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An-Nasr Vendredi #034 (L'imam Abou Hanifa : l'homme et son oeuvre)
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- Titre
- An-Nasr Vendredi #034 (L'imam Abou Hanifa : l'homme et son oeuvre)
- Editeur
- An-Nasr Vendredi
- Date
- 10 septembre 2004
- numéro
- 34
- nombre de pages
- 4
- Couverture spatiale
- Médine
- Détenteur des droits
- Association des Élèves et Étudiants Musulmans au Burkina
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-issue-0000246
- contenu
-
IV Lorsque vient le secours d'Allah ainsi que la victoire, célèbre les louanges de ton Seigneur et implore son pardon. Abou Hanifa : l’homme
Après l’assassinat du dernier calife bien guidé, Ali ibn Abi Talib (RAA) en 661, le monde musulman est entré dans une phase de mutations profondes aussi bien dans le domaine politico-religieux que dans celui socio-économique. En effet, c’est une période qui se caractérise par la division de la communauté en sectes et factions (khawârij, shi’as...) qui agitèrent considérablement l’État à travers des rebellions et de véritables luttes pour le contrôle du pouvoir. En outre, cette période qui part de 661 au milieu du VIIIe siècle, voit l’introduction de certaines pratiques non islamiques et copiées chez les Perses, les Byzantins, les Indiens... Aussi, les autorités politiques et juridiques furent-elles séparées et la distinction impossible entre les biens des califes et le trésor public. Face à de telles... Situations, certains savants (Ulémas) renoncèrent à une participation aux audiences des califes et, pire encore, beaucoup d’autres émigrèrent à l’intérieur de l'État afin d’éviter les conflits et les persécutions. Ainsi, les principes de gouvernement consultatif s’effritèrent à la faveur de cette dispersion des savants loin du centre du califat. Il se développa à la faveur de cette situation l’Ijtihad individuel des savants et une opulence des écoles par zone. En Iraq, Abou Hanifa et Soufyan Ath-Thawri ont pu s’imposer. Nous vous proposons dans les lignes suivantes une succincte biographie de l’imam Abou Hanifa.
De son vrai nom An-Nu’man ibn Thâbit ibn An-Nu’man, l’Imam Abou Hanifa est né en 702 à Koufa en Iraq où il passa la majeure partie de sa vie. Son père était un marchand de soie et d’origine persane. Il s’est converti à l’Islam pendant la période du Califat bien guidé (632-661). Dès sa tendre enfance, l'imam avait mémorisé le Coran. Assoiffé du savoir comme la plupart des étudiants de son âge à cette période, il commença ses études dans le domaine de la philosophie et de la dialectique (ilm Kalam). Plus tard, il se tourna vers le fiqh et le hadith où son intelligence, sa vivacité d’esprit lui ouvrirent les portes des assemblées des savants.
L'imam étudia auprès de Ahmad ibn Souleymane qui fut un disciple de Ibrahim An-Nakki et de Abdallah ibn Mas'ud. L’imam Abou Hanifa effectua 55 fois le pèlerinage à la Mecque. À la faveur de ses voyages, il rencontra de grands juristes et mémorisateurs du hadith et puisa dans leur science. Il rencontra aussi quelques rares compagnons du prophète qui avaient vécu jusqu’aux environs de 722. On évalue à 4000 le nombre de compagnons qu’il a rencontrés ; ce qui fait de lui un tâbi'ine (ceux qui ont été éduqués et formés par les compagnons du prophète) dans la mesure où il rapporta d'eux certains hadiths.
L'imam Abou Hanifa commença son enseignement à 40 ans après la mort. de son cheik. Il attisa la convoitise des califes Omeyyades et plus tard Abbassides, lesquels lui proposèrent le poste de juge (qadi). Pour n'avoir pas donné une suite favorable à ces différentes requêtes, l’imam fut maltraité par Yazid Ibn Ummar (sous les Omeyyades) puis emprisonné à Bagdad par le calife Abbasside Abou Jafar Al Mansûr (754-755). Il gagnait honorablement sa vie par le biais du commerce. Après 65 années de vie pleine de piété et de science, l’imam Abou Hanifa devait s’éteindre le 14-06-767.
Fondements et caractéristiques du Fiqh de l’imam Abou Hanifa
L'imam Abou Hanifa fait partie des gens de l’opinion (ahl al-ray) dans la mesure où son principe de déduction reposait sur la prise en compte du but et de la finalité du texte, c’est-à-dire la prise en compte de la profondeur de son sens. Sa méthode d'approche des questions consistait en la discussion en groupe (shura). En effet, face à une question, il évitait de donner une solution rapide. Il exposait plutôt le problème et chaque étudiant proposait sa solution. En dernier lieu, l'imam intervenait en commentant les différents points de vue et en rectifiant ce qui le méritait. Lorsqu’ils arrivaient à une position unifiée, il faisait consigner la solution. Dans le cas contraire, il refusait que l’on note sa propre opinion.
Le fiqh de l'imam se fonde d’abord sur le Coran, ensuite la sunna, le consensus des compagnons, l’opinion individuelle des compagnons, la déduction analogique, l’intérêt général et enfin les coutumes locales. Ces fondements sont classés par ordre de préférence.
L’école hanafite du temps de son fondateur et de ses premiers étudiants se caractérisait par : - Le respect de la liberté d’opinion. Cela se conçoit à travers une recherche constante de la vérité, ce qui implique une ouverture d’esprit et une prise en compte d’autres opinions. Il est rapporté que l’imam optait pour d’autres opinions même si elles contredisaient la science pour peu qu'elles soient plus. conformes aux textes. Ses étudiants en ont fait pareillement sur certaines questions. Certains de ses étudiants ont voyagé dans le Hedjaz (la côte orientale de la péninsule arabique qui inclut les villes de la Mecque et de Médine) afin d’étudier avec les savants de cette partie du monde musulman dont le principe est tout à fait différent de celui d'Abou Hanifa (Ahl ul-hadith).
Le refus de l’imitation aveugle (taqlid). L’imam Abou Hanifa refusait de suivre aveuglément les jugements des décisions des compagnons (tâbi’ines). Il le dit en ces termes : « [...] et lorsque l'on en vient à l'opinion d’Ibrahim, Ash-sha-bi, Al Huss, ibn Sîrîne ou Said ibn al Mosayyad, alors je recours à l'ijtihad comme ils l'ont fait. » De la même façon, il refusait que l’on suive aveuglément ses jugements. À ce propos, il dit ceci : « il est interdit pour quiconque ne connaît pas les arguments sur lesquels je me base, d’élaborer des jugements à partir de mes déclarations car en vérité nous sommes des humains ; nous pouvons An-nasr. vendredi n° 34 du 10 Septembre 2004
Prix 50 f cfà P. 3
dire quelque chose aujourd'hui et le rejeter demain ». L’imam partait du principe que les hommes ont des limites objectives. - La fidélité aux sources. Abou Hanifa s’est soucié de s’attribuer des erreurs dans ses jugements car conscient de ses propres limites. « C’est pourquoi, il fixa pour ses étudiants et pour tous ceux qui veulent tirer de sa connaissance de l'Islam le critère utile du vrai et du faux qui est le Coran et la sunna ; ce qui est en accord avec eux est juste et ce qui ne l'est pas est faux » Bilal Philips, le Fiqh et son évolution page 182. Cela traduit un souci d’authentification afin de ne pas discréditer les lois islamiques (divines). Il dit ceci à ce propos : « Si j'élabore un jugement qui contredit le Livre de Dieu et les hadiths, rejetez-le ». Il a dit aussi : « Si un hadith est découvert authentique, il constitue alors mon école de pensée ». L’imam Hanifa a cependant eu recours à peu de hadiths. Cela traduit toujours son souci. d’authentification car son époque et son milieu étaient caractérisés par une fabrication de hadiths. De faux comportements et de fausses paroles furent attribués au prophète. C’est pourquoi il a élaboré des conditions rigoureuses pour l’usage d’un hadith. Ces conditions consistaient en ce que non seulement le hadith soit authentique mais aussi qu’il soit bien connu. Telles sont quelques caractéristiques de l’école hanafite.
Le fiqh de l’imam ne se basait pas seulement sur le réalisme. Des problèmes étaient inventés et leurs solutions imaginées ; ce qu’on appelle le fiqh hypothétique. Par son intelligence et sa raison éclairées par une foi vivante, l'imam Abou Hanifa a servi l’islam.
L’intérêt de l’histoire étant de tirer des leçons à partir des expériences passées afin de corriger les erreurs présentes et envisager un futur radieux, tout musulman doit mettre au service de sa religion son intelligence et sa raison éclairées par une foi vivante quel que soit son domaine d’étude ou son champ d’action. SA/SK An-Nasr vendredi n° 034 du 10 septembre 2004 ... 146 Prix 50 F CFA P.
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