Issue
An-Nasr Vendredi #367 (Sermon de la Tabaski 2010 : imam Nouhoun Bakayoko)
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-
Burkina Faso
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- Titre
- An-Nasr Vendredi #367 (Sermon de la Tabaski 2010 : imam Nouhoun Bakayoko)
- Editeur
- An-Nasr Vendredi
- Date
- 16 novembre 2010
- numéro
- 367
- nombre de pages
- 8
- Sujet
- Aïd al-Adha (Tabaski)
- Association des Élèves et Étudiants Musulmans au Burkina
- Analphabétisme
- Khutba
- Démocratie
- Élection présidentielle de 2010 au Burkina Faso
- Enseignement confessionnel islamique
- Hadj
- Nouhoun Bagayoko
- Pauvreté
- Détenteur des droits
- Association des Élèves et Étudiants Musulmans au Burkina
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-issue-0000237
- contenu
-
SEEZ^^^^ŒSSSSEGSŒS n - nasr Sfi»aci^C T,A.&,AS*CZ7 An-nasr Vendredi n° 166 du 16 nov. 2010
Urique Tient le secours d'Allah ainsi que la victoire, célèbre les louanges de ton Seigneur et implore son pardon. Louange à Allah qui a honoré la Ummah (communauté des musulmans) par l’accomplissement des bonnes actions qui conduisent à sa proximité et à sa satisfaction. Nous Le louons, Lui Allah (swt), pour Ses innombrables bienfaits, car n’oubliez jamais que si « vous voulez énumérer les bienfaits d’Allah, vous n’y parviendrez jamais » (14/34).
Nous recherchons refuge auprès de Lui contre notre Nafs (âme charnelle) et contre les conséquences de nos mauvaises actions. Certes ! Celui qui bénéficie de la guidance d’Allah, nul ne peut le détourner, tandis que celui qu’Il abandonne à lui-même ne saura trouver la voie du salut.
J'atteste qu’il n’y a point de divinité qui mérite d’être adorée, hormis Allah, l’Unique sans associé. Et j’atteste que Mohammad (SAW) est son serviteur et son Messager bien-aimé ; Que la Paix et la Miséricorde d’Allah se déverse en abondance sur ce noble Messager et sur toutes celles et tous ceux qui lui emboîteront le pas jusqu’au jour de la reddition des comptes.
Chers frères et sœurs en Islam, nous voici au jour de la célébration du Sacrifice d’Ibrahim, appelé communément "Aid El Kabir" ou TABASKI ; ceci après le Grand rassemblement des pèlerins du monde entier hier à ARAFAT. La célébration de l’Aid El Kabir est un grand moment de souvenir et de reconnaissance à Allah pour ses multiples faveurs. Il couronne la pratique du 5e pilier de l’Islam qu’est le pèlerinage aux lieux saints et nous plonge dans le souvenir d’Ibrahim (pbsl), l’ami de Dieu, dont la figure emblématique illumine tous les itinéraires spirituels.
En ce jour de souvenir, celui qui est nommé le père des Prophètes nous inspire une belle leçon d'épreuve réussie dans l’abnégation, le sacrifice et le renoncement ; une insomnie toute d’une foi pure et sincère en Dieu, l’Unique. Ibrahim (A S) se vit confier la tâche de conduire l’humanité, dit le Coran en ces termes : "Souvenez-vous, lorsque Dieu, voulant mettre à l’épreuve Ibrâhîm, lui édicta certains commandements que celui-ci accomplit avec bonheur ; alors Dieu lui dit : « Je vais faire de toi un Imam (Guide spirituel, un exemple, un modèle parfait de monothéisme à suivre) pour les gens." 2/124 Oui, de ses épreuves, depuis le refus de s’incliner devant les idoles de son peuple jusqu’à l’injonction d'immoler son unique fils d’alors, Ismaël, il y a la voie pour celui qui a la foi. En effet, son itinéraire, par-delà celui de tous les croyants sincères, nous montre que la foi signifie renoncer à ses désirs, résister, se battre, lutter et tous les jours persévérer, pour plaire à celui qui sait tout de nous, à tout moment, ALLAH. Et du haut des sept cieux, ce Seigneur fit une promesse dans le noble CORAN : « Ceux qui luttent pour protéger leur foi, Nous (Dieu) les guiderons assurément, sur notre voie. Car Dieu est avec ceux qui s’appliquent. à accomplir des œuvres salutaires » 29/70. Ibrahim fut l'exemple de ceux qui portent la foi. Il fut choisi par le Seigneur de l’Amour pour devenir son ami, son confident ; ainsi Il l’a élevé, le rapproché et l’a honoré pour les mondes. Ainsi Il dit : « Souviens-toi toujours d’Ibrahim ... (celui-ci a cru de toute l'énergie de son cœur et n'a eu de cesse de demander à Dieu de le guider, de le rassurer) ceci ”pour que mon cœur s'apaise” (murmurait-il à son Seigneur) 2/260. La fête du Sacrifice d’Ibrahim, un signe, un souvenir, un rappel pour les croyants de tous les temps et de toutes les contrées... Ibrahim, ce serviteur, cet ami de Dieu, cet humble qui a accepté et n’a eu de cesse de dire, de protéger et de lutter pour Dieu, pour la Lumière, pour la vérité. Jusqu’au bout. De ces multiples épreuves, a jailli une Lumière pour les générations d'hier, d’aujourd'hui et demain, jusqu’à la fin du Monde. Il nous montre ainsi que de nos épreuves aujourd’hui, nous devons trouver la voie de l'endurance et de la foi. persévérance pour que notre passage sur terre devienne Lumière pour notre postérité. Abraham abandonne une partie de sa famille dans le désert en les confiant à Allah en ces termes : “O Mon Dieu, je viens de laisser une partie de ma famille dans un désert sans culture mais auprès de Ton édifice sacré (la Kaaba) afin, Ô Seigneur, qu’ils accomplissent la Salaat. Ô Dieu, tourne en leur faveur les cœurs d'une partie des hommes ! Veuille à leur procurer des fruits pour leur subsistance. Peut-être seront-ils reconnaissants !” 14/37 De cette invocation, Dieu fit de ce lieu, la Mecque, une cité verdoyante vers laquelle tout le monde entier converge. Pourtant, à l'origine, c'était une vaste plaine désertique nue où il n'y avait rien. Ceci montre que l’invocation, la confiance en Allah est fondamentale et vitale pour l’homme et encore plus pour le musulman qui doit chercher à être en contact permanent avec Dieu. L'invocation, une marque d'humilité devant le Seigneur et une source sûre de la Miséricorde d'Allah, est L'arme réelle du croyant, d'après le Prophète Mohamad (Sws), c'est l'invocation qui permit à Adam et Hawwa d'être pardonnés et réadmis au sein de la miséricorde divine, à Ayoub d’être guéri, à Younous de sortir du ventre de la baleine, à Mouhamed (Sws) de vaincre à Badr, à Zakariya d’avoir une progéniture, etc. Au total, le prophète Ibrahim (AS), dans sa spiritualité profonde à travers les épreuves et l’obéissance complète à Dieu, nous montre la voie de l’accomplissement de la foi et de la proximité d’avec Allah, ceci dans la compagnie des hommes ; loin des hommes dans leur désobéissance au Créateur mais toujours proche d’eux pour plaire à Allah. "Il n'a jamais mangé sans se rassurer que son entourage était hors du besoin."
Le sacrifice d’un animal saint, un mouton, un chameau, un bœuf, a des implications tant spirituelles que sociales. En effet, l’immolation, au-delà de l’épreuve de la mort, il y a la volonté de plaire à son Seigneur ; verser le sang pour obéir au Seigneur de la création ; ce n’est. nullement un abattage sauvage. Voilà pourquoi il faut bien prendre soin de la bête même quand on est sur le point de l’immoler ; oui immoler mais sans faire souffrir. Au-delà, c’est une offrande que rien ne vaut en mérite en ce jour-ci car tous les poils ont de la valeur aux yeux d’Allah grâce à la Foi qui nous anime en l’immolant.
Aid el kabir est une fête à vivre en groupe car c’est un moment de partage. On y partage la prière, oui, mais aussi le repas, les sourires et les cadeaux. C’est le moment de chasser l'égoïsme, c'est le moment de rappeler à toutes et à tous que nous sommes une religion d'amour, de rencontre et de solidarité. Mais en toutes choses, le musulman reste sobre et évite le gaspillage.
Aussi, au niveau des réjouissances, il nous faut retenir que ce qui est interdit avant Tabaski le demeure en Tabaski et même après. Allah est clair là-dessus dans le noble CORAN lorsqu'il dit : « Ô fils d’Adam ! Mettez vos plus beaux habits à chaque prière ! Mangez et buvez mais évitez tout excès ; car Dieu. « N’aime pas ceux qui dépassent les limites. »
En termes clairs, point de désobéissance dans la voie de l’obéissance en Dieu, point de boisson ou de nourriture illicite au nom de la Fête pour Dieu, sinon ce serait bien le contraire du fondement même de cette fête. L’obéissance est de plaire à Dieu en faisant plaisir à ses serviteurs, mais jamais de plaire aux hommes en encourant la colère d'Allah ; ce serait bien paradoxal et du non-sens.
Ce jour-ci, disions-nous, couronne le Hadj, 5e pilier de l'Islam. La signification profonde du hajj est ce voyage intérieur que le musulman effectue pour répondre à l'appel de son Seigneur ; on va ainsi à la rencontre d'Allah, dans l’humilité, pour trouver la voie et le sens de la vie avec la Communauté des musulmans et musulmanes d’ici et d’ailleurs. C’est pourquoi la talbiya : « Me voici, Ô Seigneur, me voici », résume cette expression de la réponse à l'Appel divin. Et cette formule du pèlerin vise précisément à renouveler le Pacte primordial. (al-mîthâq) scellé entre Dieu et les hommes dans la préternité, avant l'incarnation des esprits sur terre, lorsque le Seigneur de la création nous fit tous témoigner en ces termes : « Ne suis-Je pas votre Seigneur ? » Nous dîmes tous : « Oui, nous en témoignons » (7/172).
La réalisation de ce pilier de l’islam dans notre pays apparaît chaque année comme une épreuve que les plus pèlerins sont obligés de subir et dont toute la communauté musulmane du Faso se trouve entachée. Toujours beaucoup de supputations et de bruit autour de la chose, même des non-musulmans s’efforcent d’y être comme si la chose n’avait pas de tuteur. Mais il y a toujours des centaines de pèlerins souffrants à cause des intérêts égoïstes de ces mêmes individus prêts à se servir dans tous les plats.
Il y a donc là un défi d’engagement citoyen de tous les cadres et intellectuels musulmans, arabophones comme francophones. Il faut un réel engagement de tous ceux et de toutes celles qui peuvent apporter un concours, un secours pour une... meilleure organisation de cette adoration pour Dieu. Car le Saint Prophète Mouhammad (SAW) dit : « Celui qui ne s’occupe pas des affaires (préoccupations) de ma communauté, n’est pas des autres !!! »
Il est à saluer au passage, les efforts de toutes celles et de tous ceux, qui depuis quelques années déjà, réfléchissent et font des contributions intéressantes, dans l’ombre comme au su du grand public. Ceci a contribué, on le sait, à améliorer un temps soit peu, les conditions de transport.
Cependant, disons-le clairement, le Hadj n'est pas que voyage ; c'est avant tout un Culte (5ème pilier). C’est pourquoi il convient de dénoncer toutes ces manières de favoriser les uns au détriment des autres, et surtout il faut refuser catégoriquement ce qui ressemble à une insulte à toute la communauté entière ; à savoir le fait de placer des non-musulmans à la tête de l’organisation du Hadj, un culte musulman. Imaginez un peu qu’un non-musulman veuille venir organiser ou diriger cette prière, n’est-ce pas qu’on se serait... Tous offusqués ; pourquoi donc permettre à des non-musulmans de diriger le hadj ? Une fois de plus, il apparaît au grand jour que notre communauté souffre de son manque d’organisation. Et cela est d’autant plus vrai que le mois de Mouharram (mois de prélèvement de la Zakat) qui s’annonce, une préoccupation est celle de l’organisation de cet autre pilier de l’Islam. Formidable outil d’Allah pour lutter contre la pauvreté, à travers la collecte et la redistribution des richesses dans la communauté toute entière, cette Zakat est aujourd’hui abandonnée à la seule charité de ceux et celles qui ont encore le cœur sensible à la misère de leurs frères et sœurs. Pourtant, la Zakat est plus qu’une charité, c’est le droit des pauvres, au nom de Dieu, sur les riches. Heureux ceux qui l’auront bien compris et s’en seront acquittés, et bien regrettable sera le sort de ceux qui l’auront négligée et foulée au pied. Chers frères et sœurs, fidèles musulmans et musulmanes, nos défis sont nombreux, les uns aussi grands que les autres. Autres mais nos engagements pour les relevés semblent encore bien timides (silence). Cela commande donc un nouvel engagement de tous et de toutes pour la cause commune de cette communauté.
Chers frères et sœurs dans la Foi, l’actualité brûlante dans notre pays demeure les élections présidentielles. Pour nous musulmans, la règle est claire, c’est le plus digne de la responsabilité qui est à choisir car le Prophète (SAW) a dit : « Celui qui choisit un dirigeant alors qu’il y a en un autre à même de mieux faire que celui-ci, il aura trahi Dieu, son Prophète et la Communauté toute entière, des Musulmans et des musulmanes ».
Ce que nous demandons de plus cher aux différents acteurs de l’organisation de ces élections est la transparence, pour garantir la paix et la stabilité sociale car la paix, la vraie paix, est au prix de l'équité entre tous les fils et toutes les filles d’une nation qui veut se construire. Les différents candidats doivent se souvenir, toujours, que ce peuple attend d’eux beaucoup car. Les défis à relever sont nombreux : la lutte contre la pauvreté, la corruption, l'analphabétisme, la culture de la compétence... Une éducation de qualité pour les jeunes et les moins jeunes de cette nation. À ce niveau, les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) visent "l’éducation pour tous (EPT) d’ici à l’an 2015". Alors, beaucoup d'établissements scolaires et universitaires ont été construits. Mais la vraie question demeure aujourd’hui celle de la QUALITÉ de l’offre éducative.
Le cas de notre communauté donne beaucoup à réfléchir car elle offre, vous risquez d’être surpris, 76% des centres privés d’enseignement au Burkina Faso, oui, ces Médersa, Franco-Arabes et divers établissements musulmans réunis. Cependant, la qualité de l’enseignement qui y est dispensé déconcerte tout pédagogue ou personne avisée du domaine de l’éducation. Il n'est un secret pour personne qu’au plan théologique, ces établissements, plus orientés vers les détails de divergences entre écoles de jurisprudences islamiques, ne... répondent pas au besoin, combien pressant, d’unification de la communauté islamique de ce pays. Et au plan professionnel, ils sont totalement déconnectés du marché de l'emploi si bien que ceux qui disent que pendant que les autres forment des cadres, nous, nous continuons à former des chômeurs, ne semblent pas avoir tort. C'est pourquoi il faut là encore une implication réelle des cadres et intellectuels musulmans, à tous les niveaux du système éducatif. À dire vrai, chers frères et sœurs, cadres et intellectuels musulmans, notre dette est très grande, vis-à-vis de cette communauté, de cette nation. Et il est temps qu’on le sache et qu'on fasse quelque chose de plus positif. Sinon il est à craindre que demain, nos enfants, nous demandent pourquoi nous leur avons privé de leur droit le plus absolu : celui d’une éducation de qualité au même titre que toutes les autres communautés s’y investissent. À tous les responsables en charge de l’éducation dans ce pays, il est à rappeler que la vraie éducation n'est pas Celle qui abandonne certains dans la rue pour envoyer d'autres dans les écoles et instituts les plus chers du monde ; ceux qui nous tendent les boîtes aujourd’hui au coin de la rue risquent d'être ceux qui compromettront sérieusement notre développement réel demain ! Les enfants de la rue ont aussi droit à une éducation comme les autres ; l’ignorer, c’est jouer à l’autruche.
Cette année, il est question dans nos pays d’Afrique du cinquantenaire de nos Indépendances. Cela nous rappelle soudainement le sacrifice des braves et dignes fils et filles qui ont énormément contribué, que dis-je, qui se sont saignés pour bâtir les pays d’Europe et d’Amérique. Aujourd’hui, l’heure n’est plus celle des travaux forcés ou de la colonisation directe de nos pays ; mais la réalité d’une autonomie véritable, d’un choix délibéré de nos populations pour la prise en charge de leur destin demeure toujours un rêve.
Le constat est simple : quelle liberté pour un peuple à plus de 50 % analphabète ? Quelle liberté pour un peuple ? Dépendant à plus de filles dignes de ce continent. Il y a là la nécessité d’une responsabilité plus consciente chez les gouvernants, la nécessité d’une solidarité plus agissante en faveur des plus démunis et la nécessité de plus d’efforts et d’ardeur dans le travail chez tout le monde. 70 % des productions extérieures ? Dont le ventre dépend de la charité du colonisateur de tous les temps ? Ceci justifie aujourd'hui la colonisation morale et culturelle que nous subissons tous.
On pourrait donc se demander pourquoi ce peuple d’Afrique, qui a tant saigné pour bâtir les autres nations d’Europe et d’Amérique, jusqu’à la 2ème moitié du 19ème siècle et même bien après, si ce n'est toujours pas le cas aujourd’hui, hésite à s'engager résolument pour construire son propre continent ? C’est là le plus grand défi de notre génération, après celle des pères de l’indépendance. Certes, tous les efforts déployés depuis les années 1960 n’ont pas été vains ; mais le contraste qu’il y a toujours entre les... Nombreuses richesses de ce continent et la misère que vivent la majeure partie de ses habitants, dans les villages et les campements et même les villes, révolte tout fils et toute fille. N'oublions jamais, dans nos nombreuses rencontres (séminaires, colloques et symposium...), avec leurs multiples prises en charge et pauses café, qu’il y a plus de 46 % de nos frères et sœurs de ce pays qui vivent en dessous du seuil de pauvreté. C’est-à-dire avec moins de 1 $/jr (500 F/Jour). C’est là la responsabilité de nous tous, vous et moi, électeurs de ce pays, de dire à ceux qui veulent nous gouverner qu'on a vraiment besoin de plus d’équité et de justice, dans la gestion des affaires de ce pays, dans la répartition du fruit de l'effort de tous les fils et de toutes les filles de ce pays.
Si on ne l’exige pas aujourd'hui, ce sont les générations futures qui nous jugeront dessus ; si ce n'est ici-bas, ce sera devant l’Éternel, lors du rendez-vous inéluctable. (Silence). Exigeons donc des actions concrètes, au-delà des discours. souvent démagogiques qui nous sont servis en ces périodes électorales. Aujourd'hui, en Afrique et plus particulièrement en Guinée Conakry et en Côte d’Ivoire, la situation exige de nous une solidarité plus active ; un soutien spirituel profond, un soutien moral et politique réel, au-delà de tout calcul bas ou d'intérêts partisans. Nous saluons déjà ici les efforts de notre pays dans la résolution des crises dans tous ces pays depuis quelques années. Cependant, il nous semble que la situation exige encore plus de nous, vu notre niveau d’implication et pour le rôle qui nous y est désormais confié. Pour cela, n’abandonnons pas ces navires en pleine mer ; notre crédibilité et notre sagesse, en tant que pays d'hommes intègres, nous le commandent. Nous demandons à Allah, la source de la paix par excellence, de rétablir la paix et la quiétude dans tous ces pays en difficulté ! Plus loin de nous géographiquement, mais toujours proche de nos cœurs, est la situation en Palestine. Notre préoccupation pour ce pays, tous Les ans se justifient à un double niveau. D'abord, cette situation apparaît comme une plaie profonde dans le cœur de tout croyant sincère, parce que liée à un élément de sa foi. Et en plus, il s’agit d’une situation d'injustice à l’égard d'un peuple innocent. On le sait tous, la Mosquée d'Al Aksa (Jérusalem) est le 3ème lieu saint de l’Islam, après la Mecque et Médine, où nous sommes tous invités par Allah pour y accomplir des pèlerinages. Alors, la confiscation de ce lieu saint par l’État juif est une véritable provocation à l’égard du milliard et demi de musulmans qui peuplent notre planète, et même à l’égard de nos pieux devanciers dans la foi, car nous sommes tous liés par cette même foi qui exige de nous du pèlerinage en ce lieu saint.
Au plan juridique, on assiste là, aux yeux de toute la communauté internationale, à une situation d'injustice flagrante : celle de la colonisation continue, au 21ème siècle, des terres d’un peuple (palestinien) qui, tous les jours, voit ses femmes et ses vieillards humiliés, ses... enfants et ses jeunes martyrisés. Ceci après qu'on a obligé ce peuple à partager son territoire, en 1948, avec le peuple juif que l'on venait de martyriser en EUROPE avec la 2nde Guerre mondiale. On a l'impression que ce sont les mêmes bourreaux d’hier qui agissent par les mains des victimes d'hier pour se faire bonne conscience aujourd’hui vis-à-vis de celui-ci. Sinon, comment comprendre le silence coupable de tous ces champions de la démocratie et de la Liberté devant une telle injustice criarde, depuis plus de 50 ans ?
Chers frères et sœurs, nous avons l'obligation, au nom de la Foi que nous portons, de ne point laisser mourir ces enfants et ces femmes, ces vieillards et ce peuple innocent de Palestine dans le silence coupable des plus forts de ce monde. Nullement les musulmans, à travers la Palestine, ne sauront payer le prix de leur injustice vis-à-vis du peuple juif. Sachons-le, chers frères et sœurs dans la Foi, que ce n’est nullement une question d’un peuple palestinien. Loin de nous, dans le désert arabique. C'est bien une question de tout musulman, de tout croyant ; une plaie et une insulte à la foi de chaque musulman et de chaque musulmane, tant que ce troisième lieu de l'Islam demeurera sous les griffes d'occupants non musulmans et injustes. Le minimum que chacun et chacune d'entre nous peut et doit faire, c'est le refus du fond du cœur de cette injustice et les prières quotidiennes pour ces femmes et ces vieillards humiliés, ces enfants et ces jeunes martyrisés, tous les jours autour de ces terres saintes d’Islam. C’est l'exigence même de notre Foi. Car le Muhammad (SAW) dit : « Face à un mal (injustice), le croyant doit agir avec la main pour arrêter, s'il ne peut, qu'il le dénonce avec la langue, s'il ne peut faire ça aussi, qu’il le réprouve du fond du cœur, et c'est le minimum, sans quoi il n'y aurait plus de foi. » Puisse Allah (SWT) secourir ce peuple ainsi que toutes celles et tous ceux qui souffrent à travers le monde à cause de leur Foi, de leur Droit, de leur Liberté, de leur. Dignité ! Chers frères et sœurs. En ce jour de mémoire et de remerciement, n'oublions pas d'avoir cette pensée pieuse pour tous ceux qui sont éprouvés dans le monde et avoir en mémoire que Dieu, parce qu'il est plus proche de nous que notre veine jugulaire (Coran 2/187), a interdit de se décourager, d'aller au désespoir et de dire : je suis perdu. Dieu m'a abandonné ou ne peut rien.
Il nous faut marquer notre compassion et notre solidarité à l'égard de tous ces hommes et femmes qui, ici, là, là-bas et ailleurs, souffrent sur la terre de Dieu : parce qu'ils ont perdu leur emploi, traînent des maladies, parce qu'ils sont orphelins, endettés, pleins d'angoisses et du mal de vivre.
Toutes ces épreuves, en plus de la disparition de personnes qui nous sont chères, la misère et la pauvreté qui sévissent autour de nous, si ce n'est pas sur nous-mêmes, la peur et le désespoir bafouent la dignité de beaucoup de filles et de fils d'Adam ; il faut s'en souvenir pour savoir remercier à sa juste valeur les 173 faveurs du... Seigneur. Dieu est à proximité et Il répond à l’appel de celui qui sait l'appeler : « Si Mes serviteurs t’interrogent à Mon sujet, qu’ils sachent que Je suis tout près d’eux, toujours disposé à répondre à l’appel de celui qui m'appelle quand il m'appelle. Qu’ils répondent donc à Mon appel (vers la Foi, la vérité), et qu’ils aient Foi en Moi, afin qu’ils soient guidés vers la voie du salut » 2/186.
Mon Frère, ma sœur, sache que ta foi t'invite à être de ceux qui ont un geste qui apaise, un sourire qui rassure, un cœur qui aime, éclaire, illumine son entourage. Notre foi est une foi d'amour en Dieu et pour servir les fils et les filles d’Adam, tous, sans exclusion.
L’Islam est une voie qui nous fixe un sens des finalités et nous guide vers un horizon de valeurs : ne jamais oublier le lien vertical qui nous nourrit de la lumière de Dieu pour éclairer l’horizontalité de nos rapports quotidiens dans la cité des hommes. C’est un message sublime dans sa profondeur et sa capacité de transformer l’individu et la. société. C’est ce qui doit nous amener, tous, à être des porteurs de cette marque de la miséricorde du tout Miséricordieux. C’est pour cela que le Coran est : Al houda : le chemin idéal pour ne pas se perdre ; Al fourqan : le distinguant du mal et du bien ; An-nour : la lumière qui éclaire et montre le chemin à suivre, nuit et jour ; Az-zikr : le rappel pour ne pas oublier l'essentiel (Dieu) ; Al moubarak : la source de bénédiction pour tous ; Ar-rissalat : la lettre que Dieu t’adresse parce qu’il veut te parler ; Al kitab : le livre que tu dois lire pour apprendre à être, pour savoir être avec Dieu, pour savoir vivre avec ses créatures. Fin 174
Fait partie de An-Nasr Vendredi #367 (Sermon de la Tabaski 2010 : imam Nouhoun Bakayoko)