In the context of the increased visibility achieved by Islam since the 1990s, this article examines certain types of identity strategies by studying the social uses of radio made by Muslim preachers. Firstly, we show how these preachers claimed more clearly their place in the public sphere, while still opting for conciliatory positions vis-a-vis the authorities. Secondly, by broadcasting their message over the airways they were able to better control that same message. Furthermore, the latter's transmission through the media reflected a certain legitimacy the preachers gained within the Muslim community. The effects of this were twofold : the reconfiguration of the contours of the Muslim community with the arrival of new and highly religious actors and the emerging competition between certain approaches. Finally, as preachers turned to broadcast media, there emerged hybrid strategies at the intersection of the individualization of religious feeling and the feeling of belonging to a religious community. This hybridity was all the more pronounced in the two cities discussed in this article, where the Islamic dynamic was relatively new and where Muslims had lived for decades in a marginal situation (in both countries), sometimes even suffering outright stimatization (in the case of Côte d'Ivoire).
This article discusses the transnational initiatives by Turkey in regard to Africa, where Turkey now includes a number of important socio-economic partners since the launch of its policy of openness on the African continent in 1998. Côte d'Ivoire, a coastal sub-Saharan country, has experienced this bilateral cooperation through secular (business, education and humanitarian) and religious (Islam) programmes since the start of the new millennium. Following a descriptive approach to the evolving mission of these Turkish entrepreneurs, this study attempts to analyse the actions taken by the latter in the Ivorian socio-educational field as well as the related issues, in a period of crisis in Turkey setting the power of Ankara against the Gülen movement.
For a long time a colony with prevailing animistic beliefs, the Ivory Coast seemed to remain apart, free from the Islamic question with which the French Administration was confronted in the major part of French West Africa. Very soon, however, the Ivory Coast was to be affected and involved : confronted with the rapid spread of the Islamic faith resulting from the immigration of followers from other colonies (Senegalese or Sudanese soldiers and merchants), the local administration with poor resources and little experience, attempted to apply, often at the wrong moment, the general directives laid down by Dakar. According to whether Islam was considered a civilizing factor or a ferment for subversion the authorities in Dakar and Bingerville would range between a clearly favourable position, at the beginning of the conquest, and a downright hostile attitude in the years between 1905 and 1930. On the whole, it was a bureaucratie and defensive policy, often encouraged by unreasonable fears : its efficiency was finally rather mediocre, since Moslem immigration grew and took root unceasingly. After 1930, economic problems and the new imperial outlook made a compromise necessary with a Moslem community which in Ivory Coast as in the rest of French West Africa, had become a reality difficult to ignore. This recognition of a " Moslem Ivory Coast " was accompanied by an attempt at moral support made spectacular by the officiai visits of the Grand Marabout Seydou Nourou Tall. At all events, on the eve of the second World War, the obsession wxth Islam was fairly well overcome, on the administrative level, and replaced by others fears. This new Moslem community in the Ivory Coast, rather commercial than literate, founded almost wholly by outside immigration, came to join up with the older, more lethargie settlements in the North of the colony. In less than half a century it accomplished a marked progress in numbers which, while still remaining moderate, began a process still in progress to-day.
Islamic education appears to have entered a new era at the beginning of the millennium. Recognising twenty-two madrasas in 2011 was the first step of the ministry of Education toward an integration process that started in the 1990s to reform informal religious education. In 2013, the number of establishments meeting the requirements for inclusion in formal education reached one hundred. However, the process has raised questions about the curricula for training teachers and opened the way for negotiations between actors in education. This article analyses public education supply and the dynamics it brought about in these schools as well as among those who promoted integration, through a diachronic study of the trajectory of Islamic schools.
Confrérie souvent controversée, la Tijâniyya a été fondée en l'année 1195 de l'Hégire (1781-1782 de notre ère), à la suite d'une vision du Prophète, dans l'oasis algérienne d'Abû Samghun, par le savant et mystique Ahmad al-Tijânî (1737-1815).
Depuis cette date, la Tijâniyya s'est imposée comme la grande confrérie africaine des XIXe et XXe siècles. Au sud du Sahara, son nom est associé au jihâd d'al-Hajj Umar al-Fûti (m. 1864). Pendant la période coloniale, c'est la confrérie qui a connu, en Afrique de l'Ouest, les plus grands développements. C'est aussi celle qui suscite les passions les plus vives, de la part de tendances soufies rivales ou de mouvements anti-confrériques. La Tijâniyya apparaît comme une voie exceptionnelle.
Elle offre la chaîne de transmission la plus courte possible entre son fondateur et le Prophète. Parce que cette transmission est dite avoir eu lieu " à l'état de veille ", elle fait de Ahmad al-Tijâni l'interlocuteur privilégié du Prophète en personne et de la Tijâniyya une voie ordonnée par le Prophète lui-même. Dans cette même logique, Ahmad al-Tijânî se présente comme khatin al-awliyâ'. Sceau des saints, analogie évidente avec le statut du Prophète Muhammad, Sceau des Prophètes.
D'autre part, les promesses formelles de salut faites aux adeptes et à leurs proches, la protection contre les risques du Jugement Dernier, l'assurance d'une " place réservée " auprès du Tout-Puissant offrent une sécurité absolue au pratiquant fidèle. Sur le " marché confrérique " des biens de salut, la Tijâniyya s'impose donc par cette " surenchère " dans l'accumulation des signes et des moyens. L'histoire de la Tijâniyya est marquée, dans ses segmentations principales, par une longue fréquentation avec la puissance coloniale française.
Mais, alors qu'en Algérie, cette convergence d'intérêts avec la puissance coloniale se traduit par une désaffection progressive des fidèles et un affaissement de la puissance confrérique, en Afrique occidentale, le compromis avec les Français favorise l'essor des réseaux tijânî et fait de cette confrérie l'une des grandes bénéficiaires de la période coloniale. Cet ouvrage n'a pas le caractère d'une Histoire générale de la confrérie, et il ne prétend pas davantage à l'exhaustivité.
Il s'agit de reconnaître à travers l'écheveau d'un certain nombre de situations les principales lignes de force d'une aventure historico-rnystique qui a marqué le monde africain de l'islam et fait de la Tijâniyya une confrérie pas tout à fait comme les autres.
Ce texte s’intéresse à la transmission des savoirs islamiques par le beïtu. Au cœur de l’enseignement dans les écoles coraniques traditionnelles, cette approche pédagogique tente de réactiver ce type de foyer de formation que des générations des diplômés de médersas – incluant ceux en provenance des pays arabo-musulmans – et la politique de réforme éducative étatique avaient réussi à influencer. Dans un contexte de fort taux de pénétration d’Internet et d’essor des réseaux sociaux, notamment Facebook, en Côte d’Ivoire, des prédicateurs proches de ces écoles précurseurs de la diffusion de l’islam ont trouvé en ces plateformes l’opportunité de donner de la visibilité à leur savoir-faire en matière de transmission du savoir religieux et d’éducation des masses à travers le beïtu. Ce travail repose essentiellement sur des études de terrain menées en Côte d’Ivoire et une ethnographie digitale conduite à partir de la plateforme Facebook.
La grave crise qu'a connue la Côte d'Ivoire peut, à la faveur de cette fin de confit, être considérée comme l’occasion pour l’Ivoirien de faire un examen de conscience. Ainsi, au-delà des analyses socio-politique, psychologique, philosophique, etc., il importe d’insister sur l’analyse spirituelle, c’est-à-dire de réexaminer les rapports de l’homme avec Dieu son Créateur. Une telle réflexion amène les Ivoiriens à voir ce qu’ils ont en commun et de différent et à voir comment ils ont “utilisé "ces différences et ces caractères communs. En somme, comment ils se sont “regardés ’’ : nordistes et sudistes, chrétiens et musulmans, etc., alors que tous sont issus d’Adam.
Mais loin de nous enferrer dans les erreurs passées. Il faut voir à présent ce que doit être notre attitude les uns vis-à-vis des autres pour une Côte d'Ivoire plus unie et pour des perspectives nouvelles de cohabitation pacifique. Pour ce faire, nous verrons comment l’homme vit sa foi à travers l’autre, ce que le Saint Coran véhicule comme message universel et enfin ce que la communauté musulmane apporte dans la construction d'une paix véritable en Côte d'Ivoire.
« Eveil de la communauté musulmane de Côte d'Ivoire », le récit d'une aventure communautaire est une œuvre de restitution de la naissance, du développement et de l'organisation de la communauté musulmane de Côte d'Ivoire.
L'avant-propos de l'auteur dégage déjà la quintessence du récit. Il dit : « Je voudrais à travers ces lignes, partager l'expérience de cette aventure et ma passion pour le travail communautaire dans lequel, par la grâce d'Allah Le Tout-Puissant, j'ai eu la chance d'être partie prenante pendant environ un quart de siècle ». Acteur et narrateur, il a su se placer à une distance à même de lui permettre de produire un texte au contenu éminemment objectif.
Si le récit a été axé sur la période charnière de 1985 à 1995, période qui a connu la gestion de la structuration de la communauté musulmane de Côte d'Ivoire, il a d'abord fait un rappel historique de la vie de cette communauté et de sa situation par rapport à l'administration coloniale. Son rôle dans la vie des nouvelles agglomérations et son poids socio-économique dans la naissance de la Côte d'Ivoire nouvelle ont été ainsi dégagés.
De la gestation de la Communauté Musulmane d'Aghien à l'émergence d'un écosystème ayant abouti à la création du CNI, cette œuvre donne dans des détails édifiants, avec forte argumentation et de nombreuses références sur toute l'évolution de chaque structure et les tractations ayant mené à leur naissance. CSI, COSIM, AJMCI, CERICI, AFMCI, etc., toutes les structures ont été passées au peigne fin. L'auteur a ensuite abordé la phase actuelle du développement de la communauté par l'interrogation « Quel visage présente les communautés musulmanes aujourd'hui ? » Cela lui a permis de faire un état des lieux des associations et ainsi d'en ressortir leurs forces et faiblesses.
En somme cette œuvre littéraire est une véritable publication scientifique historique sur la communauté musulmane de Côte d'Ivoire, de la période coloniale à nos jours. Elle est la restitution objective de faits historiques par un acteur qui a essayé, non seulement de faire un récit précis, mais d'en porter en plus une analyse objective. Ce livre suscitera à n'en point douter un intérêt certain pour les acteurs encore en vie, la relève actuelle et les historiens.
Like the most African states, Cameroon, Ivory Coast, Gabon and Senegal have a system of religious pluralism. However, if the latter is inadequately regulated, it can lead to interreligious or even socio-political conflicts. However, we note the absence of such religious excesses in these states. This absence could be explained by the existence of a legal regime of secularism that guarantees religious pluralism due to its relatively liberal character. This character stems from the limited consolidation of norms favouring religious freedom, and the moderate affirmation of those fostering the diversity of faith-based organizations.
During the 1950s, Sheikh Yacouba Sylla opened seven cinemas in the west of the Ivory Coast. The gesture by this spiritual leader, founder of a Sufi community but also a successful entrepreneur, is totally atypical in the colonial cinematic landscape. How are we to understand this extraordinary act? What memories does it evoke for the founder’s descendants, who have preserved these now disused buildings? Through an exchange between achievements in the past and recollections at the present time, this article analyses the way in which the establishment of cinemas is incorporated into a religious, economic and social project. It also looks at the link between the functioning of the Yacoubiste community and that of the cinemas, which were open until the end of the 2000s. Interviews with representatives of the Yacoubiste community bear witness to this multifaceted activity, whilst colonial archives and historical studies complete the documentation.
The prayer and the mosque are two major Islamic institutions, sharing intangible principles but developed differently through time and space. This article explores their interface and spatial grammar, emphasizing the context of contemporary West Africa. The text is divided into two distinct parts. The first is a broad survey that sweeps across West African history and geography. The second is a micro-geo-ethnography of three Abidjan-based mosques, with distinctive scales and inscriptions in space : the monumental Plateau mosque, which aspires to radiate in the public sphere ; the medium-sized Plateau-Dokui mosque structured around the neighbourhood ; and the small prison mosque, confined to an enclosed and marginal space.
This article describes the process of re-Islamization in progress in the region of Odienné, in northern Côte-d'Ivoire. This process began in 1996 when Sheikh Matie Boiké Samassi established a Maouloud (Mawlid an-Nabi) celebration in his village, Kelindjan, by proposing a series of ritual and organizational innovations combining holiness, religious fervor and festivities. Since the attractiveness of Maouloud is becoming more and more evident, the village has become an important religious center that is being invested by other Muslim actors and political entrepreneurs in a context of return to normality following a decade of military-political crisis. With these combined actions, this annual ceremony has become institutionalized in a "Mega Maouloud" modeled on the Malian and Senegalese celebrations, albeit to a lesser extent. Based on a diachronic approach, this study analyzes how these pious encounters have evolved over time into a space of free exchange about the secular and temporal problems of the region.
Créer des cinémas est un acte exceptionnel pour le fondateur d'une communauté soufie. C'est pourtant ce que fit Yacouba Sylla dans les années 1950-1960. Alors que les cinémas ont disparu du paysage urbain, ses sept anciennes salles sont encore visibles dans les villes où elles furent implantées. Comment fonctionnaient-elles ? De quelle symbolique étaient-elles porteuses ?