L'article présente, après une description de la ville dépeuplée d'Assodé au Niger et un rapide bilan des principales informations historiques s'y rapportant, une étude architecturale de sa grande mosquée, ainsi que celle de l'oratoire de son site satellite le plus proche. La grande mosquée d'Assodé apparaît alors comme le plus vaste et le plus original des monuments religieux de l'Aïr, profondément inspiré de la mosquée à 'khutba' d'Agadez; sa structure ne rend cependant pas compte, au contraire de celle de cette dernière, d'un rôle politique particulier. Les datations par radiocarbone obtenues sur son minaret permettent de fixer au début du XVIIe siècle la construction du monument et donc l'épanouissement proprement urbain de l'établissement. L'oratoire périphérique, quant à lui, témoigne d'un phénomène sensiblement différent, celui de l'expansion, à des dates voisines, de courants religieux venus de l'ouest et de la création, dans l'Aïr, de nombreux centres de pèlerinages encore actifs de nos jours.
The first calling of every theocratic centre is the acquisition and the transmission of the religious knowledge. Saayi has been accomplishing this mission since its creation in the xiii xixth century. This knowledge, based on the koran, is passed on in different ways. The example of the translation and commentary of the koran in saayi shows the importance of its understanding, or partly, to accomplish rites and practices. In south-saharan africa, the source text of the koranic commentary is al-galalayni's. The african translation is more a voice expressing the word of god than a classical way koranic commentary. This concision of the source text leaves few details related to the practical methods of cult, where the interest in the religious songs, draws its source from the koran, the prophetic tradition and in muslim case law books. The choice for the ramadan month to make this translationcommentary has given it, as time goes by, a ritual character in the same way as the great heathen agrarian events.
La secte Boko Haram, apparue au début des années 2000 au Nigéria, est devenue un problème transfrontalier en moins de 10 ans. Diffa, ville du Niger frontalière avec le Nigéria, est devenue un refuge pour les 27 162 nigérians en 2015. Ce livre analyse les mobiles du ralliement des jeunes de la ville de Diffa à l'idéologie de Boko Haram et les facteurs ayant facilité l'accueil des réfugiés par la population de cette ville.
Cette étude analyse les liens entre la violence urbaine liée à l'activité de groupes informels de jeunes à Zinder, et les défis de l'extrémisme violent dans cette région proche du Nord Nigéria.
L'étude identifie ainsi les facteurs de risque pouvant entraîner les jeunes vers la violence, et les passerelles pouvant exister entre délinquance et extrémisme violent à Zinder. L'étude se penche en outre sur la perception que les jeunes de Zinder ont des groupes extrémistes violents tels que Boko Haram, ainsi que sur les moyens de prévention que ces jeunes identifient.
En s'appuyant sur les résultats de cette enquête de terrain, le rapport présente des recommandations programmatiques ainsi que de politiques publiques au niveau national, régional et local.
Le culte des génies holley au Niger, qui s'appuie sur la notion fondamentale d'êtres immatériels et sur une représentation cosmologique d'un monde en double, s'oppose à la morale islamique, la croyance à des génies étant perçue comme une erreur. L'auteur entend montrer comment une analyse systématique de ce culte de possession révèle la possibilité de référer ces pratiques à une modalité d'éthique qui est une morale d'ordre social et qui permet la transgression, par le biais thérapeuthique, de la loi coranique. Il utilise les donnés d'une observation personnelle de quelques cérémonies rituelles à but thérapeutique. Cette recherche se situe au croisement d'une psychologie sociale, d'une psychologie clinique, et de l'anthropologie sociale. Deux éléments sont problématiques, au regard de la laïcité coranique: la notion de holley d'une part et celle de transe d'autre part. Or le statut des holley ou djinn prend place dans un espace éthique virtuel, où la notion de holley, êtres virtuellement bénéfiques ou maléfiques, échappe à la fonction du sacré qui est la définition du Bien et du Mal.
How does the francophone élite in Niger manifest the ideal for a moral order in line with Islamic values, especially when this social category has become more than a consumer, but also a producer of key discourses and practices of a new Islamic culture? I argue that both the intellectual life and the social and moral models that ensued result in a new knowledge economy, expand the modes of expression of religiosity while they make French, along with Arabic and Hausa, a key Islamic idiom. More than a linguistic shift, this process is also epistemic, sociological and philosophical which bridges two cultural types that have been so far perceived as mutually exclusive.
Que sait-on de ce mouvement obscur qui est parti des milieux islamistes modestes du nord du Nigéria pour prendre de l'ampleur en réussissant l'exploit d'exporter la terreur dans les foyers des pays environnants ? Trempé dans l'univers religieux dont il revendique une certaine exclusivité, le mouvement parle un langage outrageusement hostile à la raison. Il veut se fonder une légitimité inhérente à une fausse transcendance qu'il mêle à un pragmatisme violent. A qui pourrait bien profiter cette tourmente instaurée par une des pires sectes qu'ait connues le continent africain ?
This paper looks at the effects of Islamization and colonialism on women in Hausaland. Beginning with the jihad and subsequent Islamic government of ‘dan Fodio, I examine the changes impacting Hausa women in and outside of the Caliphate he established. Women inside of the Caliphate were increasingly pushed out of public life and relegated to the domestic space. Islamic law was widely established, and large-scale slave production became key to the economy of the Caliphate. In contrast, Hausa women outside of the Caliphate were better able to maintain historical positions of authority in political and religious realms. As the French and British colonized Hausaland, the partition they made corresponded roughly with those Hausas inside and outside of the Caliphate. The British colonized the Caliphate through a system of indirect rule, which reinforced many of the Caliphate’s ways of governance. The British did, however, abolish slavery and impose a new legal system, both of which had significant effects on Hausa women in Nigeria. The French colonized the northern Hausa kingdoms, which had resisted the Caliphate’s rule. Through patriarchal French colonial policies, Hausa women in Niger found they could no longer exercise the political and religious authority that they historically had held. The literature on Hausa women in Niger is considerably less well developed than it is for Hausa women in Nigeria. This paper serves as an inquiry into the types of questions that need to be explored in future research on gender issues in Nigerien Hausaland.
Le régime qui s'installe en 1974 au Niger, soucieux d'affirmer sa légitimité en tenant compte du poids sociologique de l'islam mais méfiant envers les cadres maraboutiques traditionnels, se tourne vers ceux qui, parmi les musulmans, apparaissent comme des 'modernistes', c'est-à-dire les 'licenciés du Caire'. Cette expression est utilisée dans cet article pour désigner tous les cadres qui, après la 'médersa' (école franco-arabe) au Niger, ont poursuivi leur formation dans les universités du monde arabe, et pas seulement au Caire. L'auteur examine les rapports entre l'État, les marabouts traditionnels, l'élite francophone et les 'licenciés du Caire'. Ces derniers deviennent les alliés islamiques privilégiés des militaires au pouvoir et par le biais de l'AIN (Association islamique du Niger) ils deviennent les porte-parole de l'islam 'légitime' et les médiateurs des relations entre le Niger et le monde arabe. Les arabisants qui se veulent uniques représentants légitimes de 'l'oumma' (communauté des croyants) au Niger, ont des conflits de légitimité avec d'une part l'élite religieuse traditionnelle, d'autre part l'élite francophone. Seuls les franco-arabisés, qui ont su maîtriser le français, ont trouvé leur place dans l'appareil étatique; les purs arabisants, la grande masse des jeunes formés dans les écoles coraniques traditionnelles, semblent n'avoir pour avenir que le chômage.
Prestigieuse capitale d'une chefferie haoussa au 19ème siècle, Maradi devient pendant la période coloniale un centre de traite dont l'activité repose sur la collecte de l'arachide produite par son arrière-pays et sur la diffusion, en brousse, de marchandises d'origine européenne. Au lendemain de l'indépendance du Niger, sa croissance s'accélère grâce à l'intensification du commerce arachidier puis au développement des échanges avec le Nigéria. Ces transactions, souvent doublées d'opérations frauduleuses tant la frontière est perméable, permettent à la ville de jouir d'une certaine prospérité. Sa rapide évolution (9000 habitants en 1954, près de 100 000 en 1986) a entraîné des mutations sociales et donné naissance à un groupe de riches marchands : les Alhazai (sing. Alhaji). Les Alhazai apparaissent comme une nouvelle génération d'hommes imprégnés à la fois des valeurs de l'Islam et de celles du capitalisme marchand. Ce livre retrace l'histoire de Maradi et l'ascension de ses Alhazai :quand et comment sont-ils parvenus à s'enrichir et à constituer un groupe privilégié au sein de la société locale? Sur quoi porte leur activité? Est-elle seulement motivée par le profit? Quelles sont leurs relations avec les autres acteurs économiques et sociaux?
Dans le présent article l'auteur examine le 'danger' islamiste dans plusieurs pays africains au sud du Sahara, à savoir le Sénégal, la Somalie, le Niger, le Nigeria et l'Éthiopie. Il convient de ne pas dramatiser la situation sénégalaise. L'islamisme local n'a pas encore à sa tête un leader charismatique capable d'entraîner les grandes masses. Cependant, si la politique de rétablissement socioéconomique du pays du président Abdoulaye Wade devait échouer, l'islamisme pourrait progresser de manière plus sensible. Au lendemain des attentats du 11 septembre, la Somalie a retenu l'attention des Américains. Washington a exprimé sa préoccupation devant les liens possibles entretenus entre la Somalie et le réseau Al Qaïda d'Oussama Ben Laden, en dépit des démentis du gouvernement national de transition somalien, qui d'ailleurs ne contrôle qu'une partie de la capitale, Mogadiscio. Un autre pays est dans le collimateur de Washington:le Niger. Il serait cependant erroné de conclure à une islamisation prochaine du Niger. Pourtant, la stabilité de son territoire est menacée au sud, le long de sa frontière commune avec le nord islamique du Nigeria. Dans ce dernier pays, le pouvoir central n'a pas de stratégie pour contrer les prétentions islamistes, et le Nigeria est guetté par le risque d'effondrement. En Éthiopie, bien que l'islam ne soit pas la première religion, on observe des conditions d'un possible basculement dans le fondamentalisme. Faut-il se montrer embarrassé par le développement islamiste en Afrique noire? Plutôt que de répondre à cette question, il importe davantage de s'interroger sur les causes de son expansion dans le sud saharien.
Dans le présent article, l'auteur rappelle tout d'abord la prolifération de l'islam en Afrique noire avant et pendant la colonisation. Au début des années 1960, les présidents des principaux pays d'Afrique francophone nouvellement indépendants étaient catholiques, mais il n'en est plus ainsi. L'islamisme s'est bien porté dans la classe politique parce qu'il était assimilé au nationalisme, par réaction contre le catholicisme importé par la colonisation. Certaines des 'conversions' à l'islam de présidents africains doivent surtout s'interpréter comme un geste de sympathie à l'égard du monde arabe, pourvoyeur d'aide à l'Afrique noire. Aujourd'hui, l'islam est la religion d'une personne sur trois au sud du Sahara. Ces avancées s'expliquent par le fait qu'il est souvent perçu comme un gage d''authenticité'. L'Africain souffre de son acculturation depuis l'arrivée des techniques et des modes de vie occidentaux que n'accompagne pas un véritable développement économique. Avec ces mosquées pratiquant l'entraide, l'islam est un refuge. L'islam noir présente aujourd'hui des visages multiples et contrastés. L'islam n'est pas partout un islam débonnaire, préservé de l'intégrisme, et plusieurs dirigeants africains doivent composer avec des 'ayatollahs' locaux, ou sont leurs complices. Après le 11 septembre et les bombardements américains en Afghanistan, plusieurs manifestations de soutien à Ben Laden ont eu lieu au Kenya, au Niger et au Sénégal. Le succès de la riposte américaine a conduit la minorité extrémiste à adopter un profil bas. Mais, pendant la période d'expectative qui suivit le 11 septembre, elle est apparue sous son vrai jour.
L'irruption de Boko Haram dans le bassin du Lac Tchad remet à l'ordre du jour le débat sur le rapport des sociétés musulmanes de cette région à la modernité. Dans une démarche rétrospective, les contributions de cet ouvrage situent la place de l'islam et de l'éducation islamique dans le façonnement des mentalités et des attitudes vis-à-vis des modèles sociétaux induits par la colonisation.
Ce livre s'adresse à tous ceux qui souhaitent comprendre sans à priori, comment il y a eu diffusion de l'Islam en Afrique de l'Ouest en général et dans le pays hawsa (Niger et Nigeria) en particulier. Il s'agit d'un travail original, basé sur de longues recherches à la fois historiques et anthropologiques, qui montre quelles sont les relations politiques et économiques entre le Maghreb et les sociétés au sud du Sahara, quels sont les différents groupes de commerçants qui islamisent ces pays, à quel courant religieux ils appartiennent, dans quelles circonstances ils sont amenés à y diffuser leurs conceptions religieuses et quelles sont les conséquences de leur avènement dans les Etats subsahariens. Tout au long de cet ouvrage, l'auteur a le souci de replacer les situations singulières propres à chaque Etat en fonction du contexte général africain : ainsi, il arrive à montrer que la création, l'islamisation et les problèmes politico-religieux des sociétés africaines, telles que les Etats hawsa, sont souvent liés à la mise en place de nouvelles routes commerciales par des groupes musulmans concurrents.
Beyond the violence of terrorism and jihadism that now characterizes certain parts of the Sahel, the region as a whole faces what this paper calls “the question of Islam,” i.e. the tense relationships between a state based on democratic and secular principles and a society in which the cultural hegemony of Islam has grown, especially since the 1990s. This tension, the author argues, has fostered the emergence of a specific political ideology, political Salafism. To illustrate these developments, the paper uses the case of Niger, a country at the heart of the Sahel that seems to be spared by the violence that is affecting its neighbors, but where political Salafism has made some inroads at the expense of its ideological enemy, secularism. The paper also shows that the Salafists’ successes have been tempered by historical, sociological, and economic conditions specific to this Sahelian context.
Le monde hawsa, l'un des plus importants groupes socio-linguistiques de l'Afrique contemporaine que l'on retrouve notamment au Niger et au Nigeria, a développé une relation spécifique avec la culture islamique qu'il a assimilée durant plusieurs siècles. Néanmoins, dans un certain nombre de fiefs animistes, tels que la ville de Maradi au Niger — fondée sur une alliance entre les animistes de la région et des groupes issus des principautés hawsa antérieures (notamment Katsina) contre les usurpateurs peuls —, une culture islamique ne se développe qu'à la fin du XIXe siècle, lorsque cessent les campagnes militaires contre l'empire de Sokoto. L'auteur analyse les passages d'une culture animiste à une culture syncrétique puis musulmane ; comment s'élabore une identité collective sur des bases islamiques et commerciales caractéristiques de la ville de Maradi. Il montre notamment comment se diffusent les confréries (Qadiriyyah, Tijaniyyah) ainsi que le mouvement izala d'inspiration wahhabite ; en quoi se distinguent ou s'affrontent différentes "voies de l'islam" (traditionaliste, réformiste, rationaliste).