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An-Nasr Vendredi #015 (Célébration du Maouloud : quelle attitude avoir?)
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- Titre
- An-Nasr Vendredi #015 (Célébration du Maouloud : quelle attitude avoir?)
- Créateur
- Ben Salah
- Editeur
- An-Nasr Vendredi
- Date
- 30 avril 2004
- numéro
- 15
- nombre de pages
- 4
- Détenteur des droits
- Association des Élèves et Étudiants Musulmans au Burkina
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-issue-0000255
- contenu
-
nasr n° 015 du 30 avril 2004
Lorsque vient le secours d'Allah ainsi que la victoire, célèbre les louanges de ton Seigneur et implore son pardon. Il y a environ 1478 ans qu’un grand événement se produisit dans le désert arabique, marquant ainsi le début d’un changement profond de l’humanité tout entière et le déclin de la djahiliya et de la mécréance. C’est pourquoi le jour même de la réalisation de cet événement a été marqué par des miracles annonciateurs : extinction du feu qu’adoraient les Madjud (un peuple de la Perse) ; brisure du trône de Khisral (empereur romain) ; et au cours de cette même année, l’armée d’Abraha fut repoussée de la Mecque à coup de pierres par une simple vague d’oiseaux alors qu’elle cherchait à détruire la Kaaba... Cet événement est bien sûr la naissance du Prophète Muhammad (saw) Ibn Abd’Allah. Si les musulmans sont unanimes sur la valeur d’une telle personnalité, néanmoins ils ont des opinions différentes quant à la célébration de sa naissance. Naissance dénommée couramment Maouloud. Le Maouloud est dérivé du mot arabe « maoulid » qui renvoie à la notion de naissance. Ainsi, pour les musulmans, Maouloud désigne généralement la célébration de l’anniversaire de la naissance du prophète Muhammad (saw), date qui correspond cette année au 1er ou au 2 mai (selon les calendriers). Quelle attitude devons-nous donc avoir en tant que musulmans face à la célébration d’un tel événement ?
Historiquement, la célébration du Maouloud remonte au 6e siècle de l’Hégire pendant la dynastie des Fatimides. Mais ni le prophète, ni ses compagnons, ni leurs successeurs ne l’ont célébré. En plus, aucun verset ou hadith ne l’autorise ni ne l’interdit. Cette situation divise donc la communauté des musulmans entre deux avis : les partisans et les non-partisans de cette célébration, chacun se basant sur des arguments divers pour défendre son point de vue. Pour les partisans de la célébration du Maouloud, quatre principaux... arguments sont avancés : 1- La naissance du prophète représente un grand événement qui tient lui-même de la grandeur du prophète et de l’importance de sa mission pour le genre humain. Le Prophète (saw) est imam des envoyés dans la mesure où il a dirigé une prière devant les 124 000 prophètes dans la mosquée bénie de Jérusalem au cours de son voyage nocturne « al Isra ». Le Prophète (saw) Muhammad (saw) est aussi une miséricorde pour toute l’humanité. La date de la naissance d’une telle personnalité ne peut passer inaperçue. 2- À la question de savoir pourquoi il jeûnait les lundis, le prophète répondit qu’il était né un lundi et qu’il avait reçu la révélation un lundi. Donc, il célébrait sa naissance chaque semaine. 3- Certains versets coraniques sont relatifs à l’honneur que le musulman doit porter au prophète (S94V4). Le Maouloud devient donc une façon pour les partisans de la célébration d’honorer le prophète. 4- Cet autre argument se fonde sur l’un des principes de la loi islamique qui veut que le musulman s’abstienne de certains actes lorsqu’ils ont été explicitement interdits ou déconseillés par le Coran ou les hadiths ou dans une moindre mesure lorsque leur accomplissement contredit l’esprit de la Chari’a. Or, il n’existe aucun verset ou hadith qui interdit le Maouloud ; sa célébration reste donc un acte licite pourvu que celle-ci soit faite dans les limites des normes islamiques.
Quant à ceux qui s’interdisent la célébration du Maouloud, quatre autres principaux arguments sont avancés :
1- Le Prophète (saw), les Sahabas et les tabi’ines ne l’ont pas célébré en tant que fête et mieux encore aucun verset ou hadith ne mentionne l’importance de cet événement. Donc le Maouloud pour eux est à classer dans les innovations (bid’a) contre lesquels le Prophète (saw) a mis en garde sa communauté.
2- Le Maouloud semblerait avoir été copié chez les chrétiens qui célèbrent Noël (25 décembre) comme fête anniversaire de la naissance de Jésus (AS). Pourtant le Prophète a interdit à sa communauté d’imiter les gens du. Livre. Si cela était vérifié, le Maouloud serait classé dans le lot de bid’a déconseillés si l’on se place dans le cadre d’un raisonnement purement dogmatique.
3- Pour les non-partisans, on ne perçoit pas l’esprit du principe islamique qui voudrait que le musulman agisse toujours suivant les directives du Coran et de la Sunna. Si le Maouloud constituait un événement important pour l’islam, Dieu aurait donné des directives, ne seraient-ce que minimes, au prophète à son sujet, et les musulmans n’auraient aucune peine à suivre l’exemple du prophète conformément au verset 21 de la sourate 33.
4- Cet argument-ci concerne la période même pendant laquelle cet événement aurait été institué : le règne de l’État Fatimide, qui serait une période marquée par l’affaiblissement de la foi et les guerres pour le pouvoir. Pour ce faire, un événement né dans une période « sombre » de l’histoire des musulmans porterait en lui-même un discrédit. Chaque musulman au... Vu des arguments ci-dessus développés par chacun des deux courants, on pourra choisir une position ou rester neutre à l'égard des deux. L’essentiel est que chacun, quel que soit le choix qu’il opérera, respecte celui de l’autre et surtout ne se laisse pas emporter par un dogmatisme aveugle pouvant entraîner un sentiment d’animosité contre son frère en islam.
Refuser catégoriquement la célébration du Maouloud parce que le Prophète (saw) et ses compagnons ne l’ont pas fait ou que le Coran et les hadiths n’en font pas mention, que dire de certaines pratiques unanimement acceptées par tous les musulmans alors que ni le Coran, ni les hadiths ne les mentionnent ? Même si le Prophète n’a pas célébré l’anniversaire de sa naissance, il a célébré au moins un anniversaire, qui est celui de la victoire de Moïse et de son peuple sur Pharaon et les siens (l’Achoura).
Si l’on concède que le Maouloud est permis, il faut cependant condamner et dénoncer les pratiques qui se répandent aujourd’hui autour de cette célébration. doit le célébrer qu’on le fasse le plus islamiquement possible (prière, jeûne, prêche,...). En somme, trois leçons sont à tirer de ces divergences de points de vue :
1- Il faut distinguer le principe de la manière ; certains ont été amenés à condamner la célébration du Maouloud en se basant sur les dérives dans les manières. Ainsi, le principe peut être licite (ou toléré) mais la manière est mauvaise. Pour cela, il faut condamner la manière et non le principe.
2- Il faut éviter une mauvaise utilisation des hadiths au point de dire que les musulmans qui célèbrent le Maouloud sont voués à l’enfer. Les savants bien éclairés se méfient d’employer par exemple le terme mécréant ou pervers à l’endroit d’un musulman malgré l’authenticité du hadith sur l’innovation (toute innovation conduit à la perdition et toute perdition conduit à l’enfer), surtout quand on n’a pas de preuves évidentes du caractère bid’a d’un acte. Ils préfèrent le déconseiller tout simplement.
3- Quelles que soient la teneur ou la véracité de son point de vue. Vue sur un sujet à polémique, le musulman doit avoir à l’esprit que si le sujet peut faire l’objet d’une discussion, c’est parce qu’il peut faire l’objet de plusieurs solutions aboutissant toutes à Dieu. Or, dans aucun verset, ni hadith, ni même chez aucun savant musulman, la fraternité des musulmans ou leur unité n’a fait l’objet de quelque discussion.
C’est pourquoi, autant que les 5 piliers prescrits, la fraternité et l’union des musulmans sont plus capitales que les détails ou les sujets sur lesquels Allah et son messager se sont tus, comme miséricorde pour nous, alors qu’ils nous ont avertis sur toutes les autres choses, même celles qui n’existaient pas mais qui pouvaient faire l’objet de notre dérive : c’est justement le cas de la division des musulmans.
Tout compte fait, le principe de base en matière de législation. Est-ce que pour les « ibadat » (culte, prière, jeûne...) tout est interdit sauf ce qui est permis, tandis que pour les « mouamalate » (relations sociales) tout est permis sauf ce qui est interdit (cf. le licite et l’illicite) ? Nous terminons par l’exemple de Hassan Al Banna qui, à l’entrée de sa mosquée, trouva les fidèles divisés en deux groupes sur tout simplement le nombre de raka’ate de la prière de Tarawi. Celui-ci leur posa la question sur le caractère juridique du Tarawi. Ils répondirent unanimement que c’est un acte sunna. Il (Hassan) répondit : « Tarawi est une sunna alors que votre unité et votre fraternité sont une obligation divine, donc rentrez chez vous et que chacun fasse son Tarawi et préserve notre fraternité et notre union. »
« Quand un musulman dit à un autre musulman qu’il est mécréant, soit celui à qui il le dit est vraiment mécréant, soit c’est lui-même qui est mécréant. » Boukhari. « Accrochez-vous tous au câble d’Allah et ne vous divisez point. »
Source : L’Appel Ben Salah. « O humains! Voici que le dernier prophète est venu à vous. Il vous apporte la vérité émanant de votre Seigneur! Croyez-y, vous y trouverez votre bien... » S4 V 170 « Nous ne t’avons envoyé (Muhammad) que comme miséricorde pour le monde. » S21 V 107
AN-NASR Vendredi Bulletin de formation et d'information de l'AEEMB 01 BP 1817 Ouaga 01 Tel/Fax: 36-27-89 E-mail: aeemb_ce@hotmail.com An-Nasr vendredi n° 015 du 30 avril 2004 Prix 50 F P. 4