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Grande mosquée de Ouagadougou : qui a refoulé l'imam Aboubacar Kassoum Sana ?
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Burkina Faso
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- Titre
- Grande mosquée de Ouagadougou : qui a refoulé l'imam Aboubacar Kassoum Sana ?
- Créateur
- Aboubacar Dermé
- Editeur
- L'Observateur Paalga
- Date
- 30 août 2020
- Résumé
- L’enceinte de la Grande Mosquée de Ouagadougou a connu une ambiance particulière dans la matinée du vendredi 28 août 2020. La raison de cela : le véhicule qui y a conduit le grand imam de Ouaga, El hadj Aboubacar Kassoum Sana, a dû faire marche arrière dans un tohu-bohu et des scènes dont les acteurs étaient prêts à en venir aux mains. L’élément sonore accompagnant la vidéo qui a fait le tour des réseaux sociaux ce week-end a laissé croire que ce sont les partisans du président sortant de l’association Communauté musulmane du Burkina Faso (CMBF), El hadj Abdou Rasmané Sana, qui sont à l’origine de cette oukase. Faux, a rétorqué ce dernier, qui crie plutôt à une machination du camp du Cheick Mahamoudou Bandé. Explications.
- Sujet
- Abdou Rasmané Sana
- Aboubacar Sana
- Adama Zoungrana
- Bobo-Dioulasso
- CMBF (Crises internes)
- Communauté Musulmane du Burkina Faso
- Grande mosquée CMBF
- Mahamoudou Bandé
- Ouagadougou
- Oumar Kouanda
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0004918
- contenu
-
L’enceinte de la Grande Mosquée de Ouagadougou a connu une ambiance particulière dans la matinée du vendredi 28 août 2020. La raison de cela : le véhicule qui y a conduit le grand imam de Ouaga, El hadj Aboubacar Kassoum Sana, a dû faire marche arrière dans un tohu-bohu et des scènes dont les acteurs étaient prêts à en venir aux mains. L’élément sonore accompagnant la vidéo qui a fait le tour des réseaux sociaux ce week-end a laissé croire que ce sont les partisans du président sortant de l’association Communauté musulmane du Burkina Faso (CMBF), El hadj Abdou Rasmané Sana, qui sont à l’origine de cette oukase. Faux, a rétorqué ce dernier, qui crie plutôt à une machination du camp du Cheick Mahamoudou Bandé. Explications.
« Le vendredi aux environs de 10h et demie, l’imam adjoint, El hadj Adama Zoungrana, m’a téléphoné et expliqué que le grand imam de Ouaga, El hadj Aboubacar Sana, par l’intermédiaire d’un tiers, lui a fait part de sa volonté de venir prier à la Grande Mosquée, et que, compte tenu de sa santé, fragile, lui-même ne célébrerait pas la prière mais qu’il va désigner un imam pour ce faire. Il a ajouté qu’il a demandé à savoir si le président de la CMBF que je suis en a été informé au préalable, mais n’a pas eu une réponse affirmative. Que par la suite le grand imam a promis de m’en informer si cela pouvait le rassurer. Effectivement, une dizaine de minutes plus tard, le grand imam m’a invité chez lui à domicile. Arrivé, on m’a d’abord refusé l’accès. J’ai souligné que je suis venu sur invitation de ce dernier. On m’a alors dit qu’il était en communication. J’ai patienté, et la personne est revenue dire qu’il venait de prendre un produit et ne pouvait plus me recevoir si ce n’est dans l’après-midi à l’issue de la prière. Ce à quoi je m’attendais le moins ».
C’est ce qu’a longuement expliqué le président sortant de la CMBF, El hadj Abdou Rasmané Sana, au lendemain de la brouille à son domicile. De guerre lasse, il a dit avoir fait demi-tour tout en maugréant que l’entrevue aurait pu être fixée directement dans l’après-midi ou que le mufti aurait dû lui donner la substance de leur tête-à-tête au téléphone. Et de poursuivre qu’il s’est en ouvert au grand frère de l’imam, puis lui a fait cas d’informations qui lui parviennent ; des informations qu’il pouvait clarifier et prendre les dispositions qui siéent. Mais n’ayant pas obtenu gain de cause, el hadj Abdou Rasmané Sana dit s’être résolu à aller se préparer pour la prière. « A l’heure de la prière, pendant que l’imam du jour avait déjà entamé son sermon, le Cheick Mahamoudou Bandé est venu placer son tapis à mes côtés. A peine avait-il fini de faire ses deux rakats que nous avons entendu du bruit : une personne a invité l’imam célébrant à descendre de son minbar (1), car le grand imam, Aboubacar Kassoum Sana (2), venait de faire son entrée dans l’enceinte. Il a par la suite proféré des insultes ; ce qui n’a pas été du goût de l’assistance qui l’a refoulé. Cela a coïncidé avec l’arrivée du grand imam qui a opté de faire marche arrière, sachant que cela pouvait dégénérer. Ceux qui l’ont escorté ont voulu qu’il patiente jusqu’à ce que le calme revienne, mais rien n’y fit », a narré le président sortant de la CMBF qui continuait de recevoir des appels téléphoniques ; ses interlocuteurs cherchant à comprendre cette épisode malheureux. « Je crois qu’ils se sont servi de lui pour créer ce trouble » El hadj Abdou Rasmané Sana, qui dit qu’il ne saurait empêcher le grand imam d’accéder à ce lieu de culte, croit que des «gens» se sont servi de ce dernier pour créer ce trouble. Et par ces « gens », il n’est pas passé par quatre chemins pour indexer les partisans du Cheick Mahamoudou Bandé ; celui-là même avec qui ce n’est plus le parfait amour. Des mésententes, en rappel, avaient conduit ce dernier à convoquer une Assemblée générale extraordinaire à Bobo-Dioulasso en fin octobre 2019, à six mois de la fin du mandat en cours. Cette instance avait été couronnée par l’installation d’El hadj Oumarou Kouanda comme président intérimaire. A écouter celui qui dit avoir côtoyé le grand imam depuis plus de quarante ans et qui le conduisait à la Grande Mosquée (3) avant d’être président de la CMBF, l’un des points de leurs désaccords tient justement au statut de grand imam. « Il y a deux ans de cela, quand El hadj Kassoum Sana est tombé malade, il a fait trois à quatre mois dans des cliniques à Ouaga sans que ces gens aillent s’enquérir de ses nouvelles. Quand il a été évacué en France, ils ont vite produit un document appelant le conseil supérieur des oulémas à constater que l’imam est dans l’incapacité de diriger les prières. Une liste de cinq noms a été proposée, celui du Cheick Bandé en tête. Ce que nous avons fustigé, car l’imam a certes une incapacité, mais celle-ci est temporaire. Il n’a pas effectué le voyage du non-retour. De ce fait, nous leur avons opposé une autre liste de dix noms », a-t-il signifié, les deux documents en question sous la main.
Il a relevé avoir effectué le déplacement du côté de l’Hexagone pour visiter l’illustre malade qu’il n’a pu voir au finish. «J’étais au pied de l’avion quand il est revenu au bercail. C’est en ces lieux que nous nous sommes serrés la main et je ne l’ai plus revu depuis lors. Son grand frère a tenté d’organiser un rendez-vous entre nous, mais cela n’a pas abouti. Pensez-vous qu’au regard de tout cela, je peux lui refuser l’accès à la mosquée ? Bien au contraire, nous l’y attendions vivement afin qu’il vienne prier et dire un message aux fidèles qui n’ont cessé de prier pour son rétablissement. Si nous avions eu confirmation qu’il venait de lui-même, nous aurions organisé une haie d’honneur, retardé la prière jusqu’à 14h si besoin en était pour l’accueillir », s’est-il justifié. Pour El hadj Sana, ceux qui ont conduit l’imam à la mosquée ce vendredi sont les mêmes qui voulaient lui retirer son statut de grand imam, et les mêmes qui l’ont amené au domicile du Moro Naaba (4) la veille (ndlr : jeudi 27 août). « Ceux qui m’ont empêché de le rencontrer dans la matinée savent que j’étais capable de me retirer de cette question de désignation des imams, puisque le titulaire, qu’il est, est de retour à présent. Ils ont créé une situation qui va se retourner contre eux », a-t-il fait savoir. Joint au téléphone au petit matin du 30 août, le Cheick Mahamoudou Bandé, qui était hors de Ouagadougou, n’avait toujours pas réagi au moment où nous bouclions cet article.
Nous y reviendrons dès qu’il nous livrera sa version des faits. Mais qu’à cela ne tienne, appel est fait aux autorités politiques et à toute bonne volonté à s’investir dans la résolution de cette crise au sein de la oummah avant que ça dégénère davantage.
Aboubacar Dermé
(1) L’estrade sur laquelle l’imam fait son sermon
(2) Compte tenu de l’état de santé du grand imam Sana, sa sécurité nous a recommandé de laisser nos contacts téléphoniques au cas où le mufti serait disposé à répondre à nos questions
(3) Dans l’après midi du 30 août, nous avons constaté la fermeture de toutes les portes de la grande mosquée et une présence d’éléments de la police nationale aux alentours
(4) Le président sortant dit n’avoir pas été informé de cette sortie chez le Moro Naaba et avait au même moment une réunion au ministère en charge des Cultes dans le cadre de la crise