmans à la lutte contre la pauvreté sous toutes ses formes et à investir au profit du plus grand nombre.
Cette foi induit une responsabilité vis-à-vis de Dieu, mais aussi des hommes. Le sens profond de l’attestation de foi, symbolisée par le doigt tendu, invite à la droiture, à la dignité et à ce qui est juste et bon pour les hommes. Parce que le musulman est porteur d’un projet de société, la société dans laquelle il vit doit tirer profit de sa foi. Le message de l’Islam est un message de miséricorde, de réconfort, de soulagement. et de guidance. "Sois bon comme Dieu l’a été à ton égard" proclame le livre sacré. Pour l’Islam, pour avoir la foi, c’est assumer une responsabilité devant Dieu et devant les hommes. Si l’on veut se rapprocher de Dieu, l’on a l’obligation de se rapprocher de Ses créatures et de leur faire du bien. Notre vie est une vie du sacré. Tout est de la dimension du sacré en Islam : le temps, le regard, la prière, l’homme, le salut, l’arbre, etc. Tout acte que nous posons passe sous le sceau du regard divin, même nos silences, pour ne pas mal faire.
En ce jour de mémoire et de remerciement, il nous faut marquer notre compassion et notre solidarité à l’égard de tous ces hommes et femmes qui, ici, là, là-bas et ailleurs, souffrent sur la terre de Dieu : parce qu’ils ont perdu leurs emplois, traînent des maladies, parce qu’ils sont orphelins, endettés, pleins d’angoisses et du mal de vivre. Toutes ces épreuves, en plus de la mort d’êtres chers, la misère et la... Pauvreté, la peur et le désespoir bafouent la dignité des fils d’Adam. En ce jour glorieux, mon frère, ma sœur, sache que Dieu, parce qu’Il est plus proche de nous que notre veine jugulaire (Coran 2/187), a interdit de se décourager, d’aller au désespoir. Résister, se battre, lutter et tous les jours, persévérer.
Au haut des sept cieux, Dieu proclame : "Ceux qui s’efforcent de lutter pour protéger leur foi, Nous les guiderons sur notre voie. Dieu est avec les bienfaisants" (Coran 29:70). Il faut donc donner vie et sens à son cœur. Là où brille l’étincelle que Dieu a originellement insufflée dans notre cœur. Laisse ton cœur prier à Dieu. Et Dieu nous enseigne cette vérité : "Souviens-toi de moi, je me souviendrai de toi" (Coran 2:156).
Si tu veux parler à Dieu, prie. Si tu veux que Dieu te parle, lis Son Livre, nous exhorte Imam Malick. Réponds à Dieu quand Il t’appelle : "Vous les croyants, répondez à l’appel de Dieu et de son prophète quand il vous appelle à ce qui fait vivre. Sachez que Dieu se place entre... Vous et votre cœur, et c’est à lui que vous retournerez. "Coran 8: 25. Seul, dans le dernier tiers de la nuit, Il t'appelle. (Foi, as-tu une demande à formuler ? (Foi, veux-tu te faire pardonner ?". Cet appel trouve-t-il écho dans ton cœur ? Réponds-tu à cet appel avec la chaleur de tes larmes sur tes joues, avec le frisson de ta chair, dans le calme et le silence de la nuit ?
Il est évident aujourd’hui, tandis que s'accélère l'impact de la mondialisation avec ses crispations et ses défis dramatiques, malgré la science et ses dérives, que les hommes, partout dans le monde, se posent beaucoup de questions. Que tu tournes ton visage à l’Est ou à l’Ouest, au Nord ou au Sud, que tu questionnes le pauvre, le riche, la femme autant que l’homme, le jeune que le vieillard, la vraie question au fond de chaque cœur : la question de l’être. Comment être, comment vivre, que faire ? Chacun veut être un homme, une femme, un fils de bien. Le cheminement vers Dieu, la lumière, est la voie. Où que vous vous... tourniez, là se trouve la Face de Dieu (Coran 2, 116). Là où brille l’étincelle que Dieu a originellement insufflée dans notre cœur, là où notre conscience éprouve notre être et accède à la foi, à la paix (as-salam), la paix de la reconnaissance, la paix de la soumission.
Chers Frères et Sœurs, les derniers jours de décembre pressent le pas pour échouer la barque de l’année 2006 sur les rives éternelles de l’Histoire. À des degrés et des horizons divers, les hommes, bien que pris chacun dans le piège du quotidien, s’affirment comme les vaillants témoins de la roue de l’Histoire qui tourne. Celle-ci nous offrira en janvier une nouvelle page où l’aurore de l’année 2007 illuminera dans les esprits et les consciences des rayons d’espoir et de défis. C'est toute cette mélodie du temps qui inspire nos vœux ardents à l’endroit de chacun de vous. Que les jours à venir nous apportent à tous la joie et le bonheur. La joie d'être en compagnie des gens qui nous font aimer Dieu, qui partagent avec nous leur amour de. Dieu et qui veulent nous faire connaître le vrai bonheur, celui d'être parmi les bien-aimés de Dieu. An-nasr vendredi n° 160 du 31 décembre 2006.......... P. 202
Fait partie de An-Nasr Vendredi #160 (Sermon Tabaski 2006 par imam Tiégo Tiemtoré)