This study reflects on Islam in the era of the web and social networks by looking at the Ivory Coast and Burkina Faso. It explores the impact on identity, the sense of community belonging, spiritual authority, and the dissemination of religious messages, as well as on new forms of religious inclination that have appeared on the web. In a regional context marked by a wave of terrorist attacks, the aim of this research is to examine the connection between the Internet and the radicalization of certain Muslims.
Constitués en dehors ou au sein des confréries musulmanes reconnues, des courants islamiques spécifiques revendiquent une place centrale du sacré dans la sphère du social, de l'économique et du politique. Ces courants sont identifiés dans cet ouvrage par l'expression d'islam politique. Ils ont toujours joué un rôle significatif, surtout parmi les jeunes et les femmes. Bien que minoritaire, l'islam politique marque de plus en plus profondément les sociétés subsahariennes et la politique des Etats. Sur la longue durée, cet ouvrage se propose de donner plusieurs éclairages de cette tendance de l'islam, à travers l'étude de différents pays.
En dépit de sa présence déterminante sur la longue durée, l'islam en Afrique a encore du mal à se départir d'une image de " religion importée " et " bricolée " face à un monde musulman arabophone. Si cette présence au sud du Sahara n'a nullement été linéaire et s'inscrit au contraire dans des effets de replis et de reprises successifs, le puissant mouvement de réislamisation, qui s'amorce à la fin du XVIIIe siècle pour s'accélérer dans les dernières décennies du XXe siècle, ne permet plus de faire l'économie de la dynamique sociale et politique du religieux pour comprendre l'Afrique actuelle et, singulièrement, de la place qu'y occupe l'islam. Au fil d'un parcours à travers cinq pays de l'Afrique de l'Ouest, le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, le Mali, le Niger et le Sénégal, cet ouvrage souligne combien l'Afrique musulmane est inscrite dans la modernité et participe de ce que l'on peut appeler la globalisation islamique. Mais plus encore qu'une active présence au monde, l'Afrique d'aujourd'hui donne à voir des pratiques politiques et sociales originales qui puisent massivement dans la ressource religieuse, cherchant ainsi à pallier la faillite morale, politique et économique des États. Décrivant et analysant les configurations des expériences démocratiques en cours, le phénomène d'assimilation réciproque des sphères politique et religieuse, et le degré d'organisation des acteurs islamiques au sein des sociétés civiles, cet ouvrage pose en final la question de l'émergence d'un nouveau type de rapports entre l'État et la société, que l'on peut qualifier d'" espace public religieux ".
L'importance du hadj et les sommes d'argent considérables qui y sont consacrées sont sources de convoitises. Il n'est dès lors pas surprenant que les États ouest-africains aient souvent été au centre de cette entreprise. À cet égard, le cas du pèlerinage en Côte d'Ivoire est très intéressant. De la création du Comité national pour l'organisation du pèlerinage à La Mecque (CNOPM) en avril 1993 jusqu'à la fin de la présidence de Laurent Gbagbo en 2010, en passant par le retentissant échec du « hadj 2006 bis », la gestion du cinquième pilier de l'islam a été à la fois un vecteur de cohésion et de structuration de la communauté musulmane ivoirienne tout en étant la source de profondes rivalités pour des ressources religieuses, économiques et symboliques. Quant à eux, les différents régimes s'étant succédé au cours de cette période, derrière une volonté d'assistance de la communauté musulmane, utilisèrent différentes stratégies pour chercher à s'assurer de la loyauté de certaines élites musulmanes, à affaiblir la cohésion de la communauté, ou encore à réduire l'influence de certains dirigeants et organisations soupçonnés d'être proches de l'opposition au profit d'autres groupes plus près de leurs intérêts.
Because of the historical development of colonisation and the modalities of the redefinition of citizenship in Côte-d'Ivoire, the Ivoirian national space formed itself by including a significant number of people of foreign origin, mainly Malians and Burkinabe. In Bouaké (Côte-d'Ivoire's second largest city), people of Malian origin make up a large proportion of this population. During the 1990s Islam became the cornerstone of the individual and group identities of a growing number of youths living in this city, which is not the case for older people whose social networks and practices are still mainly tied to their places of origin in Mali. These youths identify to an Islam based on Arabic education and on the global Islamic community (the umma), and thus reject any aspect of ethnic or cultural differentiation. This Arabized version of Islam aims to curb any practices that may be considered as syncretic, especially regarding possible links between orthodoxy and culture, orthodoxy and tradition, or orthodoxy and ethnicity.
Based on fieldwork beginning in 2008, this text addresses the manage- rial strategy adopted by young people, organizing themselves within a bureaucratic structure – The Union des talibés de Matié Boiké Samassi (UTMBS) –, to supervise and support a religious enterprise initiated by social seniors in the North of Côte d’Ivoire. This project, started in the village of Kélindjan, is an annual meeting organized by a Qadiri Sheikh – Matié Boiké Samassi – and his talibés to carry out acts of devotion to the Prophet Muhammad on the occasion of Maouloud. Halting at first, these celebrations, given the reputation of its organizer for the benefits of his baraka, began to gain social visibility thanks to the involvement of young people. In a context of return to normality, at the end of the decade of military-political crisis that the country experienced, these religious occasions took on new forms and propelled the Maouloud (including its rituals) beyond this region.
Cet article propose une réflexion sur les possibilités inédites qu'offre le numérique pour développer de nouvelles méthodes de recherche et de diffusion de données sur l'histoire de l'islam en Afrique de l'Ouest, ainsi que quelques considérations méthodologiques, technologiques et éthiques soulevées par de telles initiatives. Au centre de ces considérations se trouve la Collection Islam Burkina Faso. Ce projet de base de données numérique en libre accès, que j'ai lancé en 2021 et qui est hébergée par les bibliothèques George A. Smathers de l'Université de Floride (UF), contient actuellement plus de 2 500 documents d'archives, articles de la presse généraliste, publications islamiques sous diverses formes et photographies, en plus de 200 références bibliographiques liées à l'islam et aux musulmans du Burkina Faso (https://islam.domains.uflib.ufl.edu/s/bf-fr). Le texte propose également un bref état des lieux des humanités numériques dans le champ des études africanistes et plus spécifiquement sur l'islam.
Le radicalisme religieux en Côte d’Ivoire n’a pas, pour l’heure, pris l’ampleur qui a pu être observée dans d’autres pays de la région. Pour autant, celle-ci n’est pas à l’abri de ce phénomène. En effet, le rôle qu’ont joué des figures du pentecôtisme dans la posture jusqu’au-boutiste adoptée par l’ancien pouvoir lors de la crise post-électorale de 2010-2011 en est un exemple. En outre, l’existence d’un courant « wahhabite » en Côte d’Ivoire et l’adhésion de la grande majorité des membres de la communauté libanaise du pays au combat mené par le mouvement Hezbollah représentent autant de réalités qui soulignent la nécessité d’observer une vigilance accrue sur cette problématique.
The growth of marabouts’ divinatory practices in urban centres in Côte d’Ivoire from the 1980s onwards was due to the generational crisis among marabouts and the unemployment of many graduates from universities in the Arab Maghreb. Forced to earn money linked to the difficulties of urban city life, some marabouts replaced the traditional community support with a mandatory fee, so that we witnessed the professionalisation of maraboutage. Professional marabouts mingled with other practitioners of the occult, causing repeated scandals. In response, the Ivorian state took measures to control the activities of “fake” marabouts. This study focuses on the political, economic and religious consequences for the image and the position of marabouts in the postcolony. It is based on the use of press clippings, bibliographic data and oral sources.
L’année 1991 fut marquée en Côte d’Ivoire par l’influence des associations islamiques. Très tôt, elles devinrent le champ de prédilection des hommes politiques, qui pour leurs intérêts partisans en firent des cercles de soutien. Après la mort du père fondateur de la république de Côte d’Ivoire Félix Houphouët-Boigny, son successeur Henri Konan Bédié encouragea cette l’instrumentalisation des associations islamiques. Ces associations furent souvent l’objet de manipulation pour des fins politiques. C’était une stratégie pour certains partis politiques de consolider leurs pouvoirs et une tactique pour d’autres afin de conquérir le pouvoir d’Etat.
Le rapprochement des associations islamiques avec des partis politiques depuis le retour au multipartisme en Côte d’Ivoire en 1990, se manifesta avec les différents régimes qui se succédèrent, du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) 1993 -1999 en passant par le Front Populaire Ivoirien (FPI) 2000-2010, au Rassemblement. Des Républicains de Côte d’Ivoire (RDR) entant que parti au pouvoir depuis 2011.
Cet article vient montrer certains aspects sur les rapports entre les partie politique et certaines associations islamique en Côte d’Ivoire.